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Dijon - L’occupation de l’Inspection Académique délogée par la police

Suite à la manifestation unitaire, l’occupation de l’Inspection Académique racontée par des reporters participatifs de brassicanigra.org

le 20 novembre avait lieu à Dijon comme dans de nombreuses autres villes une manifestation unitaire de quelques 3000 personnes contre les réformes de l’Education Nationale, les suppressions de postes, le service minimum, la mise en place forcée du fichage "base-élève".. Ces dernières semaines, outre les luttes du primaire et du secondaire, des mouvements sont repartis dans diverses facs dont Dijon, contre la privatisation des universités, l’introduction de la sélection à l’entrée, l’étranglement budgétaire des filières considérées comme « non-rentables » ,ou les menaces de suppression des bourses. On trouvait donc dans la manif des enseignant-e-s, aussi bien que des étudiant-e-s et lycéen-ne-s, notamment de Charles de Gaulle.

A Dijon comme dans d’autres régions, la colère des enseignant-e-s du primaire avait été attisée par une tentative d’amputer le droit aux réunions d’informations syndicales. Ces journées étaient jusqu’à l’an dernier organisées le samedi dans la plupart des écoles. Puisque l’école le samedi matin a été supprimée à la rentrée, les différents syndicats ont décidé d’organiser ces quelques réunions au cours de l’année les vendredi après-midi. En Côte d’Or comme ailleurs, l’Inspection Académique, inscrite dans la logique actuelle de briser les outils de luttes et d’organisation collective, a essayé d’empêcher leur tenue sur un temps de scolarité. La première réunion d’information syndicale s’est néanmoins organisée le 10 octobre et a été suivie en Côte d’Or par environ 1000 enseignant-e-s sur 2800. Mais cette semaine ces enseignant-e-s ont reçu une lettre leur demandant de mentionner si ils/elles avaient été absent le 10 octobre et les menaçant ainsi implicitement de leur retirer ce temps syndical sur leur salaire. Diverses organisations syndicales dont le SNUipp-FSU avaient donc pris rendez-vous ce jeudi à 17h avec l’Inspecteur d’Académie notamment pour protester contre ces menaces.

De ce fait, à la fin de la manif, plutôt que de s’arrêter tristement comme à l’habitude devant la préfecture et de se désagréger petit à petit, une bonne partie du cortège décide de poursuivre et d’aller accompagner les enseignant-e-s du primaire jusqu’à leur rendez-vous à l’Inspection Académique.

Sur le parvis de l’Inspection, ça crie et ça s’agite, on sent que tout le monde est remonté. Quand à 17h les portes s’entrouvrent dans le but de laisser passer une maigre délégation officielle, les manifestant-e-s font le forcing et s’engouffrent immédiatement dans les locaux. Le hall et la salle de réunion sont occupés par environ 150 personnes, d’autres restent dehors. Il s’agit de montrer que cette fois on ne se laissera pas endormir par une entrevue doucereuse au sort déjà ficelée et qu’il s’agit aujourd’hui de faire pression collectivement pour obtenir satisfaction. A l’intérieur, il y a des instits’ de divers syndicats (SNUipp-FSU, CGT educ’, CNT, FO...), mais aussi de nombreux lycéen-ne-s, des étudiant-e-s encartés ou non (l’UNEF, aussi timorée et corporatiste qu’à l’habitude a depuis longtemps abandonné la partie) et quelques parents d’élèves.

Une pression sonore enjouée et crescendo se met en place avec des percus, seaux, poubelles, djembes, chants, slogans et cris. Elle durera plusieurs heures. Elle sera interrompue quelquefois par des discussions téléphoniques avec l’Inspecteur d’Académie retranché aux étages et par des moments de concertation collective pour estimer la poursuite à donner à l’action. Il apparaît vite que l’Inspecteur d’Académie ne supporte pas d’être occupé de la sorte, boude, se vexe et tente un classique : "je ne recevrai de délégation que si tout le monde sort". Il apparaît tout aussi vite que les occupant-e-s ne sont pas dupes et répondent en chantant à tue-tête "nous resterons toute la nuit !". Au fur et à mesure de la soirée, ils/elles font la démonstration de leur sérieux en restant soudés et en amenant des vivres. Alors que l’Inspecteur semble prêt à craquer et attend des ordres du gouvernement, et dans l’hypothèse qu’une délégation soit reçue, il est décidé d’élargir les revendications initiales à celles des lycéen-ne-s et étudiant-e-s et que certain-e-s d’entre elles/eux participent aux négociations avec l’inspecteur. Celui-ci répond finalement qu’il n’est pas question de recevoir en même temps les organisations syndicales d’enseignante-s et les lycéen-ne-s et étudiant-e-s. Il finit par offrir dans sa grande mansuétude de causer aux premiers dès le lendemain matin et aux seconds ultérieurement peut-être s’ils lui adressent un courrier.

Alors qu’en bas, on essaie de faire pot commun de ses revendications pour poser une critique globale d’une logique politique, on essaie en haut de casser toute logique unitaire et d’entretenir un corporatisme cloisonné pour affaiblir les luttes. La volonté d’une délégation immédiate est réaffirmée, tout comme le fait que les gens ne décideront de partir, ou pas, qu’au vu de ce qu’avancera l’Inspecteur d’Académie.

Au final, l’Inspecteur d’Académie voit bleu et une expulsion policière est annoncée. Il est décidé que nous ne sortirons pas de notre plein gré et de se regrouper en ligne et en se tenant dans le fond de la salle. On a beau être sous Sarkozy et faire venir les condés à tout bout de champs pour piétiner les mouvements sociaux, il semble que le préfet n’assume qu’à moitié de venir déloger des enseignants à coup de matraque à 10 heures et demi du soir... Les policiers anti-émeutes, cachés sur le parking de derrière, débarquent par surprise en courant par une porte dérobée et font sortir tout le monde en force, dans les cris, les coups et les bousculades. Après l’intervention violente sur la manifestation lycéenne d’octobre et la mise derrière les barreaux de deux de ses participant-e-s pour quelques mois pour quedalle, cela confirme le ton actuel de la répression sur Dijon. Pourtant, à l’issue du bras de fer de ce soir, il semble que ce n’est pas la pression policière qui fera retomber la détermination, bien au contraire.

Face à un gouvernement qui se targue d’en finir avec la "culture de grève" et pour qui la modernité serait que les mouvements sociaux ne perturbent plus rien et signent donc leur arrêt de mort, il est salvateur de voir se réaffirmer des formes de syndicalisme de lutte et la légitimité qu’il y à bloquer le bon fonctionnement des institutions si l’on veut se donner les moyens de les faire plier. On a d’ailleurs encore vu aujourd’hui à quel point ce type d’actions "archaïques" sont la hantise des représentants du pouvoir qui savent bien que dans ce cas ils ne peuvent plus rouler les gens comme à l’habitude par quelques tours de passe-passe et belles paroles confortablement assis dans leur bureaux.

Les occupations viennent les perturber concrètement là où ils se trouvent et permettent, au-delà des habituelles représentations syndicales, de travailler directement dans des dynamiques d’assemblées et de démocratie directe où les personnes en lutte peuvent se faire entendre et réagir sur le moment. Souhaitons que ce type de dynamiques collectives se multiplient dans la suite du mouvement.

Une nouvelle manifestation de l’éducation nationale serait annoncée pour jeudi prochain, suivie d’éventuelles grèves reconductibles (un préavis est déposé par la CGT jusqu’aux vacances), les AG continuent à la fac et les lycées s’organisent)... Avec en sus les grèves de la poste et des transports, il est bien possible, à l’instar de ce qui se passe actuellement en Italie face au gouvernement Berlusconi, que l’hiver français passe de la crise de l’économie capitaliste à un front de résistance politique globale.

PS : A noter que du coté des jaunes, le syndicat SE-UNSA a condamné le soir même ces agissements jugés "irresponsables", ce que le Bien public s’est empressé de relater.

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