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Ce que le procès Bradley Manning nous apprend de la justice militaire américaine (Huffington Post)

Hier, vingt chefs d’accusation sur vingt-deux ont été retenus contre Bradley Manning, parmi lesquels la violation de "l’Espionage Act" ("loi sur l’espionnage"), le dévoilement d’informations confidentielles et la désobéissance aux ordres. Voilà pour la mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle, c’est que l’accusation "d’aide à l’ennemi" n’a pas été retenue. C’est parce qu’il nous a aidés nous, les Américains. Et nous ne sommes pas l’ennemi, n’est-ce pas ?

Le colonel Thomas Pappas, l’officier en charge des renseignements à Abu Ghraib, présent la nuit du meurtre du prisonnier irakien Manadel al-Jamadi, n’a pas été condamné à de la prison ferme. Mais il a reçu une réprimande et une amende de 8000$ (Thomas Pappas aurait dit, à propos d’al-Jamadi : "Hors de question que je sois le seul à tomber pour ça").

Bradley Manning encourt désormais une peine maximale de 136 années de prison. Quand sa peine sera annoncée, aujourd’hui, nous pourrons tous nous faire une idée de ce que l’armée américaine considère comme un crime grave ou non. Quand on voit le temps que Manning va passer en prison - vingt-cinq ans à compter d’aujourd’hui - il serait bon de comparer sa peine avec celles d’autres soldats :

Le sergent Sabrina Harman, célèbre pour avoir posé près du corps d’al-Jamadi, le pouce en l’air, et, dans une autre photo, le sourire aux lèvres, à côté d’Irakiens nus, encapuchonnés et entassés les uns sur les autres, a reçu une peine de six mois pour mauvais traitements sur prisonniers.

Le soldat 1ère classe Armin Cruz a été condamné à huit mois de prison pour des violences sur des Irakiens à Abu Ghraib et pour avoir dissimulé les faits.

Le soldat 1ère classe Steven Ribordy a été condamné à huit mois de prison pour complicité au meutre de quatre prisonniers irakiens, qui étaient "attachés, yeux bandés, se sont fait tirés dessus et jetés dans un canal" à Bagdad en 2007.

Le soldat 1ère classe Belmor Ramos a été condamné à sept mois de prison pour préméditation d’assassinat dans la même affaire.

Le sergent Michael Leahy a été condamné à perpétuité pour quatre meurtres à Bagdad. L’armée lui a ensuite accordé sa clémence et réduit sa peine à vingt ans, avec possible libération conditionnelle au bout de sept ans.

Le sergent Marine Frank D. Wuterich n’a pas été condamné à la prison pour négligence et manquement à son devoir pour massacre de 24 hommes, femmes et enfants non armés, dans la ville irakienne Haditha, en 2005. Sept autres membres de son bataillon ont été poursuivis, mais aucun n’a été puni, d’une manière ou d’une autre.

Les Marines Jerry Shumate et Tyler Jackson ont tous les deux été condamnés à vingt et un mois pour coups et blessures sur Hashim Ibrahim Awad, 52 ans, père de onze enfants et grand-père de quatre petits-enfants, à Al Hamdania en 2006. Awad est décédé après qu’on lui a tiré dessus pendant l’attaque. Leurs peines ont ensuite été réduites.

Robert Pennington, caporal de la Marine, a été condamné à huit ans de prison dans la même affaire, mais n’a purgé que quelques mois de peine avant d’être libéré.

Lawrence Hutchins, sergent de la Marine, a reçu quinze ans de prison pour meurtre dans l’affaire Hashim Ibrahim Awad, mais sa peine a rapidement été annulée et Hutchins libéré.

Aucun soldat n’a été condamné pour le meurtre de cinq enfants irakiens, ainsi que de quatre femmes et deux hommes, dans une maison d’Ishaqi, en 2006. Parmi les câbles diplomatiques mis en lumière par Bradley Manning, figurait un e-mail d’un fonctionnaire des Nations Unies déclarant que les soldats américains "les avaient tous exécutés". Quand Wikileaks a publié le câble, le tollé en Irak a été si important que le gouvernement al-Maliki a dû arrêter de promettre l’immunité aux troupes américaines restant sur son sol. Conséquence : l’administration Obama a abandonné ses plans de laisser de manière permanente plusieurs milliers de soldats américains en Irak. L’intégralité des troupes américaines a été rappelée fin 2011.

À mon avis, Bradley Manning est parti pour passer plus de temps en prison que tous les autres soldats, dans tous les procès réunis. Ainsi, au lieu de tout faire pour nous faire pardonner et racheter les crimes révélés par Manning, nous allons montrer au monde entier qui nous sommes vraiment.

»» http://quebec.huffingtonpost.ca/michael-moore/bradley-manning-proces_b...
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