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Ces programmes télés et ces JT devenus de grandes poubelles…

Si le métier de journaliste comporte toujours pour certains d’entre eux, des risques à exercer leur profession – voir à ce sujet les statistiques disponibles sur le web pour l’année 2013 – l’on ne peut pas en dire autant de ceux qui nous présentent certaines émissions, et particulièrement les JT.

De fait, quand on voit que certains journalistes paient de leur vie le sens aigu qu’ils ont de nous informer au plus près des sujets brûlants qui font et défont le monde, on peut se demander si ceux qui ont la charge de nous présenter les programmes et les infos en saisissent toute la portée, en ont pleinement conscience !?...

Ou alors, s’agit-il de deux métiers différents. Les premiers, souvent inconnus du grand public, seraient de vrais journalistes, avec tout ce que cette profession comporte de prise de risques, de responsabilité assumée et de recherche de la vérité au plus près des évènements ; quand les autres ne seraient que des fonctionnaires planqués en quête insatiable de reconnaissance sous les feux de la rampe, quel que soit le sujet à traiter…
Mais, ces derniers prennent-ils vraiment la mesure de leur inanité voire de leur médiocrité ? Comment se situent-ils par rapport à leurs collègues payant de leur vie pour nous transmettre des situations de terrain, quand ils choisissent de nous abreuver de leurs anecdotes et faits-divers sans le moindre intérêt journalistique !? Que ce soit l’accident « évité de justesse », mais alors pourquoi en parler parfois pendant plusieurs minutes !? Ou de la météo qui non contente d’avoir déjà sa place avant et après le JT, se voit de plus en plus invitée à meubler l’espace au cœur de l’info !? Pour ne pas parler de toutes les conneries pour remplir le temps de parole… ni de bouffe !

Aujourd’hui, dans ce monde où la précarité gagne du terrain partout, il n’en est plus que pour les émissions tournant autour de la cuisine, même sur Arte ! Les restos du cœur pour les plus démunis battent record sur record, mais on nous bassine sans arrêt avec des émissions qui ne parlent que de bouffer ! Chef pâtissier par-ci, Masterchef par-là, en passant par Chef la recette, Miam, Top chef, À table, Un dîner presque parfait, la Cuisine des Terroirs, etc, etc… et cela ne semble pas prêt de s’arrêter.

En cette époque de fêtes obligées, où règne en maître absolu le seul objectif de faire du fric, toujours plus de fric, les chaînes télés en sont tellement à ne plus rien avoir à nous donner comme information digne de ce nom, que les quelques vedettes fardées pour leur demi-heure de prestation nous gavent telles des oies de conneries qui ne tournent plus qu’autour de la table.
Recettes de réveillon, table idéale, entrée parfaite, huitres ceci, homard cela, dessert insolite, avis des « chefs », sans parler des statistiques dont tout le monde se fout de savoir « qu’en France, on aurait dépensé 2% de plus que l’an dernier pour la table »… Et sans parler non plus du sapin, des derniers cadeaux, de la course effrénée dans les boutiques, des parfums, bijoux, tablettes, bref, de ce luxe écœurant tant il bafoue, outrage le commun des mortels, et j’en passe…

Non mais, de quoi nous parle-t-on dans ces JT censés nous informer de ce qui se passe dans le monde !?
De celles et ceux qui grelottent, enfants compris, sous les couvertures élimées de l’ONU parce que chassés loin de chez eux et parqués dans des camps de réfugiés ; de celles et ceux qui ont tout perdu par la folie dominatrice de quelques-uns qui se gaveront de foie gras et de champagne ; de celles et ceux qui n’ont plus que de maigres rations de survie ; de celles et ceux qui dans des conflits alimentés par notre commerce des armes florissant ont vu mourir leurs proches et ont souvent tout perdu ; de celles et ceux qui tentent d’échapper à leur destin en se noyant à quelques encablures de nos côtes ; de celles et ceux qui définitivement sont en marge d’une société malade d’égoïsme ; de celles et ceux qui dans nos villes éclairées pour ces fêtes formatées n’ont même pas un toit pour dormir ; de toutes celles et de tous ceux que cet ignoble et nauséabond étalage de consumérisme tuent un peu plus encore ; sans oublier de parler de l’environnement que nos pratiques et habitudes de nantis autour de tables richement achalandées massacrent lentement mais sûrement…

Ô oui, je sais et j’entends déjà les remarques offensées des lèvres pincées et des culs serrés : le monde va tellement mal qu’en cette période, on peut bien passer un peu de temps à parler de ce qui fait la joie, la fête, l’insouciance… Mais la joie, la fête et l’insouciance de qui !? Des quelques privilégiés qui de toutes façons se contrefoutent toute l’année de ce qui peut bien arriver aux plus démunis, aux délaissés, aux oubliés, aux parias d’une société de plus en plus malade de ses excès !?

Honte à vous, journaleux, si vous ne comprenez pas l’indignation que vos grands-messes médiatiques provoquent !
Honte à vous pour balayer d’un revers de main la plus grande part de l’humanité pour célébrer les fastes de quelques fortunés !
Honte à vous de ne pas être plus solidaires de vos compagnons morts dans l’exercice de leur fonction pour tenter de nous présenter autre chose que ce ramassis de mauvais goût, véritables poubelles géantes !
Honte à vous pour nous prendre pour des imbéciles et croire que nous ne faisons pas la différence !
Honte à vous du service public, pour agir ainsi avec notre argent et monopoliser notre temps de soirée avec vos histoires et vos cancans insipides, inodores et incolores ! Honte à vous qui ne devriez plus avoir droit à cette carte de journaliste dont vous êtes définitivement indignes !

Quand certains fustigent la classe politique pour son incompétence et ses nombreuses dérives, ils feraient bien de ne pas oublier une grande part des médias dominants et de leurs animateurs, qui assurent le service après-vente de ce nivellement par le bas, toujours plus bas !
Et si la conclusion devait être que nous ne sommes plus capables de nous réunir qu’autour de ces tables fastes et rutilantes, nous ferions bien de regarder par-dessus notre épaule pour voir comment Rome et ses banquets présageaient son inexorable décadence, avant son déclin définitif…

Daniel Vanhove, Observateur civil -Auteur- 30.12.2013

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