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Il y a des économies meurtrières et Macron a déclaré la guerre aux travailleurs français

Erich FROMM, politique de construction ou de destruction.

La philosophie critique de la destructivité (1) d’Erich FROMM, particulièrement élaborée sur plusieurs ouvrages, ne semble pas devoir s’appliquer qu’à l’étude de Hitler et plus largement du fascisme.

Il y a tout lieu de remarquer qu’elle vaut aussi pour la violence néolibérale qui sévit depuis plus de 30 ans dans quasiment tous les pays de la planète, essentiellement du fait de la soif de profits financiers des grands actionnaires.

L’économie des puissants contre tous les autres.

Une politique de destruction n’est pas qu’une politique militaire et guerrière car elle peut être aussi politico-économique. L’exemple de l’attaque en 2015 (et avant) contre le peuple-classe 99% semble suffisamment évocateur .

On sait en effet qu’une certaine économie est meurtrière, qu’elle fait souffrir des familles entières, des villes sinistrées entières de par la mise au chômage généralisée. Mais il n’y a pas que ces politiques de destruction de masse qui sont bien visibles, même pour ceux et celles qui à l’ordinaire ne voient rien. Il y a les autres politiques régressives moins massives mais néanmoins destructrices, sous divers alibis qui en masquent la nocivité (cf la croissance par exemple). C’est pourquoi il convient de repérer la (ou les) logique(s) à l’oeuvre avant de connaître la phase de dévastation barbare et ce donc dans des orientations ou des choix de portée destructrice moindre.

Une politique de destruction est à la fois une politique anti-écologique qui détruit la nature, le cadre environnemental et une politique anti-sociale dans la mesure ou elle dégrade les conditions de travail d’une fraction des travailleurs du public ou du privé, dans la mesure ou elle appauvrit la situation de vie des couches sociales modestes et moyennes – les 99% d’en-bas, surtout les 90% – au bénéfice d’une minorité de très riches, le 1% d’en-haut.

Déclarations de guerre d’un ministre contre les travailleurs français

Tel Ministre – Emmanuel Macron – a d’abord déclaré il y a quelques mois, devant des membres du PS, que non seulement il ne s’agit pas de réduire le temps de travail pour le partager (entre chômeurs et travailleurs salariés) mais plutôt de l’augmenter en passant aux 39 heures pour que les entreprises françaises soient plus performantes. S’agit-il d’une politique de construction et alors construction de quoi ? Le souci se porte-t-il sur les êtres humains au travail ou sur les Entreprises fétichisées comme des dieux en surplomb des humains ? Ne s’agit-il pas plutôt d’une politique de destruction des garanties et protections légales des travailleurs salariés et de leur « bonne vie » relative, toutes choses conquises face aux exigences récurrentes des propriétaires d’entreprises et des exploiteurs de la force de travail à des fins de profit ?

Quand le même responsable déclare récemment qu’il faut remettre en cause le statut de la fonction publique, la même question se pose. On peut vouloir modifier ces statuts qui ne sont pas intouchables, pas plus d’ailleurs que le code du travail pourtant « chose précieuse des salariés » comme dit à raison Gérard Filoche. Mais attention, s’agit-il de renforcer les garanties face aux menaces du néolibéralisme ou au contraire de les fragiliser pour mieux soumettre les personnels à la cupidité des financiers.

S’agit-il d’offrir aussi un statut protecteur des travailleurs du privé à l’image relative de celui qui existe dans les fonctions publiques françaises (FPE - FPT - FPH) comme le propose la CGT depuis une quinzaine d’année ou s’agit-il de fragiliser le cadre juridico-institutionnel existant pour les fonctionnaires afin de fragiliser les agents eux-mêmes du service public et au-delà les travailleurs eux-mêmes du secteur public disposant d’un régime de travail avantageux.

Il y a donc un choix à lire à chaque réforme. Et là les syndicats de travailleurs du public ou du privé sont très très utiles. Méfiance car les décideurs peuvent très bien introduire un tout petit progrès très médiatisé sur un point secondaire mais aussi et surtout une très forte régression, moins exhibée elle, mais qui va pleinement dans le sens de la grosse vague de destruction du capitalisme financier.

Choisir entre Fromm le constructeur social (comme Darwin) et Spencer le destructeur anti-social et anti-écologique.

Spencer est celui qui a défendu au nom de Darwin une politique contraire à celle de Darwin (lire notamment Patrick Tort sur ce point). Darwin signalait que les premiers humains de jadis comme d’ailleurs certains animaux ne tuaient pas leurs vieux, ceux devenus incapables de chasser ou celles devenues incapables de cultiver mais s’assuraient au contraire de leur bonne survie. En ce sens ces premiers humains construisaient ce qui caractérise la civilisation faite surtout de solidarité (et non pas de grandes constructions) alors que Spencer, lui, a fait au contraire l’apologie droitière d’un mauvais darwinisme par élimination des faibles, ce qu’on nomme aussi barbarie par opposition à civilisation-solidarité.

Alors disons, pour terminer ce billet, les choses autrement que dans le développement au-dessus mais dans la même perspective. Doit-on prendre comme modèle de société le régime de travail que l’on peut qualifier avec Darwin – mais que Fromm approuverait (c’est mon rapprochement) – de « libéral-barbare » et que l’on trouve dans certains pays ou les protections des travailleurs sont quasiment inexistantes et ou le travaillisme est important pour des salaires ridicules ? Ou faut-il au contraire construire des régulations et des protections en commençant par entretenir les constructions du passé comme la Sécurité sociale, les services publics, l’institution des HLM, etc... et aller vers autre chose que le capitalisme dominant.

1) Erich Fromm a publié un monumental La passion de détruire sous titré « Anatomie de la destructivité humaine ». Cet ouvrage dépasse largement les 500 pages. Il y figure un bibliographie imposante, le plus souvent en anglais.

cf Agir sur les conditions productrices de l’agressivité et de destructivité des humains. | Le Club de Mediapart
https://blogs.mediapart.fr/christian-delarue/blog/130812/agir-sur-les-...

La conception de l’humain selon Eric FROMM (note C Delarue) - Solidarite des peuples-classe sur LePost.fr (01:40)
http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2010/01/31/1915740_la...

2) Erich Fromm n’a pas eu à lire, semble-t-il (mais il n’est pas le seul), l’orientation marxo-darwiniste d’un Anton Pannekoek (1873 - 1960) Lire Darwinisme et Marxisme de Patrick Tort, Ed. Arche 2011.

Eric Fromm s’est arrêté à la lecture de L’Idéologie Allemande de Marx. | Le Club de Mediapart
https://blogs.mediapart.fr/christian-delarue/blog/121014/eric-fromm-se...

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