En ce temps historique que nous vivons dans le monde et plus particulièrement en Amérique Latine, nous voyons de grands mouvements contre la triade "capitalisme, néolibéralisme, impérialisme".
Depuis dix ans en Amérique Latine sont nés des nouveaux courants révolutionnaires, qui ont commencé au Venezuela au travers du processus bolivarien, et qui ont pris de l’ampleur dans divers pays importants du continent, en Bolivie, Équateur, Brésil, Argentine, et d’autres, où l’on trouve des gouvernements révolutionnaires ou réformistes qui ont pris le pouvoir, tandis que d’autres pays maintiennent l’ancien modèle, qui s’ancre toujours un peu plus, comme à Panama, au Colombie ou en Haïti.
Haiti est un cas intéressant à analyser, où les dirigeants sont sur un chemin différent de celui du peuple, un peuple depuis toujours victime d’une gauche démagogique qui, au final, travaille pour les grands intérêts des capitaux étrangers, ce qui n’est pas si différent des autres pays d’Amérique Latine.
Aujourd’hui, Haïti est dans une situation extrêmement critique avec occupation militaire et une certaine forme d’esclavage apparent avec 70% de la population qui vit avec moins de 2 dollars par jour, ce qui rend compte de la situation économique du peuple.
Au niveau politique, c’est bien pire, avec plus de 70 partis politiques sans structures ni organisation. Les partis n’ont pas la capacité de s’autofinancer ce qui génère une dépendance de l’extérieur et nous voyons bien ici que chaque groupe qui prend le pouvoir n’est là que pour accomplir la volonté de ses patrons. Autre problème, quand un gouvernement vient avec un projet d’intégration du peuple, la bourgeoisie haïtienne tout comme les grands pays qui ont des intérêts économiques l’expulsent du pouvoir, avec l’exemple en 2004 du président Jean Bertrand Aristide.
En Haïti, il est quasiment impossible de trouver du travail et l’Etat n’accomplit pas sa mission de garantir le bien-être social de tous et toutes.
Le pays a un taux d’analphabétisme supérieur à 50% et la population dispose de moins de huit heures de courant électrique par jour, sans parler du très fort taux de prostitution et de criminalité qui sont le fruit du système capitaliste.
Nous devons également souligner la très forte influence de l’Eglise, qui provoque et génère la résignation dans la majorité de la population, avec ses messages et ses politiques de dépendance qui aliène la population.
Tout cela a une influence sur les mouvements sociaux et paralyse toute forme d’organisation vers un véritable changement.
Nous ne pouvons pas parler de situation critique sans évoquer la présence des ONGs qui sont qui systématiquement l’expression des grandes puissances capitalistes, présentes dans tout le pays et responsables de toutes les supposées "aides" qu’elles nous apportent, en sachant pertinemment que ces "aides" viennent surtout remplir leur portefeuille.
Si nous analysons la conjoncture socio-politique actuelle de l’Amérique Latine avec l’Alba, l’Unasur ou le Mercosur, en tant que nouveaux espaces d’intégration, le moment est propice pour qu’émerge un grand changement en Haiti. Historiquement, en comparant avec les autres mouvements populaires du passé, nous pouvons affirmer que nous sommes proches d’un soulèvement populaire.
Depuis Haïti,
Etant Dupain
journaliste
Traduction : Grégoire Souchay pour : http://www.larevolucionvive.org.ve/