Dans la livraison de juillet 2009, Serge Halimi revient sur « les premiers pas de M. Obama ». Par rapport à Bush, il y a évidemment du positif : « les États-Unis disposeront bientôt d’une législation protégeant le droit syndical et se soucient des dépenses de santé des 46 millions d’Américains dépourvus de toute assurance. […] Obama a implicitement assimilé la colonisation israélienne à l’humiliation de la ségrégation autrefois vécue par les Noirs des États-Unis. […] M. Obama n’a pas encore tout à fait oublié son passé progressiste dans les quartiers pauvres de Chicago. »
Ahmed Salamatian nous plonge « dans le chaudron du pouvoir iranien » : « La crise, qui illustre de profondes divisions au sein même des élites gouvernantes, pourraient déboucher sur des surenchères nationalistes vis-à -vis de l’Occident, destinées à ressouder la population autour du pouvoir. »
Un constat alarmiste d’Alain Garrigou sur les démocraties occidentales et les « élections sans électeurs » : « Minimisée, l’abstention apparaît pourtant comme une donnée majeure dans les pays démocratiques. […] Un mouvement qui remet largement en question les fondements mêmes du suffrage universel. […] On pourrait revenir aux proportions qui étaient celles des régimes censitaires. […] En France, 70% des électeurs votèrent au référendum sur le traité européen de 2005. Près de 30% des électeurs perdus en quatre ans, cette évasion rappelle que les électeurs votent quand ils ont le sentiment que leurs voix comptent. » Sans oublier que les vieux votent plus que les jeunes, d’où le relatif succès de l’UMP.
Un article capital de Pierre Daum sur l’extrême droite en Autriche. « Le 9 mai 2009, des néonazis autrichiens ont attaqué des survivants de Mauthausen, lors de la journée annuelle de commémoration de la libération de ce camp, le plus important d’Autriche. » A noter que si l’on additionne les voix des deux partis d’extrême droite autrichiens, ils totalisent près de 30% des suffrages et 1/5 des sièges au parlement. Le parti de Haider, aux obsèques de qui tous les responsables politiques autrichiens s’étaient rendus, jouit d’une « acceptabilité sociale et morale sans comparaison avec le sort réservé aux autres formations d’extrême droite en Europe. […] Le racisme s’est infiltré dans tout le discours public. » Daum rappelle que sous Hitler (autrichien), la machine d’extermination fut bien souvent aux mains d’Autrichiens : Eichmann, Brunner, Kaltenbrunnen, Globocnik, Stangl. Malheureusement, « les autorités autrichiennes d’après-guerre imposèrent une lecture de l’histoire dont les effets se font sentir encore aujourd’hui. L’Autriche n’avait pas collaboré à l’entreprise nazie, mais en avait été, en raison de l’AnschluàŸ, sa première victime ! »
Raoul Guillen nous explique par le menu un des effets tragiques de la crise en Espagne (un emploi sur deux détruit en Europe l’a été en Espagne en 2008-9) : « La fièvre de la brique espagnole s’est apaisée. Elle laisse derrière elle des villes fantômes, des forêts de grues immobilisées et des centaines de milliers de chômeurs. » Dans un pays où l’immobilier coûte presque aussi cher qu’en France, 2,7 millions de personnes ont fini l’année 2008 sans pouvoir acquitter leurs dettes. »
Une analyse prospective de Yan de Kerorguen sur l "économie sociale : « Réconcilier l’économie et la société. Ce principe revient à la mode. Avec l’échec du capitalisme financiarisé et la mise en cause des politiques prônant l’individualisme et le court terme, l’esprit associatif, mutualiste et coopératif est de plus en plus fréquemment évoqué. Sa mise en oeuvre concrète par des milliers d’entreprises met en lumière les paradoxes d’un modèle où coexistent maraîchers solidaires et banques d’affaires, expérimentation et refondation du capitalisme. »
Agnès Sinaï se penche sur les « mirages verts » californiens : « La Californie est touchée de plein fouet par la récession. Elle se trouverait même au bord de la faillite. Mais, emblématique des sociétés dépendant des énergies fossiles, elle devient aussi une terre où s’expérimente déjà l’après-pétrole. […] La recherche d’énergies et de modes de vie écologiques esquisse une nouvelle philosophie sociale. »
A lire (éventuellement) un long dossier sur les extraterrestres « entre science et culture populaire ». Je l’aurais bien lu si j’avais eu 45 ans de moins.
Une mise en perspective des « quatre temps du sandinisme » par Hernando Calva Ospina : « Alors que le mot révolution a fait sa réapparition en Amérique latine, Managua célèbre le trentième anniversaire du renversement de la dictature de Somoza. Victorieux par les armes en 1979, victime de l’agression américaine, condamné à une longue cure d’opposition, le Front sandiniste de libération nationale a repris le pouvoir en 2006. S’il incarne toujours la gauche, le pragmatisme dont il fait parfois preuve brouille quelque peu son image. »
Suri Kim a accompagné le Philarmonique de New York à Pyongyang : « Le temps semble fini où le " Cher leader " organisait des fêtes grandioses pour son anniversaire. Invité en marge de ces festivités, le Philarmonique a foulé le sol de la République populaire de Corée pour la première fois. »
J’ai bien sûr énormément apprécié les « Grandes affaires et les petits arrangements du Tour de France » par David Garcia (http://blogbernardgensane.blogs.nou...) : « Longtemps passé sous silence, le dopage devient la marque de la Grande Boucle. Les révélations de Laurent Fignon, atteint d’un cancer, en suggèrent l’ampleur. Pourtant un autre scandale, laissé dans l’ombre, explique la tolérance à l’égard des transgressions de l’éthique sportive : les profits records de la famille Amaury, propriétaire du Tour. Tout est fait pour que le spectacle continue - et les bénéfices qui vont avec. Le retour de Lance Armstrong s’explique-t-il autrement ? […] En 2007, sur les 39 millions d’euros de bénéfices du groupe Amaury, 29 provenaient d’ASO. […] La société du Tour de France refuse, depuis 1992, d’afficher ses comptes et de les déposer au greffe du tribunal de commerce de Nanterre. Pour ce manquement, elle est passible d’une amende de 1500 euros ! […] Les droits que verse Antenne 2 ont doublé ces dernières années. Une partie de ces droits devait revenir aux coureurs, mais Jean-Claude Killy s’y est refusé. » Il y a une morale : le Tour a perdu 1 million 500000 téléspectateurs en 10 ans.
Un très beau récit (comme d’habitude, avec, en prime, une esquisse saisissante) de l’écrivain et peintre John Berger (83 ans), chassé de la National Gallery par des appariteurs musclés, à Londres, capitale d’un des pays désormais les plus fliqués au monde.
Boubacar Boris Diop nous dépeint Omar Bongo en tant que « passion française ». Homme pragmatique, qui a changé de religion, de loge maçonnique, de nom (à deux reprises). Il saura rester dans les petits papiers de tous les présidents français. Par exemple en 1990 : Mitterrand lui envoie les parachutistes alors que le peuple gronde dans la rue.