Dernier message d’Evo Morales avant son départ pour le Mexique

Dans un document audio diffusé durant la soirée du 11 novembre, l'ancien président Evo Morales a remercié ses partisans dans la ville de Cochabamba pour avoir pris soin de lui et assuré sa sécurité après le coup d'Etat. Il a assuré qu'il reviendrait "avec plus d'énergie pour continuer à travailler", tout en demandant à ses adversaires de « protéger les vies » ainsi que d’« arrêter de massacrer et d’humilier » les personnes les plus humbles dans son pays. Il a aussi demandé aux forces armées de ne pas se souiller en faisant couler le sang du peuple. Evo Morales, voyage en direction du Mexique accompagné de son ancien vice-président, Álvaro García Linera.

Transcription à partir d’un document audio (03:01 minutes) diffusé sur le site de La Jornada le lundi 11 novembre 2019 à 22:43 :

« Depuis mon arrivée dans [la zone dite du] « tropique de Cochabamba », après le coup d’Etat, mes camarades des six fédérations et des autorités locales m’ont accompagné, ont pris soin de moi, et maintenant je vous dis au revoir en vous remerciant pour votre soutien, pour cet effort, [inaudible], momentanément président, maintenant de nouveau dirigent-camarade de la base. Je les remercie tous de m’avoir assuré ma sécurité, de ne m’avoir jamais abandonné, tout comme jamais nous ne les abandonnerons. Merci compañeras et compañeros, nous reviendrons bientôt avec plus de force, plus d’énergie, pour continuer de travailler au service de notre chère patrie.

Presque 14 années de gestion, de suivi des demandes du peuple, des différents secteurs sociaux ; je veux vous dire merci de m’avoir accompagné. Ça me fait mal d’abandonner [le pays] pour des raisons politiques, mais je suivrai toujours avec attention [le cours des évènements].

Je suis sûr, avec le soutien du peuple bolivien que je pourrais revenir bientôt, [d’ici là] je participerai avec mes opinions, mes réflexions en tant qu’ex-président, et toujours en pensant aux nouvelles générations. Je tiens à réitérer mes remerciements au peuple bolivien de m’avoir accompagné, merci beaucoup car tous ensemble nous avons travaillé pour le renouveau de la Bolivie.

Rendez-vous compte de tout ce temps, sans que jamais il n’y ait de morts victimes de la répression policière, alors que dès le jour qui a suivi le coup d’Etat civico-politico-policier, déjà tant de morts.

Je demande à [Luis Fernando] Camacho et [Carlos] Mesa de ne pas tuer comme à l’époque [des présidents] Goni et Mesa. Durant plus de 13 années à la tête du gouvernement je n’ai jamais demandé aux forces armées d’aller réprimer le peuple ni d’instaurer de couvre-feu. Les futures générations du peuple seront les seules juges. Je demande aux forces armées de ne pas se souiller en faisant couler le sang du peuple. »

Traduit par Luis Alberto Reygada (@la_reygada) pour LGS

 https://www.jornada.com.mx/ultimas/politica/2019/11/11/avion-donde-viaja-evo-morales-cambia-de-ruta-hara-escala-en-parag

COMMENTAIRES  

12/11/2019 12:38 par robess73

juste un avis perso .mais evo morales et comme alliende au chili ont eu le tort
de penser que leurs adversaires politiques respecteraient la démocratie.chavez(militaire) a tres bien compris cela et a armé massivement le peuple ce qui a pour l instant empeché les forces de l ordre (souvent inféodés aux elites fascistes et au usa) de reussir un coup d état .cette lecon est valable partout y compris chez nous .

12/11/2019 13:09 par legrandsoir

a armé massivement le peuple

Plutôt modifié la composition des forces de l’ordre, notamment l’armée, voir : https://www.legrandsoir.info/interview-d-orlando-maniglia-ferreira-ancien-ministre-de-la-defense-du-venezuela-2005-2006-a-paris-le-21-mars-2014.html

12/11/2019 14:55 par Byblos

Faute de grives, on se contente d’un merle.
À défaut de faucher le régime cubain ou le régime vénézuélien, l’ogre US affamé se rabat sur la petite Bolivie.
La fin annoncée du monstre US réjouira bien des peuples assoiffés de paix.
P.S. J’ai personnellement la conviction qu’Evo Morales ne tardera pas à revenir. Quelle dignité dans son message ! Trump devrait prendre exemple.

12/11/2019 16:02 par Serge Charbonneau

Une situation R É V O L T A N T E .

C’est une honte de voir des pays comme le Canada appuyer ce Coup militaire et de laisser faire ces menaces contre un président ayant l’appui d’une majorité de la population bolivienne.

Une honte pour la démocratie.
Une honte pour l’Humanité.

Ceux qui vont accorder une quelconque crédibilité au cirque de l’élection maintenant prévu alors que le principal candidat est exclu en le menaçant de mort sont des hypocrites inqualifiables.

C’est triste de voir comment ceux qui contrôlent la richesse mondiale peuvent avec la complicité des médias qui ne disent mot orchestrer de telles injustices et de tels affronts à la plus élémentaire des démocraties.

Serge Charbonneau
Québec

12/11/2019 20:05 par irae

Scandaleuses déformations des medias qui, rangés de longue date sous la banière neolibérale de droite, passent sous silence les causes de ce départ.
1er prix de la soumission aux puissances libérales facistes, france infox qui interroge sournoisement un spécialiste. "Un rapport a signalé de nombreuses fraudes lors de son élection". Réponse franche de l’universitaire "ce rapport a lui aussi fait l’objet de mises en cause". La journaliste change vite de sujet et on n’en saura pas plus sur ces "fraudes".

12/11/2019 21:57 par Bruno

A propos du Coup d’Etat en Bolivie, le journal Libération renvoie au portrait d’un jeune fasciste mis en avant par la BBC en tant que possible "Bolzonaro Bolivien". C’est effectivement et bien tristement édifiant :

" Luis Fernando Camacho, 40 ans, est un représentant du patronat de Santa Cruz, la capitale économique du pays. Cette ville à majorité blanche n’a jamais accepté l’arrivée au pouvoir d’un président indigène, et s’est illustrée par son opposition farouche à Evo Morales et au MAS, son parti. L’une de ses revendications a été l’accession de la région à l’indépendance.

Mercredi dernier, Camacho est entré en triomphateur à La Paz, la capitale jusqu’alors fidèle à Morales. Revêtu d’un gilet pare-balles, un drapeau dans une main et un chapelet dans l’autre, il a harangué la foule avec véhémence. Ce théocrate furieux se fixe pour objectif de « faire revenir la Bible au palais présidentiel », ce qui augure mal de la prochaine élection, dont la date n’est pas fixée. "

Voilà... maintenant, le patronat fascisant est à nouveau au pouvoir. Les jeunes fascistes vont pouvoir s’en donner à cœur joie. Nulle sommité en France, d’habitude si prompte à dénoncer les atteintes aux droits humains sous certaines contrées ne dénonce l’infamie en cours en Bolivie : la revanche des blancs racistes & friqués sur la majorité de la population d’origines indiennes (60%).
Mon petit doigt me dit que la gueule de bois sera corsée...et que les choses ne vont pas en rester là.

Voici un autre article qui remet les pendules à l’heure vis à vis de l’excellent bilan politique, social et économique du pays, grâce au président Evo Morales et à son équipe durant plusieurs années.
https://www.liberation.fr/planete/2019/11/11/bolivie-evo-morales-balaye-son-bilan-enracine_1762807

Bonne lecture.

12/11/2019 23:03 par chb

Et un de chute, encore. Quel gâchis !
Bonne description du processus du changement de régime en Bolivie, par Atilio A. Boron : https://www.mondialisation.ca/coup-detat-en-bolivie-cinq-lecons/5638825.
Dommage qu’E. Morales ait dû dépasser le nombre de mandats prévus par la constitution : préparer sa succession (mode Chavez) aurait permis de moins prêter le flanc à l’attaque subie. Dommage peut-être qu’il n’ait pas souhaité armer le peuple. Dommage surtout que la presse de la "coalition internationale" ait si peu de considération pour une démocratie honnête et pacifique (abstraction faite de la lutte de classe, jamais pacifique).

13/11/2019 10:07 par Assimbonanga

@Iraë, je partage ton indignation. France Inter est devenue l’incarnation de la bêtise et de l’aveuglement. Les journaleux, totalement stupides, ne cessent de minimiser, détourner, trouver des formules assassines l’air de rien, pour mettre les torts sur Evo Moralès. Rien sur les violences des putschistes. (Merci à d’éventuels commentateurs d’éviter de me conseiller de ne plus l’écouter. Je continue de veiller, si vous me le permettez, quand bien même c’est fort dommageable pour ma santé.)
Aux infos entre 18h et 20h, j’ai suivi une émission sur Haïti. Claire Servajean (ou Fabienne Sintès ? Elles sont interchangeables) présupposait que les Haïtiens ne désirent rien de plus qu’une équipe de TECHNOCRATES pour redresser le pays et le ramener à la paix !!!! Sans doute croit-elle qu’il leur faut un Macron, fier sauveur de la société civile !!!! Rien dans l pois chiche... Même pas remarqué que cette société civile est une société purement patronale ou directoriale, totalement fanatique.

14/11/2019 20:58 par Bruno

@ Assimbonanga

J’ai moi aussi tiqué fortement au message subliminal macroniste du journaliste de France Culture qui n’a sans doute plus les moyens financiers pour se déplacer jusqu’à Port-au-Prince afin de juger de la situation réelle. J’ai failli avoir un accident de voiture lorsque je l’ai entendu braire cette infamie en direct sur le service public de Radio France.

S’imaginer que le peuple Haïtien réclame un énième gouvernement de technocrates corrompus après plusieurs dictatures sanglantes soutenues par les USA et la France est tristement à mourir de rire.

Honte à Guillaume Erner ( France-Cul ) qui ce jour là a vomi sur le peuple Haïtien en lutte depuis plusieurs siècles pour sa souveraineté et sa liberté. Un peuple martyrisé depuis le retour de l’esclavage décrété à l’époque par le technocrate salopard Napoléon Bonaparte.

Guillaume Erner n’imagine sans doute pas que le peuple Haïtien puisse se gouverner tout seul. C’est trop lui demander.

Les "technocrates", il faudrait plutôt les pendre au vu de leurs actions criminelles et bien dégueulasses de par le monde. Espérons maintenant que le peuple Haïtien fasse sa révolution jusqu’au bout, sans rien demander à personne, même pas à Guillaume Erner.

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