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Elections en Catalogne : quelle claque pour Rajoy et l’ultra-droite !

Le néo-franquiste Mariano Rajoy, chef du gouvernement de Madrid, ultra-conservateur et « plus pourri que les égouts de la ville », selon un syndicaliste ami, a reçu une belle claque aux élections catalanes du 21 décembre 2017, imposées précisément par lui.

Savourons donc notre plaisir... Les trois formations « indépendantistes » obtiennent la majorité absolue : 70 sièges sur 135.

Mais l’avenir d’une « République catalane » sociale, progressiste, non inféodée à Bruxelles, n’est pas assuré pour autant. La stratégie du rejeton franquiste Rajoy tenait en quelques mots ? Jeter de l’huile sur le feu de la crise aiguisée par lui et « le système », depuis des mois, refuser tout dialogue, toute remise en cause d’une « transition » obsolète... afin de ramasser la mise politicienne. Son parti, le « parti populaire », vomi par les Catalans, arrive en dernier, tout à fait en queue. C’est que « Marianito », ce triste personnage, et ses acolytes, ont réprimé, sans aucune retenue, le référendum du premier octobre 2017, et la déclaration unilatérale le 27 octobre 2017, d’une brumeuse « République catalane »... cognant sur femmes, enfants, vieillards... Tout fait matraque ! Tous des « rouges » ! M. Rajoy a fait en réalité un coup d’État qui ne dit pas son nom, et mis la Catalogne sous tutelle de Madrid, humiliation suprême, jeté des dirigeants « indépendantistes », élus démocratiquement, en prison, condamner d’autres à l’exil. L’article 155 visait à installer en Catalogne une « dictature molle », à briser les résistances, à réinstaurer l’ordre ancien : répression d’Etat et misère sociale, violation des droits de l’homme, atteinte aux libertés de base... La droite ultra a voulu appliquer aux Catalans le bâillon et le corset d’un franquisme encore présent dans les réalités et les mémoires. On le sait : l’Espagne n’a pas réellement « défranquisé ». Le franquisme fut un régime parmi les plus sanglants de l’histoire contemporaine. L’article 155 ressemble comme goutte d’eau aux oukases franquistes.

En 2006, alors qu’un nouveau statut d’autonomie de la Catalogne, plus large, avait fait la quasi unanimité, « Marianito » l’héritier du franquisme, le fit annuler par une justice majoritairement dépendante, provoquant en Catalogne des réactions de colère populaire, de dignité, et une montée en flèche de la revendication « indépendantiste » (elle tournait à l’époque autour des 5% à peine). La majorité des « indépendantistes » associent désormais la revendication nationale à la souveraineté, au respect par Madrid des droits historiques des Catalans, au fait national, culturel, encore brimé. L’emprise mortelle du libéralisme, de Bruxelles, a exacerbé les exigences. La tentative de reprise en mains vient de connaître un échec cinglant. Le taux de participation aux urnes a atteint une record historique : plus de 82% de votants.

Dans les conditions fort difficiles du moment, avec un roitelet sorti de sa réserve, outrepassant son rôle de chef d’Etat « modérateur », avec un matraquage inouï des droites « unionistes », la victoire des « indépendantistes » n’en est que plus significative des attentes démocratiques et sociales des Catalans. Avec un président légitime, Carles Puigdemont (« Démocrates », PDeCAT), contraint à l’exil et un vice-président Oriols Junqueras, gauche républicaine de Catalogne, (ERC), embastillé à Madrid, le résultat des trois formations « indépendantistes » (ajoutons le bloc CUP-Junts per Catalunya), constitue bien une victoire populaire, même si elle n’est pas dénuée d’ambigüités et de contradictions de classe. Et même si la nouvelle droite (Ciudadanos) « Ciudadans », cache-sexe de l’autre, l’ancienne, issue du franquisme, a drainé ceux qui veulent le statu quo et ont peur..., la peur, un argument électoral facile.

Seule une réparation, seule une libération rapide et une amnistie de tous les détenus, les poursuivis, seule une issue politique négociée, seule « une Espagne (enfin) de toutes les Espagne », plurinationale, fédérale, seul un nouveau pacte fédéral, un processus constituant, pourront éviter la rupture définitive, si cela est encore possible.

Jean ORTIZ

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COMMENTAIRES  

24/12/2017 12:02 par CN46400

"Mais l’avenir d’une « République catalane » sociale, progressiste, non inféodée à Bruxelles, n’est pas assuré pour autant."
Qu’est-ce que cette "République catalane" ? Un état inféodé à la bourgeoisie catalane
Qu’est-ce que la monarchie de Madrid ? Un état inféodé à la bourgeoisie castillanne
Qu’est-ce que l’Espagne ? Un état inféodé à la bourgeoisie espagnole avec une antenne à Bruxelles
Qu’est-ce que la bourgeoisie espagnole ? un ensemble de bourgeois, catalans + castillans+ les autres...
Qu’est-ce que Podémos ? des prolos qui se sont laissé dévaliser de la "République" par les bourgeois catalans, et du progrès social par toute la bourgeoisie espagnole....
Qui suis-je ? Un prolo 100% français, qui habite en Occitanie, et que la bourgeoisie française tente de dévaliser à tous les coins de rue !
La solution ? Union de tous prolos contre tous les bourgeois....

24/12/2017 12:05 par S Buj

Mon cher Jean, je ne réagirai pas vraiment sur le fond avec preuves à l’appui (tic d’universitaire) même si je trouve que ton point de vue aligne des contre-vérités et d’étranges raccourcis. Si Rajoy est l’héritier du franquisme, Puigdemont est aussi l’héritier de la Lliga (organisation pas spécialement démocratique) et de son père, passé d’un camp à l’autre pendant la guerre avec très grande souplesse. La justice espagnole est-elle inféodée au parti qui gouverne ? Regarde vers ici, tu comprendras ce qu’est une justice "majoritairement " dépendante. Le "majoritairement " correspond à quoi ? Le fait culturel est-il brimé ? Demande-toi à quoi servent aujourd’hui l’Omnium et l’ANC, organisateurs de toutes les manifs de ces derniers temps, sorte de bras activiste des nationalistes qui s’en prend depuis quelques années à tous ceux qui parlent le castillan ou négligent le fait catalan, "en defensa de la llengua propia". Si l’ERC et l’ancienne CiU sont devenus indepes, ils existaient déjà avec la même charge xénophobe (soc fill de xarnego et je sais de quoi je parle) qui aujourd’hui a trouvé un canal d’expression légitimé. Donc le passage des 5% à près de 50% n’est pas à mettre sur le compte de Rajoy... seulement mais bien au "vuelco" de la droite nationaliste catalane Il serait temps d’arrêter la parafernalia de la reductio ad francorum et se dire qu’une République aussi sociale, démocratique fédérale, bien peignée et propre sur elle même que tu proposes n’intéresse pas les nationalistes, ils demandent l’indépendance pas la réforme de l’Espagne. Ils s’en foutent. D’ailleurs de quel chapeau nous vient ce goût pour le fédéralisme dans la pensée communiste ? Quel fédéralisme ? Celui d’Anguita ? Celui d’Iceta ? Celui de Podemos ? Celui de Bismarck ? De Jefferson ? Le PCE, dans les années de vraie lutte contre le franquisme était anti-fédéraliste parce qu’il avait le sens aigu (ou gramscien) de la guerre de positions et du danger d’une uniformisation des compétences. Et si on veut réformer la constitution, ou négocier l’indépendance de la Catalogne, il faudra bien que les Espagnols s’expriment et votent, car ils constituent aussi un peuple avec des droits inscrits dans une constitution, que les communistes avaient votée en son temps, y compris le 155. L’assimiler au Fuero de los españoles est ridicule.
Que tot et vagi bé i bones festes de cap d’any,
Sergi

25/12/2017 10:42 par buenaventura

les nationalistes catalans doivent surtout beaucoup au reglement electoral puisqu’encore une fois alors qu’ils sont nettement minoritaires en voix (un peu plus de 47% contre un peu moins de 53%) ils sont majoritaires en sieges.

Sans doute se sont ils bricoles un petit decoupage a la Pasqua...
On peut d’ailleurs avoir plus que des doutes sur la parole de ces gens puisque dans le referendum qu’ils ont organise voici 1 mois ils pretendaient etre 90% a vouloir l’independance.
Nous avons affaire visiblement a de grands democrates... Maintenant ils veulent nous faire croire a la resurrection de Franco pour se donner le beau role. C’est amusant.

On a pu voir dans l’avant derniere emission d’Envoye Special que la regression identitaire porte bien son nom puisque les nationalistes catalans n’hesitent jamais a utliser la propagande de leurs merdias locaux et la pression en groupe a 100 contre 1 sur les parents et leurs enfants qui auraient encore l’audace de chercher a apprendre l’espagnol.
Tout ca sent l’identitaire , le nationalisme et une extreme droite particulierement bornee a 400 kms au moins.

26/12/2017 20:14 par ozerfil

Et, Jean Ortiz, sans être Catalan, outre cette victoire électorale, j’ai savouré le monumental pied-de-nez que fut l’éclatante victoire du Barça à Madrid : un vrai Symbole !!

M. Rajoy et ses partisans à l’esprit étroit ont dû "boire le calice jusqu’à la lie"...

Quant à l’argumentation selon laquelle la savante répartition des voix a favorisé les indépendantistes, c’est oublier un peu vite que c’est une règle électorale... espagnole valable sur tout le territoire de ce pays !

"L’arroseur arrosé"...

Ca me fait penser à ceux qui font la moue suite à la victoire des Nationalistes * en Corse en s’appuyant sur une faible participation d’environ 53% ** alors que le Président de la France a été élu avec environ 47% ** de votants...

* je déteste ce terme qui fait "extrême-droite" alors que les choses sont autrement plus complexes que ça en Corse...
* * pardonnez-moi de ne pas avoir les chiffres exacts en tête...

27/12/2017 20:18 par buenaventura

il est toujours bon d’avoir les chiffres en tete
1 les nationalistes catalans sont majoritaires en siege grace au reglement electoral puisqu ils ne representent que 47 % des voix (+de 80% de participation)
2 Macron a eu 67% des voix au second tour avec 75% de participation environ 50% des inscrits 21 millions de voix
3 En corse il y a eu 48 % d abstention et 56 % pour les nationalistes soit 28,7 % des inscrits et 65000 electeurs sur 220000
Il est a noter que c est dans la region Corse que mme Le Pen a fait son meilleur score aux presidentielles 2017 : 49% des voix avec 65% de participation :65000 voix.
Chacun en tire les conclusions qui crevent les yeux.

27/01/2018 17:58 par Francesc Pougault

https://eleccions.ara.cat/parlament-21d
election parlement catalan du 21/12/17
partis independantistes ( PDECAT, ERC, CUP ) 207934 voix,
Podem 3226360 voix
Abstentions et nuls 49030
partis antindependantistes 189371 voix.
les indeps ; ont eu plus de voix que les anti-indeps.( PP et Ciutadans) dans des elections organisées par le PP.
on peut toujours être d’accord avec la droite ou faire des courbettes au roi comme Iglesias ;
on peut ne pas aimer Puigdemont, sachant que son grand-père maternel a disparu au camp de Noé après avoir fui les troupes de Franco ; quant à son père, artisan boulanger en activité, il aurait eu du mal à rejoindre l’un ou l’autre camp. quand on ne peut pas attaquer les idées, on attaque les hommes.

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