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Je vois le Bien, je l’approuve et je fais le Mal.

Je vois le Bien, je l’approuve et je fais le Mal. - Ovide in Métamorphoses

Dieu, Jésus, Mahomet, guerres de religion, terrorisme, mondialisation, surpopulation, haines raciales, démocratie, chômage structurel et galopant des jeunes, pauvreté croissante à nos portes et dans le monde, crises économiques et financières sans fin d’où angoisse et peur du lendemain, retour en force des extrémismes, réchauffement et incertitudes climatiques, une jeunesse croissante sans repères, intellectuellement et moralement défigurée, cherchant dans la drogue, la violence, le sexe et la prostitution le baume salutaire... autant de thèmes qui nous interpellent et avec lesquels nos enfants, acteurs ou futurs dirigeants, seront confrontés demain. Souhaitons-leur du courage et la capacité de penser autrement pour trancher cet épineux noeud gordien.

Finalement, Dieu que le monde adore, existe-t-il ou est-il une invention née de l’imagination de l’homme pour les besoins de sa cause ? S’il existe, est-il, comme le dit Jésus, un Dieu Amour de tous les hommes et de toutes les femmes de la terre qui envoie les bons s’asseoir à sa droite au ciel et les méchants et les assassins brûler en enfer ? Telle est la question fondamentale que la croyance populaire pose au moment de la mort. Pour le savoir, ouvrons la Bible, principal ouvrage de référence en la matière.

La Bible nous dit en effet que Dieu avait béni Noé, l’homme qui avait trouvé grâce à ses yeux, et ses fils avec lui. Qu’il avait ajouté : “Ceci est le signe de l’alliance entre moi et vous. Toute âme vivante restera avec vous pour les générations à venir et les temps indéfinis ”.

Après le déluge, où tous les méchants portés au mal, hommes, femmes et enfants, engloutis, furent tués, Noé, le survivant, et charpentier de son état, s’installa vigneron. Le vin coulera à flots et, sans voisin en vue pour l’entretenir de la pluie et du beau temps, Noé, pour tuer son ennui et son chagrin, se mit à boire, à s’enivrer et à se retrouver tout seul, tout nu, au milieu de sa tente, empestant la sueur et l’alcool. Son fils cadet, Cham, père de Canaan, le découvrira dans cet état triste, lamentable, pitoyable, et ira raconter sa découverte à ses deux frères Sem et Japhet qui labouraient leurs champs. Gaffe fatale !

Car Noé finira par se réveiller de son vin et apprendra sa déchéance de la bouche de ses deux autres enfants. Son secret étant ainsi devenu secret de polichinelle, Noé, furieux, s’écria : “Maudit soit Canaan. Qu’il devienne le dernier des esclaves de ses frères. Béni soit le Seigneur, le Dieu de Sem, et que Canaan devienne son esclave. Que Dieu octroie un vaste espace à Japhet, qu’il réside dans les tentes de Sem. Que Canaan devienne aussi son esclave”. Et le petit-fils payera de sa vie l’indiscrétion de son père car il n’avait pas trouvé grâce aux yeux du Dieu de Sem alias Allah.

Or, Canaan a l’oreille bien faite : travailleur infatigable, il ne prêtera aucune attention à la malédiction de son grand-père et, sans l’aide de Dieu, produira, à la force du poignet, du lait, du miel, des fruits et du bon grain sur cette terre ingrate, chose qui sera férocement convoitée par le Dieu de Sem alias Allah puisque c’est l’arme à la main qu’il fera main basse sur son minuscule lopin de terre fructifié à la sueur de son front. Alors que, créateur du ciel et de la terre, il avait donné à son grand-père ivrogne la Terre entière sur un plateau d’argent ! Canaan à qui on ne connaît, pourtant, qu’un seul tort : celui d’exister et d’être libre comme l’air, avoir une terre, connaître la réussite sans bâton ni glaive et vivre en harmonie avec sa famille, en bonne intelligence et en paix avec ses voisins. Et - ironie du sort - ce sont les descendants de Sem qui deviendront esclaves malgré l’omnipotence, l’omniprésence et l’omniscience du Dieu de Sem, d’Abraham, d’Isaac et de Jacob alias Allah.

En effet, là où tous les peuples du monde vivaient et vivent sur une terre qu’ils ont héritée de leurs ancêtres, une terre qu’ils lèguent à leur tour à leurs enfants, le peuple élu que Dieu avait créé était un peuple sans terre, sans patrie, qui, pour vivre, errait de terres étrangères en terres étrangères.

Dieu réparera cette fâcheuse lacune et, exécuteur testamentaire des dernières volontés de Noé, il facilitera sa sédentarisation en prenant à son compte la malédiction du grand-père ivrogne, puisque, sans désemparer, il fera l’éducation guerrière du peuple élu de A à Z. Il dira à Moïse, faux prince d’Egypte et traître au Pharaon : “Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Sans conteste, j’ai vu l’affliction de mon peuple qui est en Egypte et j’ai entendu sa clameur à cause de ceux qui le poussent au travail, car je connais les douleurs qu’il endure. Et je me mets en devoir de descendre pour le délivrer de la maison des Egyptiens et de le faire monter vers un pays bon et vaste, vers un pays ruisselant de fruits, de lait et de miel, vers l’endroit où se trouvent les... Cananéens, les Amorrhéns et les Jébuséens. Repars vers Pharaon, fais sortir mon peuple, les fils d’Israël, d’Egypte car je t’ai fait Dieu aux yeux de Pharaon”.

Ainsi donc, le peuple d’Egypte qui avait accueilli ses fils de prédilection à bras ouverts n’était pas le peuple élu du Dieu de Sem, d’Abraham, d’Isaac et de Jacob alias Allah, et Moïse, sauvé de justesse des eaux du Nil par la soeur du Pharaon et qui en avait fait son fils adoptif, n’était pas non plus le Chevalier Bayard sans peur et sans reproche.

En effet, recherché pour avoir assassiné un sujet égyptien, pris de panique, il avait pris le grand large et s’était sauvé loin du Pharaon. Il était donc en cavale quand Dieu lui vint en aide. Ainsi, donc, Dieu apporte la preuve irréfutable que son commandement “tu ne tueras point” ne s’applique pas aux élus de son coeur, aux hommes qu’il choisit pour accomplir ses macabres desseins comme il est clair que Moïse, élevé au sérail et qui parlait d’égal à égal avec Pharaon et les membres de la maison royale et qui, de surcroît, avait montré son vrai visage, était la perle rare, l’homme idéal taillé sur mesure pour mener à bien la guerre contre Canaan dont la destruction était devenue une idée fixe et une obsession chez le tout-puissant Dieu de Sem, d’Abraham, d’Isaac et de Jacob alias Allah. De plus, il avait fait ses preuves en abattant froidement un Egyptien au seul motif qu’il frappait un... Hébreu, fils de prédilection de son tout-puissant Dieu !

D’autant plus que Dieu, un chef de guerre et un psy remarquable habile à manier la stratégie de la tension et stratège militaire d’inspiration forcément divine, ajoutera : “Quant à moi, je durcirai le coeur du Pharaon et je multiplierai les signes et mes miracles dans le pays d’Egypte. Pharaon n’écoutera pas parce que j’aurai durci son coeur. Il faut que je pose ma main sur l’Egypte et que je fasse sortir mes armées, mon peuple, les fils d’Israël, par de grands jugements”. La “Terre promise” n’était donc pas un « no man’s land », un désert pavé de cailloux et de pierres. Habitée par un peuple paisible, la terre de Canaan ruisselait de fruits, de lait et de miel, fruit de son travail !

Pourtant, Dieu avait formellement interdit aux fils d’Israël de descendre en Egypte : “Malheur à ceux qui descendent en Egypte pour de l’aide”. D’autant plus qu’il les avait mis en garde : “Car Yahvé tendra lui-même sa main et celui qui secourt devra trébucher, et celui qui est secouru devra tomber, et ils arriveront tous à leur fin, en même temps”. Aussi, avait-il interdit à Isaac : “Ne descends pas en Egypte. Réside comme étranger dans le pays que je t’ai indiqué, un pays que j’ai juré de donner à ta postérité”. Il changera pourtant d’avis sans doute parce que, sans troupe et sans or, à l’impossible nul n’est tenu d’autant plus que “ventre affamé n’a point d’oreilles”. Aussi, force lui sera d’encourager, après coup, le fils d’Isaac qui, déjà invité par Pharaon, s’apprêtait à rejoindre son fils préféré Joseph devenu, à la surprise de son Dieu, vice-roi d’Egypte : “Jacob ! Jacob ! Me voici ! Je suis vivant ! Je suis le vrai Dieu, le Dieu de ton père ! N’aie pas peur de descendre en Egypte, car j’y construirai une grande nation” !

C’est ainsi que la postérité de Jacob mangera le bon et la partie grasse de l’Egypte, le pays de Ramsès, pendant... quatre cent trente ans, temps nécessaire pour que les fils d’Israël deviennent aussi nombreux que les étoiles du ciel et - à son insu ? - une grande nation... d’esclaves ! Et comme il fallait coûte que coûte donner une terre fertile et riche à son peuple errant et sans terre, son combat - “Mein Kampf” - à savoir sa conquête de “l’espace vital” se fera en deux temps. Chose qui ne serait pas possible si le peuple de Dieu n’était pas errant et esclave et si, comme tous les peuples qui peuplent notre terre, il avait une patrie et une terre et s’il n’errait pas de terres étrangères en terres étrangères... Aussi, force est donc de constater que l’esclavage de son peuple errant sur les terres du Pharaon tombait à pic, venait à point et était la condition sine qua non pour que Dieu puisse respecter le serment qu’il avait juré à Abraham des siècles et des siècles plus tôt.

Dans cet ordre d’idées, Dieu s’attaquera d’abord aux Egyptiens qui avaient donné le gîte et le couvert à son peuple qui mourait de faim. Et, ici, Dieu innove, il n’attaque pas Pharaon en rase campagne. Il mène des actions de guérilla, des actes de sabotage, et invente l’abc et la technique du parfait terroriste : durcir le coeur du Pharaon, le harceler sans cesse en lui assénant des coups successifs de Jarnac là où ils font mal, dans sa chair et dans son sang. Coups de Jarnac, actions de guérilla et actes de sabotage qu’il nomme de ’grands jugements’ !

Alors que, pour faire plaisir à Joseph, son bras droit et fils de Jacob que ses frères l’avaient jeté au fond d’une citerne pour qu’il y meure sans pain et sans eau et qui, ravisés, l’avaient vendu contre de la monnaie sonnante et trébuchante - trente deniers ? - à leur grand-oncle Ismaël qui, heureusement, avait croisé leur chemin, Pharaon avait eu un coeur tendre et compatissant. Il avait rassuré Joseph : “Dis à tes frères : chargez vos bêtes de somme et allez, rentrez au pays de Canaan. Prenez votre père et vos maisonnées, venez vers moi, ici, pour que je vous donne le bon du pays de l’Egypte et mangez la partie grasse du pays”.

Dieu frappe donc un homme généreux et bon puisque déjà Abraham avait, lui aussi, fait un détour par la riche Egypte et profité des libéralités du Pharaon. En effet, angoissé car tenaillé par la faim, Abraham avait également décidé de gagner la lointaine Egypte et, chemin faisant, avait dit à sa femme Sarah : “Sarah, s’il te plaît ! Je sais parfaitement bien que tu es une femme belle en apparence. Il arrivera immanquablement que les Egyptiens te verront et diront : c’est sa femme ! Assurément ils me tueront, toi ils te conserveront en vie. S’il te plaît, dis que tu es ma soeur, pour que cela aille bien pour moi à cause de toi. A coup sûr, mon âme vivra grâce à toi”. Et Sarah - une femme légère ou la faim mauvaise conseillère ? - acquiesça : elle mentira et dira qu’elle est la soeur d’Abraham ! Et, là-dessus, le tout-puissant Dieu alias Allah sera d’accord car, motus, il laissera passer, dire et faire...

C’est ainsi que, accueilli en Egypte pauvre et affamé, contraint par le malheur et la peur que son âme ne meure à coup sûr, Abraham ne mourra pas, tout ira bien pour lui au-delà de ses espérances les plus folles car... grâce aux précieux services rendus au Pharaon par sa femme “sois belle et tais toi ”, il ressortira de l’Egypte scandaleusement riche ! Et, du même coup, Abraham n’aura plus jamais des soucis d’argent - une plaie à ses yeux et aux yeux de son tout-puissant Dieu mortelle ! - et pourra manger à satiété et toute sa vie à sa faim... Bref, force est de constater que quand le peuple de Dieu mourait de faim et demandait de l’aide, Pharaon, sollicité, avait toujours répondu présent ! Et le tout-puissant Dieu n’y voyait aucun inconvénient car, impuissant, il ne pouvait apporter aucune aide à son peuple errant d’autant plus que cette aide en gîtes, couverts, terres, servantes, serviteurs, or et argent tombait à pic, elle venait à point !

En effet, le généreux Pharaon couvrira le mari complaisant, heureux et très content ! d’or et d’argent de parures et de pendants d’oreilles, de chevaux, brebis, ânes et ânesses et, aussi, d’une jeune et jolie esclave nommée Agar et qui, à l’insu de son tout-puissant Seigneur Dieu mais encouragé par Sarah devenue vieille et stérile, sera sa maîtresse et mère de son fils illégitime Ismaël et auxquels sur l’ordre de la même Sarah et avec la bénédiction de son Dieu, Abraham leur montrera, sans pitié, le désert. En effet, Sarah devenue entre-temps, grâce à son Dieu et malgré sa stérilité et sa vieillesse, mère d’Isaac, avait dit à son mari : “Chassez cette esclave avec son fils ; car le fils de cette servante ne sera jamais héritier avec mon fils Isaac”. Et, là-dessus, le tout-puissant Dieu d’Abraham et de Sarah alias Allah sera également d’accord car il dira à Abraham : “Que ce que Sarah a dit touchant votre fils et sa mère ne vous paraisse point rude. Faites tout ce qu’elle vous dira”.

C’est donc sur l’ordre de leur Dieu alias Allah, qu’Abraham et Sarah décideront de leur expulsion dans le désert où il n’y a ni pain ni eau d’autant plus que, dans cette “combinazione” et dans ce “bon débarras”, qui ne devait paraître point rude, tout est cocuages, chantages, humiliations, abandons et haines familiales féroces pour des motifs sordides vieux comme le monde : argent ! Nerf de la guerre, l’argent, qui n’a pas d’odeur et chose décidément rare qui - sauf miracle ! - ne tombe pas non plus du ciel. Aussi, Dieu, à qui l’argent fait cruellement défaut, ne manque pas d’encourager ses fils de prédilection à le prendre dans la poche de leurs voisins !

Or, Ismaël, l’indésirable, devenu grand, éduqué et élevé par sa mère, une femme humiliée certes mais courageuse et fière - de ses mains elle creusera un puits pour lui donner à boire ! - apprendra comme tout le monde à gagner honorablement son pain quotidien. Il ne fera pas croire que sa femme, une Egyptienne comme sa mère, est sa soeur pour profiter des libéralités des grands de ce monde. Il achètera même à ses petits-neveux, en troc de vingt pièces d’argent - une fortune ! - Joseph, l’arrière-petit-fils de Sarah et de son père Abraham, que ses frères, commerçants cupides, avisés et hors pair, avaient condamné à mort et Joseph, sauvé de justesse, deviendra l’esclave d’Ismaël et, ici encore, le Dieu d’Abraham et de Sarah, motus, laissera passer, dire et faire...

C’est ainsi que, abandonné par son père et par le Dieu de son père, rayé du Livre Saint, Ismaël, tombé en disgrâce, sera, des siècles et des siècles plus tard, récupéré par Mahomet, un obscur bédouin du désert qui deviendra célèbre en s’autoproclamant - excusez du peu ! - prophète du... Dieu de Sem, d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ! Il fondera une nouvelle religion, l’Islam... et nul ne sait si Dieu alias Allah est d’accord puisque, pour lui parler, il n’est jamais descendu du ciel !

C’est donc sur les descendants de ce Pharaon qui avait eu le coeur sur la main et qui avait accueilli ses fils de prédilection à bras ouverts que Dieu par Moïse interposé fera tomber ses terribles plaies - “nuits de cristal”- dix au total, “frappes chirurgicales” qui iront crescendo et qui mettront définitivement K.O. le grand Pharaon.

C’est ainsi que, coup sur coup, Dieu changera les eaux du Nil en sang ; les grenouilles envahiront tout le territoire égyptien, suivies de méchantes mouches venimeuses. Dieu étendra sa puissante main sur les champs : les chevaux, les boeufs, les brebis seront frappés d’une peste dangereuse. Dieu frappera aussi d’ulcères et de tumeurs tous les Egyptiens depuis le nourrisson jusqu’au vieillard et, chaque fois, Dieu durcira le coeur du Pharaon et ’discernera et épargnera les riches possessions des fils d’Israël’, preuve évidente que les plus riches des fils d’Israël n’étaient pas esclaves, qu’ils mangeaient à satiété le bon et la partie grasse de l’Egypte et n’avaient nulle envie de lâcher la proie pour l’ombre et, moins encore, l’envie de se lancer dans l’aventure cananéenne après un périlleux et hypothétique voyage à travers le désert ! Vivant dans l’abondance, ils n’avaient donc rien à gagner et tout à perdre. Aussi - ’last but not least’ - Dieu frappera le coup décisif, l’ultime châtiment qui mettra tous les fils d’Israël d’accord : la mise à mort de tous les premiers-nés d’animaux et de tous les premiers-nés d’Egypte, à commencer par l’héritier du trône ! Et une fois l’Egypte complètement écrasée, son armée engloutie dans cette mer rebaptisée mer Rouge, Dieu fera en sorte que son peuple trouve grâce aux yeux des Egyptiens ! Et - syndrome de Stockholm ? - du plus pauvre au plus riche, les Egyptiens couvriront d’or, de parures et de vases d’argent, de boeufs, brebis, ânes et ânesses tous les fils d’Israël. Et, triomphant, Dieu dira : ’Ainsi, ils dépouillèrent tous les Egyptiens et Pharaon a appris que personne n’est semblable à Moi’.

C’est tout à fait exact d’autant que, ici encore, l’argent était bel et bien le nerf de cette guerre et force est de constater que le créateur du ciel et de la terre ne peut donner à son peuple errant la vraie richesse qu’en dépouillant les autres peuples de la terre. Vénal, le tout-puissant Dieu s’excite à la vue de l’or et de l’argent comme le commun des mortels, ces petits riens si nécessaires qui faisaient cruellement défaut aux siens. Il contrarie l’adage populaire de bon sens élémentaire “vox populi, vox Dei : “Qui peut le plus peut le moins” et conforte le principe “la fin justifie les moyens” !

Aussi - et à y regarder de près - le problème n’était pas de savoir si son peuple avait vécu esclave ou s’il avait mangé à satiété le bon et la partie grasse de l’Egypte. Sans terre, son peuple n’avait rien à se mettre sous la dent, ni troupe ni argent. Dès lors, le but avéré était double : transformer un peuple paisible sans terre, des laboureurs habiles au maniement de la houe, de la charrue et du trident, en une vraie armée de professionnels qui n’avaient pas froid aux yeux et qui, aguerris au combat, étaient prêts à tuer, pour les conduire ensuite, après un périlleux voyage à travers le désert, sur les terres de Canaan, cette oasis qu’il avait jurée de donner à la postérité d’Abraham et de Sarah.

D’autant plus que Moïse, en apprenant que les fils d’Israël, sitôt arrivés dans le désert et tenaillés par la faim, se lamentaient en murmurant : “Nous nous souvenons des poissons que nous mangions pour rien en Egypte : des melons, des poireaux, des oignons et de l’ail nous viennent à l’esprit” et qu’ils s’étaient élevés contre le Seigneur Dieu en dansant et en criant autour du veau d’or concocté par Aaron qui aussitôt sera - oui ! - intronisé grand-prêtre : “Demain sera la fête du Seigneur. Voici ton Dieu, ô Israël, qui t’a fait sortir d’Egypte”, n’avait-il pas également montré son vrai visage et son savoir-faire ? N’avait-il pas calmé la colère du Seigneur Dieu en disant : “Que mon Seigneur ne s’irrite point car vous connaissez ce peuple et vous savez combien il est porté au mal ?” Ne dit-il pas que le peuple élu avait toutes les tares ? Et, nerfs à fleur de peau, n’avait-il pas brisé en mille morceaux les deux tablettes de dix commandements que Dieu avait gravés de son doigt et dont un disait : “Tu ne tueras point ?” N’avait-il pas brûlé le veau d’or, réduit en poudre, dilué dans l’eau et ce breuvage n’avait-il pas fait boire aux fils d’Israël ? Et, nec plus ultra, après ce breuvage, n’avait-il pas fait aligner ces paisibles laboureurs, en rang serré, comme pour la parade, et au laboureur placé à droite n’avait-il donné l’ordre d’enfoncer le glaive dans le ventre du laboureur placé à sa gauche ?Et Aaron, le commandant et prêtre en chef, n’avait-il pas échappé à cette tuerie là où trois mille cadavres, fils d’Israël, innocents, pris au hasard, éventrés, avaient mordu la poussière du désert ? Et les survivants n’avaient-ils pas du coup compris que désobéissance, indiscipline, pitié et pardon signifiaient creuser leur propre tombe ? Pour gagner la guerre contre Canaan, le géant de la race d’Enac, n’est-il pas vrai que Dieu les voulaient de vrais guerriers disciplinés, féroces et prêts à tuer, qui n’avaient pas froid aux yeux et qui manient à la perfection le bâton et le glaive et non de paisibles laboureurs pleurnicheurs apeurés par le malheur qui se lamentent et murmurent sans cesse ? C’est ainsi qu’il devient clair que si, aux yeux du tout-puissant Dieu, tous les hommes sont égaux, il est tout aussi clair que certains sont plus égaux. Aussi, pareil job guerrier était-il taillé sur mesure pour le fils du charpentier Joseph, un homme de paix non-violent et d’origine modeste et qui prêchait : “Aime ton prochain comme toi-même ?” Et qui plus est, “fils” bien-aimé du tout-puissant Dieu de Sem, d’Abraham, d’Isaac et de Jacob alias Allah ?

Aussi, face à Canaan, le géant de la race d’Enac, Dieu - et adieu Sodome et Gomorrhe - ne fera pas des miracles : c’est l’arme à la main qu’il ira au combat. Il utilisera les hommes en chair et en os et non les anges du ciel. Car déjà l’idée que Canaan, condamné à devenir esclave, soit devenu le géant de la race d’Enac confortablement installé sur ses terres et son peuple errant et esclave, était insupportable aux yeux du tout-puissant Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob alias Allah. Et si Dieu voulait donner une terre riche à son peuple, il fallait d’abord rayer le géant de la race d’Enac du monde des vivants car cette terre il ne pouvait la donner aux fils d’Israël qu’en le rayant de la surface de la terre. Ainsi - et là où Noé avait seulement maudit Canaan et ne l’avait condamné qu’à devenir le dernier des esclaves de ses frères - Dieu, pour accaparer son bien, prononce la peine capitale. Il décrète sa mise à mort ! C’est donc en rayant Canaan du monde des vivants et en faisant main basse sur ses biens que le tout-puissant Dieu de Sem, d’Abraham, d’Isaac et de Jacob alias Allah respectera son serment et Canaan et les siens seront exécutés le glaive à la main !

Dès lors, pour gagner la guerre qui sera engagée contre Canaan, la première question à laquelle il faut apporter une réponse immédiate est : ’Le combien sommes-nous ?’ Donc le Seigneur Dieu ordonna à Moïse de procéder au dénombrement. Et Moïse les compta tous, un par un. Il s’en trouva en tout six cent trois mille cinq cent cinquante en état de guerroyer qui, endoctrinés, entraînés et armés jusqu’aux dents, quitteront le désert du Néguev et monteront à l’assaut des hautes murailles du géant cananéen qu’il avait béni en son temps. Et ce sera la barbarie, la boucherie, le carnage. D’autant que l’entraînement musclé corps à corps sous le soleil brûlant du désert pour cette guerre décisive durera sans désemparer... quarante ans ! Dieu, un chef de guerre redoutable, ne laisse donc au peuple élu, ses fils de prédilection, d’autre issue sinon “tuer, tuer et tuer encore”.

En effet, Dieu a des idées très arrêtées en la matière car les ordres précis qu’il donnera à Moïse ne laissent planer aucun doute sur ses choix ethniques et politiques : “Et ton oeil ne devra pas s’apitoyer : âme pour âme, oeil pour oeil, dent pour dent... Le Seigneur Dieu, qui est votre guide, combattra, lui-même, pour vous, ainsi qu’il a fait en Egypte à la vue de tous les peuples. Je chasserai moi-même devant vous les Amorrhéens, les Jébuséens, les Phérézéens, les Hévéeens et les Cananéens. Les enfants d’Israël ne doivent point craindre ces peuples, seraient-ils de grande taille. J’exterminerai tous les habitants de ces pays-là. Je purifierai cette terre afin que vous y habitiez. Si vous ne voulez pas exterminer les habitants de ces pays, ceux qui y seront restés seront pour vous comme des clous dans vos yeux et ils vous combattront dans le pays où vous devez habiter, ce qui causerait votre ruine, et je ferai à vous-mêmes tout le mal que j’avais résolu de leur faire. Ne vous alliez point aux habitants de ces pays-là : vous ne devrez point marier leurs filles à vos fils et vos filles à leurs fils. Je ferai de toi une nation plus grande et plus puissante, si puissante que tu devras dominer sur beaucoup de nations, alors que sur toi elles ne domineront pas. Je marcherai en personne devant vous. Nul ne fomentera des entreprises secrètes contre vous. Je vous procurerai le repos. Vous aurez aussi pour esclaves les étrangers qui sont venus parmi vous, et ceux qui sont nés d’eux dans votre pays, vous les léguerez à vos descendants par droit héréditaire, et vous en serez les maîtres pour toujours. Mais n’opprimez pas par votre puissance les fils d’Israël qui sont vos frères. Aussi, et si l’un de tes frères devient pauvre chez toi, dans l’une de tes villes, dans ton pays que ton Dieu te donne, tu ne devras pas endurcir ton coeur et tu ne devras pas avoir la main fermée à l’égard de ton frère pauvre. Tu devras lui ouvrir généreusement ta main”. C’est donc bel et bien dans la parole du tout-puissant Dieu de Sem, d’Abraham, d’Isaac et de Jacob alias Allah que le racisme pur et dur trouve son origine, sa source primitive... Plus grave, il ne dit pas comme Jésus “aime ton prochain comme toi-même”, il dresse les hommes les uns contre les autres.

En effet, Dieu d’un seul peuple, le peuple élu, la race des fils d’Israël de pure souche qu’il a créée, il la veut puissante, supérieure, pure, sûre et dominatrice. Aussi, et après cette vibrante et vigoureuse exaltation de la race pure juive et son corollaire, l’énergique purification ethnique, qui donc peut valablement, décemment, honnêtement, soutenir que le Dieu de Sem, d’Abraham, d’Isaac et de Jacob alias Allah, ouvertement esclavagiste, fera une place nette à sa droite au ciel aux peuples inconnus et disparates et aux natifs de la génération spontanée, à savoir les fils et les filles de la vilaine Lucy qui peuplent notre Terre ? Voués à l’enfer, en aucun cas ils entreront dans le royaume du ciel. Déjà les Egyptiens, diabolisés, avaient payé le prix fort. Déjà Dieu alias Allah avait chassé Agar et son fils Ismaël, les indésirables, sans pain et sans eau, dans le désert pour une sordide question d’héritage. Alors que “la beauté cachée des laids se voit sans délai”, chante le poète.

Et dans leur conquête de “l’espace vital”, le général américain Sheridan, farouche partisan de la guerre totale contre les Amérindiens et - “In God we trust” - fervent lecteur de la Bible n’avait-il pas, lui aussi, copié Moïse et l’Ancien Testament et décrété : “Un bon Indien est un Indien mort” ? N’avaient-ils pas, eux aussi, fait main basse sur leurs terres ? Et cette conquête de l’espace vital et cette “Solution finale” - pourtant un vrai génocide pur et dur ! - ne les appellent-ils pas le “rêve américain” ? Sans oublier l’esclavage tout aussi pur et dur ? Ne savaient-ils pas qu’ils contrariaient Jésus de Nazareth qu’ils prient sans relâche et que, dès lors, ils n’ignoraient pas qu’il prêchait l’amour du prochain serait-il un ennemi : “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ?” Aussi, en aucun cas, ces Américains entreront dans le royaume du ciel, devraient-ils danser sur leur tête !

Et, en 1924, alors que l’Allemagne avait perdu la guerre, Adolf Hitler, futur Führer de l’Allemagne nazie, n’écrivait-il pas dans son livre “Mein Kampf” : “Un Etat qui refuse la contamination des races doit devenir un jour maître de la Terre” ? Ne s’était-il pas, lui aussi, inspiré de Moïse et de l’Ancien Testament ? Usurpateur et génocidaire, n’avait-il pas fait croire aux Allemands qu’ils étaient de la race pure des Aryens, un paisible peuple bronzé des sommets de l’Himalaya installé depuis des millénaires dans le sous-continent indien ? Et comme l’imagination leur faisait défaut, à court d’idées et à défaut d’une image forte, n’avaient-ils pas utilisé, comme drapeau de l’Allemagne nazie, la svastika, une croix à quatre branches égales tournées à droite imaginée par un saint homme brahmane et symbole sacré de l’Inde religieuse qu’ils souilleront après avoir maculé de sang ?

Déjà dans sa guerre contre Canaan, Dieu avait également menacé les fils d’Israël de terribles sanctions pour le cas où, par faiblesse, ils épargneraient ses ennemis. Le châtiment viendra, avait-il dit, de ceux-là même envers lesquels ils auront fait preuve de pitié ou de compassion coupables. Aussi, les vieillards, les femmes, les enfants, les nourrissons, les femmes enceintes sur le siège d’accouchement, tous, devaient être passés au fil de l’épée et rayés de la surface de la terre. Sinon, les survivants seront comme des clous dans leurs yeux et les combattront dans le pays où les fils d’Israël doivent vivre, ce qui causerait leur ruine. Et, circonstance aggravante, Dieu en personne se vengera de cette désobéissance et fera au peuple d’Israël tout le mal qu’il avait résolu de faire à ses ennemis... Et puisque Dieu avait ordonné à Moïse de tuer et de tuer sans pitié et avec une cruauté souvent imitée mais jamais égalée, aucun enfant ne survivra pour pleurer ses parents morts.

En effet, Rahab, une prostituée qui avait caché les espions envoyés par Josué, successeur de Moïse, pour espionner et pour l’informer sur le moral des troupes de Canaan, le géant de la race d’Enac, et, donc, nullement rassuré sur le succès de l’opération - il faut donc croire que deux précautions valent à coup sûr plus que tous les prodiges et les “grands jugements” opérés à la vue de tous en Egypte par son Dieu tout-puissant - sera la seule rescapée de ce tout premier génocide - ’Solution finale’ - perpétré par le Dieu d’Israël alias Allah, avec l’aide des hommes et non avec l’aide des anges. Elle est, dit Saint Matthieu, l’arrière-arrière-grand-mère du fils du charpentier Joseph, Jésus de Nazareth.

Tout sera-t-il voué à la destruction et à la mort ? Non ! Seront épargnés... l’argent, l’or, les bracelets, les boucles d’oreilles, les objets en cuivre et en fer, les pièces d’or et d’argent... car, depuis que Dieu a appris à l’homme à compter, ces « choses » ont quelque chose de saint aux yeux du tout-puissant Dieu de Sem, d’Abraham, d’Isaac et de Jacob alias Allah. Purifiées, elles feront partie du trésor de Yahvé. Aussi, la morale de cette tragique histoire est, elle aussi, vieille comme le monde : “l’argent, le saint des saints, n’a pas d’odeur et est le nerf de la guerre !” Ici encore, la fin justifie les moyens ! Et, là-dessus, les fils d’Israël s’entendent à merveille et très bien...

Et, pourtant, contrairement au voeu du tout-puissant Seigneur Dieu, cette terre de Canaan où le sang avait coulé à torrents et dite la “Terre Sainte” est loin d’être une terre de repos. Tous y dorment d’un oeil ouvert, sont sur le qui-vive, bâtissent de hautes murailles à l’instar de Canaan, déjà imitées par les bâtisseurs du mur de Berlin et obéissent au vieil adage romain : “Si tu veux la paix, prépare la guerre” ! “Nul n’est prophète dans son pays” avait dit Jésus-Christ...

Bref, quand un quidam vole un portefeuille en tuant son propriétaire, l’homme de la rue dit qu’il s’agit d’un crime crapuleux et il est condamné à une peine sévère, la perpétuité voire à la peine capitale. Et quand un peuple, les armes à la main, fait main basse sur un vaste territoire en tuant tous ses propriétaires, les vainqueurs et Dieu sont d’accord pour dire qu’il s’agit d’un “haut fait d’armes” ! Aussi, ont-ils l’insigne honneur de figurer dans les Livres Saints et les enfants, innocents et futurs combattants, chantent en choeur d’une seule voix leur gloire dans les églises et les écoles primaires !

“Serpents, progéniture de vipères, comment pourrez-vous fuir le jugement de la Géhenne, méchants comme vous l’êtes ? Car c’est de l’abondance du coeur que la bouche parle. Vos ancêtres ont tué, vous êtes témoins de leurs actes et vous les approuvez. Et pour que vienne sur vous tout le sang juste répandu sur la terre, depuis le sang du juste Abel jusqu’au sang de Zacharie qui a été tué entre l’autel et la maison, oui, je vous dis : tout cela sera réclamé à cette génération. Vous serez jugés sévèrement” dira pourtant avec force Jésus de Nazareth, fils de charpentier et “self-made man !”

Jésus dit ’vos ancêtres ont tué’, il remonte aux tout premiers jours de la création et condamne tous les meurtres et massacres perpétrés depuis l’assassinat d’Abel par Cain. Homme de paix non-violent et digne arrière-arrière-petit-fils de la Cananéenne Rahab, Jésus - bon sang ne saurait mentir - n’y va pas de main morte, se démarque, se distancie et s’oppose aux fils d’Israël et pareils mots durs, accusations et menaces proférés avec une telle virulence et qui montrent l’abîme qui le séparait du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob alias Allah ne pardonnent pas. Fils de la conscience universelle, son Dieu était Amour et non Dieu génocidaire ! Aussi, le conflit entre le Père et le “Fils” bien-aimé était inévitable.

Déjà en s’adressant aux hommes venus pour l’arrêter, Jésus avait parlé à la foule : “Comme pour arrêter un brigand, vous vous êtes munis de glaives et de bâtons, alors que chaque jour j’étais assis dans le temple pour enseigner. C’est au grand jour que j’ai parlé au monde, je n’ai rien dit en secret et vous ne m’avez pas arrêté. Vous avez entendu qu’il a été dit : “oeil pour oeil, dent pour dent”. Je vous dis : ne résistez pas au méchant et si quelqu’un vous gifle sur votre joue gauche, offrez-lui également votre joue droite” ! Jésus montre du doigt et condamne le méchant qui avait ordonné à Moïse : “Et ton oeil ne devra pas s’apitoyer : oeil pour oeil, dent pour dent” ! Et, pourtant, c’est Satan, son frère jumeau et le bouc émissaire qui n’a jamais fait mal ni tué une seule mouche, que Dieu nous le présente comme étant le suppôt du Mal... là où, assis aux premières loges, Satan observe sans mot dire comment les créatures de Dieu alias Allah se déchirent et s’entre-tuent de plus belle. Tant et si bien que la seule fois qu’il est descendu de l’enfer c’est pour offrir à Jésus le pouvoir et toutes les richesses de la Terre...

Aussi, en s’attaquant de front et publiquement aux fils et au Dieu d’Israël alias Allah, et en soulevant le peuple au nez et à la barbe du tout-puissant occupant romain, qui n’y allait pas non plus de main morte, Jésus devait à coup sûr savoir que ses jours étaient comptés. D’autant plus que le grand-prêtre Caïphe et les Anciens, inquiets, avaient mis en garde Ponce Pilate jusque-là indécis : “Mais il soulève le peuple en enseignant dans toute la Judée, depuis la Galilée où il a commencé, jusqu’ici”, parole décisive qui ne tombera pas dans l’oreille d’un sourd d’autant plus que Ponce Pilate fidèle à la doctrine de Virgile sur le rôle et le destin du peuple romain “parcere subjectis et debellare superbos” - épargner ceux qui se soumettent et dompter les superbes - ne pouvait en aucun cas tolérer sur la terre conquise un subversif qui mettait en péril la “pax romana”. Et du coup le sort de Jésus le subversif, l’empêcheur de tourner en rond et victime de la puissance de l’argent sera réglé définitivement : il ne fera pas de vieux os et mourra dans d’atroces souffrances, à la fleur de l’âge. Aussi, sa condamnation, politiquement correcte, ne fait aucun doute d’autant plus que c’est en vain qu’il prononcera ses dernières paroles, son cri de détresse, un appel au secours, un vrai S.O.S. : “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné” ?

Force est donc de constater qu’il s’était trompé d’interlocuteur car le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob alias Allah, ne répondra pas à cette ultime supplique de son ’fils’ bien-aimé Jésus tant et si bien que, intarissable avec Moïse, déjà, de son vivant, il ne lui avait jamais adressé la moindre parole. Indifférent, comme à son habitude, il avait laissé passer, dire et faire. Son sort il l’avait laissé au bon vouloir du tout-puissant conquérant romain Ponce Pilate qui, sur la “Terre promise”, faisait la pluie et le beau temps au nez et à la barbe du tout-(im)puissant Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob alias Allah ! Comme il n’est jamais descendu du ciel pour s’entretenir avec Mahomet, fondateur de l’Islam. A Mahomet non plus, Dieu donc Allah n’avait prêté la moindre attention, il l’avait ignoré totalement. Qu’à cela ne tienne, Mahomet s’autoproclamera prophète du Dieu de Sem, d’Abraham, d’Isaac et de Jacob alias Allah, ce Dieu sans pitié qui avait montré à Ismaël et à sa mère le chemin du désert !

Comme il est tout aussi vrai que toute cette tragique histoire n’était, au départ, qu’une banale et vulgaire querelle de famille, monnaie courante lorsque les préférences et les malédictions d’un grand-père ivrogne mal dans sa peau souffrant de la solitude et du mal de vivre et qui plus est, l’unique propriétaire de la planète Terre, rivalisent avec la monnaie sonnante et trébuchante, les meubles meublants et les lopins de terre ruisselant de fruits, de lait et de miel... une rivalité - et Ismaël en est la preuve vivante ! - que le Dieu de Sem, d’Abraham, d’Isaac et de Jacob alias Allah, a médiatisée et transformée en féroces luttes religieuses et haines raciales à l’échelle planétaire et dont les effets cruels, terribles, néfastes, frappent, encore et toujours, tous les peuples de la Terre. Déjà, depuis que le monde est monde, de grandes et de petites familles anonymes et ordinaires s’empoignent pour moins que les lopins de terre ruisselant de fruits, de lait et de miel et, sur ce chapitre, Jésus, précurseur de la séparation des pouvoirs, pouvoir temporel donc laïc et pouvoir spirituel, dira : ’Mon royaume ne fait pas partie de ce monde”, parole qu’il précisera “A Dieu ce qui appartient à Dieu et à César ce qui appartient à César’.

Ainsi parlait-il de la petite pièce de monnaie frappée à l’effigie de César, et non à l’effigie de “In God we trust”, et valeur refuge de la pauvre veuve qui, pour le salut de son âme, “met dans le tronc de son nécessaire, tout ce qu’elle possède, tout ce qu’elle a pour vivre, alors que le riche, pour le salut de son âme, y met de son superflu”. Preuve évidente que c’est bel et bien la petite pièce de monnaie frappée à l’effigie de César, le saint des saints et le nerf de la guerre, qui conduit l’âme des créatures du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob alias Allah droit au ciel. Et non le péché absous dans le confessionnal qui n’est pas, dit le pape François, une salle de torture. Tout péché a donc un prix et il est clair que la pauvre veuve et le riche n’évaluent pas leur âme au même prix : pour la pauvre veuve son âme vaut son pesant d’or, sa vie, et pour le riche un tout petit pourcentage de son immense richesse, un superflu dont il ne sait pas quoi faire dira Jésus de Nazareth. Le riche attache donc plus d’importance au pain qu’il mange à satiété et la pauvre veuve à “il n’y a pas que du pain que l’homme vit”. Il en allait déjà ainsi à l’époque de Moïse...

En effet, Jésus n’a-t-il pas dit : “Il est plus facile à un chameau de traverser le chas d’une aiguille qu’à un riche de pénétrer dans le royaume du ciel” ? N’a-t-il pas dit : “Malheur à vous, les riches, car vous avez déjà pleine consolation et qui riez, vous connaîtrez les larmes et le deuil” et “Heureux vous, les pauvres, qui avez faim et qui pleurez, car vous rirez” ? Et Saint Matthieu est-il sur la même longueur d’onde que le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob alias Allah quand il dit : “Personne ne peut servir deux maîtres comme un esclave ; ou bien, en effet, il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et la Richesse comme des esclaves” ? Et Dieu est-il sur la même longueur d’onde que Saint Matthieu quand il proclame : “Mieux vaut celui qui est peu considéré, mais qui a un serviteur, que celui qui se glorifie, mais qui manque de pain” ? Cette parole pouvait-elle plaire au fils du charpentier Joseph soucieux du bien-être des pauvres ? Aussi, l’Eglise catholique ne rassure-t-elle pas les pauvres fidèles qui mettent dans le tronc “deux petites pièces de monnaie, soit un quart de sou” et ne dit-elle pas que sa mère Marie est la mère des pauvres ? Faut-il alors dire à la pauvre veuve que ses peccadilles sont des péchés mortels et au riche que ses péchés mortels sont des peccadilles ?

L’Eglise catholique croit-elle vraiment que la place de la pauvre veuve est en enfer, alors qu’elle met dans le tronc de son nécessaire, tout ce qu’elle possède, tout ce qu’elle a pour vivre ? L’Eglise catholique croit-elle vraiment qu’il suffit de rassurer les pauvres fidèles en disant que la mère de Jésus est la mère des pauvres alors qu’elle fait la part belle au dogme de Saint Basile, père de l’Eglise grecque : “Le riche, intendant des dons de Dieu, est au service du bien commun” et qui, aujourd’hui encore, forme la trame de sa doctrine économique, sociale et politique ? Jésus a-t-il dit que le riche était l’intendant des dons de son Dieu Amour au service du bien commun ? N’a-t-il pas dit que “le riche, rassasié, riait après avoir trouvé pleine consolation sur la terre ?” N’a-t-il pas barré au riche - et sans rémission des péchés - la route du ciel ? N’avait-il pas aussi chassé à coups de fouet les marchands du temple, ces banquiers usuriers et véreux qui faisaient leur juteux business dans les synagogues avec la bénédiction des prêtres ? Et, depuis, ne sont-ils pas revenus en force et n’ont-ils pas pignon sur rue ?

Radicalement réformiste voire progressiste - et, là-dessus, on se souvient de cette femme adultère qui avait été amenée devant lui par les scribes et les Pharisiens en disant : “Cette femme a péché ; or, selon la loi de Moïse, elle doit lapidée, qu’en dis-tu Maïtre ?” Après un long silence et sans arrêter de dessiner avec un bâton sur le sable, Jésus, qui se souvenait que pour Sarah, avec la bénédiction de son Dieu alias Allah, il n’y avait pas de petits profits, leur répondit : “Que celui d’entre vous qui n’a jamais péché, lui jette la première pierre”. A ces mots qui disent clairement qu’en matière de péché, il connaissait un bout sur les hommes, sur les femmes et sur lui aussi, les hommes partirent, les uns après les autres, laissant la femme seule avec Jésus qui lui demanda au bout d’un moment de silence : “Où sont les autres ? Personne ne t’a condamnée ? Moi non plus, je ne te condamne pas, va, tu as beaucoup aimé, il te sera beaucoup pardonné” - faut-il penser qu’il aurait condamné d’autres faits de société qui, à l’aube du XXIème siècle, agitent le monde occidental à savoir le mariage pour tous, l’avortement et l’euthanasie ? Ici encore n’est-il pas raisonnable de penser qu’il aurait porté un autre regard et répondu : “Moi non plus, je ne vous condamne pas, allez, vous avez beaucoup aimé, il vous sera beaucoup pardonné ?”

Et, pourtant, cette avancée sur un sujet aussi important et où Jésus, mine de rien, avait instauré l’égalité hommes-femmes, sera remise en question par Mahomet. Il fera marche arrière, se souviendra de Sarah et de la loi de Moïse et distinguera femmes mariées de bonne et femmes mariées de moins bonne condition. Il dira : “Appelez quatre témoins que vous choisirez, contre celles de vos femmes qui ont commis une action infâme. S’ils témoignent : enfermez les coupables, jusqu’à leur mort, dans les maisons, à moins que Dieu ne leur offre un moyen de salut. Ô vous qui croyez ! Comportez-vous envers elles suivant la coutume. Si vous éprouvez de l’aversion pour elles, il se peut que vous éprouviez de l’aversion contre une chose en laquelle Dieu a placé un grand bien ! Vous sont interdites : les femmes mariées de bonne condition, à moins qu’elles ne soient vos captives de guerre. Voilà ce que Dieu vous a prescrit. Hormis ces interdictions, il vous est permis d’utiliser vos biens de façon honnête”. Bref, Mahomet distingue en matière d’adultère les femmes mariées de bonne condition qui sont interdites et femmes mariées de moins bonne condition qui sont permises et elles sont, dit-il, les vraies coupables... De plus, il précise que c’est ce que Dieu a prescrit !

Et Jésus, fils de charpentier et homme de condition modeste ayant à coup sûr exercé le dur métier de son père avant de prêcher la bonne parole - sauf si nous sommes d’accord pour dire que, se tournant les pouces et en bayant aux corneilles, il a toujours vécu aux crochets de son vieux père Joseph - n’avait-il pas également - et avant Karl Marx ! - imprimé ses lettres de noblesse au travail manuel avec, à la clé, une rémunération juste et équitable ? N’a-t-il pas dit que l’ouvrier “mérite son salaire ?” Selon Jésus, l’homme ne devait-il pas gagner honorablement et dignement sa vie par son travail puisque le mot “charité” ne faisait pas partie de son vocabulaire ? Etait-il un idéaliste ou tout simplement un réaliste attentif à la misère de ses camarades de travail ? En effet, n’a-t-il pas dit : “Malheur à vous, les légistes, parce que vous chargez les hommes de charges difficiles à porter, alors que vous ne touchez pas à ces charges d’un seul de vos doigts ?” N’a-t-il pas dit qu’on “donnera à celui qui a et il sera dans l’abondance et à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a ?” N’a-t-il pas dit “celui à qui on a beaucoup donné, on exigera beaucoup de lui et celui qu’on a mis en charge de beaucoup, de lui on exigera plus que ce qui est coutumier ?”

Ces paroles n’interpellent-elles pas les hommes politiques qui nous gouvernent et les riches qui tirent leur richesse du travail des plus faibles ? Ne concernent-elles pas aussi notre contribution en monnaie sonnante et trébuchante au bien commun, l’impôt que nous payons et qui prend beaucoup à celui qui vit de peu et peu à celui qui vit de beaucoup ? D’autant plus que depuis que le monde est monde, n’est-il pas vrai que l’argent va aux riches comme l’eau va à la rivière ? Et en occident comme dans le monde, les riches, juifs, musulmans et chrétiens bref, les “beati possidentis”, ne s’appuient-ils pas sur la parole de Dieu et sur le dogme de Saint Basile puisque la parole du Christ, ce subversif empêcheur de tourner en rond, condamne l’acquisition de la richesse ? Dès lors, à quoi sert l’enfer si tous les péchés du riche sont pardonnés sur terre ?

Là-dessus, déjà le grand Victor Hugo, l’inoubliable auteur de “Les Misérables”, était on ne peut plus clair : “Commettre des péchés pour aller à confesse, car les péchés sont gais et font avec douceur, aux frais du confessé, vivre le confesseur”. Dès lors, ne faut-il pas croire Jésus quand il dit que, pour les pauvres, l’enfer est sur la terre et qu’ils riront après leur... mort ? Ainsi, qui donc a peur de l’enfer ? Aussi, nul doute que là-haut, au pays du schéol, Karl Marx, l’avocat du diable et témoin à décharge, qui avait jugé le fils du charpentier Joseph et l’arrière-arrière-petit-fils de la Cananéenne Rahab à la hâte et à la légère, ravisé, y fera à coup sûr amende honorable...

Enfin et, au total, si le Dieu de Sem, d’Abraham, d’Isaac et de Jacob alias Allah dit que l’homme est porté au mal, il dit aussi qu’il “a créé l’homme à son image.” Et ceci explique assurément cela...

Aussi, face au retour en force des extrémismes, de la violence, des néfastes guerres de religion et des féroces haines raciales, les démocrates du XXIème siècle - hommes et femmes de bonne volonté et, surtout, les jeunes qui tout en s’interrogeant sur leur avenir et sur leur sont épris de paix et d’une redistribution juste et équitable des richesses de la terre au-dedans et au-dehors - ont intérêt à être doublement attentifs et à méditer la profonde pensée de Marc Aurèle, le tout-puissant empereur et conquérant romain : “Songer sans cesse comment tous les événements qui présentement se produisent, se sont produits identiques autrefois, et songer aussi qu’ils se reproduiront”.

Bref, et là où bon nombre de politiciens nous disent que le changement c’est maintenant, Marc Aurèle nous rappelle opportunément qu’il n’y a rien de neuf sous le soleil, que c’est l’éternel recommencement... Et, là-dessus, il nous semble également utile de citer le sociologue Perrenoud : “L’excellence n’a de valeur sociale que lorsqu’elle n’est pas accessible à tous”. Il en va ainsi en effet de la petite monnaie sonnante et trébuchante, valeur refuge du pauvre par excellence et qui n’a de valeur sociale que lorsqu’elle n’est pas accessible à tous... Ainsi s’explique sans aucun doute la pauvreté croissante à nos portes et dans le monde, d’autant plus que, dans la foulée de Malthus, l’homme prend petit à petit conscience que la terre est un ensemble limité et fini, que plus il lui prend moins il en reste pour les générations futures...

Leão da SILVA

Leão da SILVA, essayiste, professeur honoraire de la Haute Ecole de la ville de Liège. Auteur du livre : “Jésus le Révolutionnaire. Une condamnation politiquement correcte”, Ed. L’Harmattan. 2007.

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