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M. Lindsey Graham, vous êtes un salaud !

J’avoue avoir hésité longtemps avant de vous attribuer ce qualificatif d’infamie. En effet, vous cochez toutes les cases de l’abjection et j’aurais pu tout aussi bien vous traiter d’ordure, de fumier, de criminel, de raclure ou encore de voyou, mais comme aurait pu le dire Jacques Vergès en son temps, vous êtes tout simplement un salaud et même un salaud lumineux [en anglais : luminous bastard, LGS].

En préparant cette guerre fratricide entre peuples slaves depuis des années avec vos complices Mc Cain ou Nuland et vos amis néocons, vous êtes parvenu à vos fins en déclenchant cet affrontement par vos provocations incessantes et par le soutien sans faille que vous avez apporté depuis des décennies – vous et vos semblables – aux descendants bandéristes qui tiennent le régime de Kiev aujourd’hui.

Vous vous êtes réjoui devant les caméras et en présence de Zelensky, du « meilleur investissement » que constituait pour votre pays cette guerre entre peuples frères où meurent tous les jours des centaines de Slaves. Ce mot étant synonyme d’esclaves dans votre langue, je ne doute pas une seconde, qu’effectivement pour vous et vos pareils, voir des « esclaves » se battre pour votre cause pour seulement quelques dizaines de milliards de dollars de votre monnaie magique, doit vous procurer une jouissance malsaine qui se lit d’ailleurs dans votre regard. Pour être bien sûr d’avoir été bien compris, vous avez d’ailleurs réitéré quelques semaines plus tard cette conviction que votre pays réalisait en ce moment le meilleur investissement géopolitique de son histoire en favorisant la guerre entre la Russie et l’Ukraine.

Il est vrai que le pays de la « destinée manifeste » (manifest destiny) possède une longue expérience dans la fomentation des guerres extérieures, suivant en cela l’exemple de ses cousins britanniques qui vous ont enseigné les principes de base de la perfide Albion : corruption, mensonge, subversion, afin de parvenir à vos fins de « gouvernance mondiale » sous la férule de vos règles que le monde est prié de suivre sous peine de subir vos sanctions.

Un de vos illustres prédécesseurs a d’ailleurs écrit un livre remarquable où il relate ses « exploits » sanguinaires remontant au siècle dernier mais ressemblant beaucoup à vos pratiques d’aujourd’hui, surtout lorsque vous faites faire vos guerres par d’autres en suscitant la zizanie. Voilà ce qu’écrivait le général Butler dans son livre War is a Racket : An Autobiography par Smedley Darlington Butler, Round Table Press, New York, 1935.

« J’ai passé trente-trois ans et quatre mois en service actif au sein de la force militaire la plus mobile de notre pays : le corps des marines. J’ai occupé tous les grades d’officier, de sous-lieutenant à général de division, et, durant cette période, j’ai consacré le plus clair de mon temps à servir le grand capital, Wall Street et les banquiers, comme homme de main de haut vol. En bref, j’ai été un racketteur à la solde du capitalisme. C’est ainsi que j’ai contribué, en 1914, à faire du Mexique, et spécialement de Tampico, un lieu sûr pour les intérêts pétroliers américains. J’ai aidé Haïti et Cuba à devenir des endroits suffisamment respectables pour que les hommes de la National City Bank viennent y gagner de l’argent. En 1909-1912, au Nicaragua, j’ai participé à l’épuration au profit de la banque internationale Brown Brothers. En 1916, j’ai apporté la lumière à la République dominicaine pour le compte des intérêts sucriers américains. En 1913, j’ai fait en sorte que le Honduras soit mûr pour accueillir les compagnies fruitières des États-Unis. En Chine, en 1927, j’ai veillé à ce que la Standard Oil puisse vaquer à ses activités sans être inquiétée. Pendant toutes ces années, comme l’auraient dit les hommes attablés dans l’arrière-salle, les affaires ont superbement marché pour moi. J’ai été récompensé par des honneurs, des décorations, des promotions. Quand je regarde en arrière, j’ai le sentiment que j’aurais pu rendre quelques points à Al Capone. Au mieux, il ne pouvait pratiquer son racket que sur trois arrondissements de la ville, alors que nous, les marines, opérions sur trois continents ».

Le général Butler a fait des émules auprès des hommes politiques étasuniens Monsieur Graham. Lors d’une intervention remarquée en 2019 auprès d’étudiants de l’Université A&M du Texas, votre collègue Mike Pompeo n’a pas manqué de provoquer l’enthousiasme et l’hilarité de son auditoire alors qu’il rappelait son expérience en tant que directeur de la CIA, de 2017 à 2018. Interrogé sur l’attitude diplomatique à adopter vis-à-vis de certains pays tels que l’Arabie saoudite, le secrétaire d’État a cherché à relativiser le poids des critiques adressées à l’administration des EU, estimant que trop d’Étasuniens ne comprenaient pas la chance qu’ils avaient « d’être ici, aux États-Unis ». Donnant une explication imagée des subtilités de la diplomatie de son pays, Mike Pompeo a poursuivi en évoquant son expérience de maître espion : « Quand j’étais en début de carrière, la devise était « tu ne mentiras pas, tu ne tricheras pas ou tu ne voleras [pas], tu ne toléreras pas non plus ceux qui le font ». J’étais le directeur de la CIA : nous avons menti, triché et volé. On a été entièrement formés pour ça ». Mais le plus grave dans cette affaire, ce fût la réaction enthousiaste des étudiants qui semblaient adhérer totalement à ces marques de cynisme effarant, montrant par là que ce comportement est parfaitement intégré et accepté par les rejetons des élites EU et vous êtes un de ces rejetons, M. Graham.

Toute l’histoire des États-Unis M. le sénateur de la Caroline du Sud, repose sur cette mentalité de prédateurs ayant engendré ces guerres incessantes pour accaparer les richesses d’autres peuples. Après avoir subverti l’Amérique du Sud et étendu votre domination sur le Pacifique vous avez provoqué les deux Premières Guerres mondiales avec votre « sister ship » britannique et dont vous êtes sorti le principal vainqueur. En 1945, le PIB des E-U représentait à lui seul la moitié du PIB mondial et en 1991, avec l’effondrement de l’URSS, vous avez cru votre heure arrivée avec l’éradication de votre dernier ennemi géopolitique. Plus rien ne semblait devoir s’opposer à la suprématie absolue du monde anglo-saxon sur la terre et Fukuyama pouvait croire à bon droit que l’humanité se dirigeait vers la fin de l’Histoire. Mais vous vous êtes reposés sur vos lauriers avec vos amis, M. Graham, et vous n’avez pas suffisamment médité la maxime rapportée par Tite-Live à propos d’Hannibal : Tu sais vaincre, Hannibal, mais tu ne sais pas profiter de la victoire ». (Tite-Live, Histoire romaine, XXII, 51, 4).

Les États-Unis ont connu une courte fenêtre de tir entre 1990 et 2000 où la Russie était à terre et pouvait être aisément vaincue sur le plan militaire. Mais vous n’avez pas osé, car même blessé et à terre, l’ours russe vous faisait encore peur et l’un des traits majeurs qui caractérise la plupart des militaires anglo-saxons est leur pusillanimité. Et depuis lors, l’ours a soigné ses plaies, il s’est redressé et en décembre de l’année 2021, il est même venu vous jeter le gant à la figure pour vous signifier que votre règne était achevé.

Interloqués par tant d’audace, avec vos amis vous avez envoyé aboyer le Secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg pour dire aux Russes que vous ne lâcheriez pas votre os. Et il est vrai que dans un premier temps, les caniches européens sont venus aboyer eux aussi dans le concert de la russophobie. Vous y avez même gagné de nouveaux vassaux avec la Finlande et peut-être un jour la Suède.

Et après ? Vous croyez que c’est en faisant claquer le fouet devant vos pitoyables pantins européens ou en faisant exploser leurs gazoducs que les peuples vont vous suivre pour une énième guerre d’extermination ? Vous avez bien réussi à dresser depuis 30 ans les pauvres Ukrainiens pour qu’ils donnent leur vie pour la grande Amérique, mais je peux vous assurer qu’il n’y a pas un pays occidental qui réussira à envoyer un seul soldat lutter contre Moscou. Votre american way of life a transformé les nations en populations obèses, dégénérées et zombifiées. De New-York à Berlin, en passant par Paris, Rome ou Londres, même à coups de schlague, vous serez incapables d’envoyer le moindre biffin mourir pour Wall Street. A la rigueur, vous trouverez peut-être quelques Polonais et quelques Baltes, candidats au suicide, qui tenteront une incursion en Biélorussie et qui rentreront bien vite la queue basse à Varsovie ou à Vilnius après avoir reçu quelques Kalibr ou Kinjal sur le crâne.

Alors aujourd’hui, parce qu’officiellement il n’y a pas de troupes de l’OTAN engagées en Ukraine et que tous les jours meurent sur le front des centaines de Slaves, vous vous réjouissez de ce « bon investissement », mais ce que vous ne voyez pas, aveuglé par votre arrogance, c’est que de plus en plus de pays dans le monde ont pris la mesure de votre lâcheté et de votre incapacité à dominer le monde comme vous l’avez fait depuis 1945. Le PIB des États-unis est tombé à moins de 20% du PIB mondial et de nouveaux géants se dressent sur la scène internationale et n’ont pas l’intention de continuer à jouer avec vos « règles ». Les BRICS sont en train de changer la face du monde et il ne faudra pas attendre longtemps pour voir se déliter toutes les institutions internationales, FMI, Banque mondiale, BRI, G7 qui œuvrent aujourd’hui exclusivement pour vos intérêts. Certes les bourgeois compradores de Bruxelles ont resserré les rangs autour de vous, bien conscients qu’ils auront tout à perdre le jour où vous chuterez de votre piédestal, mais partout ailleurs en Afrique, en Asie, en Amérique du Sud, les peuples ont senti que le roi était nu et que son sacro-saint dollar avec lequel vous volez les peuples et leurs richesses était une monnaie de singe.

Je ne sais pas combien de temps durera la chute de l’empire étasunien, Monsieur Graham, mais il est inéluctable et j’espère vivre assez longtemps pour assister à son écroulement et au grand procès du tribunal des peuples qui viendra demander des comptes à tous les responsables des innombrables crimes contre l’humanité, dont des salauds comme vous porterez à jamais la marque devant l’Histoire.

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John Swinton, célèbre journaliste, le 25 septembre 1880, lors d’un banquet à New York quand on lui propose de porter un toast à la liberté de la presse

(Cité dans : Labor’s Untold Story, de Richard O. Boyer and Herbert M. Morais, NY, 1955/1979.)

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