Avec des campagnes aussi connes (et donc contre-productives) que celle-là , les « antifas » ou « anticonspis » se discréditent dans des milieux qui sont justement ceux qui nous intéressent, et c’est là précisément que nous avons quelque chose à faire et à gagner.
On peut gagner ou perdre un procès, on sait que ça ne dépend pas de la justesse de nos idées, mais des astuces judiciaires. Si les inquisiteurs perdent un procès, ils retourneront la situation en disant qu’on est du côté de la loi. Par contre, s’ils gagnent, ils diront que c’est la preuve qu’on est bien des fascistes. Dans tous les cas de figure, on n’est pas plus avancés.
Par contre, c’est dans les milieux qu’ils infiltrent qu’ils ont le plus à perdre, et ça se passe en dehors des tripatouillages judiciaires, complètement disqualifiés dans le milieu militant (le mien).
On le voit dans leur confession « Contre leur liberté d’expression », avec les réactions qu’on connaît dans leur propre lectorat. On peut penser aussi que l’intervention de Maxime Vivas à Toulouse les a perturbés plus qu’un échange par avocats interposés. Parce que les infiltrés sont toujours au milieu des gens qu’ils infiltrent et que ce n’est pas un bloc homogène.
Un exemple significatif, c’est l’article contre l’anti-impérialisme des « anti-conspis », où ils s’annexent l’inénarrable Yves Coleman, une trouvaille inespérée dans leur combat contre les « dérives » de l’antisionisme et de l’anti-impérialisme.
Anti-impérialisme
http://conspishorsdenosvies.wordpress.com/2011/11/20/anti-imperialisme/
Quand on regarde les commentaires (sévèrement sélectionnés), on s’aperçoit que même chez leurs lecteurs il y en a qui renâclent. A preuve celui-ci, avec les nécessaires précautions d’usage pour être publié :
« chers camarades de Conspis,"¨
permettez à un anonyme partisan de votre combat contre le confusionnisme et qui relaye partout l’adresse de votre blog, de dire que vous n’êtes pas loin de vous tirer la fameuse balle dans le pied en relayant un article d’Yves Coleman. En effet, ce brave garçon a la particularité de dire plein de choses intéressantes, de développer nombre d’analyses pertinentes mais de sombrer, tout à fait curieusement, dans la sottise et la mauvaise foi la plus invraisemblable dès qu’il s’agit de l’Etat d’Israël et du sionisme.
Là , tout sens critique semble aboli. De même que toute honnêteté intellectuelle. Car le bonhomme sait bien à qui il s’adresse, il sait que son lectorat, dans sa quasi totalité, vomit le colonialisme et n’a aucune sympathie ni pour les colons ni pour les armées en général. Alors, tout en défendant le sionisme bec et ongles, il jure ses grands dieux qu’il n’est pas sioniste.
Hélas, pour lui il ne fait aucun doute que l’antisionisme et l’antisémitisme c’est du pareil au même. Il veut bien concéder que quelques naïfs sincères peuvent être antisionistes sans être vraiment antisémites, mais c’est pure gentillesse de sa part.
Sur cette question, Mister Coleman fonctionne de façon binaire : l’Etat d’Israël est un Etat juif, donc ceux qui s’y opposent ne peuvent être qu’antisémites. D’ailleurs, fait-il finement remarquer, tous les Etats sont mauvais (c’est la seule chose qu’il veuille garder de l’anarchisme, réduit à une pure formule incantatoire) donc il n’y a aucune raison de s’en prendre à un Etat particulier, l’Etat d’israël. Si vous le faites, c’est que vous êtes…. (remplir suivant les pointillés.)
Malheureusement pour Yves Coleman, il ne fait aucun doute que l’Etat d’Israël n’est pas tout à fait "un Etat comme un autre." Tout simplement parce que c’est le dernier Etat colonial de la planète. Anachronisme historique né en 1948, au lendemain de la plus vaste décolonisation de l’Histoire, celle de l’Inde, et à la veille d’un vaste mouvement de décolonisation qui allait culminer avec l’indépendance de l’Algérie, de la Rhodésie et la fin de l’apartheid en Afrique du Sud. L’Etat d’Israël est bel et bien un Etat colonial né du nettoyage ethnique du peuple palestinien, puisque deux tiers de la population arabe palestinienne ont été chassés de leurs terres.
Ainsi, il ne faudrait pas que pour l’excellente raison de dénoncer les antisémites qui se drapent dans l’antisionisme et les crétins bornés qui ont l’anti impérialisme pour seul horizon et en viennent, au mépris de toute vision de classe, à soutenir les pires dictatures, vous en veniez à tordre le bâton dans l’autre sens et à justifier, par un regrettable effet de miroir, la vision paranoïaque d’un Yves Coleman qui se fait le chantre du colonialisme sioniste. Vos analyses et votre remarquable travail de décorticage n’ont pas besoin de s’appuyer sur les divagations de M. Coleman.
Fraternellement,"¨Karib »
Et aussi, devant l’insistance des modérateurs à lui demander des preuves :
« Je parle évidemment du site d’Yves Coleman, Sans patrie ni frontières, sur Mondialisme.org. Il n’y a pas que l’article limites de l’antisionisme (où il semble déjà faire quelque peu machine arrière) mais de l’ensemble des textes où il traite de la question. Leur lecture prend évidemment un peu de temps, mais on se rend compte assez rapidement du parti qui est le sien : la défense du sionisme et de l’Etat d’Israël, la prise à partie systématique du mouvement de résistance palestinien, accusé de tous les maux parce que lié au nationalisme arabe puis actuellement à la réaction religieuse, une "position de classe" qui peut au premier abord sembler cohérente mais qui se révèle très vite un simple prétexte pour défendre l’indéfendable. Encore une fois, dommage, parce que sur tout le reste, Yves Coleman développe des analyses tout à fait remarquables. Sans le connaître personnellement, nous avons des amis communs et ceux-ci lui disent exactement la même chose […] »
« Je connais les textes d’Yves Coleman depuis des années et depuis des années, comme tant d’autres, j’ai repéré le sionisme avéré de leur auteur. Cela dit, devant la levée de boucliers que ses positions ont suscitée, notre bonhomme a prudemment infléchi son discours. Je vous avoue que pris par bien d’autres activités, je n’ai pas le temps d’aller fouiller dans sa revue "Ni patrie ni frontières" pour aller chercher les preuves de ce que j’avance. Si vous ne les trouvez pas, c’est soit qu’il a caviardé ses propres écrits, soit que vous n’avez pas, comme moi, le temps de faire les recherches nécessaires.
J’ai dit plus haut, dans mes précédents commentaires, et ce n’est pas vraiment une preuve de simplisme ni de pensée sommaire, que les positions d’Yves Coleman étaient curieuses s’agissant de quelqu’un qui par ailleurs développe des analyses souvent pertinentes et qui sont en tout cas fondées sur un ensemble de réflexions que je partage. Seulement, dès qu’il s’agit du sionisme et de la résistance palestinienne, Yves Coleman se fige sur une manière de garde à vous idéologique où le "nationalisme" devient le mal absolu. Et s’il veut bien concéder que le sionisme est un nationalisme et donc condamnable à ce titre (mais on sent toujours que la concession est douloureuse), il est clair que le "nationalisme" qu’il vise est le nationalisme palestinien.
Ce que j’avance n’est ni le fruit d’une animosité personnelle contre Yves Coleman ni le fruit d’une imagination simplificatrice. Je ne connais pas les raisons d’une telle rigidité idéologique chez lui, qui relèvent probablement de la sphère personnelle, mais le résultat est qu’il s’est taillé une belle réputation de sioniste à tout crin. Les reproches en ce sens sont parfois excessifs, souvent injustes, mais pas complètement infondés non plus. […] »
« Alors ce que je lui reproche ? Quand on lit l’ensemble de ses textes sur la question de l’antisionisme, d’Israël, etc. (il me semble bien, pourtant, qu’un certain nombre de ses textes ont disparu, mais je peux me tromper), on ne peut qu’être frappé, au-delà même de telle ou telle formulation, par un tropisme favorable au sionisme et à l’Etat d’Israël. Et inversement, par un agacement très net envers tout ce qui touche au soutien à la résistance palestinienne."¨Sa sympathie profonde va au sionisme, qu’il reconnaît pourtant être une forme de nationalisme, et à l’Etat d’Israël, qu’il reconnaît pourtant être né de l’expulsion de la population palestinienne. Car au fond, ces défauts congénitaux lui semblent presque véniels face au tort immense causé depuis la nuit des temps au peuple juif. Les pogroms en Russie et en Europe de l’Est, puis l’extermination des Juifs par les nazis lui semblent finalement justifier l’existence même d’un Etat colonial. Or c’est très exactement le discours que tiennent les sionistes les plus modérés en Israël et dans le monde. Israël serait une sorte de moindre mal pour les juifs du monde entier, une manière de garantie face à la haine universelle."¨De façon systématique, Yves Coleman prend la défense de l’Etat d’Israël qu’il juge la cible de critiques excessives. Et de façon systématique, il s’attaque à ceux qui soutiennent la cause palestinienne en débusquant l’antisémitisme qui la sous-tendrait. Lui qui, à juste titre, s’insurge contre certaines tendances à chiffrer les souffrances pour en évaluer la valeur, se montre bien peu soucieux des souffrances terribles du peuple palestinien qui lui semblent bien peu de choses face à la souffrance quasiment ontologique qui serait celle du peuple juif."¨ […] »
Inutile de dire que sur ce sujet tous les autres commentaires critiques ont été refusés (sauf un, avec une réponse définitive qui a clôt le débat). C’est comme ça qu’ils fonctionnent, mais avec des failles qu’ils ne peuvent pas éviter.