L’histoire a un côté familier et troublant. Des agents du FBI arrêtent une personne qu’ils disent soupçonner de terrorisme, presque toujours un musulman qu’on photographie avec la barbe pour qu’il ait l’air menaçant. L’arrestation fait la une de tous les médias qui insistent tant et plus sur les charges qui pèsent sur le suspect pour faire peur au public. Les arrestations et leur diffusion font l’objet d’un timing stratégique, celle-ci se produit quelques jours avant les élections de mi-mandat. Voilà le message qu’elles véhiculent : Obama protège l’Amérique, votez Démocrate.
Quoiqu’il soit beaucoup trop tôt pour dire s’il est coupable ou innocent, ce qu’on en sait est déjà suffisamment inquiétant car cela révèle que le FBI monte des opérations pour piéger (inciter puis arrêter NDT) des personnes ciblées. Si l’on se base sur de nombreux cas précédents, sans exception, des hommes et parfois des femmes innocentes sont ainsi piégées et plus tard il s’avère qu’il n’y avait aucune preuve de crime ni de complot. Cependant des suspects sont arrêtés, accusés, jugés et condamnés par des jurys manipulés ou intimidés et des juges d’extrême droite les condamnent à de lourdes peines de prison.
Depuis que l’Amérique a déclaré la guerre à l’Islam après le 11 septembre, les Musulmans ont représenté la meilleure cible. En conséquence des centaines d’entre eux ont été emprisonnés sans raison, leur seul tort étant de pratiquer la religion musulmane en Amérique au mauvais moment. Jusqu’à présent le cas d’Ahmed présente tous les signes d’un nouveau cas d’inculpation d’un innocent pour en tirer un profit politique.
The DOJ accused Ahmed "of plotting with individuals he believed were terrorists to bomb our transit system, but a coordinated law enforcement and intelligence effort was able to thwart his plans....Today’s arrest highlights the terrorism threat that exists in Northern Virginia and our ability to find those seeking to harm US citizens and neutralize them before they can act."
Le 27 octobre, un communiqué du Département de la Justice qui avait pour titre : "Un habitant de Virginie arrêté pour avoir comploté une attaque sur les stations de métro de Washington avec des gens qu’il croyait être des membres d’Al Qaeda" disait :
"Cette arrestation souligne la nécessité de maintenir une vigilance sans faille contre les menaces terroristes et prouve que le gouvernement peut neutraliser ces menaces avant qu’elles ne se concrétisent".
On est rassuré !
Le DOJ a accusé Ahmed "d’avoir le projet de faire exploser nos installations de transit avec la complicité de personnes qu’il croyait être des terroristes, mais la coordination des services secrets et de la police ont réussi à contrecarrer leurs plans... L’arrestation de ce jour met en lumière la menace terroriste qui existe en Virginie du nord et notre capacité à débusquer ceux qui veulent causer du tort aux citoyens américains et à les neutraliser avant qu’ils ne puissent agir."
Le 27 octobre, l’acte d’accusation des USA contre Farooque Ahmed reprend les trois points habituels :
(1) Tentative de fournir du matériel à une organisation terroriste étrangère nommée dans la listes des organisations terroristes (FTO).
Du 18 avril au 25 octobre 2010, Ahmed aurait comploté avec des gens qu’il croyait être des opérationnels d’Al Qaeda dans le but de causer "des pertes massives" dans le métro de Washington DC en "posant de nombreuses bombes."
Ahmed aurait séjourné dans un hôtel de Dulles (Virginie) pour y rencontrer "un intermédiaire qu’il croyait être affilié à une organisation terroriste et qui aurait fourni à Ahmed un document qui listait des endroits propices à de futures rencontres."
D’autres rencontres auraient eu lieu dans d’autres endroits suite auxquelles le DOJ a subodoré qu’il était prêt a voyager à l’étranger pour y conduire le Jihad en janvier 2011 après le pélerinage du Hajj en Arabie Saoudite en novembre."
il y avait dans l’acte d’accusation d’autres allégations comme le fait qu’il aurait accepté de photographier la station de métro du cimetière d’Arlington et un hôtel du district de Columbia "pour obtenir des informations sur leurs systèmes de sécurité et les périodes de pointe." Il aurait effectué d’autres enquêtes et eu d’autres contacts pour savoir par exemple "à quel l’endroit d’un train les explosifs devaient être placés" en vue d’attaques simultanées. Des communications par Email étaient aussi mentionnées.
(2) Collecte d’informations pour aider à planifier une attaque terroriste dans un lieu de transit.
l’allégation est que Ahmed "a en toute connaissance de cause illégalement enquêté, photographié, enregistré, fait des croquis, et collecté d’autres façons encore, de l’information dans le but de planifier ou d’aider à planifier" la liste d’attaques mentionnées ci-dessus.
(3) Tentative de fournir de l’aide matérielle à des terroristes.
L’allégation est "qu’il a essayé" de le faire "en toute connaissance de cause et illégalement".
Le 27 octobre, un grand jury a trouvé toutes les charges recevables. Né à Lahore au Pakistan, Ahmed est arrivé en Amérique en 1993 et est devenu citoyen en 2005. Il priait à la All Dulles Area Muslim Society, qui fait partie du courant majoritaire. S’il est condamné pour toutes les charges, il encourt jusqu’à 50 ans de prison avec peu de chance d’être libéré sur parole. Comme il a 34 ans, cela équivaut peut-être à la prison à vie.
Hypocritement, le communiqué de presse du DOJ se terminait ainsi : "Les actes d’accusation sont seulement des inculpations et non des preuves de culpabilité. Un accusé est présumé innocent jusqu’à ce que sa culpabilité soit prouvée."
Mais ne vous en faites pas le sort d’Ahmed est scellé avec ou sans preuves. Son acte d’accusation, comme dans les autres cas, n’en fournit aucune. Il ne s’appuie que sur des allégations circonstancielles rédigées dans une langue passionnelle destinées à être brandies au procès et qui sont déjà dans tous les médias principaux. De plus il n’est pas fait état du piège lui-même : le fait que ce sont des informateurs payés par le FBI qui ont tout organisé dans le but d’enfermer Ahmed dans un supposé complot qu’il n’aurait sans doute jamais organisé lui-même. Qui plus est, il n’a peut-être même pas compris les implications potentielles de toutes les rencontres et entretiens qu’il a eus. Peu importe. Il est trop tard. c’est un exemple de plus de l’injustice américaine.
Le 27 octobre, les journalistes du New York Times, Sabrina Tavernise et Eric Schmitt titraient "Un habitant de Virginie accusé de préparer un acte terroriste contre le métro de la capitale". Dans l’article on lisait :
Ahmed a été "accusé de vouloir aider des hommes qu’il croyait être des militants à poser des bombes dans le métro de Washington, selon le Département de la Justice". Le journal parle d’officiels du FBI sans donner de noms ce qui "confirme que les contacts de M. Ahmed étaient des agents du FBI qui participaient à une opération piège." Mais il ne dit pas que l’incitation au délit par un policier afin de justifier une arrestation dont il a été l’objet implique peut-être qu’il n’aurait sans doute jamais rien fait de lui-même. Les journalistes ne présentent pas non plus sa version des faits sûrement très différente de celle du DOJ.
Le 29 octobre, le journaliste du Washington Post, Spencer Hsu titrait : "Le suspect de l’attaque contre le métro voulait tuer nos soldats à l’étranger, selon le FBI". Dans l’article il disait :
En plus de planifier des attaques dans le métro, il "aurait eu l’intention de combattre les troupes américaines en Afghanistan et se serait entraîné au combat, ont déclaré jeudi des autorités compétentes". Encore une fois aucune preuve, rien que des déclarations provenant d’informateurs payés par le FBI.
Le 27 octobre, les journalistes du Washington Post, Caitlin Gibson et Scott Butterworth titraient avec plus de circonspection : "Farooque Ahmed : Des voisins décrivent le suspect du complot contre le métro" et dans l’article on lisait :
C’était quelqu’un de "réservé". Sa voisine d’à côté, Barbi Shires "a dit qu’il était suffoqué d’apprendre qu’il était suspecté de complot terroriste par des officiels fédéraux". Elle a dit aussi qu’il était "quelqu’un de très gentil."
Sahar Mirza-Ahmed a dit à propos d’Ahmed et de sa femme : "Ils étaient très aimables. Chaque fois qu’on se rencontrait on bavardait un moment."
Un autre voisin, Jay Britton l’a décrit comme "pas sociable du tout" mais il ne l’a rencontré que rarement au cours de l’année dernière. Selon Shaya Fitzgerald "il avait l’air d’un solitaire."
Ahmed avait le BS degree en science de l’informatique (4 ans après le bac NdT) de City University of New York. Il a déménagé de Staten Island en Virginie pour travailler pour la firme de communications Ericsson. Il étudiait par Internet avec Aspen University pour obtenir une maîtrise en gestion du risque et en données sécuritaires.
Le 28 octobre, Findlaw a dit qu’il avait demandé la veille qu’on lui donne un avocat. "Dans des cas comme celui-ci", a-t-il expliqué "où un piège a été tendu au suspect et le prétendu projet d’attentat n’a pas été concrétisé, la question des intentions réelles du suspect et celle du piège lui-même sont souvent invoqués pour sa défense.
L’homme de loi de Ahmed peut et doit mettre en question la légitimité des charges et exiger des preuves à la place des allégations des informateurs du FBI qui sont payés pour dire au procureur du DOJ ce qu’il veut entendre. Peut-on prouver l’intention réelle ? Ahmed a-t-il acheté ou fabriqué des explosifs ? Voulait-il vraiment faire exploser les stations de métro de Washington et combattre les troupes américaines en Afghanistan et au Pakistan ou s’est-il contenté de bavarder avec des gens qui essayaient de le pousser au crime ? A-t-il été de fait piégé dans quelque chose qu’il n’aurait jamais organisé de lui-même ?
Jusqu’ici tout semble le suggérer. Le prouver en face de procureurs confirmés est une autre affaire surtout pour un avocat commis d’office qui a trop de dossiers à gérer pour pouvoir consacrer à chacun le temps qu’il faudrait. En conséquence Ahmed a devant lui une longue pente à remonter et c’est une pente très abrupte.
Un autre faux complot terroriste ?
Souvenez-vous des complots passés. Il y a eu la fausse bombe dans la chaussure, la fausse bombe dans les sous-vêtements, la fausse bombe à Times Square, et une autre avant elle au même endroit, et encore une autre transportée par la fausse femme de Al Qaeda, il y a eu les fausses bombes du 11 septembre et combien d’autres dans cette fausse démocratie qui a de fausses élections et de faux fonctionnaires. Quel système !
Il faut comprendre que les menaces terroristes reviennent sans arrêt, leur timing est stratégique et elles sont complètement bidons en dépit de supposées confessions obtenues par la torture ou sous la pression d’arrangement légaux (plea bargain) qui contraignent les accusés à choisir entre deux maux.
Et maintenant nous sommes le 29 octobre et voici les dernières nouvelles. Notez encore le timing, quatre jours avant les élections de mi-mandant, revient le message familier :
Les Démocrates vous protègent des attaques terroristes. Gardez-les le 2 novembre. Et Obama apparaît à la télévision nationale pour insister là -dessus :
On a trouvé "deux colis suspects qui étaient envoyés aux USA - à deux lieux de culte juifs de Chicago très exactement". On les a trouvés à Dubaï et en Grande Bretagne "Un premier examen de ces colis révèle qu’ils contiennent apparemment du matériel explosif."
Promettant aux téléspectateurs que le Département de la Sécurité Intérieure (DHS) était prêt à toue éventualité, il a souligné que : "Des mesures de protection supplémentaires (seront mises en place) aussi longtemps qu’il le faudra pour garantir la sécurité et la protection de nos citoyens."
Il a ajouté que les colis venaient du Yémen où se trouvait la base opérationnelle d’Al Qaeda qui "projetait d’attaquer notre patrie, nos citoyens, nos amis et nos alliés... Les événements des dernières 24 heures soulignent la nécessité de rester vigilants contre le terrorisme... Quand nous aurons plus d’information nous vous les communiquerons dans leur totalité (à des moment soigneusement choisis, bien sur)... Et le peuple américain doit garder confiance parce que nous ne faiblirons pas dans notre résolution de vaincre Al Qaeda et ses alliés et d’éradiquer la violence extrémiste quelle que soit sa forme."
Voilà qui nous rassure !
Les médias dominants, bien sur, ne parlent que de cette histoire, et le 29 octobre, Scott Shane du New York Times titre même : "Les USA cherchent d’autre colis suspects" sans suggérer le moins du monde que cette supposée bombe est peut-être une invention, comme toutes les autres. Au contraire, en complète symbiose avec Washington, Shane écrit :
"Les explosifs" auraient été "emballés dans des cartouches (dans des imprimante au laser) selon les dires d’officiels des services secrets saoudiens (qui ne sont pas nommés)." On voyait bien qu’elles avaient été trafiquées ; il y avait des fils électriques qui en sortaient et qui étaient rattachés à des circuits extérieurs avec de la poussière blanche dessus.
"Cette découverte" a provoqué une alerte terroriste " et entre autres choses, des avions de combat ont décollé d’urgence pour aller escorter un vol de passagers qui atterrissait sans problèmes à New York".
De plus, aux aéroports de Newark et de Philadelphie, des avions cargos qui arrivaient ont été déplacés pour créer une zone d’inspection. A Brooklyn une camionnette d’UPS a aussi été arrêtée et fouillée. On n’a rien trouvé. Et rien sans doute non plus dans les cartouches d’encre en provenance du Yémen et surtout pas dans celles qui avaient été si maladroitement assemblées.
La conférence de presse d’Obama a été brève et n’a pas apporté d’explications. Une conférence de presse plus longue a suivi menée par le porte parole du gouvernement Robert Gibbs et le Conseiller de la Sécurité Nationale pour la Sécurité Intérieure, John Brennan "qui a soulevé plus de questions qu’elle n’a apporté de réponses" selon un analyste.
Sans apporter la moindre preuve d’un complot ni donner aucune explication de la raison pour laquelle des terroristes basés aux USA auraient besoin qu’on leur envoie du matériel de l’étranger, ils ont affirmé que deux colis (une de Fedex et l’autre de UPS) trouvés sur des avions cargos allant aux USA contenaient des traces d’explosifs, et venaient tous les deux du Yémen ; les Musulmans sont encore les méchants... Qu’ils soient du pays ou qu’ils viennent de l’étranger n’a aucune importance puisque ceux dont on parle n’existent pas ; ils n’ont même pas de noms.
Les bandits cependant ne changent pas. Et leurs buts non plus : il s’agit de distiller la peur ; d’entretenir le soutien aux guerres impériales, aux énormes dépenses militaires, aux lois répressives, aux terribles mesures de restriction intérieures, et aux autres décisions de Washington, surtout celles qui sont prises au nom de la sécurité.
Peu importe que les USA soient devenus un état policier qui fait sans arrêt la guerre pour une paix hors d’atteinte puisqu’un nouvel ennemi remplace toujours le précédent. Le cycle ne finit jamais. Les gens par peur ou distraction n’arrivent pas à suivre. Et donc des politiques sans foi ni loi se maintiennent et le peuple qui ne comprend pas la manière dont il est trahi, est le grand perdant évidemment, et n’est jamais servi. C’est plus vrai que jamais aujourd’hui de l’un et l’autre parti qui ne voient que leurs intérêts au détriment des besoins essentiels de la population.
Stephen Lendman habite à Chicago et peut être joint à lendmanstephen@sbcglobal.net. Il tient un blog : sjlendman.blogspot.com et anime des entretiens avec des invités de marque sur the Progressive Radio News Hour sur the Progressive Radio Network. Tous les programmes sont archivés et peuvent être facilement écoutés.
Pour consulter l’original :
www.uruknet.info?p=71367
traduction : D. Muselet