la barbarie des impérialistes n’a hélas aucune limite et comme dit avec les Indiens ou les Noirs et puis tous les autres depuis que eux existent sur ce continent ... c’est sûr, c’est évident, ils ont peur ... mais de quoi ?
Ton Christ est juif
Ta voiture est japonaise
Ta pizza est italienne
Ta démocratie est grecque
Ton café est brésilien
Tes vacances sont turques
Tes chiffres sont arabes
Ton écriture est latine
Et ...
Tu reproches à ton voisin
d’ être un étranger !!!!!
allez quelques textes pris au hasard pour élever le débat et faciliter la conscience universelle ...
La chronique
Avance : on nous dit
Que tu es un homme bon.
Tu n’es pas vénal, mais la foudre
Qui tombe sur la maison, non plus
N’est pas vénale.
Ce que tu as dit une fois, tu n’en démords pas.
Mais qu’as-tu dit ?
Tu es de bonne foi, tu dis ton opinion.
Mais quelle opinion ?
Tu as du courage.
Contre qui ?
Tu es plein de sagesse.
Pour quoi ?
Tu ne regardes pas ton intérêt.
Celui de qui, alors ?
Tu es un bon ami.
L’es-tu de bonnes gens ?
Aussi écoute : nous savons
Que tu es notre ennemi. C’est pourquoi nous allons
Te coller au mur. Mais, en considération
De tes mérites et de tes bonnes qualités,
A un bon mur, et te fusiller avec
De bonnes balles tirées par de bons fusils
Et t’enterrer avec
Une bonne pelle dans de la bonne terre.
Bertolt Brecht, Me Ti. Le livre des retournements.
Il y a de grandes flaques de sang sur le monde
où s’en va-t-il tout ce sang répandu
Est-ce la terre qui le boit et qui se saoule
drôle de saoulographie alors
si sage... si monotone...
Non la terre ne se saoule pas
la terre ne tourne pas de travers
elle pousse régulièrement sa petite voiture ses quatre saisons
la pluie... la neige...
le grêle... le beau temps...
jamais elle n’est ivre
c’est à peine si elle se permet de temps en temps
un malheureux petit volcan
Elle tourne la terre
elle tourne avec ses arbres... ses jardins... ses maisons...
elle tourne avec ses grandes flaques de sang
et toutes les choses vivantes tournent avec elle et saignent...
Elle elle s’en fout
la terre
elle tourne et toutes les choses vivantes se mettent à hurler
elle s’en fout
elle tourne
elle n’arrête pas de tourner
et le sang n’arrête pas de couler...
Où s’en va-t-il tout ce sang répandu
le sang des meurtres... le sang des guerres...
le sang de la misère...
et le sang des hommes torturés dans les prisons...
le sang des enfants torturés tranquillement par leur papa et leur maman...
et le sang des hommes qui saignent de la tête
dans les cabanons...
et le sang du couvreur
quand le couvreur glisse et tombe du toit
Et le sang qui arrive et qui coule à grands flots
avec le nouveau-né... avec l’enfant nouveau...
la mère qui crie... l’enfant pleure...
le sang coule... la terre tourne
la terre n’arrête pas de tourner
le sang n’arrête pas de couler
Où s’en va-t-il tout ce sang répandu
le sang des matraqués... des humiliés...
des suicidés... des fusillés... des condamnés...
et le sang de ceux qui meurent comme ça... par accident.
Dans la rue passe un vivant
avec tout son sang dedans
soudain le voilà mort
et tout son sang est dehors
et les autres vivants font disparaître le sang
ils emportent le corps
mais il est têtu le sang
et là où était le mort
beaucoup plus tard tout noir
un peu de sang s’étale encore...
sang coagulé
rouille de la vie rouille des corps
sang caillé comme le lait
comme le lait quand il tourne
quand il tourne comme la terre
comme la terre qui tourne
avec son lait... avec ses vaches...
avec ses vivants... avec ses morts...
la terre qui tourne avec ses arbres... ses vivants... ses maisons...
la terre qui tourne avec les mariages...
les enterrements...
les coquillages...
les régiments...
la terre qui tourne et qui tourne et qui tourne
avec ses grands ruisseaux de sang.
(Jacques Prévert, Paroles, 1946)