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Bradley Manning plaide auprès de la juge pour lui permettre de « revenir à une place productive dans la société »

Bradley Manning a témoigné dans une déclaration sous serment dans la phase de détermination de la peine de son procès. Ses propos et son comportement à la barre étaient différents par rapport au mois de février quand il a fait une déclaration devant le tribunal militaire où il a plaidé coupable à certaines infractions.

« Je suis désolé que mes actions aient blessé des gens et je suis désolé d’avoir blessé les États-Unis », a déclaré Bradley Manning, lorsqu’il a commencé sa déclaration sous serment devant le tribunal militaire à Fort Meade.

Il a changé dans le box des témoins et devant la juge. On pouvait entendre à sa voix qu’il tentait de garder son sang-froid. Il était nerveux et essayait sans doute de ne pas pleurer et de perdre son sang-froid devant la juge militaire.

Manning a ajouté qu’il s’était « posé beaucoup de questions », que ça continuait et continue de le blesser. Cependant, ce n’était « pas une excuse » pour ses actions.

Il a dit à la juge qu’il n’avait pas vraiment apprécié les « plus larges conséquences » de ses « actions ». Il avait le temps de réfléchir en détention dans des formes variées. Il avait assisté aux témoignages lors du procès et avait maintenant une meilleure compréhension de ce qu’il avait fait. Il était « désolé pour les conséquences involontaires » de ses actions.

Manning croyait que ce qu’il faisait « allait aider les gens, non pas blesser les gens ». Avec le recul, sur sa décision, il se demandait comment il avait pu croire qu’un jeune analyste « pouvait changer le monde pour le meilleur ou changer les décisions de ceux qui ont une autorité compétente ».

Rétrospectivement, il a suggéré qu’il « aurait dû travailler plus énergiquement à l’intérieur du système » et avait des « options », dont il avait entendu parler au procès et « aurait utilisé ces options ».

Manning a admis qu’il devait « payer le prix » pour ses actions, mais il plaidait pour elles.

« Je veux être une meilleure personne, aller à l’université pour obtenir un diplôme et avoir une relation significative avec ma sœur, la famille de ma sœur et ma famille », dit-il.

Il a exprimé qu’il voulait avoir « une influence positive dans leurs vies » comme sa tante l’a été pour lui.

« Je sais que je peux et veux être une meilleure personne », a conclu Manning. « J’espère que vous pouvez me donner l’opportunité de prouver non par des mots mais par des actes que je suis une bonne personne » et peut « revenir à une place productive dans la société ».

C’est tout à fait la déclaration d’une personne qui réalise que sa vie est entre les mains de la juge. Elle a la latitude de le condamner à 90 ans de prison si elle veut. Elle pourrait très bien couper la poire en deux et le condamner à 30 ou 40 ans d’emprisonnement.

Mise à jour (commentaires de Kevin Gosztola sur la déclaration de Manning – NdT)

A propos de certaines déclarations individuelles de Manning, ce dont il a pu faire allusion quand il a suggéré qu’il aurait pu travailler au sein du système, se rapportait à ce que le major Ashden Fein avait dit au cours de sa plaidoirie, que Manning aurait dû « exercer » ses « droits en vertu de la Loi sur la protection des lanceurs d’alerte militaires » (Military Whistleblower Protection Act). « Il aurait pu se tourner vers un membre du Congrès, mais « il n’a pas tendu la main à un membre du Congrès au sujet des abus qu’il prétend avoir vus ».

Combien de lanceurs d’alerte connaît Manning qui seraient passés par les voies appropriées (c-à-d institutionnelles – NDT) et auraient été arrêtés reste inconnu. Manning n’a déclaré ni témoigné de sa connaissance de lanceurs d’alerte précédents ou des lois sur les lanceurs d’alerte dans ce procès. C’est peut-être compris ainsi de sorte qu’il puisse maintenir sa conviction que les informations qu’il a transmises à WikiLeaks méritaient d’être publiques et il aurait pu aller dans cette voie pour au moins obtenir la divulgation de certaines d’entre elles mais n’a pas suivi cette option. (Cet article ici montre ce qui arrive aux personnes du gouvernement US qui passe par les « voies appropriées »).

A propos de ce qu’il a dit quand il pensait qu’il « pourrait changer le monde pour le meilleur ou les décisions de ceux qui ont l’autorité compétente » en engageant les actes qu’il a commis, eh bien, il sait que ce qu’il a fait a eu un fort impact dans le monde et que c’est en partie positif. Il sait à quel point il a contribué à nourrir le Printemps Arabe en libérant les informations qui ont fait leur chemin vers les populations égyptiennes et tunisiennes. Il sait peut-être que d’autres organismes internationaux et des groupes de défense des droits humains ont utilisé ses informations et qu’elles ont bénéficié aux droits humains dans le monde. Néanmoins, cela figure ici parce qu’il comprend que sa vie est entre les mains de la juge.

Déclaration complète de Bradley Manning (telles que transcrites par la sténographe de la Freedom of the Press Foundation)

Tout d’abord, Votre Honneur, je veux commencer par présenter des excuses. Je suis désolé que mes actions aient blessé des gens. Je suis désolé qu’elles aient blessé les États-Unis.

Au moment où j’ai pris mes décisions, comme vous le savez, j’étais confronté à un grand nombre de questions, des questions qui se poursuivent et qui continuent à m’affecter. Bien qu’elles constituent une difficulté considérable dans ma vie, ces questions ne sont pas une excuse pour mes actions.

J’ai compris ce que je faisais et les décisions que j’ai prises. Toutefois, je n’ai pas évalué les conséquences plus larges de mes actions.

Ces facteurs sont clairs pour moi maintenant, à la fois par ma propre réflexion en détention sous diverses formes et par les mérites et les témoignages de la sentence que j’ai vus ici.

Je suis désolé pour les conséquences involontaires de mes actions. Quand j’ai pris ces décisions, je croyais que j’allais aider les gens, non pas blesser les gens.

Ces dernières années ont été une expérience d’enseignement. Je repense à mes décisions et me demande comment diable j’ai pu croire, en ma qualité de jeune analyste, que je pourrais changer le monde pour le meilleur […] sur les décisions de ceux qui détiennent l’autorité compétente.

Rétrospectivement, j’aurais dû travailler plus énergiquement au sein du système, comme nous en avons discuté lors de […] déclaration, j’avais des options et j’aurais dû utiliser ces options.

Malheureusement, je ne peux pas revenir en arrière et changer les choses. Je peux seulement aller de l’avant. Je veux aller de l’avant. Avant que je puisse le faire, je comprends que je dois payer un prix pour mes décisions et mes actions.

Une fois que j’aurai payé ce prix, j’espère un jour pouvoir vivre d’une manière que je n’ai pas pu dans le passé. Je veux être une meilleure personne, aller à l’université, obtenir un diplôme et avoir une relation significative avec ma sœur, la famille de ma sœur et ma famille.

Je veux avoir une influence positive dans leurs vies, comme ma tante Deborah l’a été pour moi. J’ai des défauts et des problèmes à régler mais je sais que je peux et serai une meilleure personne.

J’espère que vous pouvez me donner l’occasion de le prouver, non par des mots, mais par des actes, que je suis une bonne personne et que je peux revenir à une place productive dans la société. Je vous remercie, Votre Honneur.

Kevin Gosztola
14 août 2013, à Fort Meade.

Traduction : Romane

»» http://dissenter.firedoglake.com/20...
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