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Charlie, tes nouveaux adeptes sont-ils tous de bonne foi ?

Le texte qui suit s’apparente à une caricature. Non sous forme de dessin mais de pamphlet dont les pressions du « politiquement correct » menacent tout autant l’existence que celle du dessin de caricature. Sa publication est signe de liberté d’expression.

Aucun media français, ni en page opinion ni même en courrier des lecteurs, n’a publié ce texte. Une journaliste m’a donné les raisons officieuses. D’abord un ton trop violent. Ensuite, le risque de poursuite judiciaire à partir du moment où des personnes puissantes sont citées. Enfin, le plus important, la mise en question de l’indépendance de la presse française.

* * *

Ce 9 janvier, dans l’Humanité, 33 directeurs de presse au nom de tous les médias français cosignent un article dont le titre est « Je suis Charlie ». Pourtant, la presse à large diffusion établit depuis quelque temps un barrage à l’encontre des économistes alternatifs : de fait, les économistes atterrés sont discrètement interdits de publication dans les colonnes des journaux à large audience comme Le Monde. Les journalistes « nouveaux chiens de garde » décrits par Serge Halimi comme « ne rencontrant que des "décideurs", se dévoyant dans une société de cour et d’argent, se transformant en machine à propagande de la pensée de marché », vont-ils pouvoir se transformer en Charlie de la liberté d’expression ?

Aujourd’hui, toute la presse se dit Charlie malgré les valets qui, s’ils ne portent plus la livrée aux armes de leurs maitres, servent volontairement les grandes entreprises actionnaires des groupes de presse : Le Figaro racheté par Dassault, Libération renfloué par Edouard de Rothschild et Le Monde recapitalisé d’abord par Lagardère, puis par Bergé-Niel-Pigasse. Le journal Capital titrait admiratif il y a un an à propos d’un des actionnaires du Monde : « Pas de plan d’austérité pour le financier vedette de la gauche. Conseiller de la Grèce, il se paie grassement sur la dette ». Or, le 7 mars 1945, le résistant Francisque Gay, un véritable Charlie, alors responsable de la presse expliquait : « Il est un point sur lequel, dans la clandestinité, nous étions tous d’accord. C’est qu’on ne devait pas revoir une presse soumise à la domination de l’argent. »

Depuis le 7 janvier 2015, tous les « extrêmes libéraux » veulent être Charlie. Vont-ils continuer à prôner la grande richesse des uns et la misère des autres, pour sauver l’Europe en remboursant les dettes à n’importe quel prix, même celui de la destruction rapide du programme du Conseil National de la Résistance ? Denis Kessler, alors numéro 2 du MEDEF, dans la revue Challenge du 4 octobre 2007 affirme : « La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! »

Le consensus est-il Charlie ? Juncker, Merkel et notre Président de la République, défilent main dans la main. Mais sont-ils Charlie, ceux qui dictent la politique de la Grèce qui licencie 3000 des 6000 médecins d’urgence au risque de la catastrophe sanitaire. Une étude publiée par « The Lancet » le 22 février 2014 a montré que l’austérité est responsable de la dégradation de la santé : rien qu’entre 2012 et 2013, l’incidence de la tuberculose a plus que doublé et la malaria ressurgit depuis qu’ont été réduits les programmes de lutte contre les moustiques. "Sur les injonctions de la Troïka, le gouvernement grec reconduit le budget de l’armée. Dans le même temps, il a amputé des deux tiers le budget de la santé", s’est indignée Michèle Rivasi, député EELV, dans l’hémicycle du Parlement européen le 7 avril 2014. Ne voient-ils pas de lien entre l’extrême violence et le basculement dans la pauvreté des classes moyennes et dans la misère des classes pauvres ?

Nos politiques, responsables de petits arrangements entre amis, sont-ils Charlie ? Notre Ministre français de l’intérieur vient de faire, selon le Canard Enchainé du 7 janvier 2015, une faveur fiscale de 449 184 euros à la belle-mère du Président du Sénat.

Les « va-t’en guerre » dont nous payons les décisions, sont-ils Charlie ? Notre ancien Président de la République, selon Claude Angeli citant des sources militaires dans le Canard Enchainé du 7 janvier 2015, « avec sa guerre anti-Khadafi conduite avec l’approbation du PS, a transformé la Libye du Sud en centre de repos et de formation au Djihad ». Dans le même temps, la France a payé depuis 2010, selon le New York Times du 29 juillet 2014, 70 millions de dollars de rançons à Al Quaeda pour 7 otages. Delfeil de Ton, fondateur de Charlie, précise dans le Nouvel Observateur du 14 janvier 2015 que l’on sauve bien souvent des potentats pas plus recommandables que ceux qui les menacent et que « si Barack Obama n’avait pas retenu notre François Hollande, celui-ci partait en Syrie à la chasse de Bachar al-Assad, comme Sarkozy son prédécesseur est parti à la chasse en Lybie de Mouammar Kadhafi avec les résultats que l’on sait. »

L’horreur est arrivée et les jeunes n’auront plus d’oncle Bernard. Rappelons-nous le Charlie Bernard Maris : « Ce sont des montagnes de déchets que nous accumulons et que nous offrons à nos enfants. Pourtant cette génération – la nôtre encore une fois – fait mine d’adorer et d’idolâtrer ses enfants …Comment ne pas voir l’incohérence de ces parents conduisant leurs enfants adorés en 4.4 à l’école, souillant l’air qu’ils respirent…Comment peut-on se moquer à un tel point de ses enfants ? … Cette génération n’aime pas ses enfants. Elle les déteste… inconsciemment, elle est assez contente de faire crever la Terre. Elle projette sur ses enfants, sur la Terre, son angoisse de vieillir et d’enlaidir, et tout simplement de disparaître. »

Oui décidément « Le monde est dangereux à vivre, non pas à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire » disait Einstein. Reconnaissons que nous n’avons pas été souvent à la hauteur et que nous continuons d’être peu courageux si laissons faire les escrocs que nous devrions dénoncer et démettre.

Les Charlie ont toujours été bien seuls à Charlie Hebdo et au Canard Enchainé.

Ne noyons pas l’esprit de Charlie dans les célébrations de notre émotion collective. Osons contrer ceux qui veulent pratiquer le Charlie-washing, ceux qui ne veulent « plus jamais ça » mais sans rien changer à leur business, leur politique, leur dogmatisme éditorial, usons de ce qui nous reste de liberté d’expression, c’est le seul culte qu’apprécieraient les Charlie.

Saint Charlie et Saint Canard Enchainé, protégez nous de ces nouveaux convertis !

Denis Dupré

enseignant chercheur à l’Université de Grenoble

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