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Gaza divise le Hamas, Michele Giorgio.








Deux articles à la suite : "Gaza divise le Hamas" suivi de "Brèves notes sur Gaza et ses environs".



Il manifesto, Gaza, vendredi 22 juin 2007.


A Gaza, le Hamas prépare des « tribunaux militaires » mais pas pour juger ses adversaires du Fatah et les officiers des services de sécurité « arrêtés » la semaine dernière -ils ont presque tous été « graciés » ces jours derniers - mais pour juger les membres des milices islamiques, la Tansifieh (Force exécutive) et les Brigades « Ezzedin al Qassan » qui se sont entachés de violences graves, abus et autres crimes, sur des agents des forces de sécurité et leur entourage. « Ce ne seront pas des procès ouverts au public, et pas trop sévères non plus, mais dans tous les cas ils auront lieu, pour qu’il soit clair que la direction du Hamas veut être juste et n’accepte pas tout ce qui est arrivé pendant les combats de la semaine dernière, même si dans les casernes et dans les prisons (de l’ANP fidèle à Abu Mazen), on a souvent torturé et assassiné des militants islamistes », nous explique un journaliste local soutenant le Hamas. Mais peut-être ces procès représentent-ils aussi un moyen d’évacuer le désappointement du premier Ministre « démissionné » Ismaïl Haniyeh et d’autres leaders politiques à cause de la décision de l’aile militaire de faire place nette du Fatah et pas seulement du courant dirigé par Mohammed Dahlan.

Le Hamas est un mouvement qui tend à éviter l’existence interne de divergence organisée et répète que les décisions doivent être prises au sommet de façon démocratique et respectées par la minorité (c’est ce qu’on appelle dans nos organisations et partis à nous le centralisme démocratique, pourquoi ne pas le dire de cette façon ?! NDT). Et pourtant derrière cette apparence de collégialité absolue et respect mutuel, il en va autrement. La signature des accords de La Mecque et le lancement de la collaboration avec le Fatah avait créé un certain nombre de problèmes, de caractère idéologique et politique, à l’intérieur du mouvement. Deux ministres du gouvernement précédent, Mahmoud Zahar et Saïd Siyam, notoirement opposés à Abu Mazen, avaient encaissé non sans rage la décision, de Haniyeh et du leader en exil Khaled Mashaal, de se plier au veto que la présidence et le Fatah avaient posé contre leur nomination. Mais surtout, les chefs de l’aile militaire, Mohammed Deif et Ahmed Jabari, avaient soulevé le problème de la réaction « faible » de Haniyeh à la nomination à la vice présidence du Conseil de sécurité nationale, par Abu Mazen, de l’ « ennemi », Mohamed Dahlan. Divergences bien cachées sous le voile de l’unité apparente du mouvement mais qui a affaibli le contrôle de Haniyeh sur les milices.

Le Hamas savait que Dahlan et ses alliés, palestiniens et étrangers, projetaient une lourde attaque militaire sur Gaza contre le mouvement islamique, grâce aux armes et au soutien que les Etats-Unis et, plus récemment, Israël étaient prêts à fournir (ce soutien en armes et argent avaient déjà été fournis, NDT). Les sommets politiques et militaires avaient atteint cette conclusion : éliminer la menace, même par la force. Le plan devait être déclanché dans les semaines qui viennent mais l’enlèvement et l’assassinat de l’imam Mohammed al-Rasati (semble-t-il par les hommes de Dahlan), a donné le coup d’envoi de l’opération. « Sur le terrain cependant les choses sont allées au-delà des plans établis - rapporte un dirigeant politique du Hamas qui veut garder l’anonymat- il fallait en finir avec ces dirigeants du Fatah et avec les chefs des services de sécurité qui nous menaçaient continuellement mais les commandants militaires (du Hamas) ne s’en sont pas tenu aux ordres reçus et ont saisi l’occasion de balayer jusqu’à la plus petite trace des instituions du Fatah et des services de sécurité. Le résultat c’est qu’aux yeux des Palestiniens et du monde entier nous n’avons pas éliminés des gens corrompus mais imposé notre pouvoir absolu ».

Ceux qui ont franchi la ligne rouge sont en particulier les Brigades Ezzedin al Qassam, tandis que le commandant de la Tanfisye, Abu Obeidah al-Jarrah, serait mieux arrivé à contrôler ses hommes.

Les leaders du Hamas faisaient la fête il y a une semaine, maintenant par contre ils commencent à réfléchir sur les conséquences de l’attaque contre le Fatah. Certains ne manquent pas de souligner que la soif de victoire des commandants militaires - secondés d’ailleurs par les « dissidents » Zahar et Siyam- a mis à présent le Hamas dans une position politique et diplomatique difficile, et que la conquête de Gaza a été, en fait, une victoire à la Pyrrhus. Ca n’a pas été agréable pour le Premier ministre Haniyeh et pour son conseiller politique Ahmed Yussef, le « théoricien » du tournant politique du Hamas, d’apprendre que l’Egypte a l’intention d’arrêter tous ses relations avec le Hamas, et que le siège de la représentation diplomatique égyptienne de Gaza sera bientôt transféré à Ramallah, où siège le gouvernement palestinien d’urgence de Salam Fayad, nommé dimanche par Abu Mazen.

Mais ce qui a encore plus assombri l’humeur de Haniyeh c’est aussi ce qu’a déclaré le Ministre des Affaires Etrangères syrien, Walid Moalem, dans une interview au journal arabe al-Hayat, en affirmant que Damas est « prête » à recommencer des négociations avec Israël.

La reprise des négociations entre Tel Aviv et Damas pourrait aboutir à une ligne syrienne de moindre soutien au Hamas et à la résistance palestinienne.

Michele Giorgio


- Source : il manifesto www.ilmanifesto.it

- Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio




Brèves notes sur Gaza et ses environs, par Paola Caridi.


Lettera22, mercredi 20 juin 2007.


Les lecteurs de Lettera22 ont été habitués, ces dernières années, à suivre les événements du Moyen-Orient à travers mes articles. D’abord depuis Le Caire, ensuite de Jérusalem. En cet étrange,difficile, quarantième anniversaire de l’occupation de la Palestine, je n’ai pas écrit. Le hasard a voulu que je sois en vacances (pas très loin, en Egypte), après des années passées à beaucoup travailler, tous les jours, sans souffler un instant. La décision de ne pas retourner à Jérusalem, mais de continuer ma « vacance », n’a par contre pas été fortuite, mais le fruit de ma volonté. Parce que, comme dit un proche, l’histoire commencée à Gaza peu de temps après l’anniversaire du 7 juin, et qui se poursuit à Ramallah avec la création d’un second gouvernement palestinien sera une longue histoire. Comme ont été longues ces 40 années. Je préfère recharger les batteries, regarder cet énième chapitre de loin. Et réfléchir sur tout ce qui est arrivé ces jours ci, et a été écrit ces jours ci.

Beaucoup de choses, de ce qui s’est passé avant le contrôle total de Gaza par le Hamas, ont été omises par la presse (pas toute heureusement, parce que malgré tout les informations continuent à se diffuser, par de nombreuses et tortueuses voies). On sait peu de choses des armes qui ont été données au Fatah ces derniers mois, du soutien américain à l’entraînement de la garde présidentielle de Mahmoud Abbas en fonction anti-Hamas. Peu de choses ont été dites sur la façon dont les chancelleries et politiciens occidentaux ont travaillé contre la possibilité de ce gouvernement d’unité nationale palestinien, qui aurait redistribué les cartes du conflit israélo-palestinien de façon très profonde.

De ces jours-ci il ne restera que le souvenir du conflit fratricide à Gaza, du frère qui tue son frère. Maintenant, la vulgate dit qu’il y a une Palestine démocratique (la Cisjordanie) qui veut la paix, qui est plus éduquée, bourgeoise, laïque, pro-occidentale, et une Palestine barbue (Gaza), où sont concentrés les terroristes et les analphabètes. Ce n’est pas ça, et cette description manichéenne ne servira qu’à créer un autre brasier dans un Moyen-Orient déjà surchauffé.

Je renvoie, donc, pour une lecture moins facile, plus réelle, et plus pessimiste, au travail de qui était là bas pendant ces semaines là . Par exemple Charles Levinson, qui était justement à Gaza ces jours là . De son travail, on pourra lire des comptes-rendus, reportages et impressions sur son blog http://conflictblotter.com .

L’histoire, donc, est plus compliquée que ce que rapporte la vulgate, de la bataille entre les laïcs du Fatah et les islamistes du Hamas. Et si on ne veut pas croire les journalistes, peut-être que quelque doute pourra être instillé par un homme bien connu dans les organisations internationales, un fonctionnaire de grande expérience comme Alvaro De Soto, qui a décidé, dans la plus grande surprise, de quitter sa charge d’envoyé de l’ONU pour le Moyen-Orient, comme par hasard juste quelques mois après le début de la gestion de Ban Ki Moon. Son rapport conclusif de 52 pages, qui devait rester confidentiel, est allé finir sur les pages du Guardian, journal britannique depuis toujours incisif sur la région. Pour qui voudrait donc en savoir plus, la toile met à disposition son rapport scannerisé. Et pour un autre regard sur Gaza, on pourra aller lire sur http://tabulagaza.blogspot.com site caustique et plein d’empathie, où on saura quelque chose de plus sur la géopolitique de cette crise (y compris le rôle de Dahlan) et, en même temps, connaître la souffrance des gaziotes.

Je retourne à ma « vacance ». Aux lecteurs de Lettera22, une dernière recommandation. Le Moyen-Orient est compliqué. Ne vous contentez pas de lectures faciles, qui font du bien à nos catégories européennes commodes. La réalité dépasse la fantaisie des architectes au chevet des futures frontières.

Paola Caridi


- Source : Lettera22 www.lettera22.it

- Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio




Gaza : agressés. Pas des rats pris au piège, par Michel Warschawski.






Karni et Rafha : deux des points de passage de la bande de Gaza. Rovensky/RFI.


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