Ca alors, toutes mes illusions tombent ! voilà -t-il pas qu’on m’apprend que les athées (les athées ou les laïques ? C’est déjà assez compliqué comme ça, les mots sont importants) sont d’affreux prosélytes et qu’ils risquent de « devenir intolérants, arbitraires et dictatoriaux » alors que les religions doivent être considérées « comme un lieu de la pensée humaine élaborée et soumise à des contradictions dialectiques qui postulent en même temps l’idée de Dieu et, du coup, celle de son inexistence ». Je ne suis pas sûre d’avoir tout compris, mais, c’est normal, la philosophie, y a que celle de BHtuL que je comprenne. Mais on me dit que ce n’est pas de la philosophie. Allons bon !
Et que « ce ne sont pas [les religions] qui sont responsables des crimes que l’on commet en leur nom ».
Ah bon ? Et elles ont violemment protesté contre l’utilisation de leur nom à des fins belliqueuses, impérialistes et génocidaires ? Pas fort, alors. J’ai rien entendu.
Et d’abord, que recouvre le terme de « religions » ? La vitrine : « dieu est Amour », « tu ne tueras point », « aimer son prochain comme soi-même », « bienheureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux » et toute la littérature destinée à attirer le chaland pour mieux l’endormir ?
Les religions ont toujours servi à endoctriner le peuple, lui faire accepter sa condition inférieure, pas à l’émanciper (ôtez-moi d’un doute, ce sont bien les religions qui ont inventé l’aumône et les indulgences, non ?). Et elles se sont combattues pour avoir le privilège de le faire, et cela, aux côtés (à la droite, même, dirais-je, pour rester dans le mode biblique) des castes dominantes.
Les religions, par exemple, visent toutes à écarter les femmes et à les assujettir à des règles édictées par les hommes - emplois, avortement, contraception, prostitution, etc. Le patriarcat, quoi.
On oublie aussi que les religions, ce sont les humains qui les ont créées, pas un quelconque dieu qui aurait envoyé ses instructions par colissimo.
Certains savants et les scribes étaient des religieux parce que c’est eux qui étaient instruits et qui maîtrisaient donc les découvertes et approuvaient celles qui leur convenaient (voir l’histoire de Galilée).
L’instruction a longtemps été donnée par les religieux, d’ailleurs, qui pouvaient ainsi contrôler (et endoctriner) ceux qu’ils avaient sélectionnés pour accéder à la connaissance. Ce n’est pas un hasard.
D’ailleurs, du temps du droit d’aînesse, le fils aîné était héritier du patrimoine, et les cadets avaient le choix entre l’armée et l’Eglise. Un signe.
Alors, si la « religion » ne s’est pas toujours déclarée ouvertement instigatrice des luttes pour le pouvoir, des velléités d’expansion territoriale ou de mainmise sur les richesses, elle était là , omniprésente et attentive, et collaborait avec les puissants en leur prêtant l’alibi suprême : leur dieu. Et c’est encore le cas, si on écoute les infos.
Que faisaient donc ces missionnaires implantés en Afrique si ce n’est christianiser les sauvages afin de les rendre malléables et créer des conflits entre tribus ?
Et qu’ont fait les religions catholique et protestante quand les Juifs étaient persécutés et ensuite, massivement envoyés dans les camps ?
Le sait-on ? Des religieux, dont l’évêque Alois Hudal, ont aidé près de 50000 criminels de guerre à s’échapper ou à se cacher à l’issue de la WWII, avec pour certains d’entre eux, l’émigration vers l’Amérique du Sud organisée par le Vatican. Parmi eux, Franz Stangl, commandant du camp de Treblinka en Pologne (800.000 juifs massacrés, une paille) reçut cette aide du clergé et fut arrêté vingt ans après au Brésil. Ou bien, on se rappelle Paul Touvier, retrouvé avec sa famille au Prieuré St Joseph de Nice.
Alors, au mieux, l’Eglise, qui s’affirme comme la plus haute autorité morale, s’est rendue sciemment coupable de non assistance à personnes en danger. Au pire, elle a une part de responsabilité directe dans l’Holocauste : dès le début, elle avait justifié comme "châtiment du peuple déicide" ces crimes qui, des premiers pogroms à Auschwitz, n’étaient que le résultat de son antisémitisme.
L’Eglise catholique renferme-t-elle des progressistes ? Certes, oui, mais elle est de plus en plus gangrénée par les groupes d’ED, qu’elle accueille complaisamment dans ses innombrables propriétés, bien à l’abri des regards indiscrets.
Si je m’en tiens à l’église catholique, c’est que c’est ce qui nous est le plus familier, et que déjà , il y aurait tant à dire que ce n’est pas un commentaire, mais un bouquin, ou plutôt une encyclopédie, qu’il faudrait écrire, depuis 2000 ans que la chrétienté existe.
Pour ce qui est des autres religions monothéistes, pas mieux. Les Etats-Unis ont été fondés au nom de la liberté de religion, les Puritains ayant fui les persécutions religieuses, et c’est encore au nom de la religion, de ce qu’ils appelaient la « Manifest destiny » ( "le destin manifeste ", mission de répandre la démocratie et la civilisation vers l’ouest) que ces derniers ont, entre autres, massacré les Indiens pour leur voler leurs territoires.
Alors, ça fait un peu beaucoup pour affirmer que la religion n’était pas partie prenante des visées colonialistes et impérialistes de l’occident.
« Sont-ce les religions qui sont responsables des persécutions juives ? De l’Inquisition ? Des guerres de religions et/ou des schismes ? Les crimes, les massacres, les génocides furent-ils imputables à une seule d’entre elles ? Le colonialisme ? Le racisme Le nazisme ? Le terrorisme ? »
bin, un peu quand même, j’aurais dit, finalement.
Mais apparemment, rien à voir, si je comprends bien.
Ce que j’ai, modestement, constaté, c’est que les religions ne sont d’accord entre elles que contre les laïques. Je dois avoir tort, là encore.
M’enfin, je demande à croire ce fanatisme « athée », parce que je n’ai jamais vu aucun athée distribuer des tracts et autres brochures prosélytes sur les marchés, alors que je vois toutes les semaines des religieux zélés tenter de me fourguer la « parole de dieu », comme s’ils l’avaient entendue, ces charlatans.
Et puis, si ceux qui croient pas en dieu se rebiffent, ma foi, on ne peut pas les en blâmer complètement, après des siècles de domination religieuse où on nous a abreuvés d’inepties pour servir de noirs desseins.