Qui dit mieux à gauche de l’échiquier politique ? Quel militant gauchiste peut s’opposer à cet appel des mères Térésa de la go-gauche et des curés du syndicalisme étudiant ? « Faire payer les riches afin que les pauvres vivent un peu mieux » (le slogan du Parti socialiste de Belgique) n’est-ce pas la quintessence de la politique de la go-gauche ?
Fraterniser avec les démunis, faire l’aumône, et comme Robin des bois (Robin des banques) prendre aux riches pour donner aux pauvres, n’est-ce pas le rêve que caresse la gauche respectable depuis des décades ? Du moins, tant qu’elle ne s’est pas installée confortablement au pouvoir d’État, avec la permission et la collusion de sa classe de tutelle, la ploutocratie des multimillionnaires.
Ce slogan qui semble de gauche est en réalité de droite, même si François Legault, Monsieur Couillard, et dame Marois, menacés d’être appelés à contribuer à cette guignolée provinciale, ne le savent pas. De toute façon aucun d’entre eux – pas même PKP – n’est réellement menacé par le slogan de l’ASSÉ, ni par l’élection de Françoise David comme premier ministre de la go-gauche du Québec (je sais parfaitement que les petites-bourgeoises féministes, assises au bar La Naturaliste m’en voudront de ne pas avoir féminisé la profession. Que voulez-vous j’étais à penser à ces milliers de femmes meurtries dans une douzaine de pays en guerre).
Croyez-vous que nos pères et nos grands-pères ouvriers, pauvres, malandrins, chômeurs, piqueteurs, débardeurs n’y ont jamais songé à cette entourloupette miraculeuse ? Je me souviens du manifeste du FLQ en 1970 qui lançait exactement le même slogan, dénonçant la famille Simard, les multimillionnaires de l’armement de Sorel, beaux-parents de l’ex-premier ministre Robert Bourassa. Les felquistes voulaient prendre aux riches un peu plus d’impôt et un supplément de taxes, pour distribuer l’aumône aux pauvres, aux sans-abris et aux malappris, la petite bourgeoisie a toujours de ces relents de charité chrétienne. L’armée a envahi le pays du Québec (1970) et les felquistes sont partis vers le Sud en avion affrété.
Les curés en soutanes, les nones en robes longues, les frères à bedaine et toute l’industrie de la charité citoyenne le font déjà et pourtant jamais la misère n’a parue aussi prospère.
C’est que le crime et le drame fondamental du système économique dans lequel nous vivons, dans lequel vivent les militants de l’ASSÉ, madame Desjardins et monsieur Bureau-Blouin, ce n’est pas la mauvaise répartition de la richesse et les sacrifices mal partagés entre les riches et les ouvriers salariés. Non, ce n’est pas la source du problème. Cette injustice distributive de la richesse entre les riches et les gens ordinaires, les pauvres et les salariés est la conséquence de l’injustice suprême, la mère de toutes les injustices.
C’est parce qu’ils sont propriétaires des moyens de production, du commerce et des communications que les PKP-Desmarais-Chagnon-Sirois-Jean-Coutu-Beaudoin-Bombardier et autres multimillionnaires (et leurs épouses féministes), chefs d’entreprises, banquiers et financiers s’en mettent plein les poches et donnent le moins possible à l’État tout en menaçant de quitter le pays avec leurs usines et leurs fortunes mal acquises si l’impôt des particuliers, si les taxes aux entreprises, si les royautés et les comptes d’électricité des multinationales sont augmentés.
Comme ce sont les riches – la classe capitaliste et les financiers-banquiers – qui dirigent et organisent cette société jamais les thuriféraires politiciens de droite comme de la pseudo gauche n’imposeront « Aux riches de faire leur juste part ! ».
Les sociétés québécoise et canadienne, l’État québécois et canadien n’ont pas été mis sur pied pour « Faire payer les riches » (!) mais bien pour faire payer les ouvriers, les salariés, les travailleurs et les étudiants, les chômeurs et les pauvres, et c’est le fondement même de cette société qu’il faut changer pour en inverser les rôles et faire en sorte que tous travaillent et paient leur juste part au bénéfice de tous ceux qui travaillent, « L’oisif ira loger ailleurs ».
Je suis contre que l’on quémande « aux riches de faire leur juste part », et je suis en faveur que l’on exproprie les riches.
Pour s’informer, le webzine : http://www.les7duquebec.com/
28 mars 2014