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Discours (presque) imaginaire de Manuel Valls à l’Assemblée

Après avoir reconnu l’existence de "failles" dans le système de renseignement français, le premier ministre français Manuel Valls fait son mea culpa devant les députés français pour avoir tendu la main à l’un de plus grands financeurs du terrorisme, le Qatar.

Mesdames et Messieurs les députés,

C’est avec la plus grande sincérité que je viens me présenter ici, dans cet hémicycle qui a été la chambre d’enregistrement de tous les drames de notre République. Vous avez devant vous un homme nu. Il va vous avouer ses faiblesses et, si vous le voulez, demander votre pardon.

Oui, pendant des années j’ai commis une erreur, et même une faute et elle a participé, peu ou prou, aux drames que nous venons de vivre. Une faute que l’on peut qualifier d’originelle. Maire d’Evry j’ai entretenu et fais fructifier des relations assidues avec une infréquentable dictature, celle du Qatar. Aveuglé par mon intérêt, et mon ambition, j’ai refusé de voir, j’ai refusé de lire, que ce micro pays accompagnait les djihadistes comme jadis la cantinière suivait le bataillon. Pis que cela, et je l’avoue seulement aujourd’hui, alors que s’ouvrait la campagne présidentielle j’ai organisé une rencontre peu glorieuse et qui me fait honte. Un face à face entre celui qui était alors mon champion et qui est aujourd’hui mon maître, un colloque intime entre François Hollande et HBJ, le premier ministre de Doha, l’homme le plus riche du monde.

Après avoir ouvert, sur son territoire, des ambassades capables de représenter tous les courants islamistes du monde, les Talibans, le FIS algérien, les Tchétchènes, j’en passe et des plus rudes, mes amis qataris n’ont pas hésité à venir en aide au Mujao, un mouvement djihadiste ayant pignon sur piste dans les déserts du nord Mali. Ils ne redoutent pas aujourd’hui encore, à investir par le biais de Qatar Charity, le sud Niger, qui devient par là une base logistique prisée de Boko Haram. Ce constat bien tardif, celui d’une confiance trahie, m’accable, appelle l’excuse, que je présente, et le désir d’absolution.

Enfin j’ai honte d’avoir partagé la joie et le pain, les salamalecs aussi et de stupides remises de prix avec ces hommes venu du chaud, d’une brûlante dictature. Et j’ai honte de lire sous la plume d’Abdallah Al-Athbah, le patron du quotidien qatari « Al-Arab », « qu’aucun musulman n’avait à présenter d’excuses pour l’attaque contre Charlie Hebdo ». Alors que ce rédacteur en chef est un intime du palais de l’émir et qu’il écrit sous sa dictée.

Mesdames et Messieurs les députés je demande votre confiance, non celle de l’urne mais celle du cœur, comptez sur moi pour rompre avec quiconque, individu, société, ONG ou état qui aura facilité le développement du djihad et j’englobe là nos amis américains.

A ce titre, je me flagelle moi-même pour avoir encouragé notre jeunesse, sur le modèle des Brigades Internationales, à aller combattre le maître de Damas, Bachar Al-Assad. Le tout s’achevant par la naissance d’une troupe qui est passée du combat pour la liberté à celui du Djihad.

Des excuses aussi pour avoir invité à l’Union nationale Nicolas Sarkozy, oubliant que ce dernier, avec encore une fois ses amis du Qatar, a ouvert le plus grand paradis salafiste à une heure d’avion de Marseille, je veux dire la Libye.

Puisque cette révision me conduit à l’intérieur de nos frontières, je souhaite vos excuses pour l’inanité de nos services de renseignement. Ceux-là qui, depuis des mois, ont cessé toute surveillance sur un groupe qu’ils avaient pourtant, et au préalable, harcelé comme il se doit. L’origine de cette perte de vigilance, c’est la transformation d’hommes et de femmes chargés de recueillir des informations utiles pour notre République en un conglomérat de Robocop botté, casqué, giletparballisé. D’avoir, alors ministre de l’Intérieur, transformé une police faite d’hommes en un jeu vidéo. Je suis conscient de cela et vous présente, encore une fois, mes regrets les plus profonds.

Pour finir, Mesdames et Messieurs les députés, je tiens à vous faire partager ma dernière analyse, celle née de la tragédie que nous venons de vivre. Si quelques-uns de nos enfants, deviennent des monstres c’est que, venus d’ailleurs, des recruteurs les mobilisent pour une guerre qui n’est pas la leur. Et que nous avons laissé faire au nom du pétrodollar.

Je vous demande pardon et vous remercie.

Jacques Marie Bourget

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