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Cinq Principes de la Coexistence pacifique : 70 ans d’engagement de la Chine

Des lecteurs malicieux (ou frustrés) nous font remarquer que nous publions souvent des articles écrits par des Etats-Uniens, mais rarement des articles écrits par des Chinois. En voici un qui nous arrive sans avoir à le traduire.
LGS a déjà publié trois articles de Yi DA (1).
Ici, il nous parle de paix et de la méthode chinoise pour éloigner les guerres dans un monde ravagé par des massacres guerriers.
LGS

« Respect mutuel de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, non-agression mutuelle, non-ingérence mutuelle dans les affaires intérieures, égalité et bénéfice mutuel, et coexistence pacifique. » Quand ces principes étaient prononcés pour la première fois par le Premier Ministre Zhou Enlai lors d’une rencontre avec une délégation indienne, rien ne paraissait les destiner à un rayonnement mondial.

Or, 70 ans après, la pertinence de ces principes, connus sous le nom des Cinq Principes de la Coexistence pacifique, n’est plus à démontrer,et leur importance s’est affirmée davantage dans un monde en plein basculement.

Un fruit de la sagesse asiatique

C’était en 1955, lors de la Conférence de Bandung, que les Cinq Principes de la Coexistence pacifique ont fait leurs preuves. Portant l’esprit de la « recherche des terrains d’entente par-delà les divergences », ils ont permis d’aplanir les suspicions dangereuses qui régnaient entre les pays asiatiques, fondé le succès de la Conférence et commencé dès lors à gagner, à partir de l’Asie, l’adhésion d’un plus grand nombre de pays dans le monde.

Ce n’est pas un hasard si ces principes ont vu le jour en Asie, car ils résultent des valeurs de paix, de cohésion et d’harmonie que les peuples asiatiques portent jusqu’au plus profond de leur ADN. Confucius préconise l’harmonie dans la diversité et la primauté de la paix. Le grand poète indien Rabindranath Tagore n’a-t-il pas aussi écrit : « Vous croyez pouvoir gagner l’amitié par la guerre ? Le printemps s’échappera alors sous vos yeux. »

Un engagement indéfectible

Durant les 70 ans écoulés, la Chine a toujours été fermement engagée à poursuivre les Cinq Principes de la Coexistence pacifique, sans quoi elle n’aurait pas pu établir et développer des relations amicales avec 183 pays, et de surcroît, établir un nouveau modèle de règlement pacifique des différends interétatiques.

Dans les années 1950, certains pays voisins craignaient une agression de la Chine une fois qu’elle est devenue puissante. Persuadé que les désaccords entre États peuvent être résolus par des consultations amicales, le gouvernement chinois a proposé de résoudre avec les pays voisins les problèmes de frontières, connus pour leur complexité, sur la base des Cinq Principes de la Coexistence pacifique. Au bout des décennies d’efforts constants, la Chine est parvenue à signer des accords avec 12 de ses 14 voisins terrestres, délimitant environ 20 000 kilomètres, soit près de 90 % de ses frontières terrestres.

70 ans après, il n’y a rien de surprenant lorsque l’on voit la rencontre des chefs de diplomatie saoudien et iranien à Beijing, car il ne s’agit qu’un aboutissement naturel de l’engagement inlassable de la Chine guidée par ces « principes d’or » qui lui sont toujours chers.

Vers une communauté d’avenir partagé pour l’humanité

Aujourd’hui, les défis qui se posent à l’humanité sont sans précédent : conflits régionaux, changement climatique, recul de la mondialisation, écart entre le Nord et le Sud, résurgence de l’égoïsme… Le monde a plus que jamais besoin d’une vision qui s’affranchit complètement de la logique hégémonique et du jeu à somme nulle.

C’est dans un tel contexte que le Président Xi Jinping a avancé la vision de la construction d’une communauté d’avenir partagé pour l’humanité. Puisant de la sagesse dans les Cinq Principes de la Coexistence pacifique pour répondre aux défis de notre temps, cette vision marque à la fois le prolongement et le développement de l’esprit de ces principes. Trois initiatives majeures ont été ensuite lancées pour traduire cette vision en réalité, à savoir l’Initiative pour le développement mondial, l’Initiative pour la sécurité mondiale et l’Initiative pour la civilisation mondiale, qui bénéficient d’un large soutien au niveau international.

Il y a 70 ans, les Cinq Principes de la Coexistence pacifique, nés à point nommé, ont ouvert un chapitre d’amitié et de solidarité entre pays en développement. 70 ans après, les valeurs qu’ils incarnent doivent continuer de nourrir nos réflexions et à juste titre guider nos actions. Il est temps de faire le choix de la solidarité, un choix souvent plus difficile que celui de l’égoïsme, mais qui nous mènera à un avenir de paix et de prospérité.

Yi DA

(Basé à Beijing, Yi Da est spécialiste en relations internationales).


Note (1)
LGS a déjà publié trois articles de Yi Da. Il est possible de les lire ou relire ici :
1 - La croissance chinoise est un moteur pour le développement, et non un risque (22 juin 2023).
https://www.legrandsoir.info/la-croissance-chinoise-est-un-moteur-pour-le-developpement-et-non-un-risque.html

2- Un excellent millésime Chine-France
Il y a 60 ans, la France reconnaissait la Chine (20 janvier 2024).
https://www.legrandsoir.info/un-excellent-millesime-chine-france.html

3- Où va l’économie chinoise ? (14 mars 2024).
https://www.legrandsoir.info/ou-va-l-economie-chinoise.html

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COMMENTAIRES  

28/06/2024 13:54 par Auguste Vannier

C’est simple, c’est point par point exactement l’inverse ou l’opposé des principes de la géopolitique imposée par l’occident global. principes dont on a sous les yeux les résultats, pour le plus grand malheur des peuples (y compris occidentaux).
D’ailleurs le sud global ne s’y trompe pas, dont de nombreux pays se pressent aux portes des BRICS+, et regarde avec effarement la barbarie dont sont capable les "démocraties des droits de l’homme" (Cf entre autres:Ukraine, Gaza,...).

29/06/2024 08:24 par Tardieu Jean-Claude

Voilà une description bien angélique, vous ne trouvez pas ?

 « Respect mutuel de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, non-agression mutuelle, non-ingérence mutuelle dans les affaires intérieures, égalité et bénéfice mutuel, et coexistence pacifique »

Voilà un discours qu’on a entendu autrefois dans la bouche de tous les diplomates des puissances occidentales. Elles avaient exporté ou investi des masses considérables de capitaux sur les continents asiatique, africain et sud-américain, afin de profiter de la détresse économique des pays sous-développés pour en tirer un maximum de profits au détriment des populations locales qui resteront soumises au sous-développement durant près d’un siècle, ou leur imposer un mode de développement économique concourant à les réduire davantage en esclavage, leur modèle de société.

Autrement dit, les travailleurs de tous ces pays se verront accorder une amélioration de leur condition d’existence matérielle, sans pour autant que leurs conditions de vie soient satisfaisantes, car moyennant des conditions de travail harassant et des salaires misérables, de telle sorte qu’ils seront maintenus dans la pauvreté et la précarité absolue, un véritable cauchemar quotidien sans espoir d’en sortir. Dans chaque pays des puissances occidentales, des millions d’ouvriers et leurs familles ont connu le même traitement injuste génération après génération depuis le début du XXe siècle, ce qui signifie qu’ils n’ont pas réellement profité du développement économique de leur pays.

Si nous ne sommes pas égaux face au développement économique dans notre propre pays, affirmer qu’il en irait autrement quand des grandes puissances traitent avec des pays pauvres, c’est nous prendre pour des imbéciles ou des ignorants.

La Chine faisant face à d’immenses besoins en matières premières pour nourrir sa population et assurer son développement futur, elle se sert de ses énormes réserves financières dues à son excédant commercial et des gigantesques profits qu’elle tire de l’exploitation de ses travailleurs, pour jouer le même rôle économique à l’échelle mondiale que les puissances occidentales aux XIXe et XXe siècle, afin d’assurer la pérennité du capitalisme mondial. Elle investit en Afrique dans des infrastructures, et dans une certaine mesure dans le social, parce qu’elle ne peut pas faire autrement, les capitalistes firent la même chose un siècle auparavant, parce qu’on ne peut pas faire marcher des usines avec une masse analphabète, indisciplinée, malade, crasseuse, et non par humanisme.

On vit la même chose en Inde où je vais terminer mes jours, et puis je suis issu d’une famille ouvrière française très pauvre, mon père était menuisier en bâtiment. J’ai assisté depuis 1991 au "développement économique" de l’Inde. 35 ans plus tard, pour les travailleurs indiens le bilan est effroyable...

Qu’on ne nous raconte pas d’histoire, le caractère hégémonique qui domine les relations entre États, durera aussi longtemps que le système économique mondial reposant sur la confiscation du pouvoir politique et la domination d’une classe sur une autre, n’aura pas été éradiqué de la surface de la Terre.

01/07/2024 09:18 par Zéro...

Je suis assez circonspect avec la Chine que je soupçonne fort de ne penser qu’à commercer avec les pays occidentaux, au mépris de tout et prête à renoncer à tous ses engagements et alliances pour y parvenir...

Il n’y a qu’à voir son soutien plus que conditionnel envers la Russie, censée être son plus proche allié, alors qu’elle est livrée à elle-même face une meute de loups sans foi ni loi bien décidée à l’écraser pour la dépecer !!
Et qu’on m’épargne les violons sur le respect de l’intégrité et l’indépendance d’un pays alors que l’Occident a détruit tant de pays avec des guerres injustes, asymétriques et indignes ; le plus ahurissant et révélateur étant pour moi l’attaque de la Grenade, plus petit pays du Monde, parce qu’il mettait parait-il en danger la sécurité du plus grand pays du Monde !!

La Chine a pourtant un marché intérieur d’un milliard et demi d’habitants, le marché extérieur du BRICS qui lui ouvre les bras, et elle veut encore l’étendre au reste de la Planète : il y a des soupçons d’intentions cachées qui me rappellent trop la volonté hégémonique des USA...

Si encore il y avait derrière cet objectif une louable intention idéologique sociale et planétaire, mais non, même pas, le drapeau rouge est là pour faire "comme si" et la Chine est en fait d’une rigidité dirigiste absolue au service de l’ultralibéralisme : elle exploite ses travailleurs et les autres !!

La Chine est un pays ambigu qu’il faut respecter et avec lequel il faut traiter et parlementer mais la même méfiance que nous devrions avoir envers les USA...

Et j’ai les mêmes doutes à exprimer et précautions à préconiser envers la douteuse Inde citée par Jean-Claude TARDIEU !
Celle-ci fait partie du BRICS initié par la Russie et vend des armes à l’Ukraine pour qu’elle les utilise... contre la Russie !!
Plus de duplicité est difficile à imaginer - sauf pour la Serbie qui en fait de même alors que la Russie l’a armée gratuitement, est soi-disant son alliée et la défend dès qu’elle le peut...

Ce monde est frelaté.

01/07/2024 15:54 par J.J.

Trop beau pour être vrai ? Peut-être., Mais ne pas rejeter quand même systématiquement. Le monde deviendrait il un peu sage, sentant venir sa fin ?

02/07/2024 10:55 par Zéro...

@ J.J.,

Acceptons l’augure d’une Chine magnanime mais en restant sur nos gardes !

Pour bien différencier et hiérarchiser ma considération, je n’accorde même pas le bénéfice du doute aux USA et consorts...

02/07/2024 14:51 par Auguste Vannier

En effet @Zero, on peut raisonnablement laisser le Bénéfice du doute à la Chine (et surtout à la structure d’équilibre qui se met en place avec les BRICS+).
Pour les USA , c’est une certitude, nous avons les preuves multiples qu’ils sont capable du pire (au moins depuis Hiroshima/Nagasaki).

04/07/2024 18:37 par Abdul

Pour les USA , c’est une certitude, nous avons les preuves multiples qu’ils sont capable du pire (au moins depuis Hiroshima/Nagasaki).

"Au moins"... certes, parce que c’est passer un peu vite sur le génocide et autres babioles, hein...

08/07/2024 12:52 par GC45

Je note dans les commentaires un scepticisme de bon aloi, mais qui me semble faire abstraction du fait qu’en 1955, lors de la Conférence de Bandung, la guerre faisait rage en Indochine et dans une flopée de pays colonisés, que la Chine venait juste de sortir d’une guerre civile effroyable, que l’URSS venait juste de venir à bout des guérillas bandéristes soutenues par les EUA, que l’armistice du 27 juillet 1953 n’avait été signé ni par les EUA ni par la Corée du sud, etc.
Les dirigeants de l’époque n’avaient connu que la guerre et les génocides.
Pour rappel : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pertes_humaines_de_la_Premi%C3%A8re_Guerre_mondiale
et https://fr.wikipedia.org/wiki/Pertes_humaines_pendant_la_Seconde_Guerre_mondiale
En Asie, le demi-siècle avait été particulièrement agité (voir https://fr.wikipedia.org/wiki/1905 pour se rafraîchir la mémoire) et meurtrier Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_civile_chinoise.

Il fallait donc beaucoup de froide lucidité pour formuler les Cinq Principes de la Coexistence pacifique, et surtout pour s’y tenir, en dépit d’un certain nombre d’accrocs et surtout face au bellicisme forcené des anglo-américains (qui ont l’art de faire mourir les autres pour ensuite tirer les marrons du feu).

Le résultat du pragmatisme chinois saute aux yeux d’une part si on compare le niveau de vie actuel des pauvres en Chine et en Inde respectivement et d’autre part si l’on considère le poids diplomatique de la Chine, qui a amené l’Arabie séoudite et l’Iran à rétablir leurs relations.

Que les grincheux se plaignent parce que les ports et les voies ferrées construits par la Chine sont gérés par des Chinois est cocasse. Personne ne peut se permettre d’investir des sommes aussi colossales à fonds perdus et tout le monde sait que le fric africain partait traditionnellement vers soit les métropoles soit les paradis fiscaux au lieu d’être investit sur place. A part feu M. Kadhafi, quel dirigeant africain a investi dans les infrastructures panafricaines ?

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