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Cuba : le plan d’action de Bush ne marche pas.








[Wayne S. Smith est un ancien responsable de la section des intérêts US à la Havane.]


Sun-Sentinel, 22 juillet 2007.


Les déclarations de l’administration Bush sur Cuba sonnent comme un disque rayé - ça tourne en rond. Le dernier exemple en date fut donné par la Secrétaire d’Etat Condolezza Rice à une conférence de presse le 9 juillet (2007) à Washington. Elle a dit, "nous ne tolérerons pas une transition d’un dictateur à l’autre à la Havane."

Ne tolérerons pas ? Hum... Cette transition, de Fidel à Raul, n’a-t-elle pas déjà eu lieu il y a pratiquement un an ? Que va faire Washington ? Rien, sinon dire que c’est inacceptable. Pas vraiment une politique sérieuse !

Juste après le 11 Septembre, on pouvait penser qu’une voie s’était ouverte pour une politique constructive avec Cuba. Cuba avait condamné les attaques terroristes contre les Etats-Unis, exprimé sa solidarité au peuple Américain et offert de signer des accords bilatéraux pour lutter contre le terrorisme. Mais l’administration Bush n’était pas intéressé dans un dialogue. Elle n’a non seulement ignoré les ouvertures cubaines, mais en 2003 a formé une Commission pour une Assistance à une Cuba Libre et appelait au renversement de Castro.

Au mois de mai 2004, la Commission publia un plan d’action qui décrivait le régime de Castro au bord de l’effondrement, et qu’il ne manquait que quelques pressions supplémentaires pour l’achever. Le plan appelait à  : 1) l’accroissement des émission de Télé et de radio, 2) des restrictions sévères sur les voyages des Américains à Cuba, et 3) l’augmentation des aides aux dissidents à l’intérieur de Cuba.

Le plan n’a pas fonctionné. Les émissions de Radio et Télé Marti n’avaient eu virtuellement aucun impact sur l’opinion publique cubaine avant 2004, et n’en ont pas eu plus depuis. Les restrictions imposées aux voyages ont réduit les revenues tirées du tourisme mais le tourisme est toujours en croissance.

Plutôt qu’un effondrement, prévu semble-t-il par la Commission, l’économie cubaine a connue une forte reprise. Cuba entretien des relations économiques étroites avec le Venezuela et la Chine. Le prix du nickel, première exportation cubaine, a atteint des niveaux records. Et les résultats des forages pétroliers au large des côtes cubaines au nord semblent prometteurs.

L’administration Bush persiste à prédire un effondrement, et même à affirmer que son plan avait atteint "une nouvelle étape". Le 10 juillet 2006, elle publia une nouvelle déclaration dont l’objectif principal semblait être de faire comprendre que Washington ne tolérerait pas une soi-disant "stratégie de succession", c’est-à -dire, en clair, que Raul Castro succède à Fidel.

Pas de chance. Quelques jours seulement après que l’administration Bush ait déclaré qu’une telle succession était inacceptable, la dite succession eut lieu. Invoquant des raisons de santé, Fidel annonça que Raul devenait président [selon les modalités prévues par la Constitution cubaine - NDT]. Le Département d’Etat rejeta cette nomination et le Président Bush et la Secrétaire d’Etat Rice appelèrent le peuple cubain à "oeuvrer pour un changement démocratique sur l’île", en précisant que les Etats-Unis se tenaient prêts à aider "la transition vers la démocratie à Cuba".

Certains ont dansé dans les rues de Miami ce 31 juillet et l’ambiance était à la fête à Washington. Tous attendaient la chute imminente du régime cubain.

L’appel de Bush et de Rice au peuple cubain, appelant à oeuvrer contre le successeur, reflétait cet optimisme. Mais le contraire se produisit et le peuple cubain accepta avec calme cette succession. Un an plus tard, il n’y a pas eu le moindre signe d’agitation et personne pour montrer un quelconque intérêt à répondre aux appels de Washington à la formation d’un nouveau gouvernement.

Ce que nous avons là est une politique totalement improductive. L’administration américaine refuse de traiter avec un gouvernement cubain auquel participerait Fidel ou Raul. Ses objectifs sont plutôt le renversement du régime. Cependant, les mesures annoncées pour y parvenir ne marcheront pas. Il faudrait une intervention militaire pour renverser le gouvernement cubain, et étant donné le débâcle en Irak, il telle initiative parait improbable, même de la part de l’administration Bush.

Pendant ce temps, lors de mes visites à Cuba cette année, j’ai perçu une sorte de renforcement dans la confiance des gens. L’économie et le niveau de niveau s’améliorent et il règne un fort sentiment que les Etats-Unis ont désormais tenté tout ce qu’ils pouvaient, sans résultats.

Comme me l’a dit le mois dernier un haut dirigeant : "Nous préférerions avoir un dialogue constructif avec les Etats-Unis et une relation plus amicale au-delà de notre frontière. Nous préférions entretenir des relations commerciales avec vous. Nous préférerions élargir nos échanges en matières d’éducation. Nous sommes ouverts. Votre gouvernement ne l’est pas. OK. Cela dit, nous nous y ferons. Avant, nous percevions les Etats-Unis comme le centre incontournable du monde à l’extérieur de l’île. Vous nous avez peut-être rendu service en créant une situation où les Etats-Unis sont pratiquement devenus hors-sujet."

Wayne S. Smith


Wayne S. Smith is a Senior Fellow at the Center for International Policy in Washington. D.C. and an Adjunct Professor at the Johns Hopkins University.

- Source : Sun-Sentinel www.sun-sentinel.com

- Traduction : Cuba Solidarity Project.
http://viktor.dedaj.perso.neuf.fr
Diffusion autorisée et même encouragée.
Merci de mentionner les sources




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Nadine Gordimer, Salim Lamrani, Noam Chomsky, Adolfo Pérez Esquivel et José Saramago.



Les dilemmes de la transition cubaine : l’heure des changements révolutionnaires, par Pablo Stefanoni.


Sur les conséquences humaine de l’ embrago Cuba :<BR>
Le Mur d’Eau, par Jens Glüsing.



Pourquoi les arrestations à Cuba ? par Wayne S. Smith.






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