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Assassinat de Khashoggi : Le pire est à venir (RT)

La nouvelle* que des "parties défigurées du visage et du corps" de Khashoggi auraient été retrouvées dans le jardin du consulat saoudien à Istanbul, sonne la fin de la récréation pour les collaborateurs occidentaux de la dictature tyrannique arabe.

Après Khashoggi lui-même, le principal perdant du meurtre le plus répugnant d’Istanbul est le président américain Donald Trump - comme je l’avais prédit ici il y a des semaines. Sa déclaration selon laquelle la couverture saoudienne était "crédible" a suscité les moqueries du reste du monde par son côté "Lady MacBeth", et l’a ridiculisé. Le comportement de son propre "prince héritier" - son gendre Jared Kushner - a été plus vénal que digne d’un opéra-comique.

Comme je l’avais prédit, bien que la famille Clinton ait largement profité des largesses saoudiennes, les démocrates et leurs vastes soutiens médiatiques ont fait de l’assassinat de Khashoggi leur nouveau casus belli, en lieu et place du "Russiagate" en perte de vitesse (en fait les mêmes personnes qui, ces deux dernières années, ont inondé les ondes américaines de haine russophobe ont levé les mains au ciel, horrifiés, quand Trump - le pantin de Poutine, rappelez-vous - a annoncé une course aux armes nucléaires contre la Russie).

D’Uber à Facebook, de JP Morgan à Virgin, des dizaines de sociétés et personnalités ont renoncé à aller au "Davos du désert" et le royaume "est en crise" comme vient de le reconnaître publiquement le ministre saoudien de l’énergie.

Tout cela va de soi et on peut facilement prédire la fin du règne aussi court que brutal et meurtrier du Caligula saoudien qui a tué des milliers de personnes au Yémen, en Syrie, et même en Arabie saoudite.

En Occident, c’est comme si on allumait tout à coup la lumière et qu’on voyait les cafards s’enfuir à toutes vitesses. Nulle part ce spectacle n’est aussi abject qu’au Royaume-Uni.

Dans les années 1980, j’ai été envoyé en mission parlementaire en Arabie saoudite, sous la direction de Sir Francis Pym, qui a ensuite reçu le titre de Lord, un grand Tory qui fût ministre des Affaires étrangères de Grande-Bretagne, avant que cette fonction ne se dégrade du fait de la médiocrité et du manque évident de classe de ses occupants. Il y avait des tensions entre les Britanniques et les Saoudiens qui menaçaient de perturber le contrat d’armes extrêmement lucratif et très crapuleux d’Al Yamamamah.

"De la pommade, mon cher, de la pommade", voilà notre mission, m’a dit Sir Francis. Nous devons les couvrir de pommade. "Il n’est pas question de s’excuser.... je ne m’excuserai pas ", a-t-il ajouté (je le répète, à l’époque, c’était la grande classe), les enduire d’une bonne couche de pommade, voilà notre feuille de route.

Nous avons rencontré le roi saoudien de l’époque et la plupart des princes importants ; Sir Francis était un maître dans sa partie. Il ne s’est jamais excusé, mais il leur a mis beaucoup, beaucoup de pommade. Cela a marché, et le sale business de traire les vieux idiots au pouvoir à Riyad a repris.

Bien sûr, les profits britanniques n’avaient rien de comparables avec le butin des Etats-Unis, et la différence entre les deux n’a fait que croître pendant les trente années suivantes. L’autre différence est que, maintenant, ce ne sont plus seulement les fusils, mais le beurre, la technologie, les médias, les films, les loisirs (qui savait que Disneyland était un parc de jeux saoudien ?) et le tourisme.

En réalité, des milliers de médias occidentaux et leurs petites mains ont été corrompus par l’or saoudien. Toutes sortes de think-tanks, d’"instituts", et même le Musée d’histoire naturelle de Grande-Bretagne, recevaient de l’argent de la Maison des Saoud. La malchance a voulu que, la nuit même où la musique s’est arrêtée avec le meurtre d’un chroniqueur du Washington Post et le démembrement de son corps, l’ambassade saoudienne organisait une soirée dans l’une des augustes salles de ce Musée.

L’ironie du fait que le Royaume Créationniste** choisisse de siroter des cocktails sans alcool dans la maison que Charles Darwin a construite, n’a pas échappée à grand monde. Les journaux et les magazines qui s’étaient engraissés ouvertement et secrètement grâce au sponsoring saoudien, à coup de revenus publicitaires et autres arrangements entre amis sont maintenant choqués ! Choqués ! Comme le chef de la police de Vichy corrompu qui "découvre" qu’il y a des tables de jeux au Rick’s Café de Humphrey Bogart dans le film "Casablanca".

Personne n’a retourné sa veste aussi vite que le chef des relations publiques du Prince héritier saoudien en occident, Thomas Friedman du New York Times.

Lors de son apparition avec Christiane Amanpour de CNN, Friedman a semblé au bord de la dépression nerveuse. Avoir gaspillé des dizaines de milliers de mots pour un criminel comme Mohammed bin Salman ! Il ne faut rien regretter Tom, tu as été bien payé pendant tout le temps que ça a duré !

Comme Oscar Wilde l’a dit à propos de la scène de lit de mort dans "Little Nell" de Charles Dickens - "il faudrait avoir un cœur de pierre pour ne pas rire."

Mais le plus dévastateur a été la corruption dans la classe politique elle-même, et on en entendra bientôt parler.

Lorsque le dirigeant travailliste Jeremy Corbyn a déposé une motion plus tôt dans l’année pour faire cesser les ventes d’armes britanniques à l’Arabie saoudite en attendant une enquête sur l’utilisation de ces armes dans la guerre sanglante contre le Yémen, la motion aurait très bien pu passer, si plus de 100 députés travaillistes de son propre camp ne s’étaient pas rendus coupables de trahison. Des députés travaillistes gays se sont rangés dans le camp de ceux qui jettent les gays du haut des immeubles. Des députés travaillistes féministes se sont rangés dans le camp de ceux qui ne reconnaissent aucun droit aux femmes. Tous ces démocrates ont soutenu l’absence désertique de liberté et de démocratie. Je n’ai pas compris et je me suis posé des questions sur l’ampleur du soutien saoudien au sein des députés du Parti travailliste. Je pense que tout s’éclairera bientôt.

Car cette histoire n’a pas fini de faire des vagues.

Pour l’heure, les "Gardiens des Deux Saintes Mosquées", pour donner aux rois saoudiens leur titre du vendredi***, sont occupés à effacer le visage de Jamal Khashoggi, un homme qui a peut-être légèrement critiqué la politique saoudienne, mais qui a soutenu l’armée de coupeurs de têtes financée par les Saoudiens en Syrie, jusqu’au l’instant même où sa propre tête a été arrachée de ses épaule. Cet homme qui a écrit un éditorial du Washington Post intitulé "Il est temps de diviser la Syrie" a lui-même été divisé en plusieurs parties par les instigateurs de la division avortée de la Syrie.

Même Shakespeare n’aurait pas pu écrire une pareille histoire.

George Galloway

George Galloway a été membre du Parlement britannique pendant presque 30 ans. Il anime des émissions de TV and de radio (y-compris sur RT). Il est cinéaste, écrivain et un orateur renommé.

Traduction : Dominique Muselet

Notes :

* Maintenant démentie

** Le créationnisme est la croyance religieuse selon laquelle une création divine est responsable de la vie et de l’univers, s’opposant généralement au consensus scientifique qui soutient une origine naturelle au moyen de l’évolution du vivant fondé sur la sélection naturelle (Wikipedia).

*** Jour de la prière dans l’Islam

 https://www.rt.com/op-ed/442048-khashoggi-uk-west-murder/
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COMMENTAIRES  

26/10/2018 03:06 par dan

Comme c’est bien dit ! M Galloway est un grand homme et une figure de la lutte du peuple Palestinien. Un juste quoi !
Que ces pseudos démocrates, ceux qui font des droits de l’homme à géométrie variable leur fond de commerce, soient enfin démasqués aux yeux du plus grand nombre pour ce qu’ils sont véritablement, à savoir des complices de crimes odieux et de crimes de masse, il me tarde de le voir.
Tous ceux qui ont touché de l’argent du régime saoudien d’une façon ou d’une autre, y compris nombre d’artistes, ont un peu du sang de tous ces crimes sur leurs mains.
Mais ils diront "nous ne savions pas"...

26/10/2018 09:39 par benzekri

L’aveu...

Trump vient de révéler mardi 23/10/2018 pour la première fois - dans un discours officiel à la Maison blanche- que les autorités saoudiennes aident les Etats-Unis à soutenir Israël.
Trump a fait cette déclaration à l’occasion de la signature d’une loi sur le secteur de l’eau... En outre, sur les conséquences pour l’Arabie Saoudite de l’assassinat du journaliste Khashoggi, il a précisé : « l’Arabie Saoudite est un allié important pour les Etats-Unis et l’un des plus grands investisseurs sinon le plus grand, aux Etats-Unis puisque ce pays investit ici des centaines de milliards de dollars, ce qui aide à la création de milliers d’emplois... Rien ne justifie ce qui est arrivé à Khashoggi ; cependant le Moyen Orient est une région difficile et très dangereuse dans le monde ».
Et il poursuit : « Les saoudiens ont toujours été des alliés corrects avec nous ; ils nous ont beaucoup aidé dans le soutien à Israël et ils ont financé bien d’autres choses »
Cette déclaration est une première -officielle- sur le rôle joué par l’Arabie Saoudite dans la défense des intérêts d’Israël.
Cet AVEU montre les liaisons dangereuses entre les Etats impérialistes et les régimes réactionnaires dans le monde. Liaisons qui ont des conséquences d’une extrême gravité pour l’ensemble des peuples du monde.
Cet AVEU démasque les vrais Etats terroristes, financeurs du terrorisme low-cost, ces « bien d’autres choses », selon Trump.
Cet AVEU met à nu la soi-disant « menace pour la sécurité de d’Etat Israël, entouré de pays ennemis ».
Cet AVEU n’augure-t-il pas ce à quoi on nous prépare : à savoir assurer - en contrepartie de centaines de milliards de dollars et bien d’autres choses- l’IMPUNITE pour les vrais commanditaires de l’assassinat du journaliste, la famille Ben Salmane père et fils ? Famille qui pourrait, si impunité il y a, poursuivre ses crimes contre le peuple du Yémen et continuer à financer les terroristes qui opèrent en Iran, en Libye, en Syrie, en Irak, en Afrique et en Europe.
IMPUNITE pour sauver ce règne de la barbarie qui garantit la protection des criminels et les intérêts de ceux qui vivent des guerres, des crises provoquées et des blessures causées à notre Terre-Mère. Terre-Mère comme la considéraient les « Indiens », écologistes avant l’heure, exterminés par « ces découvreurs qui ont créé la plus grande démocratie du monde ». « Démocratie » qui a fait des « Indiens » des êtres fourbes et agressifs dans leurs productions hollywoodiennes révisionnistes, les Western !

26/10/2018 09:49 par Dominique

Si nous voulons que cela dépasse le cadre du débat moral, lequel n’a jamais rien changé ni à la politique ni à l’aliénation causée par le travail obligatoire, en plus de dénoncer les politiques, médias, artistes et intellos qui collaborent avec les Saouds, nous devons aussi dénoncer les travailleurs qui fabriquent les armes qui tuent les enfants du Yemen et d’ailleurs. Pas de solidarité avec les assassins !

26/10/2018 11:28 par ozerfil

Délectable article : bravo !

Juste et cynique à souhait pour rappeler tant de vérités cachées...

26/10/2018 17:36 par Linda

J’ai lu plusieurs articles dont celui-ci mais je n’ai toujours pas compris pourquoi khasshoghi a ete tue ?
quelqu’un peut m’expliquer en quelques mots ?

26/10/2018 20:45 par mandrin

complètement farfelu se billet et en plus a ne rien y comprendre, l’affaire khasshoghi est orienté vers un régime change dans la maison des saoud du moins c’est l’outil que les yankee se sont donnés après que la Chine ai demandé aux saoud le plus important importateur de pétrole d’Arabie Saoudite les règlement en yuans se qui fait que le pétro dollars court a sa perte et les yankees aussi et comme sa ne suffisait pas ils envisagent "les saoud" d’acheter de l’armement russe tel que le S400 qui tiendrais a bonne distance tout bombardement l’ usaf F22 F35 et B2 spirit (avions dis furtifs) compris, du coup les yankees sont fou de rage et donc c’est wanted mort ou vif sur la tête de mbs ...voir cet article ... http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2018/10/toutankhassad.html
voilà en gros comme je comprend l’affaire khasshoghi @linda

27/10/2018 13:57 par Chrls

Plus c’est gros et plus ça passe ?
Le découpage du journaliste hurlant dans l’ambassade a été rapporté par les journaux anglais.Quand on voit le traitement de l’affaire des skripal par les mêmes médias ,on a de quoi s’interroger .Pénurie de diplomates a expulser ?

27/10/2018 20:42 par Peuimporte

@ Linda
Pour avoir écouté ses dernières ITV et au cas où seuls MBS et sa clique sont mouillés dans son assassinat, en plus d’être un adhérent à la confrérie des Frères Musulmans qui n’a pas compris que ni Salmane, ni ben Salmane, ne peuvent admettre de partager le leadership du monde sunnite avec Erdogan, sultan de tous les Frérots réunis, M. Khajouggi a osé réclamer une « monarchie constitutionnelle » pour la Saoudie, déclarant sur plusieurs chaînes arabophones, et même sur la BBC, son désaccord avec le prince héritier MBS quant à sa mainmise sur tous les pouvoirs et à sa guerre contre l’ « Islam politique » alors que la Saoudie est, elle-même, fondée sur l’Islam politique (ce sont ses propres termes)... Il a aussi participé à une manifestation aux USA contre la décision de Trump de transférer l’Ambassade américaine à Jérusalem et aurait refusé de rentrer au pays quand l’ordre lui a été donné… Il ne s’agit donc pas uniquement de crimes de lèse-majesté au royaume de la Saoudie, mais du risque d’une révolte à écraser dans l’œuf, d’autant plus qu’il avait déjà quelques partisans. Sinon, il est clair qu’il fait partie de ceux qui ont soutenu les prétendues révolutions arabes, ont justifié les actions des terroristes depuis l’époque de Ben Laden, ont réclamé la guerre contre l’Iran et le Hezbollah et ont demandé la partition de la Syrie en invitant les Américains à agir comme le fait Erdogan au nord-ouest du pays, etc. Pour lui, comme pour Fabius, les coupeurs de têtes font du bon boulot et savent ce qu’ils font. Maintenant, son corps n’a toujours pas été trouvé, peut-être que Gina Haspel a vu sa mort sur les enregistrements des services du renseignement turc ; auquel cas elle fait partie de ceux qui peuvent lui souhaiter, ou non, de reposer en paix… Pour finir, il a toujours précisé qu’il n’était pas un opposant, mais un conseiller qui aimerait que son roi accepte ses services.

29/10/2018 12:44 par Toff de Aix

Quel billet, c’est du miel, jusqu’à la conclusion (que vous n’entendrez ni ne lirez jamais sur un média occidental de grande audience, bien sûr... ) ! Un grand merci LGS

29/10/2018 23:28 par Yannis

Heureusement que certains sujets de Sa Majesté ont conservé un peu de classe - pour la clairvoyance, les services secrets anglais sont certainement toujours au top afin de protéger les intérêts de quelques richissimes. Mais cette sordide affaire - parmis tant d’horreur dues au Wahabisme - va peut-être déclencher une onde choc salutaire à Londres et dans la diplomatie mondiale. Notamment mettre à jour et confondre l’alliance Ryad-Tel-Aviv-Washington pour l’hégémonie du nihilisme occidental au Moyen Orient. On peut toujours rêver un peu...

30/10/2018 15:42 par babelouest

Yannis, c’est à la City de Londres que, depuis plus des deux cents ans, se décident les grandes lignes de l’avenir. Riyad, Washington, Paris, même Berlin entre autres sont manœuvrés par ce nid de perfidie et de manœuvres aussi subtiles que pestilentielles.

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