RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

En Palestine, la lutte contre le COVID-19 se heurte à l’occupation israélienne

Les premières mesures contre le COVID-19 en Cisjordanie ont été prises début mars après la confirmation de sept cas à Bethléem suite à la visite d’un groupe de touristes grecs. L’Autorité palestinienne (AP) a déclaré l’état d’urgence et a imposé un verrouillage de la ville, interdisant toute entrée et sortie et imposant un couvre-feu aux résidents. L’AP a également annoncé des restrictions dans toute la Cisjordanie, notamment l’interdiction de circuler d’un gouvernorat à l’autre, et la fermeture des espaces publics et des établissements scolaires. Le 22 mars, suite à une augmentation constante du nombre de cas, l’AP a déclaré un couvre-feu. 1

Dans la bande de Gaza, à la mi-mars, le Hamas et l’UNRWA ont commencé à transformer des écoles en centres de quarantaine et en cliniques, en prévision d’une éventuelle épidémie. Le 21 mars, deux Gazaouis revenant du Pakistan ont été testés positifs et ont été immédiatement hospitalisés. Vingt-neuf personnes ont été identifiées comme ayant été en contact avec eux et ont été placées en quarantaine.

Au moment de la rédaction de cet article, le nombre total de cas confirmés en Cisjordanie est de 247 et de 12 à Gaza. Bien que ces chiffres soient relativement bas, on craint que, étant donné le peu de tests disponibles, le nombre de personnes infectées soit en fait beaucoup plus élevé.

La lutte contre le COVID-19 se heurte à l’occupation

La Cisjordanie et la bande de Gaza sont confrontées au COVID-19 alors que l’occupation militaire israélienne, dont ils sont victimes, affaiblit la capacité des autorités palestiniennes et du peuple palestinien à répondre efficacement au virus mortel. Au moment où de nombreux systèmes de soins de santé dans le monde entier luttent contre la pandémie, l’occupation sous laquelle la Palestine vit depuis 53 ans a sérieusement épuisé les capacités médicales en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Le système, qui dépend des donateurs, connaît des pénuries de matériel sanitaire, de médicaments et de personnel, en raison des raids militaires et des restrictions sur les importations. Dans la bande de Gaza en particulier - jugée invivable par l’ONU à cause de plus de 13 ans de blocus et de multiples agressions militaires - le système de santé avait déjà de la difficulté à traiter tous les malades avant la pandémie. En effet, Gaza ne dispose actuellement que de 78 lits médicalisés et de 63 ventilateurs pour une population de deux millions d’habitants.

Pendant ce temps, l’Occupation israélienne poursuit sa politique de répression. La démolition des maisons palestiniennes continue ainsi que les raids militaires sur les villes et villages palestiniens. Elle a même essayé de contrecarrer activement les tentatives palestiniennes de lutte contre le virus. Elle a, par exemple, détruit une clinique COVID 19 dans la vallée du Jourdain et arrêté des volontaires palestiniens qui tentaient de distribuer des fournitures aux communautés appauvries de Jérusalem-Est. Les autorités d’occupation israéliennes ne prennent pas non plus de mesures préventives pour protéger les prisonniers politiques palestiniens qui sont incarcérés illégalement dans un système carcéral militaire qui ne répond même pas aux normes sanitaires de base.

Manipulations politiques

Le régime israélien utilise cette crise mondiale non seulement pour détourner l’attention de ses violations permanentes des droits humains, mais aussi comme outil politique pour augmenter son influence diplomatique. De fait, les organismes internationaux ont félicité Israël pour sa "coopération" avec l’AP pendant cette crise ; le coordinateur spécial des Nations-Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Nickolay Mladenov, a qualifié cette coordination d’"excellente" lors d’un récent discours. En réalité, la "coopération" israélienne, incarnée par la Coordination israélienne des activités gouvernementales dans les territoires (COGAT) s’est limitée à "autoriser" la livraison d’un minimum de matériel médical, fourni par la communauté internationale, aux Territoires palestiniens occupés, soit 3 000 tests et 50 000 masques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à l’AP. Une quantité bien inférieure aux besoins réels de la Cisjordanie.

Ceux qui se félicitent de cette coopération donnent en exemple l’accord concernant les milliers de Palestiniens qui travaillent en Israël. Pour empêcher les déplacements massifs et la propagation de la maladie, Israël et l’AP ont convenu que, à partir du 18 mars, les Palestiniens qui travaillent en Israël, doivent y rester pendant quelques mois, au lieu de rentrer tous les soirs en Cisjordanie. Mais ces travailleurs n’ont pas reçu les équipements de protection adéquats ; de plus, les autorités israéliennes auraient ramené des travailleurs qu’elles soupçonnaient d’être porteurs du virus aux points de contrôle qui séparent Israël de la Cisjordanie sans prévenir l’AP. Le premier ministre palestinien Mohammad Shtayyeh est revenu sur sa décision le 25 mars, et a ordonné aux travailleurs de rentrer chez eux. On craint que l’AP n’ait pas la capacité de tester ces travailleurs à leur retour, et Israël n’a jusqu’à présent pas proposé de les tester.

La communauté internationale doit changer de discours

Paradoxalement, le régime israélien, qui impose à la Palestine une occupation militaire violente et qui a détruit le système de santé palestinien, est loué pour avoir autorisé l’entrée de minuscules quantités de matériel médical, fourni par des acteurs internationaux, alors qu’en réalité, il est de sa responsabilité, en vertu du droit international, en tant que puissance occupante, de fournir lui-même ce matériel. Il faut absolument que les acteurs internationaux, non seulement soutiennent les efforts humanitaires indispensables pour fournir une aide médicale immédiate en Palestine, mais qu’ils obligent Israël à assumer ses responsabilités et à financer les besoins médicaux palestiniens.

Il est également impératif de cesser de parler de « coopération » et de souligner, au contraire, que l’occupation israélienne est une cause essentielle de comorbidité*. En d’autres termes, l’occupation ne fait pas qu’aggraver une situation qui engendre une multiplication du risque que les Palestiniens soient contaminés par le virus, elle est de fait directement responsable de cette situation. C’est donc tout à fait hypocrite et mensonger d’affirmer que le moment est venu que la coopération et le dialogue s’instaurent entre Israël et les autorités palestiniennes pour faire face à la pandémie. Le moment est venu, comme toujours, d’exiger la levée du blocus de Gaza et la fin de l’occupation militaire de la Cisjordanie.

Traduction : Dominique Muselet

Note :
* En médecine, le terme "comorbidité" désigne la présence de maladies et/ou divers troubles aigus ou chroniques s’ajoutant à la maladie initiale (par exemple : avoir du diabète et de l’hypertension). À noter que ces maladies "secondaires" peuvent être directement dues à la première ou ne pas avoir de liens apparents avec celle-ci ou en être la conséquence, ou même partager les mêmes facteurs de risque.

Originellement sur :

https://al-shabaka.org/memos/in-palestine-covid-19-meets-the-occupation/

»» https://www.chroniquepalestine.com/en-palestine-la-lutte-contre-le-cor...
URL de cet article 36009
  

Même Thème
Israël/Palestine - Du refus d’être complice à l’engagement
Pierre STAMBUL
Entre Mer Méditerranée et Jourdain, Palestiniens et Israéliens sont en nombre sensiblement égal. Mais les Israéliens possèdent tout : les richesses, la terre, l’eau, les droits politiques. La Palestine est volontairement étranglée et sa société est détruite. L’inégalité est flagrante et institutionnelle. Il faut dire les mots pour décrire ce qui est à l’oeuvre : occupation, colonisation, apartheid, crimes de guerre et crimes contre l’humanité, racisme. La majorité des Israéliens espèrent qu’à terme, les (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Si j’étais le président, je pourrais arrêter le terrorisme contre les Etats-Unis en quelques jours. Définitivement. D’abord je demanderais pardon - très publiquement et très sincèrement - à tous les veuves et orphelins, les victimes de tortures et les pauvres, et les millions et millions d’autres victimes de l’Impérialisme Américain. Puis j’annoncerais la fin des interventions des Etats-Unis à travers le monde et j’informerais Israël qu’il n’est plus le 51ème Etat de l’Union mais - bizarrement - un pays étranger. Je réduirais alors le budget militaire d’au moins 90% et consacrerais les économies réalisées à indemniser nos victimes et à réparer les dégâts provoqués par nos bombardements. Il y aurait suffisamment d’argent. Savez-vous à combien s’élève le budget militaire pour une année ? Une seule année. A plus de 20.000 dollars par heure depuis la naissance de Jésus Christ.

Voilà ce que je ferais au cours de mes trois premiers jours à la Maison Blanche.

Le quatrième jour, je serais assassiné.

William Blum

"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.