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Petit manuel critique d’ un Venezuela galvaudé : à l’usage des curieux, des néophytes et des citoyens...








Lundi 25 juin 2007.


Les manipulations médiatiques pour discréditer la Révolution Bolivarienne s’intensifient au au rythme de son orientation vers le Socialisme.

La réaction à ces media-mensonges et l’explication prennent bien plus de temps que la production du mensonge, et sitôt démonté, le processus bolivarien doit affronter de nouvelles vagues de calomnies.

Ci-dessous, nous avons compilé les matrices d’opinions négatives les plus fréquentes auxquelles nous proposons d’apporter quelques réponses courtes.




- L’autorité n’est - toujours - pas l’autoritarisme.


1°) La Constitution de la République Bolivarienne du Venezuela est la Constitution de Chavez.

Si le président Chavez a posé sur papier, lors de son séjour en prison dans les années 90, certaines idées quand à la nouvelle constitution, l’effort de construction collective de la nouvelle charte suprême est un exemple de démocratie participative et représentative.

A peine élu, le président convoqua, comme il l’avait promis durant sa campagne, un référendum pour demander aux vénézuéliens s’ils étaient d’accord pour changer de Constitution et convoquer une Assemblée Constituante. Le résultat exprime par lui même la nécessité de changement : par 90%, la convocation de l’Assemblée Constituante fut approuvée. S’est enclenché alors un processus de réflexion collective. A travers des assemblées populaires et des comités de quartier, le Peuple a élaboré des propositions pour la constitution de la Constitution.

Puis, il y eut des élections pour élire les représentants à cette Assemblée Constituante. Celle-ci fut le miroir de la réalité politique de ce moment. Elles comptaient des partisans ou alliés de Chavez (dont beaucoup allaient le trahir par la suite) mais aussi des adversaires politiques. Entendre dire que cette constitution est l’oeuvre de Hugo Chavez, écrivant seul, jour et nuit, la charte suprême, est une négation de l’organisation du débat démocratique autour de cette constitution.

Après quelques mois de travail, s’inspirant du projet de Chavez mais intégrant des éléments des citoyens et du débat résultant des différences politiques au sein de l’Assemblée Constituante, les députés de cette Assemblée présentèrent le projet final à l’approbation des vénézuéliens, par un autre referendum populaire. Le 15 décembre 1999, la nouvelle Charte Suprême fût ratifiée par 71.19% de vénézuéliens.

Comme toute Constitution, elle est la base sur laquelle va s’élever la nouvelle République, la République Socialiste qu’entend construire le Peuple vénézuélien.


2°) Chavez entend modifier la constitution pour être président à vie.

L’Article 230 de la Constitution de la République Bolivarienne du Venezuela limite à deux le nombre de mandats présidentiels. Apres sa réélection à la présidence de la République le 3 décembre 2006, Hugo Chavez a nommé une commission chargée de réformer la Constitution. Si le contenu de ces reformes n’est pas encore connu, on sait déjà que devrait être inclus une modification de l’article 230 afin que le Peuple vénézuelien soit le seul à décider de la fin du mandat présidentiel, comme c’est le cas dans de nombreuses démocraties. Le travail final de la commission pour la Réforme de la Constitution sera présenté à l’Assemblée Nationale qui devra l’avaliser par un vote supérieur aux 2/3 de ses membres (article 343 de la Constitution). Le projet ainsi confirmé par les élus du Peuple sera finalement soumis à un referendum populaire, comme le prévoit l’article 344 de la Constitution. L’issue de ce referendum scellera définitivement le sort de la réforme constitutionnelle.

L’accusation de modeler la Constitution pour être président à vie n’a donc pas lieu d’être. Qui plus est, l’article 72 de cette même Constitution ouvre la possibilité de convoquer, à mi-mandat, un referendum révocatoire contre le Président. Au final, si Hugo Chavez reste Président de la République jusqu’à la fin de ses jours, ce sera uniquement parce que le Peuple l’y aura obligé et que le Président aura consenti à se soumettre à cette volonté populaire. (En France, la réélection illimitée est une réalité constitutionnelle. Et sans référendum révocatoire. N.d.l.r)


3°) Avec la loi Habilitante, Chavez a obtenu les pleins pouvoirs.

La Constitution du Venezuela affirme l’existence de 5 pouvoirs indépendants les uns des autres : exécutif, législatif, judicaire, électoral et citoyen. La loi Habilitante votée par le pouvoir législatif permet au président Chavez de légiférer sur des sujets définis par l’Assemblée Nationale pour une durée, elle aussi définie par l’Assemblée Nationale, de 18 mois. Les décrets-lois émis pendant cette période devront respecter la Constitution. Le travail du président Chavez pendant ces 18 mois ne pourra en aucun cas se supplanter aux travaux en cours dans les quatre autres pouvoirs. Ainsi, non seulement Hugo Chavez ne pourra jouir des pleins pouvoirs mais les accusations d’une supposée dérive dictatoriale sont tout aussi infondées. En effet, l’histoire récente du Venezuela nous démontre le contraire. En 2001, Hugo Chavez avait déjà bénéficié d’une loi Habilitante, et l’a utilisé pour promulguer 49 décrets-lois (dont ceux sur la Réforme Agraire, sur la Pêche, et sur les Hydrocarbures) qui ont formé le socle progressiste du gouvernement. De plus, le dernier mot sur les décrets émis durant les 18 mois de la loi Habilitante revient aux citoyens vénézuéliens. Ceux-ci peuvent, comme le prévoit la Constitution dans son article 74, convoquer un referendum (si ils réunissent 10% du corps électoral) pour abroger totalement ou partiellement n’importe quelle loi du pays.

Le système de lois Habilitantes n’est pas propre au Venezuela. On trouve de tels mécanismes juridiques aux Etats-Unis, au Canada, ou en France avec l’article 49 §3, à la différence que ceux-ci ne jouissent d’aucune contrainte imposée par le pouvoir législatif ou par les citoyens, comme au Venezuela.


4°) Hugo Chavez prétend imposer un système de Parti Unique au Venezuela.

Aux élections parlementaires du 4 décembre 2005, pas moins de 440 organisations et partis politiques (de niveau nationaux, régionaux et locaux) ont présenté des candidats (seuls 6 partis de l’opposition avaient décidés de boycotter l’élection). A l’élection présidentielle du 3 décembre 2006, 78 partis politiques décidèrent de s’engager derrière un des vingt candidats en lice. Sur la totalité des partis politiques, seuls 24 soutenaient le président Chavez.

Ce sont à ces partis et aux organisations qui le soutiennent que Hugo Chavez a lancé l’invitation de s’unir au sein d’un grand parti de la Révolution Socialiste. Après la construction de ce dernier, il restera des dizaines de Partis Politiques d’opposition au niveau national et des centaines à l’échelle régionale ou locale. La démocratie multipartite vénézuélienne ne sera en rien affectée par la stratégie du mouvement socialiste. Stratégie qui n’est ni propre au Venezuela ni au Socialisme puisque l’Union pour un Mouvement Populaire (UMP), le grand parti de la droite française s’est construit selon la même idée d’union.

Cette initiative a entre autres pour objectif de lutter contre les tendances clientélistes au sein du mouvement révolutionnaire. En effet, certains partis qui ne représentent rien au niveau national avaient pour mauvaise coutume politicienne de monnayer leur petit capital électoral contre des postes importants dans la fonction publique et dans les ministères. Pratique qui ne pourra avoir lieu avec la création du nouveau parti d’union.

De plus, la création du Parti Socialiste Uni se construit pour redonner un sens à la notion de Parti politique dans la construction du Socialisme. Dans un pays où les Partis politiques sont plus que discrédités, ou ne sont que de simples machines électorales, le défi est à la mesure de la singularité historique du Parti Socialiste Uni du Venezuela.



- Il n’est pas de véritables libertés sans limites, celles du bien commun et de l’intérêt collectif.


5°) Chavez et le gouvernement bolivarien cherchent á éliminer la liberté d’expression.

Bien souvent, on confond la liberté d’expression avec la liberté accordée à de grands groupes médiatiques pour imposer leur vision capitaliste, mercantile, sexiste et raciste de la communication et de l’information à la grande majorité, c’est-à -dire la communauté de citoyens que forment les téléspectateurs, lecteurs ou auditeurs.

La liberté d’expression est consacrée par l’article 57 de la Constitution bolivarienne. Celui-ci affirme que "toute personne a le droit d’exprimer librement ses pensées, ses idées ou opinions de vive voix, par écrit ou à travers n’importe quelle forme d’expression". La liberté d’association (article 52 de la Constitution), la liberté de se réunir dans des lieux public (article 53) et la liberté de communication (article 58) viennent renforcer cette liberté fondamentale. En ce sens, il y a plus de liberté d’expression que dans n’importe quels autres pays démocratiques.

En effet, l’opposition minoritaire peut tranquillement manifester son rejet du gouvernement et ses portes paroles sont systématiquement relayées par des media commerciaux qui se sont transformés en véritables acteurs politiques, et représentent quelques 70% du spectre médiatique vénézuélien (TV, Radio, Presse écrite). Le gouvernement ne contrôle en rien la diffusion de message sur Internet, et il est courant d’y rencontrer des appels à la violence, à l’insubordination, voire à la guérilla urbaine émis par des groupes radicaux d’opposition.

Malgré la participation active des media commerciaux aux Coup d’Etat d’Avril 2002 et au sabotage économique de décembre 2002-février 2003, qui s’était soldé par une perte de 15 milliards de dollars en terme de production de richesse nationale, aucun media n’a été fermé ou censuré par le gouvernement bolivarien.

En décembre 2004, fut votée la loi sur la Responsabilité Sociale à la Radio et à la Télévision (loi RESORTE) afin d’instaurer un système de réglementations légales dans le pays. Cette loi est similaire - mais moins stricte - aux lois qui régissent le CSA français ou le FCC étatsunien. Malgré sa flexibilité, la grande majorité des media commerciaux vénézuéliens continue de la violer impunément.

La liberté d’expression a été encouragée par le gouvernement bolivarien en promouvant la création de centaines de media communautaires par lesquels les habitants d’un quartier peuvent faire entendre leurs voix, leurs points de vue et participer à la discussion sur les choses publiques. Piliers importants de la réflexion commune et bien souvent critique de la bureaucratie d’Etat, les milliers de voix qui s’expriment dans ces media communautaires étaient systématiquement maintenues dans l’oubli par les grands patrons de presse.

De même, le gouvernement bolivarien a été un des principaux promoteurs de la chaîne de télévision internationale Telesur, dont le but est de permettre à la grande majorité des latino-américains de pouvoir exprimer leur réalité sociale. Réalité sociale dont jamais les grands groupes médiatiques ne se sont fait l’écho.

Enfin, le non renouvellement de la concession hertzienne à la chaîne RCTV va permettre au plus grand nombre de décider de la ligne éditoriale et de la qualité des programmes que va diffuser la nouvelle chaîne de service public. Et ce, afin de rompre avec l’assujettissement de la liberté d’expression au capital financier de quelques puissants.

En 2002, l’écrivain vénézuélien Roberto Hernandez Montoya écrivait : "Les patrons de media au Venezuela ont tellement de pouvoir qu’ils ne conçoivent pas que ce pouvoir ait des limites". En garant d’une démocratie intégrale, le gouvernement bolivarien a donc rendu une partie de ce pouvoir médiatique au Peuple.


6°) Chavez mène une campagne de nationalisations sauvages et menace la propriété privée.

La propriété privée est garantie par l’article 115 de la Constitution Bolivarienne. A aucun moment il n’a été question au sein du gouvernement de remettre en cause ce principe. Garant et promoteur de l’intérêt collectif, les pouvoirs publics se doivent néanmoins d’imposer un ensemble de priorités à l’exercice des libertés individuelles, celui du bien commun. La fonction sociale de la propriété permet de soumettre les obligations marchandes et commerciales à des exigences d’humanisme et de dignité des personnes. C’est clairement un choix souverain que de décider d’accorder plus d’importance aux personnes qu’aux biens, c’est le choix qu’a opéré à de nombreuses reprises la population du Venezuela par la voie des urnes.

Une réforme de la constitution prépare la mise en place de 5 statuts de la propriété privée, renvoyant aux différents aspects qu’elle peut recouvrir. Sans être une fin en soi, la propriété privée doit rester un moyen d’épanouissement humain et de progrès collectif. Les confiscations, les saisies, les redistribution de biens non valorisés (terres, usines, aliments, abattoirs...) répond à une procédure législative, inscrite dans la Loi d’expropriation pour cause d’utilité publique ou sociale qui règlemente l’obligation de garantir à la population le respect de ses droits fondamentaux (travail, logement, alimentation...) sans que ceux-ci puissent être subordonnés à des principes inviolables de propriété.

Ca n’est pas tant le statut de propriété qui gêne, que l’hypothèque du développement social. Une grande propriété qui participe du développement national, qui permet l’inclusion, qui produit et respecte les travailleurs... a toute sa place au Venezuela. Pour preuve les nombreux cycles économiques bilatéraux organisés par le Venezuela avec des entrepreneurs d’un pays étranger, à Caracas, et la récente conférence sur la place que peuvent occuper les entrepreneurs nationaux dans un pays où l’Etat les prenait sous son aile jusqu’alors et qui doivent aujourd’hui rendre services à l’ensemble de la nation.


7°) Chavez et le gouvernement bolivarien vont fermer arbitrairement la plus vieille chaîne de télévision vénézuélienne (RCTV).

En 1987, le gouvernement du président d’alors Jaime Lusinchi (du parti Accion Democratica) décide de réguler le système d’obtention des concessions hertziennes pour les télévisons et radios nationales. Le nouveau règlement, paru dans la gazette officielle n°33.726 du 27 mai 1987, stipule dans son article 1 : "Les concessions pour la transmission et l’exploitation de chaînes de télévision et fréquences de radio seront délivrées pour une période de 20 ans" et précise dans son article 4 :"Les concessions qui ont été délivrées avant la date du présent décret seront considérées valides par les termes établis dans l’article 1".

Comme on peut le voir, les 20 ans sont en passe de s’écouler. La concession délivrée à la chaîne RCTV par l’Etat a pris fin le 27 mai dernier. Le gouvernement vénézuélien ne supprime aucune licence ni ne ferme donc aucune chaîne de télévision, il exerce juste le pouvoir de ne pas renouveler la concession tel que l’établit la Loi.

Le contrôle de l’utilisation des fréquences hertziennes par l’Etat n’est pas propre au Venezuela. En France, les articles 21 et 22 de la loi 86-1067 relative à la liberté de communication affirment clairement le pouvoir de l’Etat en ce domaine.

Il n’y a donc aucune fermeture arbitraire de chaîne de télévision. Le propriétaire décide seulement de changer de locataire, sans pour autant empêcher RCTV de continuer d’émettre par le câble. Cette décision a été notamment motivée par les multiples infractions à la loi de Responsabilité Sociale à la Radio et à la Télévision (loi RESORTE) ainsi que par la participation active de RCTV au coup d’Etat d’avril 2002 et au sabotage économique de décembre 2002-février 2003, qui s’était soldé par une perte de 15 milliards de dollars du PIB.

L’espace laissé vacant par RCTV a été comblé dés le 28 mai 2007 par une chaîne de service public où les programmes sont à la charge de Producteurs Nationaux Indépendants et d’un réseau national de télévisions communautaires, bref aux mains du Peuple créateur et imaginatif. Le nom de cette nouvelle chaîne en dit long : TVes, jeu de mots avec "te ves" qui veut dire "tu te vois".



- Venezuela 2000, un nouveau Cuba... des années 1950 ? Drogues, trafics et corruption.


8°) Selon Transparency International, le Venezuela est le pays le plus corrompu du continent Américain après Haïti. Le Venezuela est donc un des pays les plus corrompus au monde.

La corruption est le legs infâme de 40 ans de politiques capitalistes clientélistes dont a hérité le gouvernement bolivarien à son arrivée au pouvoir. Face cachée d’une bureaucratie d’Etat encore lourde, la corruption avait envahi les consciences, à tel point qu’un homme politique qui n’y recourrait pas pour s’enrichir était perçu comme un idiot. Le président Chavez, en reconnaissant que la corruption est une tare profonde qu’il est difficile d’éradiquer à court terme, a engagé une lutte à mort contre ce fléau. La création des conseils communaux et la nouvelle géométrie du pouvoir sont à la base d’une appropriation directe par le Peuple des moyens financiers qui lui sont destinés, sans passer par le tamis réducteur de fonctionnaires corrompus.

Si la corruption persiste encore au Venezuela, la situation serait-elle aussi catastrophique que le laisse entendre l’O(N)G Transparency International ?

L’organisation Transparency International, bien loin d’être une ONG indépendante est financée par de nombreuses multinationales (dont ExxonMobil directement concerné par le Venezuela) ainsi que par diverses agences gouvernementales incluant des paravents de la CIA comme la Fondation Ford, l’Agence Etatsunienne pour le Développement International (USAID), ou le Centre International pour l’Entreprise Privée (CIPE), ces deux dernières organisations furent impliqués dans le coup d’Etat d’avril 2002 ainsi que dans toutes les tentatives de déstabilisation du gouvernement bolivarien.

Qui plus est Transparency International limite ses investigations au secteur public, ce qui pénalise les pays ou l’Etat joue encore un rôle de régulateur ou d’obstacle au libéralisme le plus féroce. D’autre part un des critères majeurs utilisé par Transparency International pour déterminer le niveau de corruption est la perception qu’ont les propres citoyens de la corruption dans leur pays. On imagine aisément comment une enquête de ce type dans les secteurs acquis à l’opposition minoritaire et intoxiqués par la propagande des media commerciaux peut fausser la réalité de la corruption au Venezuela.

Autant les liens financiers de Transparency International que ses méthodes d’investigation nous obligent à nous distancier de son résultat alarmiste, qui apparaît plus comme une arme dans la guerre sale contre le Venezuela que comme une étude objective et transparente.


9°) Il existe des centaines de prisonniers politiques dans le pays.

Il n’existe aucun citoyen emprisonné pour des motifs politiques ou de délits d’opinion. Personne ne fut inculpé pour l’organisation du coup d’Etat d’Avril 2002. Rappelons au passage que les généraux responsables du putsch d’Alger en avril 1961 furent emprisonnés, et Bastien-Thierry l’organisateur de l’attentat du Petit Clamart fut quant à lui fusillé.

En revanche, un certain nombre de personnes au Venezuela ont été jugées et écrouées ou mis en examen dans des cas ayant provoqué la mort de citoyens vénézuéliens comme ce fut le cas lors du coup d’Etat du 11 avril 2002 ou pour l’assassinat du procureur Danilo Anderson.

S’il y a des hommes politiques incarcérés, c’est pour des malversations financières ou des délits de droit commun.

Mais un politique prisonnier n’est pas pour autant un prisonnier politique.



- Un pavé dans le jardin de l’Empire.


10°) Le gouvernement bolivarien adopte un comportement impérialiste en rachetant des bons du trésor argentin ou en pratiquant la diplomatie du pétrole dans la Caraïbes. Ce faisant, il gaspille donc le budget national à l’extérieur au lieu de l’investir dans les problèmes des vénézuéliens.

Il est parfois difficile d’admettre qu’il puisse y avoir d’autres échanges et d’autres discussions que ceux et celles basés sur l’intérêt social et la solidarité. Peut-être la plupart y voient-ils un discours hypocrite permettant d’user habilement de l’arme diplomatique que représente le pétrole. Ce serait passer outre la vision bolivarienne de l’intégration latino-américaine. Il en résulte une série d’accords non pas tant conditionnés aux termes communs d’un échange commercial qu’aux espoirs et aux gestes d’humanités qui unissent toujours plus des Etats et des peuples autour d’une communauté de destin ET d’existence.

L’ouverture énergétique vers les pays des Caraïbes permet à des « micro-Etats » de se détacher sensiblement d’une dépendance encombrante à l’aide états-unienne et aux raffineries de l’étranger... Les contreparties qu’exigent le Venezuela concernent le respect des personnes, des aspects sociaux du développement national bien plus que le respect de procédures de rigueur économique ou de réduction des déficits publics à tout prix. Ces dernières exigences conditionnaient l’aide du « Nord » dans le cadre du consensus de Washington. L’accord Petrocaribe régissant cette alliance énergétique est très clair. Il ne s’agit pas d’un don mais de conditions spéciales d’administration du pétrole. Le paiement étalé sur 25 ans devra se faire une partie en devises, l’autre en services (médecin, viande, semences, etc...). L’accusation de gaspillage par l’opposition est plus qu’hypocrite. Apres avoir usé de son influence au sein d’une OPEP décomposée au début des années 2000, le Venezuela a réussi à stabiliser en accord avec ses partenaires les prix du brut à la hausse. De plus, en 2005, la compagnie CITGO (propriété de PDVSA aux Etats-Unis) a renvoyé pour la première fois de son histoire des bénéfices au pays. La majeure partie de l’immense excédent financier, que les membres de l’opposition avait détruit durant leurs années de pouvoir, est investie dans les programmes sociaux au Venezuela.

Lorsque le Venezuela rachète des bons du trésor argentin, il trouve là un moyen de suspendre la dépendance de l’argentine aux créanciers du Nord, d’écouler une grande partie de ses liquidités pour lutter contre l’inflation, de resserrer les liens avec une Argentine qui lui fournit nombre de biens manufacturés qui lui sont refusés par les Etats-Unis... Enfin, ces bons restent porteurs d’une rémunération à terme, et sont l’occasion de la consolidation d’un système financier qui permette de conserver les capitaux aux « Suds » afin que les plus-values issues de la manipulation des fonds cessent d’être systématiquement retenues au Nord. C’est l’argument de la constitution de la « Banque du Sud » où personne, en Amérique Latine n’est obligé d’entrer, mais dont le projet remporte un grand succès parmi des économies nationales structurellement et financièrement dépendantes du Nord.


11°) Le Venezuela est le pays le plus dangereux du continent (violence / délinquance + armée).

On entend souvent le département d’Etat fustiger la « course à l’armement » imposée par le Venezuela dans la « région » latino-américaine en passe d’être déstabilisée par un Etat aux marges de l’Etat voyou. En terme de budget d’armement, le Venezuela est derrière le Brésil, l’Argentine, le Chili, la Colombie (renforcée plus encore par l’aide militaire états-unienne dans le cadre du Plan Colombie) et le Mexique. L’armement du Venezuela relève d’un renouvellement de son arsenal léger et de sa flotte d’avions de chasse dont les pièces de rechange ont été refusées par les Etats-Unis. Les mêmes Etats-Unis offrent moins de résistance à armer la Colombie en chars d’assauts dont on perçoit mal la pertinence pour lutter contre une guérilla retranchée bien souvent dans des montagnes à forte pente. A moins que ce ne soit une manière de ne pas mettre tous les monteurs des chaînes de Cleveland et de Détroit à la porte...

Après le passage de la défense nationale à la sécurité nationale et à l’établissement des régimes autoritaires, la sécurité intérieure anime bien des craintes. Si les « théâtres d’opération » - lieux reculés d’isolement et d’exactions policières - les disparitions, tortures et autres massacres pratiqués tout au long de la IVe République vénézuélienne ont disparus, l’insécurité et la violence restent néanmoins des paramètres alarmants. Accompagnant l’armement des réseaux de narcotrafic, similaire aux phénomènes qui ont lieu par exemple à Rio, s’approchant des records de violence que connaît Recife et tutoyant les sommets en terme d’homicides dans la Caracas du milieu des années 1990, la violence au Venezuela est un mal qui ronge la nation et stigmatise la désunion et la désarticulation des structures sociales du pays à différentes échelles. La dépuration des corps de sécurité, la lutte déterminée de la justice et le rétablissement des opportunités d’épanouissement pour chacun occupent l’effort national. L’insécurité est bien trop grave pour en faire lamentablement un objet de manipulation et de division.

Si le Venezuela est un pays dangereux, il l’est pour le gouvernement étatsunien par le message d’espoir de transformation sociale qu’il promeut en Amérique Latine et dans le Monde.


12°) Le Venezuela est un foyer potentiel d’activité terroriste en Amérique Latine.

L’intégrité territoriale du Venezuela et la protection des ressources du sous-sol particulièrement convoitées en ce début de siècle belliqueux, sont assurées par une armée bien moins performante que la plupart de ses voisins. Aucune possibilité de se « projeter » avec agressivité hors des frontières.

La lutte contre le narcotrafic et le terrorisme international est au coeur d’un contentieux entre les Etats-Unis et le Brésil pour l’installation d’une base militaire dans l’Amazonie reculée, réservoir de biodiversité... Il y a quelques mois, une base a été installée dans le Chaco Paraguayen, à deux pas de la deuxième réserve de gaz du continent (en Bolivie), mais surtout, nous dit-on, pour surveiller les activités terroristes repérées à la triple frontière - Paraguay, Brésil, Argentine. Triple frontière qui, en plus de son intérêt géopolitique, revêt un intérêt géostratégique notoire, elle correspond aussi au plus grand aquifère de la planète, celui du Guarani.

Le fait d’entendre par intermittence et depuis des sources différentes, des commentaires sur les foyers de terrorisme définis par les Etats-Unis au Venezuela (islamisme, camps d’entraînement iraniens, ETA, bases d’Al Qaida... !!!), participe de cette manière à orchestrer un mensonge justifiant une intervention étrangère. Il n’y a guère que ceux qui ont besoin d’un prétexte pour croire au mensonge, là où le chemin est toujours plus court vers une intervention qui s’affranchisse du prétexte...

Depuis 2000 et le retrait de la sinistre « Ecole des Amériques » de Panama, où se sont formés parmi les plus fameux dictateurs du continent, les Etats-Unis ont installé 8 nouvelles bases dans la région qui s’ajoutent aux 7 déjà existantes, totalisant plusieurs dizaines de milliers de soldats en place dans une région qui assure 40% de la consommation de pétrole de la fédération nord-américaine.



- Cassandres...


13°) La Révolution bolivarienne sans le pétrole s’effondrera d’elle-même.

Avant de spéculer sur l’économie post-pétrolière vénézuélienne, il est bon de rappeler qu’avec le sous-sol de la Faja del Orinoco, le Venezuela posséderait les réserves pétrolières les plus importantes au monde, devant les pays du Moyen Orient. De plus, le Venezuela dispose des premières réserves de gaz d’Amérique Latine, encore sous exploitées. Le pays est aussi riche en aluminium et en or. Les industries de bases vénézuéliennes ont donc de beaux jours devant elles, même si le pétrole venait à se faire rare.

Le gouvernement bolivarien a lancé une grande campagne pour diversifier son économie. Traditionnellement, le Venezuela était un pays d’importation. Les revenues pétroliers assuraient l’achat de divers produits manufacturés, agraires, etc... Afin de ne plus dépendre de ces importations, le gouvernement a relancé la production agraire, notamment au sein de coopératives agricoles.

Le développement endogène, pilier de l’économie bolivarienne, entends aussi réduire les importations pour ce qui est des produits manufacturés. Notons aussi le développement sans précédent au Venezuela de la Pétrochimie, pour faire profiter l’appareil productif de l’industrie pétrolière.

De plus, pour lutter contre le fléau de la dépendance aux importations, l’exécutif a promulgué le décret présidentiel 3898 qui oblige toutes les industries de bases (publiques ou privées) à fournir en premier les entreprises de transformation nationales et exporter uniquement l’excèdent. Les aberrations que constituait l’importation massive de T-shirt en polyamide, ou de casserole d’aluminium et leur vente à prix élevé n’auront plus lieu d’être.

Le tissu productif du Venezuela a été renforcé par la création de dizaines de milliers de coopératives et d’entreprises de production sociale, qui en grande majorité sont situées hors de l’économie pétrolière et ne sont pas liées à l’industrie de base.

Enfin, la reprise en main des services de l’impôt par le gouvernement bolivarien a fait de cette entité la principale rentrée dans le budget de l’Etat avec le Pétrole, alors qu’elle représentait 22% lors de l’installation au pouvoir du Président Chavez.

Romain Migus
Albert Mondovi




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Viktor DEDAJ

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