lundi 27 février 2012
Par RFI
La presse et une partie de l’opinion publique de la capitale malienne critiquent la diplomatie française jugée trop conciliante envers les rebelles du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad).
La France est notamment critiquée sur sa proposition de négociation directe avec les rebelles. Pour le ministre des Affaires étrangères, il faut être deux pour faire la paix. « Est-ce que vous connaissez dans le monde, un seul exemple de situation dans laquelle on fait la paix sans parler à ses adversaires ? », interroge le ministre.
Paris est favorable à un dialogue politique inter-malien. Alain Juppé l’a réaffirmé sur les marches du palais présidentiel : « C’est un dialogue politique qui peut permettre de s’en sortir et pas une confrontation. Un dialogue inter-malien est absolument nécessaire ».
Lors de cet entretien le ministre français a rappelé que la France était attachée au respect de l’intégrité territoriale du Mali et que l’adversaire numéro un avait un nom : Aqmi, al-Qaïda au Maghreb islamique.
par le Journal du MALI
Dans un contexte de fortes suspicions
La visite du ministre français des Affaires étrangères au Mali intervient dans un contexte très difficile dans les relations entre les deux pays à propos de la question du Nord. A Bamako, comme dans les grandes villes du pays, les commentaires vont bon train quant au rôle présumé de l’ancienne colonie en faveur des rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Aujourd’hui, nombreux sont les observateurs à s’accorder que la France a de bonne raisons d’attiser le feu sur le sol malien. Si M. Juppé s’en est défendu ce dimanche face aux journalistes, certains analystes sont formels : « Contrairement aux déclarations officielles, les autorités françaises n’apportent rien au Mali pour la résolution de la crise au nord. Bien au contraire, elles veulent tirer profit de la résurrection de la rébellion dont les leaders politiques bénéficient de tout le confort nécessaire à Paris, et des manifestations de colère des populations pour régler leurs comptes avec le président Amadou Toumani Touré « coupable » d’ avoir refusé d’accéder à des sollicitations de Nicolas Sarkozy comme l’installation d’une base militaire française à Sévaré ».
En clair, arguent de nombreux spécialistes de la question, ces refus, passés pour une défiance de la très grande France, viennent s’ajouter à un autre contentieux entre le président malien et son homologue français : celui de la non signature par le Mali de l’ « Accord de réadmission des expulsés ». En dépit des pressions, notre pays est resté sur cette position depuis 2006 alors que la France a déjà fait signer le fameux « Accord » par 8 pays d’Afrique dont le Burkina Faso et le Sénégal ainsi que l’Ile Maurice. Dans ce bras de fer, ATT est adossé à un soutien total de tout le pays dont la population expatriée est à 4 millions de ressortissants, 3 millions d’entre eux étant installés en Afrique et 200 000 en Europe, dont 100 000 en France, selon les estimations.
« Il allait donc de soi que le président Sarkozy prenait très mal que le chef de l’Etat malien affichait ses soutiens à Kadhafi quand la France planifiait la mise à mort du dirigeant libyen » expliquent d’autres commentaires. Pour qui, « les manifestations de très grande envergure menées à Bamako ont sonné à Paris comme la dernière provocation du président ATT à qui il faudra rendre la vie impossible durant les derniers mois de son dernier mandat ». Bref, pensent certains, « il allait finalement de soi que Sarkozy et son pays soient aujourd’hui derrière tous les projets de déstabilisation du pouvoir au Mali ».