Plein écran
72 commentaires

L’homme le plus recherché au monde (Wired)

Le message arrive sur ma "machine propre", un MacBook Air chargé uniquement avec un logiciel de chiffrement sophistiqué. « Changement dans les plans », dit mon contact. « Soyez dans le hall de l’Hôtel …... à 13 heures. Apportez un livre et attendez que ES vous retrouve. » ES, c’est Edward Snowden, l’homme le plus recherché au monde. Depuis près de neuf mois, je tente de réaliser une interview de lui - voyageant à Berlin, deux fois à Rio de Janeiro, et plusieurs fois à New York pour parler avec la poignée de ses confidents qui peuvent organiser une réunion. Entre autres choses, je tiens à répondre à une question qui me brûle les lèvres : qu’est-ce qui a poussé Snowden à diffuser des centaines de milliers de documents top-secrets, des révélations qui ont mis à nu la grande portée des programmes de surveillance nationaux du gouvernement ? En mai, j’ai reçu un courriel de son avocat, et avocat de l’ACLU [organisation de défense des droits civiques aux Etats-Unis - NdT] Ben Wizner, confirmant que Snowden me rencontrera à Moscou et me laissera traîner et discuter avec lui pour ce qui s’est finalement révèlé être trois journées entières réparties sur plusieurs semaines. C’est la plus longue période qu’un journaliste a été autorisé à passer avec lui depuis qu’il est arrivé en Russie en Juin 2013. Mais les détails du rendez-vous sont restés entourés de mystère. J’ai atterri à Moscou sans savoir précisément où et quand j’allais rencontrer Snowden. Maintenant, les détails sont enfin réglés.

Je suis descendu à l’Hôtel Métropole, un monument à l’art nouveau pré-révolutionnaire de couleur sable. Construit à l’époque du tsar Nicolas II, il devint plus tard la deuxième Maison des Soviets après la prise de pouvoir par les bolcheviks en 1917. Dans le restaurant, Lénine haranguait ses partisans, habillé d’un long manteau et de bottes hautes Kirza. A présent, son image orne une grande plaque à l’extérieur de l’hôtel, et tourne avec tact le dos aux symboles de la nouvelle Russie situés à une rue de là - des revendeurs de Bentley et Ferrari, et des joailliers de luxe comme Harry Winston et Chopard.

Je suis descendu à plusieurs reprises au Métropole au cours de mes trois décennies comme journaliste d’investigation. J’y suis venu il y a 20 ans pour une interview de Victor Cherkashin, l’agent du KGB qui a supervisé des espions américains comme Aldrich Ames et Robert Hanssen. Et je suis revenu en 1995, pendant la guerre russe en Tchétchénie, pour rencontrer Yuri Modin, l’agent soviétique qui a dirigé le célèbre réseau d’espionnage les Cinq de Cambridge en Grande-Bretagne. Lorsque Snowden s’est enfui pour la Russie après avoir dérobé le plus grand dossier de secrets de l’histoire américaine, certains à Washington l’ont accusé d’être un maillon de cette chaîne d’agents russes. Selon moi, il s’agit d’une accusation sans preuves.

J’avoue éprouver une certaine empathie pour Snowden. Comme lui, j’ai été affecté à une unité de la National Security Agency (NSA), à Hawaï en ce qui me concerne, dans le cadre de trois ans de service actif dans la Marine pendant la guerre du Vietnam. Ensuite, en tant que réserviste dans une école de Droit, je sonné l’alarme sur la NSA lorsque je suis tombé sur un programme qui consistait à espionner illégalement les citoyens américains. J’ai témoigné sur ce programme lors d’une audience à huis clos devant la Commission Church, une enquête du Congrès qui a conduit à des réformes radicales sur les abus des services de renseignement américains dans les années 1970. Enfin, après l’obtention de mon diplôme, j’ai décidé d’écrire le premier livre sur la NSA. À plusieurs reprises, j’ai été menacé de poursuites en vertu de la Loi sur l’espionnage, la même loi de 1917 en vertu de laquelle Snowden est accusé (dans mon cas, ces menaces n’avaient aucun fondement et ne furent jamais mises à exécution). Depuis, j’ai écrit deux autres livres sur la NSA, ainsi que de nombreux articles de magazines (dont deux articles de couverture sur la NSA pour WIRED), des critiques de livres, des éditoriaux et des documentaires.

Mais dans toute ma carrière, je n’ai jamais croisé quelqu’un comme Snowden. C’est un genre de lanceur d’alerte unique et postmoderne. Physiquement, très peu de gens l’ont vu depuis qu’il a disparu dans le complexe de l’aéroport de Moscou en juin dernier. Mais il a néanmoins maintenu une présence sur la scène mondiale, non seulement comme un homme sans pays, mais comme un homme sans corps. Lors de son interview à la conférence South by Southwest où il recevait un prix humanitaire, c’est son image désincarnée qui souriait depuis des écrans géants. Pour une interview lors de la conférence TED en mars, il est allé un peu plus loin. Un petit écran qui diffusait en direct son visage avait été attaché entre deux poteaux verticaux montés sur des roulettes et télécommandés, lui donnant ainsi la possibilité de « marcher » autour de l’événement, de parler avec les gens, et même de poser avec eux pour des selfies [auto-portraits - NDT]. La scène faisait penser à une sorte de Big Brother à l’envers où Winston Smith d’Orwell, le petit fonctionnaire du parti, aurait dominé d’un coup les écrans de toute l’Océanie avec des messages promouvant le cryptage et dénonçant les atteintes à la vie privée.

Bien sûr, Snowden est encore très prudent par rapport aux contacts physiques directs, et je me suis rappelé pourquoi lorsque, pour préparer notre entretien, j’ai lu un article récent du Washington Post. L’article, rédigé par Greg Miller, raconte des réunions quotidiennes avec des hauts fonctionnaires du FBI, de la CIA et du Département d’Etat, tous tentant désespérément de trouver des moyens pour capturer Snowden. Un fonctionnaire a déclaré à Miller : « Nous espérions qu’il serait être assez stupide pour monter dans un avion quelconque, et nous aurions fait dire à un de nos alliés :« Vous êtes dans notre espace aérien. Atterrissez. » Il ne l’a pas été. Et depuis sa disparition en Russie, les États-Unis semblent avoir perdu toute trace de lui.

Je fais de mon mieux pour éviter d’être suivi lorsque je me dirige vers l’hôtel désigné pour l’entretien, un hôtel situé un peu à l’écart et qui attire peu de visiteurs occidentaux. Je m’assois dans le hall face à la porte d’entrée et j’ouvre le livre qu’on m’a demandé d’apporter. Peu après 13h, Snowden surgit, vêtu d’un jean foncé et d’une veste de sport marron et portant un grand sac à dos noir sur son épaule droite. Il ne m’aperçoit que lorsque je me lève et marche à ses côtés. « Où étiez-vous ? » me demande-t-il, je ne vous ai pas vu » Je montre mon siège et le taquine : « Vous dites que vous étiez à la CIA ? ». Il rit.

Snowden est sur le point de dire quelque chose en entrant dans l’ascenseur mais au dernier moment une femme nous rejoint, alors nous écoutons en silence un air de bossa nova classique « Desafinado » tandis que nous montons à un étage supérieur. Lorsque nous sortons, il montre une fenêtre qui donne sur la ligne d’horizon moderne de Moscou, des gratte-ciels scintillants qui maintenant éclipsent les sept tours baroques et gothiques que les habitants appellent Stalinskie Vysotki, ou « gratte-ciels de Staline. » Il est en Russie depuis plus d’un an maintenant. Il fait ses courses dans une épicerie locale où personne ne le reconnaît, et il a appris un peu de russe. Il a appris à vivre modestement dans une ville chère qui est plus propre que New York et plus sophistiquée que Washington. En août, l’asile temporaire de Snowden devait expirer. (Le 7 août, le gouvernement a annoncé qu’il lui avait accordé un permis pour rester trois ans de plus.)

En entrant dans la chambre qu’il a réservée pour notre interview, il jette son sac à dos sur le lit à côté de sa casquette de base-ball et d’une paire de lunettes de soleil. Il a l’air mince, presque maigre, avec un visage étroit et quelques poils sur le menton, comme s’il avait juste commencé à se laisser pousser un bouc. Il porte des lunettes Burberry avec des verres rectangulaires. Sa chemise bleu pâle semble être au moins une taille trop grande, sa large ceinture est serrée, et il porte une paire de mocassins noir à bouts carrés Calvin Klein. Dans l’ensemble, il a l’apparence d’un grand étudiant studieux de première année.

Snowden est attentif à ce qui est connu dans le monde du renseignement comme la sécurité opérationnelle. Tandis que nous nous asseyons, il retire la batterie de son téléphone portable. J’ai laissé mon iPhone à l’hôtel. Les intermédiaires pour mes contacts avec Snowden m’avaient prévenu à plusieurs reprises que, même éteint, un téléphone portable peut facilement être transformé en un microphone pour la NSA. Un des moyens qui ont permis à Snowden de rester libre, c’est sa connaissance des astuces de l’agence. Un autre est d’éviter les endroits fréquentés par les Américains et autres Occidentaux. Néanmoins, quand il est en public, disons dans un magasin d’informatique, de temps en temps des Russes le reconnaissent. « Chut », leur dit Snowden, en souriant, avec un doigt sur ses lèvres.

En dépit d’être l’objet d’une chasse à l’homme à l’échelle mondiale, Snowden semble détendu et optimiste tandis que nous buvons des Cocas et ingurgitons une pizza géante au pepperoni servie dans la chambre. Il aura 31 ans dans quelques jours. Snowden a toujours l’espoir qu’il sera un jour autorisé à retourner aux États-Unis. « J’ai dit au gouvernement que j’étais prêt à faire de la prison, à condition que ce soit pour la bonne cause », dit-il. « Je me soucie davantage pour le pays que pour ce qui pourrait m’arriver. Mais nous ne pouvons pas permettre à la loi de devenir une arme politique ni de faire en sorte que les gens aient peur de défendre leurs droits, peu importe les motifs. Je refuse de jouer à ce jeu. »

Pendant ce temps, Snowden continuera à hanter les États-Unis, tandis que l’impact imprévisible de ses actions continue de résonner dans le pays et dans le monde entier. Cependant, il n’a plus de prise sur les documents eux-mêmes. Snowden n’y a plus accès ; il dit qu’il ne les a pas emmenés avec lui en Russie. Les copies sont maintenant entre les mains de plusieurs organes de presse, dont : First Look Media, mis en place par le journaliste Glenn Greenwald et la documentariste américaine Laura Poitras, les deux destinataires originaux des documents ; le quotidien The Guardian, qui a également reçu des copies avant que les pressions du gouvernement britannique ne le pousse à transférer leur garde physique (mais pas leur propriété) au New York Times ; et Barton Gellman, un journaliste du Washington Post. Il est très peu probable qu’ils les restituent un jour à la NSA.

Ceci a laissé les autorités américaines dans une sorte de position d’attente impuissante, en attendant la prochaine série de révélations, le prochain bouleversement diplomatique, une nouvelle dose d’humiliation. Snowden me dit qu’il pourrait en être autrement. Il dit qu’il avait en fait l’intention de donner au gouvernement une idée de ce qu’il avait exactement volé. Avant de s’enfuir avec les documents, il a essayé de laisser derrière lui une piste numérique d’indices pour que les enquêteurs puissent déterminer quels étaient les documents qu’il avait copiés et emportés et quels étaient ceux qu’il avait simplement « touchés ». Il espérait ainsi que l’agence comprendrait que son motif était de dénoncer et non d’espionner pour un gouvernement étranger. Cela aurait aussi donné du temps au gouvernement pour se protéger de nouvelles fuites, de changer les mots de passe, de réviser les plans opérationnels, et de prendre d’autres mesures pour limiter les dégâts. Mais il croit que l’audit de la NSA a raté ses indices et a simplement rapporté le nombre total de documents qu’il avait touchés - 1,7 millions. (Snowden dit qu’il en a pris beaucoup moins.) « Je pensais qu’ils auraient du fil à retordre, » dit-il. « Je ne pensais pas qu’ils seraient totalement incompétents. »

Interrogé sur les allégations de Snowden, le porte-parole de la NSA Vanee Vines dira seulement : « Si M. Snowden veut discuter de ses activités, cette conversation devra avoir lieu au ministère américain de la Justice. Il doit revenir aux États-Unis pour faire face aux accusations portées contre lui. »

Snowden pense que le gouvernement craint que les documents contiennent des éléments profondément dommageables – des secrets que les détenteurs n’ont pas encore trouvés. « Je pense qu’ils pensent qu’il y a là-dedans une bombe à retardement qui serait leur mort politique à tous », dit Snowden. « Le fait que l’enquête du gouvernement a échoué, qu’ils ne savent pas ce qui a été pris ou pas et qu’ils continuent d’avancer ces chiffres énormes et ridicules signifie pour moi que, quelque part au cours de leur évaluation des dégâts, ils sont tombés sur quelque chose de l’ordre de « Oh, Putain de merde ». Et ils pensent que nous l’avons »

Il est très probable que personne ne sait exactement ce qui se trouve dans la montagne de documents - ni la NSA, ni les détenteurs, ni Snowden lui-même. Il n’a pas pu dire exactement comment il les avait récupérés, mais d’autres dans les services de renseignement ont spéculé qu’il a simplement utilisé un robot d’aspiration [web crawler], un programme qui permet de rechercher et copier tous les documents contenant des mots-clés ou des combinaisons de mots clés précis. Cela pourrait expliquer pourquoi bon nombre de ces documents sont de simples énumérations d’éléments très techniques et presque inintelligibles et autres statistiques.

Et il y a un autre élément qui complique encore plus les choses : certaines révélations attribuées à Snowden ne viennent peut-être pas de lui mais d’un autre lanceur d’alerte qui agit sous couvert de Snowden. Snowden se refuse catégoriquement d’aborder cette possibilité. Mais indépendamment de ma visite à Snowden, j’ai eu un accès illimité aux archives de documents dans différents endroits. Et en examinant ces archives avec un outil de recherche numérique sophistiqué, je n’arrivais pas à trouver certains documents qui ont été publiés, ce qui me fait conclure qu’il doit y avoir un deuxième lanceur d’alerte quelque part. Je ne suis pas le seul à être arrivé à cette conclusion. Greenwald et l’expert en sécurité Bruce Schneier - qui ont eu largement accès aux archives - ont tous deux déclaré publiquement qu’ils croyaient qu’un autre lanceur d’alerte transmettait des documents secrets à la presse.

En fait, pendant ma première journée d’entretiens à Moscou avec Snowden, le magazine allemand Der Spiegel a publié un long article sur les opérations de la NSA en Allemagne et sa coopération avec l’agence de renseignement allemand BND. Parmi les documents publiés par le magazine est un « protocole d’accord » top-secret de 2002 entre la NSA et le BND. « Il ne provient pas des documents de Snowden », précise le magazine.

Certains ont même émis des doutes que la révélation sur les écoutes de la NSA du téléphone portable de la chancelière allemande Angela Merkel, longtemps attribuée à Snowden, venait bien de lui. Au moment de cette révélation, Der Spiegel avait simplement attribué les informations à Snowden et à d’autres sources anonymes. Si d’autres fuites existent au sein de la NSA, ce serait plus qu’un nouveau cauchemar pour l’agence - cela soulignerait son incapacité à contrôler ses propres informations et pourrait indiquer que la protestation solitaire de Snowden sur les pouvoirs excessifs du gouvernement a inspiré d’autres personnes au sein des services de renseignement. « Ils n’ont toujours pas réglé leurs problèmes », dit Snowden. « Ils ont toujours un problème de contrôle interne, ils ont encore des informations qui se baladent, et ils ne savent pas d’où elles viennent ni où elles vont. Si c’est le cas, comment pouvons-nous avoir confiance en la NSA de détenir toutes ces informations, l’ensemble de nos dossiers privés, le dossier permanent de nos vies ? »

Les articles de Der Spiegel ont été rédigés, entre autres, par Poitras, la cinéaste qui a été l’un des premiers journalistes contactés par Snowden. Sa célébrité et son expertise en matière de cryptage peuvent avoir attiré d’autres lanceurs d’alerte, et les archives de Snowden ont pu fournir la couverture idéale. Après mes rencontres avec Snowden, j’ai envoyé un courrier électronique à Poitras lui demandant s’il existait d’autres sources de la NSA. C’est son avocat qui m’a répondu : « Nous sommes désolés mais Laura ne répondra pas à cette question. »

Le même jour où je partageais une pizza avec Snowden dans une chambre d’hôtel à Moscou, la Chambre des Représentants US prenait une mesure destinée à freiner les activés de la NSA. Par une large majorité de 293 voix contre 123, les Représentants ont voté en faveur de la cessation des pratiques de l’agence qui consistent à mener des perquisitions sans mandat à l’intérieur d’une vaste base de données qui contient des millions de courriels et conversations téléphoniques de citoyens états-uniens. « Il ne fait aucun doute que les Américains sont de plus en plus alarmés par l’ampleur des programmes de surveillance injustifiés utilisés par le gouvernement pour stocker et rechercher leurs données privées, » ont déclaré dans un communiqué commun les promoteurs démocrates et républicains de l’amendement. « En adoptant cet amendement, le Congrès peut faire un pas décisif pour mettre fin à la surveillance de masse. »

C’est un des nombreux projets de réforme qui n’aurait jamais vu le jour s’il n’y avait pas eu Snowden. A Moscou, Snowden rappelle comment il est monté dans un avion pour Hong Kong, se préparant à se révéler comme le fuiteur d’un cache spectaculaire de secrets et se demandant si cela en valait la peine. « Je pensais qu’il était probable que la société dans son ensemble hausserait tout simplement les épaules et passerait à autre chose, » dit-il. Au lieu de cela, la surveillance de la NSA est devenue l’un des problèmes les plus pressants au sein du débat national. Le président Obama a personnellement examiné la question, le Congrès a abordé la question, et la Cour suprême a laissé entendre qu’elle pourrait aborder la question de l’écoute électronique sans mandat. L’opinion publique a également évolué en faveur de restrictions sur la surveillance de masse. « Cela dépend beaucoup de la question posée », dit-il, « mais si vous posez des questions simples comme pour ma décision de révéler Prism » - le programme qui permet aux agences gouvernementales d’extraire des données d’utilisateurs à partir de sociétés comme Google, Microsoft, et Yahoo - « 55 pour cent des Américains sont favorables. Ce qui est extraordinaire compte tenu du fait que, depuis un an, le gouvernement dit que je suis une sorte de super-vilain ».

C’est peut être une exagération, mais pas de beaucoup. Près d’un an après les premières fuites de Snowden, le directeur de la NSA Keith Alexander a affirmé que Snowden était « maintenant manipulé par les services secrets russes » et l’a accusé de provoquer des « dommages irréversibles et importants ». Plus récemment, le secrétaire d’État John Kerry a déclaré que « Edward Snowden est un lâche, un traître, et il a trahi son pays. » Mais en Juin, le gouvernement semblait revenir sur sa rhétorique la plus apocalyptique. Dans une interview au New York Times, le nouveau chef de la NSA, Michael Rogers, a déclaré qu’il « essayait d’être très précis et très mesuré dans mes caractérisations » : « En tant que directeur, vous ne m’avez pas entendu dire « Oh mon Dieu, le ciel nous tombe sur la tête. » »

Snowden surveille de près l’évolution de son image publique, mais se montre réticent à parler de lui-même. C’est dû en partie à sa timidité naturelle et sa réticence à « mouiller ma famille et faire une biographie. » Il dit qu’il craint que le partage d’informations privées le fasse passer pour un narcissique et un arrogant. Mais surtout, il craint de nuire par inadvertance à la cause qu’il a promue au risque de sa vie. « Je suis un ingénieur, pas un politicien, » dit-il. « Je ne cherche pas à être sous les projecteurs. Je suis terrifié à l’idée d’offrir une distraction à ces têtes parlantes, une excuse pour compromettre, dénigrer, et délégitimer un mouvement très important ».

Mais lorsque Snowden accepte finalement d’aborder sa vie privée, le portrait qui se dégage n’est pas celui d’un illuminé aux yeux hagards mais celui d’un idéaliste sincère, posé, qui - pas à pas et sur une période de plusieurs années - est devenu de plus en plus déçu par son pays et son gouvernement.

Né le 21 Juin 1983, Snowden a grandi dans la banlieue du Maryland, non loin du siège de la NSA. Son père, Lon, a gravi les échelons au sein des Garde-Côtes jusqu’au grade d’adjudant, un parcours difficile. Sa mère, Wendy, a travaillé pour la Cour de District des États-Unis à Baltimore, tandis que sa sœur aînée, Jessica, est devenue avocate au Centre judiciaire fédéral à Washington. « Toute ma famille a travaillé pour le gouvernement fédéral d’une manière ou d’une autre », dit Snowden. « Je pensais suivre le même chemin. » Son père m’a dit : « Nous avons toujours considéré Ed comme le plus intelligent de la famille. » Cela ne l’a pas surpris que son fils obtienne plus de 145 au cours de deux tests de QI distincts.

Plutôt que de passer des heures à regarder la télévision ou à faire du sport comme n’importe quel gamin, Snowden est tombé amoureux des livres, la mythologie grecque en particulier. « Je me souviens comment je me laissais absorber par les livres, où je disparaissais pendant des heures », dit-il. Snowden affirme que la lecture des mythes a joué un rôle important dans sa jeunesse, en lui fournissant un cadre pour faire face aux défis, y compris les dilemmes moraux. « Je crois que c’est là que j’ai commencé à réfléchir sur notre façon d’identifier les problèmes, et qu’un individu se définit par la façon qu’il gère et confronte ces problèmes, » dit-il.

Peu après que Snowden eut révélé être l’origine des fuites, les médias se sont longuement intéressés au fait qu’il a quitté l’école peu après sa deuxième année de lycée (10th grade), en laissant entendre qu’il n’était qu’un fainéant sans éducation. Mais plutôt que la délinquance, c’est un combat contre une mononucléose qui lui fit manquer l’école pendant près de neuf mois. Au lieu de recommencer une année, Snowden s’est inscrit dans une communauté universitaire. Enfant déjà, il adorait les ordinateurs et ils étaient désormais une passion. Il commença à travailler pour un camarade de classe qui dirigeait sa propre entreprise de technologie. Pure coïncidence, la société était dirigée depuis une maison située à Fort Meade, là où se trouve le siège de la NSA.

Snowden se rendait au bureau lorsque les attaques du 9/11 ont eu lieu. « Je me rendais au travail en voiture et j’ai entendu à la radio que le premier avion avait frappé, » dit-il. Comme beaucoup d’Américains dotés d’un esprit civique, Snowden fut profondément affecté par les attaques. Au printemps de 2004, alors que la guerre au sol en Irak s’amplifiait avec la première bataille de Falloujah, il se porta volontaire pour les forces spéciales de l’armée. « J’étais très réceptif aux explications du gouvernement - presque de la propagande - quand il s’agissait de choses comme l’Irak, des tubes d’aluminium et des flacons d’anthrax, » dit-il. « Je croyais encore très fermement que le gouvernement ne nous mentirait pas, que ses intentions étaient louables, et que la guerre en Irak serait ce qu’ils disaient qu’elle serait, à savoir un effort ciblé et limité pour libérer les opprimés. Je voulais y contribuer ».

Snowden dit qu’il a été particulièrement attiré par les forces spéciales parce qu’elles offraient la possibilité d’apprendre les langues. Après de bons résultats aux tests d’aptitude, il fut admis. Mais les exigences physiques furent plus difficiles. Au cours d’un entraînement, il se brisa les deux jambes. Quelques mois plus tard, il fut libéré.

Une fois sorti de l’armée, Snowden décrocha un emploi d’agent de sécurité dans un complexe top-secret qui lui permit d’accéder au plus haut niveau de sécurité. Il passa au détecteur de mensonges et après une stricte vérification de ses antécédents, sa carrière dans le monde clandestin des renseignements était lancée. Plus tard, lors d’un salon de l’emploi spécialisé dans ce même domaine, il se vit offrir un poste par la CIA, au département des communications globales, l’organisation qui traite les problèmes informatiques au quartier général de Langley, en Virginie. Ce travail d’ingénieur réseau était la continuité de ce qu’il faisait déjà depuis qu’il avait 16 ans. "Tous les sites secrets s’interconnectaient pour finir au quartier général de la CIA" explique-t-il. "Nous étions un autre type et moi prévus pour faire le service de nuit". C’est ici que Snowden allait découvrir un des plus grands secrets de la CIA : malgré l’image dernier cri de l’organisation, ses technologies étaient en fait complètement dépassées. L’agence n’était pas du tout ce qu’elle semblait être de l’extérieur.

N’étant encore qu’un novice dans la meilleure équipe informatique, Snowden se distingua suffisamment pour être envoyé dans l’institut spécialisé en technologie de la CIA, un établissement tenu secret. Il vécut sur place, dans un hôtel pendant 6 mois, passant la majeure partie de son temps en stage et à étudier. Une fois sa formation accomplie, Snowden se rendit à Genève en mars 2007, où la CIA recherchait des informations sur le secteur bancaire. Il rejoignit la mission américaine rattachée aux Nations-Unies. En plus de cette couverture aux Nations-Unies, il reçut un passeport diplomatique et disposa d’un vaste appartement près du lac.

C’est en Suisse que Snowden constata pour la première fois les compromis moraux que les agents de la CIA font sur le terrain. Comme les espions sont promus en fonction de la quantité de personnes qu’ils recrutent, ils n’hésitent pas à se marcher dessus pour essayer d’enrôler le maximum de personnes, peu importe la valeur qualitative de leurs sources. Les agents entraînaient dans les pubs les cibles pour les enivrer jusqu’à finir en cellule de dégrisement, de manière à ensuite les rendre redevables. ’Ils opéraient de façon vraiment risquée en laissant un sentiment très négatif sur les personnes recrutées, “un sentiment qui aurait un impact dévastateur pour notre réputation nationale si on venait à se faire prendre’ raconte-t-il. ’Mais nous le faisions, simplement parce que nous le pouvions’.

En poste à Geneve, Snowden raconte qu’il rencontra de nombreux espions qui étaient radicalement opposés à la guerre en Irak et à la politique américaine au Moyen-Orient. ’Les officiers du cabinet de la CIA y étant tous favorables, qu’aurions-nous pu y faire ?’ . Grâce à son poste à la maintenance informatique des réseaux en opérations, il avait accès plus que quiconque aux informations sur le déroulement de la guerre. Ce qu’il découvrit l’affecta particulièrement. ’Nous étions dans l’ère Bush, au moment le plus sombre de la guerre contre le terrorisme’ confit-il. ’Nous torturions des gens ou pratiquions des écoutes téléphoniques sans mandat’.

Il envisagea devenir un lanceur d’alerte, mais avec Obama en passe d’être élu, il renonça. ’Je pense que les critiques faites par Obama étaient impressionnantes et les valeurs qu’il représentait me rendaient optimiste’. ’Il disait que nous n’allions pas sacrifier nos droits. Nous n’allions pas changer qui nous étions juste pour attraper un faible pourcentage de terroriste en plus’. Mais la déception de Snowden grandit car selon lui, la politique d’Obama ne collait pas avec son éminent discours. ’Ils n’ont pas seulement oublié de tenir leurs promesses, ils les ont carrément répudiées’ raconte-t-il. ’Ils sont partis dans une autre direction. Qu’est-ce que cela représente pour une société, pour une démocratie, lorsque les personnes que l’on a élues sur la base de leurs promesses peuvent faire fi de celles-ci ?’

Quelques années de plus furent nécessaires pour qu’un nouveau palier de désillusions soit franchi. À ce moment -2010- Snowden avait été transféré de la CIA à la NSA, acceptant un poste d’expertise technique au Japon pour la société Dell, un des principaux partenaires de l’agence de renseignements. Depuis le 11 septembre et les sommes colossales attribuées aux services secrets, la majeure partie du travail de la NSA était désormais sous-traitée par des fournisseurs de sécurité tels que Dell ou Booz Allen Hamilton. Pour Snowden, partir au Japon était un poste qu’il l’attirait particulièrement : depuis son adolescence il voulait visiter le pays. Il fut aussi employé au bureau de la NSA de la base aérienne de Yokota, dans la banlieue de Tokyo. Là-bas, il enseigna aux officiers militaires et aux hauts fonctionnaires comment protéger les réseaux informatiques des hackers chinois.

Le désenchantement de l’informaticien n’allait qu’en s’accentuant. Ce qu’il considérait comme déjà limite lorsque les agents enivraient les banquiers pour leur soutirer des informations, il découvrait désormais les assassinats ciblés ainsi que la surveillance de masse : toutes ces méthodes, il pouvait les observer dans les moniteurs de la NSA. Snowden vit comment les drones militaires de la CIA pouvait discrètement éliminer un individu. Il commençait aussi à se rendre compte de l’énorme potentiel de surveillance de la NSA, une capacité telle que le moindre mouvement d’un individu pouvait être suivi à la trace en analysant son adresse MAC, un identifiant unique émis par chaque téléphone, ordinateur ou appareil électronique.

Alors que ses convictions sur le bienfait des missions de renseignement américain s’effritaient au fur et à mesure, son ascension en tant qu’expert reconnu se poursuivait. En 2011, il retourna dans le Maryland pour y passer une année. "J’étais assis à la même table que le CIO et le CTO de la CIA, les hauts responsables des branches techniques’ ’Ils venaient avec des problèmes technologiques extrêmement complexes, et mon boulot était de les résoudre.’

En mars 2012, Snowden déménage encore pour le compte de Dell, cette fois-ci pour rejoindre l’énorme bunker d’Hawaï. Il y devient le responsable technique au bureau du partage des informations. À l’intérieur du ’tunnel’, un endroit froid et humide de 75 000 m2 qui fut jadis un entrepôt pour torpilles, les moyens et le manque de surveillance de la NSA préoccupaient Snowden chaque jour un peu plus. Parmi les découvertes qu’il fit là-bas, la plus choquante à ses yeux fut la régularité des échanges d’informations brutes - incluant des métadonnées - avec les services secrets israéliens. En temps normal, ce genre d’informations était "minimisé" et la procédure supposait d’effacer les noms et les données personnelles. Mais dans ce cas, la NSA n’a virtuellement rien fait pour protéger ne serait-ce que les communications de personnes aux États-Unis. Cela inclut les e-mails et les appels téléphoniques de millions d’Américains d’origine arabe ou palestinienne dont les membres de la famille vivent en territoire Palestinien. ’C’était vraiment impressionnant’ raconte Snowden. ’Ce fut l’un des plus gros abus que nous ayons pu observer’. (The Guardian publia un article sur cette opération l’année dernière, mentionnant les sources provenant des documents de Snowden).

Un autre document troublant provenant du directeur de la NSA Keith Alexander, montrait comment l’agence espionnait les habitudes pornographiques des politiciens radicaux. La note associée au document expliquait de quelle façon l’agence devait divulguer ces “informations personnelles” pour détruire la réputation de certains détracteurs qui n’étaient en réalité impliqués dans aucun complot terroriste. Le document faisait mention de six cibles potentielles. (L’année dernière, Greenwald publia une version expurgée du document pour le Huffington Post.)

Snowden fut sidéré par cette note. ’C’est comme lorsque le FBI avait essayé de divulguer les infidélités de Martin Luther King pour lui ’suggérer’ de se suicider’ explique-t-il. ’Nous trouvions que ces méthodes étaient inappropriées dans les années 60. Pourquoi les utilisions-nous ? Pourquoi faisions-nous encore cela maintenant ?’

Au milieu des années 70, le sénateur Frank Church fut tout autant choqué à l’époque par des décennies d’espionnage illégal et décida pour la première fois d’exposer au grand public les opérations des services de renseignement américain. Cela ouvrit la porte aux réformes attendues depuis longtemps, comme le Foreign Intelligence Surveillance Act. Snowden vit un parallèle entre cette époque et la situation actuelle. ’Frank Church jugea la situation comme étant au bord de l’abîme’ explique-t-il. ’Il était inquiet par le fait qu’une fois lancés, nous ne pourrions pas reculer. Aujourd’hui, nous pouvons être inquiets de nous trouver une fois de plus au bord de l’abîme’. Il réalisa, tout comme le sénateur Church à son époque, que le seul moyen de freiner les abus du gouvernement était de les révéler au grand jour. Mais Snowden n’avait pas toute une commission sénatoriale à sa disposition ou le pouvoir d’une assignation du Congrès. Il ne pouvait que continuer sa mission en secret, comme il avait été entraîné pour.

Le soleil se couche tard ici en juin, et à l’extérieur de l’hôtel, les ombres commencent doucement à envelopper la ville. Snowden ne semble pas être ennuyé que l’interview se poursuive tard dans la nuit. Il vit à l’heure de New-York (le meilleur moyen pour pouvoir communiquer avec ses partisans et rester au courant des dernières dépêches venues en provenance des USA). Souvent, cela signifie entendre en temps réel les observations désobligeantes sur ses actions. En fait, ce n’est pas seulement l’apparatchik gouvernemental qui s’indigne de ce que Snowden a fait par la suite — être passé de l’opérateur mécontent au dissident lanceur d’alerte. À l’intérieur même du secteur des technologies, où il compte de nombreux partisans, certains l’accusent de jouer maladroitement avec des informations dangereuses. Le proéminent et aventureux capitaliste Marc Andreessen, fondateur de Netscape, explique sur CNBC que ’si vous regardez dans l’encyclopédie le terme ’traître’, vous y trouverez une photo d’Edward Snowden”. Bill Gates a délivré un jugement similaire dans une interview pour le magazine Rolling Stone. ’Je pense qu’il a enfreint la loi donc je ne le définirai sûrement pas comme un héros’ dit-il. ’Vous ne trouverez pas d’admiration pour lui de ma part’.

Snowden ajuste ses lunettes ; une des plaquettes manque, ce qui les déséquilibre occasionnellement. Il semble perdu dans ses pensées, ressassant le moment où il prit sa décision, ce point de non retour. L’époque où, clé USB dans la main, il partit secrètement au travail, conscient des énormes conséquences possibles. ’Si le gouvernement ne représente pas nos intérêts’ dit-il d’un air sérieux et choisissant ses mots, ’alors le peuple prendra fait et cause de ses propres intérêts. Et être un lanceur d’alerte est juste un des moyens traditionnels pour y parvenir”.

La NSA n’avait apparemment jamais prédit que quelqu’un comme Snowden pourrait semer le trouble. Dans tous les cas, Snowden explique qu’il ne rencontra jamais la moindre difficulté pour accéder aux fichiers et télécharger les informations confidentielles qu’il souhaitait obtenir. Sauf pour certains documents classés au plus haut niveau de sécurité, le reste des programmes de surveillance de la NSA était virtuellement accessible dans son intégralité par tout employé ou associé, interne ou externe, qui avait eu l’accréditation de la NSA pour accéder aux ordinateurs.

Mais Snowden, pendant son séjour à Hawaï, pouvait aller bien plus loin. ’En tant que responsable technique au bureau du partage des informations, j’avais accès à tout.’

Enfin presque tout. Une seule zone d’ombre restait hors de sa portée : les activités offensives de guerre cybernétique de l’agence. Pour avoir accès à cette dernière cachette, Snowden décrocha un emploi d’analyste en infrastructure pour un autre partenaire important de la NSA, Booz Allen. Son rôle dans l’entreprise lui donna la double autorité pour couvrir les affaires internes et étrangères, lui donnant la possibilité de pister l’origine de n’importe quelle cyber-attaque partout dans le monde. Sa nouvelle position permit à Snowden de s’immerger dans le monde secret de l’implantation de virus informatiques spécialisés dans la récupération de données et de secrets internationaux. À ce moment, raconte-t-il, il confirme que la majeure partie des communications aux États-Unis ’était interceptée et enregistrée sans mandat, sans vraiment suspecter de raisons criminelles visant n’importe quels causes ou individus’.

Alors que Snowden était déjà en pleine désillusion au printemps 2013, au moment où il travaille pour Booz Allen, il n’allait pas être au bout de ses surprises : un jour, un membre des renseignements lui explique que la TAO — la division de piratage informatique de la NSA— avait tenté en 2012 d’installer un système d’exploitation dans les serveurs du principal exploitant de réseaux internet syrien, qui était empêtré dans la prolongation de la guerre civile. Cela aurait permis à la NSA d’accéder à tout le trafic internet et aux e-mails de l’ensemble du pays. Mais quelque chose n’a pas fonctionné et le serveur s’est bloqué, rendant le système totalement inopérable. Cet échec causa la perte soudaine de toutes les connections internet du territoire, bien que personne n’aurait pu savoir que la faute incombait au gouvernement américain. (Ceci est la première fois que cette accusation est révélée).

Au centre des opérations de la TAO, l’équipe en panique vivait un des moments que Snowden appelle ’Oh shit’. Ils se dépêchèrent de réparer le routeur informatique à distance, essayant désespérément de couvrir leur trace et pour que les Syriens ne s’aperçoivent pas de l’infiltration de leur réseau par un logiciel hautement sophistiqué ; mais le serveur étant justement bloqué, ils n’ont rien pu faire pour réparer leur erreur.

Heureusement pour la NSA, les Syriens étaient apparemment plus occupés à restaurer internet dans le pays qu’à rechercher la cause de la soudaine coupure informatique. De retour au centre des opérations de la TAO, la tension s’atténua par une blague qui n’en était qu’à moitié une : ’si on se fait prendre, au pire on peut toujours pointer du doigt Israël’.

Snowden se focalisait surtout sur l’analyse des cyberattaques potentielles provenant de Chine quand il travaillait pour Booz Allen. Il y avait parmi ses cibles des institutions qui ne relevaient normalement pas de la compétence des militaires. Il pensait que ces tâches dépassaient le mandat de l’agence de surveillance. « Ce n’est un secret pour personne que nous attaquons les sites chinois de manière très agressive » dit-il, « mais nous avons dépassé les bornes. Nous attaquons les universités et les hôpitaux et toutes les infrastructures civiles, de préférence aux cibles gouvernementales et militaires. Et ça, c’est un vrai problème ».

Et pour Snowden, la dernière goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est un programme secret qu’il a découvert en essayant d’optimiser les capacités de l’énorme volume de données ultra-secrètes de la NSA à Bluffdale, Utah. Potentiellement capable de gérer jusqu’à un yottaoctet, soit 500 quintillions de pages de texte, le bâtiment d’un million de pieds carrés (environ 95 000 m2) est connu dans la NSA comme le Mission Data Repository, la base de données centrale pour toutes les missions. (D’après Snowden, le nom initial était Massive Data Repository, mais il a été modifié après que quelques managers ont trouvé que ça sonnait trop sinistre - et trop réaliste). Des milliards d’appels téléphoniques, de fax, d’e-mails, de transferts d’ordinateur à ordinateur et de messages texte venus du monde entier sont pris en compte chaque heure par le MDR. Certains ne font que passer, d’autres sont retenus peu de temps et certains sont conservés pour toujours.

L’effort massif de surveillance n’était pas merveilleux, mais Snowden fût encore plus étonné de découvrir dans les tablettes un nouveau programme de cyberattaque, tendance Folamour, au nom de code MonsterMind. Le programme, révélé ici pour la première fois, automatiserait la recherche du début d’une cyberattaque étrangère. Le logiciel serait en permanence à l’affût de profils de communications correspondant à des attaques connues ou suspectées. Si une attaque était suspectée, MonsterMind la bloquerait et l’empêcherait de pénétrer dans le pays - ce qu’on appelle un « kill » en cyberterminologie.

Des programmes de ce type existent depuis des années, mais le logiciel MonsterMind apporterait une nouvelle fonctionnalité originale : au lieu de simplement détecter et éradiquer le logiciel malveillant à son point d’entrée, MonsterMind riposterait automatiquement, sans intervention humaine. Snowden dit que c’est un problème, parce que les attaques initiales sont souvent routées depuis des ordinateurs basés dans d’innocents pays émergents. Il ajoute : « Ces attaques peuvent être liées à une usurpation d’identité ». « Imaginons par exemple quelqu’un basé en Chine, qui fasse passer des attaques comme si elles venaient de Russie. Et finalement nous riposterions contre un hôpital russe. Ça peut aller loin.. »

Non seulement il se peut qu’une guerre soit déclenchée accidentellement, mais - dit Snowden - MonsterMind met vraiment en danger la confidentialité, car, pour que le système fonctionne, la NSA devrait conserver secrètement virtuellement toutes les communications privées émises de l’étranger vers les habitants des US. « La raison est que la seule manière que nous avons d’identifier les flux de malveillants et de riposter, c’est d’analyser tous les flux », dit-il. « Et si nous analysons tous les flux, ça signifie que nous devons intercepter tous les flux ». Ça signifie violer le Quatrième Amendement, saisir des communications privées sans mandat, souvent sans cause véritable ou même sans soupçon de faute. Pour tout le monde, tout le temps ». (Un porte-parole de la NSA a refusé de commenter MonsterMind, les logiciels malveillants en Syrie ou les particularités sur d’autres aspects de cet article).

Étant donné le nouveau mausolée de données de la NSA à Bluffdale, ses facultés à provoquer une guerre accidentelle, et l’obligation de surveiller en permanence toutes les communications entrantes, Snowden a pensé que son seul choix était de prendre ses clés USB et de dire au monde ce qu’il savait. La seule question était : quand.

Le 13 mars 2013, assis à son bureau dans le « tunnel » entouré d’écrans d’ordinateurs, Snowden a lu une histoire qui l’a convaincu qu’il est temps d’agir. C’était au sujet du directeur de l’intelligence nationale, James Clapper, qui disait à un comité du Sénat que la NSA ne collecte pas « volontairement » les informations de millions d’américains. « Je crois que je l’ai lu dans le journal le lendemain, quand je parlais à deux collègues, et disant : pouvez-vous croire cette merde ? »

Snowden et ses collègues avaient parlé à de nombreuses reprises de l’enfumage habituel à propos de l’étendue de l’espionnage fait par la NSA, aussi ne fût-il pas surpris qu’ils ne réagissent presque pas au témoignage de Clapper. « C’était plus ou moins admis », dit-il, en parlant de la « banalité du mal », une référence à l’étude d’Hannah Arendt sur la bureaucratie sous l’Allemagne nazie.

« C’est comme la grenouille dans l’eau bouillante », me dit Snowden. « Vous êtes un peu exposé au mal, à un peu de violation des règles, à un peu de malhonnêteté, un peu de tromperie, un peu de déni de l’intérêt public, et vous pouvez balayer ça d’un revers de la main, vous pouvez venir le justifier. Mais si vous le faites, cela créé une pente savonneuse qui ne fera que s’accentuer, et quand vous serez là depuis 15 ans, 20 ans, 25 ans, vous en aurez vu de toutes les couleurs et ça ne vous choquera plus. Vous finirez par trouver tout ça normal. Et c’est ça le problème, c’est de ça qu’il s’agit quand on parle de l’affaire Clapper. Il considérait que tromper les Américains faisait partie de son boulot, comme quelque chose de tout à fait normal. Et avait raison de penser qu’on ne le punirait pas pour ça, parce qu’il avait été révélé qu’il avait menti sous serment et on ne lui a même pas tapé sur les doigts pour ça. Cela en dit long sur le système et sur nos dirigeants ». Snowden décida que l’heure était venue de sortir de l’eau avant d’être totalement ébouillanté.

En même temps, il savait qu’il pourrait y avoir de lourdes conséquences. « C’est vraiment dur de franchir cette étape, non seulement je crois en quelque chose, mais j’y crois assez fort pour détruire ma vie de fond en comble ».

Mais il sentait qu’il n’avait pas le choix. Deux mois plus tard, il prit un vol pour Hong-Kong avec une poche pleine de clés USB.

L’après-midi de notre troisième rencontre, environ deux semaines après la première, Snowden vient dans ma chambre d’hôtel. J’ai changé d’endroit et je suis actuellement à l’Hôtel National, en face de la Place Rouge et du Kremlin. A l’instar du Métropole, le National est une véritable icône qui a vu une bonne partie de l’histoire russe franchir ses portes à une époque ou à une autre. Lénine a vécu dans la chambre 107, et le fantôme de Félix Dzerzhinsky, le chef redouté de l’ancienne police secrète soviétique qui vivait aussi ici, hante toujours les couloirs.

Mais, plus que la police secrète russe, ce sont ses anciens employeurs, la CIA et la NSA, que Snowden redoute le plus. « Si quelqu’un me repère, ils ont une équipe de types rien que pour me pirater », dit-il. « Je ne crois pas qu’ils m’aient géolocalisé, mais ils surveillent certainement avec qui je parle en ligne. Même s’ils ne savent pas ce que vous dites, - parce que c’est crypté - ils tirent un maximum d’informations sur vos interlocuteurs et quand vous leur parlez ».

Plus que tout, Snowden redoute une maladresse qui détruirait tous les progrès vers les réformes pour lesquelles il s’est tant sacrifié. « Je ne recherche pas l’auto-destruction. Je ne veux pas m’immoler et disparaître des pages de l’histoire. Mais on ne peut pas réussir si on ne saisit pas les occasions », dit-il. Aussi fait-il très attention de conserver une longueur d’avance par rapport à ses présumés poursuivants ; il change sans arrêt d’ordinateur et de compte mail. Pourtant, il sait qu’il est susceptible d’être compromis : « Je vais me découvrir et ils vont me pirater. Ça va arriver ».

En fait, certains de ses compagnons de voyage ont déjà commis des erreurs flagrantes. L’an dernier, Greenwald lui-même s’est trouvé incapable d’ouvrir une mine de secrets de la NSA que Snowden lui avait transmise. Il l’a donc envoyé à son partenaire de longue date, David Miranda, depuis leur logement à Rio vers Berlin pour recevoir un élément complémentaire de Poitras qui a réparé l’archive. Mais en organisant les déplacements, Le Guardian a réservé un transfert via Londres. Alertées - sans doute suite à une surveillance par le GCHQ, l’homologue britannique de la NSA - les autorités Britanniques ont arrêté Miranda dès son arrivée et l’ont interrogé pendant 9 heures. De plus, un disque dur externe contenant 60 gigaoctets de données - environ 58 000 pages de documents - a été saisi. Bien que ces documents aient été cryptés au moyen d’un programme sophistiqué du nom de True Crypt, les autorités britanniques ont découvert un papier de Miranda avec un mot de passe pour l’un des fichiers, et ils ont réussi à décrypter 75 pages, selon les documents de la justice britannique. (*)

Un autre souci pour Snowden, c’est ce qu’il appelle la lassitude de la NSA - le public devenant engourdi pour les révélations sur la surveillance de masse, tout comme il devient insensible aux annonces de nouvelles victimes de batailles dans une guerre - . « Une mort c’est une tragédie, et un million de morts, c’est une statistique », dit-il, citant satiriquement Staline. « Les écoutes d’Angela Merkel sont un énorme scandale, mais le viol de la confidentialité de 80 000 Allemands passe comme une lettre à la poste ».

De même, il est optimiste sur le fait que les prochaines élections vont apporter des réformes significatives. Enfin, Snowden pense que nous devrions faire confiance à la technologie, pas aux politiciens. « Nous avons les moyens et la technologie pour arrêter la surveillance de masse sans aucune modification législative et sans changement de protocole ». La réponse est un cryptage puissant , dit-il ; « en généralisant les modifications permettant de faire du cryptage un standard universel, où toutes les communications seraient cryptées par défaut, nous pourrions arrêter la surveillance de masse non seulement aux États-Unis, mais dans le monde entier ».

D’ici là, dit Snowden, il va y avoir pas mal de révélations. « Nous n’avons pas fini d’en apprendre », dit-il. En réalité, il y a une quinzaine de jours après notre rencontre, le Washington Post a révélé que le programme de surveillance de la NSA a collecté plus de données sur des Américains innocents que sur les cibles étrangères. Il y a encore là-bas des centaines de milliers de pages de documents secrets - sans parler des autres lanceurs d’alerte qu’il a peut-être déjà inspirés - . Mais Snowden dit que les informations contenues dans toute future fuite auront moins d’importance. « Pour nous, la question n’est pas : quelle sera la prochaine révélation. La question c’est, quelle sera notre réaction ? »

*CORRECTION AJOUTÉE [10heures 55 - Le 22 août 2014] : Dans une version antérieure de cet article, il avait été écrit à tort que Miranda avait récupéré des documents de la GCQQ chez Poitras ; et affirmait à tort que Greenwald n’a pas obtenu l’accès complet aux documents GCHQ.

Magazine Wired

photos par Platon

Traduction VD, Kohler William et Amélie pour le Grand Soir

 http://www.wired.com/2014/08/edward-snowden/
Print Friendly and PDF

COMMENTAIRES  

12/11/2014 13:08 par Sierra

Merci aux traductrice/traducteurs pour cette article purement passionnant....bon....m’en vais voir ce qu’est TrueCrypt....

12/11/2014 14:43 par christian

Ce n’est pas l’homme le plus recherché du monde, les USA ne sont pas le monde. Et il n’est pas recherché, on sait où il se trouve. Pourquoi utiliser ces phrases typiques de propagande pro-empire ? Ça donne aucune envie de lire l’article ce genre de phrase débiles.

12/11/2014 15:28 par Beyer Michel

Ah ! Bon !...La débilité peut être chez ceux qui la dénoncent. Cet article est excellent et éclairant.

12/11/2014 16:01 par JA1984

Un GRAND merci aux traducteurs pour avoir traduit ce texte qui est extrêmement intéressant.

12/11/2014 16:30 par Sierra

@ Christian

C’est la traduction original de l’article de WIRED. Vous souhaitez que le GS réécrive les titres pour vous plaire ?

12/11/2014 20:19 par PierPolJac

J’ai un message pour Christian...

NE SERONT PAS PUBLIES NON PLUS :
les propos insultants, méprisants, etc à l’égard des contributeurs du site.
Un minimum de respect s’impose.

...à non pardon je n’ai plus rien à lui dire ! lol

Encore une fois merci aux traducteurs et au GS, j’espère que cette interview sera beaucoup relayée, il faut donner un coup de pouce au GS en diffusant cet article dans nos réseaux sociaux...

Le plus fou dans cette histoire c’est qu’aujourd’hui on sait que nous sommes ultra-surveillés et tout d’un coup les mass-médias font comme si de rien n’était, comme s’ils l’avaient toujours su alors qu’il y a encore peu de temps parler de Big Brother c’était se faire cataloguer tout de suite de conspirateur-parano.

Snowden est un vrai héro, tout comme Assange et Manning. Et bien d’autres encore... Ray McGovern Triumphs gagne aussi à se faire connaître :

Ray McGovern Triumphs over State Department

12/11/2014 20:27 par Loulou

Ou là là

Et il y a un autre élément qui complique encore plus les choses : certaines révélations attribuées à Snowden ne viennent peut-être pas de lui mais d’un autre lanceur d’alerte qui agit sous couvert de Snowden.

(...)

ce qui me fait conclure qu’il doit y avoir un deuxième lanceur d’alerte quelque part. Je ne suis pas le seul à être arrivé à cette conclusion. Greenwald et l’expert en sécurité Bruce Schneier - qui ont eu largement accès aux archives - ont tous deux déclaré publiquement qu’ils croyaient qu’un autre lanceur d’alerte transmettait des documents secrets à la presse.

Il y en a qui doivent se ronger les ongles à Langley !
Et d’autres qui se frottent les mains un peu partout...

12/11/2014 20:35 par 007

C’est du petit lait cet article :

« C’est en Suisse que Snowden constata pour la première fois les compromis moraux que les agents de la CIA font sur le terrain. Comme les espions sont promus en fonction de la quantité de personnes qu’ils recrutent, ils n’hésitent pas à se marcher dessus pour essayer d’enrôler le maximum de personnes, peu importe la valeur qualitative de leurs sources. Les agents entraînaient dans les pubs les cibles pour les enivrer jusqu’à finir en cellule de dégrisement, de manière à ensuite les rendre redevables. ’Ils opéraient de façon vraiment risquée en laissant un sentiment très négatif sur les personnes recrutées, “un sentiment qui aurait un impact dévastateur pour notre réputation nationale si on venait à se faire prendre’ raconte-t-il. ’Mais nous le faisions, simplement parce que nous le pouvions’. »

12/11/2014 23:20 par FanJoe

@Sierra

TrueCrypt n’est plus...
Un nuage opaque entoure la disparition de ce logiciel.
Du jour au lendemain, l’équipe de développement a supprimé le logiciel de son site internet, renvoyant l’internaute vers des solutions propriétaires suspectées de contenir des backdoors.
Un bon article de Korben sur le sujet :
http://korben.info/truecrypt.html

12/11/2014 23:24 par Vive Edouard

Cette année le prix Noble alternatif de Suède a été donné à Edward Snowden :

Edward Snowden wins Sweden’s ’alternative Nobel prize’ (BBC)

Les médias n’en ont pas parlé, même pas le Grand Soir !.. Je me disais bien aussi que VD et MV faisaient parti du grand complot interplanétaire pour nous cacher LA vérité ; )

Plus sérieusement, si vous voulez voir la vidéo qu’a envoyée E.Snowden pour remercier les organisateurs du "2014 Right Livelihood Award" (25 sept) :

https://www.youtube.com/watch?v=mw5KJXswRdM

13/11/2014 09:22 par Sierra

@ FanJoe

Merci. Oui, j’ai vu que la v 7.2 est largement compromise, mais on peut encore trouver les versions antérieurs et la v 7.1 est en audit, de plus, ça à l’air vraiment simple d’utilisation :
https://truecrypt.ch

13/11/2014 15:05 par christian

Je le sais bien que c’est Wired et pas le GS, ma critique s’adressait à Wired, qu’il m’arrive de lire dans la langue de l’empire, mais qui fait partie des MSM.
Si on a plus le droit de critiquer les médias mainstream sur le GS...

13/11/2014 15:15 par christian

@PierPolJac : mon commentaire ne s’addressait pas à un contributeur du site mais à l’auteur de chez Wired, qui est un média mainstream respecteux de l’empire tout en étant critique, le genre qu’on appelle Gatekeeper, le gardien de la porte. Au-delà de cette porte et on est traité de conspirationniste. C’est ça Wired pour moi, alors permettez que je critique.
Exemple (en plus du titre)

C’est en Suisse que Snowden constata pour la première fois les compromis moraux que les agents de la CIA font sur le terrain

La CIA ne fait pas de compromis moraux, l’essence même de la CIA est immorale, et ses agents sont des criminels à la solde des USA.
Voilà ce qui me pose problème avec ce genre d’article, ce n’est pas l’essence de l’empire qui est remis en cause, mais ce qui est pris pour des dérives (mais ce ne sont pas des dérives, l’empire est censé fonctionner ainsi)
Bref, ma seule critique à GS je l’exprime maintenant : pourquoi avoir mis cet article en mode « sticky » ? Il n’apprend pas grand chose qui ne soit déjà connu, sauf peut-être comment les gatekeepers impériaux genre Wired voient le cas Snowden...

13/11/2014 16:32 par gérard

Je rejoins Christian et je ne comprenais d’ailleurs pas pourquoi il avait été "incendié".
Cet article, ne connaissant pourtant pas Wired en tant que média mainstream, me faisait une étrange impression tant les photos étaient vraiment trop belles pour être honnêtes...
Mais ce n’est pas la raison principale, c’est surtout qu’effectivement on n’apprend strictement rien.
Quoique...
Rien de tel qu’une forme bien proprette pour "éteindre" un sujet incendiaire. Les séries américaines sont autrement plus glauques : "il paraît bien sympathique ce jeune homme, ses révélations ?...Ce ne doit pas être si important que cela..."
Et si on parlait de Gladio, du 11.9. et de la CIA en Ukraine ?etc, etc...
Je ne sais vraiment que penser de Snowden, les services secrets (anglo-saxons mais pas que...) sont maîtres dans l’art de la manipulation.

13/11/2014 20:41 par jeanne Valgent

Je rejoins Christian et Gérard sur le cas Snowden. La définition de gardien de portes des gardiens du temple lui va comme un gant. Son manque de crédibilité sur l’explication du 11/9 reste plus que suspecte. Je suis désolé mais cet évènement reste le plus gros marqueur de qui est qui actuellement ... Attention au miroir aux alouettes. Wikileaks est pavé de bonne intentions, mais ....

14/11/2014 00:10 par Pinco

Bonsoir,

Je m’associe également à la troupe, en surenchérissant :
"Même s’ils ne savent pas ce que vous dites, - parce que c’est crypté - ils tirent un maximum d’informations sur vos interlocuteurs et quand vous leur parlez"

Le cryptage dont il parle est certainement celui d’un VPN mais il est étonnant, de la part d’un as de l’informatique, qu’il n’utilise pas Tor sur son VPN ?? Il masquerait, en outre, son identité et celle de ses interlocuteurs, devenant intraçables s’ils l’utilisent aussi. Tor est pourtant la base de l’anonymat sur le net, tout débutant le sait.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Tor_%28r%C3%A9seau%29

14/11/2014 10:11 par Sierra

@ Pinco

Tor est plein de trou, il suffit d’avoir un ip locator en page d’accueil du Torbrowser pour constater des surprises. De plus, c’est constellé de pot de miel.Seul le chiffrement à la volée permet d’être tranquille quelques instants, encore faut il avoir les ressources matérielles disponible.

Pour l’article, ne suivant pas de près les "aventures" de Snowden, il s’agit la d’un bon résumé, et l’hypothèse d’avoir plusieurs lanceur d’alerte sous sa couverture est plutôt intéressante, dans la mesure ou elle doit empêcher de dormir nombre de responsables.

14/11/2014 11:49 par PierPolJac @ Christian, Gérard & jeanne Valgent

@ Christian, Gérard & jeanne Valgent - chers amis, si je suis votre logique à la limite ça ne valait même pas le coup que Snowden fasse ce qu’il a fait et l’affaire n’aurait rien d’extraordinaire.

Je crois que vous êtes trop nombrilistes et n’avez pas assez de hauteur de vue : ce qui compte ce n’est pas ce que cette affaire vous a révélé A VOUS (car sur ce point je suis d’accord, rien de nouveau sous le soleil et cet article n’apporterait que quelques détails "croustillants" sur le mode de fonctionnement des espions US), mais ce qui est important c’est :

- qu’il s’agit une confirmation-révélation "de l’intérieur" sur les agissements de l’empire, qui de ce fait a une importance énorme (je vous mets au défi d’organiser une conférence de presse dans laquelle vous révéleriez "tout ce que vous savez", à part peut-être votre voisin et le clochard du coin qui viendra vous écouter ? Par contre si c’est un ancien espion repenti qui fait des révélations ça devient un peu plus intéressant, vous ne croyez pas ?).

 le fait que "le pensée unique" et tout ses chiens de garde, laquais, paladin et autres journaleux pro-système-sans-même-sans-rendre-compte sont mis face au fait accompli et grâce à Snowden (mais aussi Assange, et quelques autres) aujourd’hui on a gagné une chose ENORME : on ne peut presque plus se faire traiter de mythomane-conspirateur-paranoïaque lorsqu’on mentionne Big Brother. L’affaire Snowden a déplacé le curseur en notre faveur, nous qui dénonçons le système. C’est quand même pas mal comme cadeau nan ?!

 la perte de crédibilité des US et les tensions politiques que ça a provoqué : bon évidemment ce n’est pas la France qui est allé se plaindre mais vous n’avez pas suivi les prises de positions de pays comme l’Allemagne ou mieux encore du Brésil au Conseil Général de l’ONU (l’année dernière et cette année) ?? de l’Argentine, etc. Les Etats-Unis se sont fait humilier devant l’AG. C’était impensable il y a encore quelques années. Le brésil projette aujourd’hui de faire passer un câble de fibre optique entre ce pays et l’Europe pour contourner la mainmise US, c’est un détail géostratégique parmi d’autres qui a de l’importance.

 la prise de conscience globale qu’effectivement nous sommes tous potentiellement surveillés. Maintenant qu’on/ils le savent tous, à nous de lutter pour ne pas permettre que ça devienne normal.

 enfin, tout simplement l’impact que ces révélations a eu sur tous ces gens qui n’étaient pas conscients de cette réalité, et principalement aux Etats-Unis (désolé mais jusqu’à nouvel ordre c’est l’opinion publique qui stratégiquement est la plus importante sur cette planète, puisque c’est elle qui soutient (souvent sans en être consciente) les agissements de son gouvernement.

Alors si un article de la presse Mainstream nous rappelle tout ça avec un article bien écrit et de superbes photos, on ne va quand même pas se plaindre !!!! ça ferait avancer un peu le schmilblick s’il était repris et diffusé partout. Et là vous avez u groupe de personne qu se prend la tête à la traduire et vous vous leur dites : "mouai, bof, ça sert un peu à rien en fait ce que vous avez fait"...

Si vous n’arrivez pas à penser au delà du bout de votre nez, on est mal barrés. Je pense que LGS n’a pas seulement pour but de nous conforter dans nos opinions, je crois que c’est avant tout un journal d’information alternative et que vous le vouliez ou non cet article va à l’encontre du système établit -il est "anti-systémique"- et c’est bienheureux qu’on puisse maintenant l’avoir en français.

UN ÉNORME MERCI AUX TRADUCTEURS A NOTRE TOUR MAINTENANT DE LE DIFFUSER ET D’EN PARLER LE PLUS POSSIBLE

14/11/2014 12:09 par DePassage

Il est passé où mon commentaire à Pinco ?

Je ne lui donnais que quelques liens qui démontraient que le prétendu anonymat de Tor était loin d’être sans failles et ce, même si je l’utilise moi-même…

14/11/2014 17:20 par gérard

@ PierPolJac
Quant à faire prendre conscience aux américains des forfaits de leur Empire, le seul événement qui pourrait le faire et assez brutalement d’ailleurs, c’est le 11 Septembre.
Quant à l’effet Snowden, j’ai de sérieux doutes...
Ils sont gavés de Séries style 24h Chrono autrement plus glauques que l’affaire Snowden.
Ils ont subi le 11 Septembre qui fut le prétexte au Patriot Act.
Ils répondront que « peu importe d’être surveillés, d’abord ils n’ont rien à cacher et si c’est pour leur sécurité, tant mieux », et que « si leur gouvernement espionne le Monde entier, les "autres", ils doivent certainement en faire autant »
Par contre, concernant le 11 Septembre, là c’est une toute autre affaire.
Malgré un mouvement pour la vérité sur le 11.9 qui regroupe plusieurs milliers d’ingénieurs, de pilotes, de familles de victimes etc, c’est le black-out total, ou comme lors du dernier épisode, on utilise l’absence totale de réaction, la force de l’inertie : "cause toujours !" :
« Les trucages du NIST dans l’affaire du 11-Septembre étalés publiquement »
http://www.reopen911.info/News/2014/10/22/les-trucages-du-nist-dans-laffaire-du-11-septembre-etales-publiquement/
On est bien tous d’accord pour dire que nous ne sommes pas là dans un domaine purement "conspirationniste". Rien n’empêcherait alors Wired d’aborder ce sujet...
Que Wired le fasse, après on en reparlera.

14/11/2014 19:21 par jeanne Valgent

@Pierpoljack

Mais qu’est-ce que c’est que cet amalgame malhonnête entre wired et le GS. Et ça parle de prendre de la hauteur en plus !!!!! Il n’est nullement question ici de s’assoir sur les travaux de traduction où quoi que se soit d’autres effectués par le GS et ses amis. Le GS nous traduit des articles, merci grandement à eux mais pour les commentaires ils restent un espace de liberté où chacun peut exprimer ses sentiments profonds. Qu’ils vous déplaisent m’est complètement égal et libre à vous de ne pas être d’accord avec certains et certaines d’entre-nous, mais de grâce gardez votre police de la pensée pour vous même. Désolé si ce qui vous contente ne suffit pas à bâillonner mon sens critique. Un sage à dit " ne te contente jamais de ce qui contente l’ignorant " ...dont acte ...
Quand à votre espoir du réveil du peuple US grâce à ce genre de révélations, bon courage. On voit tout de suite votre grande maitrise du sujet ...
Bonne journée

14/11/2014 21:14 par Sheynat

Merci PierPolJac d’avoir exprimé votre sens critique et vos sentiments profonds, ça fait du bien de lire votre commentaire appuyé d’arguments pertinents.

14/11/2014 23:48 par jeanne Valgent

Chacun trouve son bonheur avec les arguments pertinents qu’il peut ! A force de mener de petits combats on en oublie de mener les grands ... Sinon quelle sagacité de ne pas voir dans le 11/9 un argument de taille ... Et la foule crie Bravo ...

15/11/2014 13:43 par PierPolJac @ Christian, Gérard & jeanne Valgent

Bon allez je m’en vais à la manif contre l’austérité et je vous répondrai ce soir : p

Je vous laisse une chance si d’ici là vous postez une des phrase suivante en commentaire (au choix) :

 "Cet article est excellent et je m’incline devant ses auteurs et le travail réalisé par les traducteurs"
 "I LOVE EDWARD SNOWDEN"
 "Il faut soutenir Wikileaks : http://shop.wikileaks.org/donate"
 "Vive Le Grand Soir - je vous envoie tout de suite un chèque de 100,000 euros pour que vous alliez acheter des armes au Venezuela"

A toute...

15/11/2014 14:21 par Dominique

Sur truecrypt, il y a des alternatives libres, en tous cas sous Linux.

Autrement sur Snowden & Co. on peut commenter tout ce que l’on veut, les faits restent, et parmi ceux-ci il y a celui que tous nos gouvernements sont compromis, corrompus et pratiquent l’espionnage de masse type NSA. Comme le montrent les Spy files 3 de wikileaks, les gouvernements de tous les pays riches et ceux de tous les pays émergeants achètent les mêmes programmes que ceux utilisés par la NSA. Donc quand Merkel ou Wilma font semblant d’être scandalisée, c’est simplement qu’elles aimeraient bien pouvoir en faire autant à Obama.

Ces programmes sont souvent développés par des sociétés israélienne (une bonne raison de plus de boycotter ce pays !), et le cas de la Suisse est édifiant, ce pays ne se contente pas d’acheter ces programmes mais il participe activement à leur développement en collaborant avec les sociétés israéliennes... Et ceci n’est que ce qu’une très rapide recherche sur les Spy files 3 m’a révélé.

16/11/2014 01:04 par PierPolJac @ Christian, Gérard & jeanne Valgent

Oui bon il est presque 1 heure du matin alors j’ai un peu la flemme de répondre à vos arguments 1 par 1, parce que quand je lis des trucs du genre :

Et si on parlait de Gladio, du 11.9. et de la CIA en Ukraine ?etc, etc...
(...)
Son manque de crédibilité sur l’explication du 11/9 reste plus que suspecte.
(...)
Rien n’empêcherait alors Wired d’aborder ce sujet [le 11/9]...
Que Wired le fasse, après on en reparlera.

me connaissant je pourrai y passer la nuit (parce que je suis un amant de la LOGIQUE (du grec logikê, dérivé de logos (λόγος), terme utilisé pour la première fois par Xénocrate signifiant à la fois raison, langage, et raisonnement) est, dans une première approche, l’étude des règles formelles que doit respecter toute argumentation correcte.)

Pour faire court : cet article à l’air de vous embêter, soit parce qu’il n’aborde pas vos sujets préférés, soit parce Snowden ne dénonce pas clairement les attentats du 11/9 comme étant le résultat d’un complot de l’intérieur (false-flag-operation), etc. etc. donc pour faire court cet article n’est pas assez bien et ça se voit dès le début ("titre débile").

Je dis donc que vous êtes trop nombrilistes et que vous ne pensez qu’à vous, et c’est dommage parce que ça vous empêche de voir et d ecomprendre la portée de l’article car partant du fait que la grande majorité de la population n’a ni votre intelligence ni votre connaissance des réalités des agissements des services secrets américains, cet article permet à l’opinion publique (puisque Wired fait plus ou moins parti des médias mainstream, donc à priori génétiquement pro-système) d’en apprendre un peu sur cette réalité et ça ça fait avancer le schmilblick.

Et si on peut l’avoir en français c’est génial.

Et pour revenir sur les photos ("trop belles pour être honnêtes") : lisez - regardez donc le reportage de Wired Call Me Ed : A Day With Edward Snowden sur l’interview qu’ils lui ont faite.

Allez bonne nuit les amis...

16/11/2014 11:56 par gérard

@ PierPolJac
« cet article à l’air de vous embêter (...)parce qu’il n’aborde pas vos sujets préférés, »
Mais il ne s’agit pas là de "préférences", comme on pourrait dire d’un goût de couleurs, quelle drôle d’idée ! Je m’en passerais bien de "préférences" de ce style...Quant à taxer de "nombriliste" (carton jaune !) alors qu’il s’agit très précisément de LOGIQUE et de RÉALISME, et comme vous en êtes adepte....
J’ai déjà essayé d’expliquer, il est vrai succinctement, dans mon commentaire le 14/11/2014 à 17:20 , en quoi le 11.9. perdure comme un blocage dans l’esprit des américains (comme quoi il faut lire attentivement les commentaires...)
C’est David Ray Griffin qui décrit on ne peut mieux ce "blocage", ou plutôt ce "traumatisme" que fut le 11 Septembre, dans "le Mythe et la Réalité : http://www.youtube.com/watch?v=LZguiu8zviQ.
Beaucoup ont accepté sans broncher le Patriot act en rétorquant à ceux qui s’y opposaient : "remember 9.11 !".
Qu’ils soient surveillés par leur gouvernement ne leur fait par conséquent ni chaud ni froid, et même...cela doit les rassurer !
Il faut bien être conscient que les américains ne subissent pas autant l’Omerta que nous sur le 11.9.. Leur liberté d’expression est bien plus grande qu’ici, où par exemple, tous ceux qui ont tenté de contester la Version Officielle, ont subi les pires foudres médiatiques (voir l’épisode Kassovitz).
Je suis allé sur des sites américains (pas des "zozos" je précise), et je peux vous dire qu’ils abordent notamment le sujet des causes de l’effondrement des tours jumelles avec des explications pour le moins effrayantes et qu’il ne serait pas question de développer ici...
J’ai d’énormes doutes quant à l’impact de ce style d’article sur le public américain, et c’est sur ce plan là que je me place en tout premier.

16/11/2014 12:14 par legrandsoir

Ceci n’est pas un article sur le11/9, mais une interview d’un homme qui a défrayé (brièvement) la chronique et risqué sa vie alors que rien ne l’y obligeait. En ce qui nous concerne (LGS) l’impact d’un tel article (généralement décevant) est une chose, le devoir d’informer - notamment les lecteurs - en est une autre.

16/11/2014 14:43 par Beyer Michel

@LeGrandSoir,

merci pour cette précision. Certains se la jouent un peu trop. Un peu de simplicité n’a jamais fait de mal.

16/11/2014 14:49 par gérard

@ Grand Soir
Je suis bien d’accord que le sujet est Snowden, et d’ailleurs je suis revenu régulièrement sur cet article, mais j’estime qu’on est obligé de faire un parallèle entre ces deux sujets, et ce pour plusieurs raisons que j’ai d’ailleurs déjà exprimées.
Une question que personne ne pose, celle sur la "transparence" de Snowden : peut-on être certain qu’il n’y a vraiment aucune possibilité de "double" casquette ou de manipulation ?
Si Snowden inquiétait tant que cela les américains, il y aurait pas mal de possibilités pour que depuis longtemps il ait cessé d’exister.
Les "grandes oreilles" de la NSA ?
Ça fait très longtemps aussi que c’est un secret de polichinelle. De toute façon il fallait bien s’en douter au vu des moyens de la puissance américaine.
Mais je n’ai jamais dit qu’il ne fallait pas passer cet article. Je pense maintenant qu’il le fallait, ça permet ainsi d’en parler, mais qu’il fallait aussi au moins rester prudent quant à son impact...

16/11/2014 17:26 par Autrement

Merci de toutes façons à LGS qui fait ce qu’il faut, et le plus souvent au bon moment. Personnellement, ce dont je suis le plus émue en tant qu’helléniste et admiratrice aussi de la lutte des Grecs d’aujourd’hui, c’est que Snowden ait été inspiré, comme il le dit lui-même, par les mythes grecs ; je cite le paragraphe : "Plutôt que de passer des heures à regarder la télévision ou à faire du sport comme n’importe quel gamin, Snowden est tombé amoureux des livres, la mythologie grecque en particulier. « Je me souviens comment je me laissais absorber par les livres, où je disparaissais pendant des heures », dit-il. Snowden affirme que la lecture des mythes a joué un rôle important dans sa jeunesse, en lui fournissant un cadre pour faire face aux défis, y compris les dilemmes moraux. « Je crois que c’est là que j’ai commencé à réfléchir sur notre façon d’identifier les problèmes, et qu’un individu se définit par la façon qu’il gère et confronte ces problèmes, » < dont il gère et affronte> dit-il".
La figure du lanceur d’alerte apparaît au début de la trilogie qu’Eschyle a consacrée au mythe des Atrides : celle du guetteur qui, en pleine nuit, sur le toit du palais d’Agamemnon, reçoit et allume à son tour le signal de la flamme, que d’autres guetteurs lui ont transmise de proche en proche, pour annoncer la nouvelle de la défaite ou de la victoire. On peut penser aussi à Héraclès nettoyant les écuries d’Augias, ou à Thésée, le héros athénien, luttant contre brigands et monstres pour faire progresser la civilisation.

16/11/2014 23:44 par Jeanne Valgent

Pierpoljack et autres ... pour en finir

Mais qui vous demande d’avoir les mêmes doutes que moi !!!!! Je ne crois pas au cas Snowden parce que depuis le 11/9 je ne crois plus en grand monde médiatique tellement les manipulations sont grandes et à l’échelle mondiale s’il vous plait. En quoi cela vous déplait tant, vous qui vous permettez des attaques "ad hominem" à défaut d’arguments non pertinents mais récurrents !!! Snowden à traité le 11/9 comme étant "trop d’informations a tué l’information". Désolé, cela suffit à éveiller mes doutes même si je ne conteste rien des autres révélations ou du travail du GS !!!. Les révélations de Snowden (la NSA surveille tout le monde ! hou ! les méchants ) mangent pas de pain et contrairement à ce que vous écrivez elles n’ont provoqué aucunes révolutions des esprits aucune parts et surtout pas aux USA. Si pour vous et d’autres oui, tant mieux. Bien entendu qu’il faut traduire ce genre d’article. Quand à le faire passer. Celui-ci se fera sans moi. Que cela vous plaise ou non même en grec c’est non. Pujadas s’en charge. Au moins je me la "joue" jusqu’au bout ("argument" le plus pathétique rencontré sur ce forum. Bravo ! ) ...
Le cas Manning m’intéresse plus que l’icône Snowden qui je ne pense pas risque sa vie sur ce coup. Le premier l’a risqué. On voit le résultat. Pour le moment le second fait des photos de mode entre deux interviews ... Je veux bien ... Mais de là à me taxer d’imbécile. Faut pas pousser mémé dans les orties. A vrai dire je vous pense même subversif.
Je ne demande pas la censure de Snowden. J’indique ma méfiance. Vous fait-elle tant douter de vous pour vouloir me faire taire ? ...
Allez, dormez bien vous aussi grand érudit. Demain sera un autre jour et ...
" Soyez paranoiaque. Vous serez toujours en dessous de la réalité" ...

Au fait, puisque vous parlez leur langue, demandez au grecs ce qu’ils pensent des révélations de Snowden ... Non mais ...

17/11/2014 00:30 par PierPolJac @ Autrement

Effectivement ça doit être ça qui est à la base de ce qu’il est devenu aujourd’hui. Je pense que Snowden est clairement quelqu’un qui a un sens de ce qu’est la morale, et c’est même ça qui l’a poussé au début à travailler pour son gouvernement, et plus spécialement pour les services secrets. Car quoi de plus naturel, quand on croit au bien et au mal, que de vouloir servir sa patrie puisqu’elle défend ce qu’il y a de plus précieux : la liberté.
Puis le temps passe et il se rend compte de la supercherie. Il se rend compte que son pays est en fait loin de défendre des idéaux, au contraire il fricote avec certains méchants (tout en combattant d’autres méchants, donc double morale), il fait ce qu’il a à faire pour défendre ses intérêts avant tout, et il instaure petit à petit un système à la Big Brother.
Et là il se dit : "qu’auraient fait Aquiles ou Hercule à ma place...?" >> Et hop, il se barre avec tous ses secrets. et il devient au passage un demi-Dieu. La boucle est bouclée, merci à ses parents d’avoir élevé un gentil garçon comme ça ; )

17/11/2014 08:56 par gérard

« Certains se la jouent un peu trop. Un peu de simplicité n’a jamais fait de mal »
@ Beyer Michel
"Simplicité" est le dernier terme qui me viendrait à l’esprit pour qualifier l’état de notre Planète et des analyses qu’on pourrait faire de sa (géo)politique. De simplicité à simplisme il n’y a qu’un pas. La "simplicité" est justement l’arme suprême du Système.
Et c’est justement ce qui est reproché au Grand Soir, ce pourquoi il me semble (ou je n’ai pas tout compris) qu’il a été attaqué, de ne pas se confiner dans la simplicité. Sinon à quoi bon qu’il se décarcasse, "qu’il se la joue" de porter un autre regard sur Cuba, le Venezuela, la Syrie etc, et une myriade de "etc".

17/11/2014 11:56 par Autrement

@Jeanne Valgent. Mon commentaire ne visait aucun des autres intervenants de la discussion (intéressante et instructive) sur l’article de Wired. Je crois seulement que les mythes grecs fournissent (entre autres) de meilleurs cadres de pensée que les idéologies historico-rabougries et rabougrissantes qui ont cours dans les médias ordinaires. J’ai trouvé sur le site grec du journal de Syriza plusieurs articles sur Snowden ; sur le site bilingue de Syriza-Paris, j’ai trouvé dans l’immédiat ici un article contre l’ "Otanisation" de l’Europe et du monde ; ces articles ne laissent aucun doute sur l’opinion des Grecs proches de Syriza quant à l’aspect et l’impact positifs des révélations de Snowden, pour résister à la propagande de l’impérialisme US.

17/11/2014 12:05 par Pierpoljack

Quelques articles de la presse mainstream qui citent quelques-uns des "effets Snowden" :

’Snowden Effect’ Threatens U.S. Tech Industry’s Global Ambitions - Huffington Post
Rieder : Edward Snowden’s powerful impact - USA Today
American surveillance, The Snowden effect - The Economist
Edward Snowden, after months of NSA revelations, says his mission’s accomplished - The Washington Post
+ rapports de Human Rights Watche, + etc.etc.etc.

Donc, si cette affaire a réussi à faire bouger le "curseur politique" et ouvrir un peu les yeux de ces médias-là -qui ne sont pas franchement anti-impérialistes- c’est déjà pas mal...

17/11/2014 14:20 par Autrement

J’ajoute à mon précédent commentaire que, pour prendre la mesure du poids et de l’extension de la propagande US-OTAN - et donc de l’intérêt qu’il y a à faire connaître l’action d’un Snowden - , on peut se reporter ici-même à l’enquête détaillée menée par les Anticons !

17/11/2014 14:21 par Leo Lerouge

En ce qui concerne le titre :
D’abord, il faut savoir que le superlatif couplé avec l’égocentrisme est une des marques de fabrique des empires - et de ceux qui en font partie, bon gré mal gré.
Un sentiment de supériorité par rapport au reste du monde qui n’est pas étranger non plus à notre pays colonialiste, même si on s’en croit immunisé.
D’autre part, en général, le titre, dans les grands quotidiens, n’est pas écrit par l’auteur de l’article, mais choisi par la rédaction et, de toute façon, quel qu’en soit l’auteur, un titre ne sert pas à résumer un article, mais à inciter le lecteur à lire l’article – ce qui a été fait, non ?
Et enfin, ici, le titre reprend une citation de Snowden. Donc, c’est lui-même qui le dit. En toute modestie.

Cet article est, en effet, comme cela a été dit, intéressant.
Pour autant, certains font la fine bouche, en connaisseurs infaillibles des médias, sans doute.
Les médias mainstream, contrairement à ce qu’on pense, apportent également des informations, à chacun de faire la part des choses, sauf à ne pas se fier à son propre jugement.
Même le NYT publie des articles critiques du système et des agissements des classes dirigeantes. Et il est de très bons articles de politique étrangère dans le Figaro. Pour s’informer et développer son esprit critique, il faut savoir discriminer. Le sectarisme mène à l’ignorance.
Alors, on reproche à Snowden son manque de recul par rapport à l’impérialisme, et c’est le cas - comme c’est celui de Manning.
Cela discréditerait ce qu’il a fait ? Que font de concret les anti-impérialistes de salon, qui lui jettent la pierre du fin fond de leur province ?
Snowden serait un suppôt de l’empire, un agent aux ordres ? Rien ne permet d’affirmer cela. On pourrait en dire de même de Manning ou d’Assange, dans ce cas. Qu’est-ce qui nous prouve qu’ils ne sont pas sur une plage ensoleillée, à siroter des cocktails pendant qu’on se ronge les sangs pour eux ?
D’autre part, en 1939-45, je le rappelle, tous les résistants n’étaient pas des révolutionnaires. Mais ils étaient intègres et voulaient sauver la république et combattre le fascisme. Il n’est pas que de héros révolutionnaires. Il y en a même, parmi ces derniers, qui sont loin d’être des héros – et ils sont nombreux.
Snowden le dit bien : il était issu d’une famille qui travaillait pour le gouvernement d’une façon ou d’une autre. Il ne s’était, de toute évidence, pas posé de questions avant de découvrir ce qui se passait réellement.
Manning et lui n’étaient pas des militants anti-système, au contraire, ils sont entrés dans les institutions les plus pourries de ce système, avec l’intention de les servir. Tous les deux ont agi par altruisme, et parce qu’ils ne supportaient pas le mensonge.
Snowden est même prêt à se rendre aux autorités si on accepte les conditions qu’il y met.
Idéaliste, et irréaliste, je dirais. Tout comme Manning.
Que Snowden ne dénonce pas le 11/9, ce n’est pas une surprise. Il ne remet pas en cause le système : il veut l’assainir. On peut ne pas être d’accord, mais s’acharner contre lui en lui attribuant sans preuves de mauvaises intentions, ça s’appelle de la calomnie.

Ce qui est pathétique, c’est cette obsession du 11/9 chez certains commentateurs, comme s’il ne s’était rien passé, ni avant, ni après. Comme s’il fallait d’abord régler cette question pour s’en poser d’autres.
Or, le 11 sept. 2001, c’était il y a 13 ans, et il s’est passé bien d’autres choses, depuis. Et avant cela, aussi. Les USaméricains ne pensent pas au 11/9 le matin en se rasant. Ils ont bien d’autres soucis en tête.
Les journalistes de gauche, également , d’ailleurs, en parlent peu.
L’incident du 11/9 n’est qu’une étape dans l’histoire des Etats-Unis. Et non pas toute l’histoire, contrairement à ce qu’on a l’air de dire.
Le 11/9 a, certes, d’une part, permis l’invasion et l’occupation de l’Irak, une obsession personnelle de la famille Bush, apparemment, et qui ont été rendues possibles parce qu’elles s’inscrivaient dans le cadre du Grand Dessein des dirigeants du pays, à savoir démanteler un à un tous les pays qui seraient trop puissants, et/ou qui (ou leurs dirigeants) représenteraient un obstacle à leur soif de mainmise sur les ressources mondiales.
Il y a eu la Yougoslavie, l’Irak et bien d’autres, et il y a encore, sur la sellette, entre autres, la Syrie, l’Iran et la Russie, qu’ils veulent réduire à des protectorats. Et, puis, il reste la conquête de tout le continent africain et de l’Asie, ainsi que la reconquête de l’Amérique latine, qui les nargue.
Donc, si les USaméricains veulent se poser des questions, il est ridicule de prétendre qu’il faut qu’ils sachent qui a commandité cet attentat pour le faire : ils ont suffisamment d’exemples sous les yeux.
A commencer par l’invasion de l’Irak, qui a été justifiée par la possession d’ADM. Or, cela a été démenti publiquement, deux ans plus tard, par Colin Powell en personne.
Si le fait que les Etats-Unis sont allés raser un pays, faisant des millions de victimes et que les troupes sont restées sur place sans motif valable pendant 10 ans, n’interpelle pas la population, on se demande ce qui pourrait lui ouvrir les yeux.
Sans compter que ces attentats ont également permis de porter atteinte aux libertés civiles des citoyens étasuniens.
Les attentats du 11 sept ont fait 3000 victimes, le nombre de soldats US morts en Irak est de 4400 (et je ne parle même pas des Irakiens) … Cherchez l’erreur.
Et, comme chacun le sait, ou pense le savoir, il n’y a pas que l’Irak : l’histoire des US, qui ont tout de suite donné le ton avec le génocide des peuples autochtones sous prétexte de "mission civilisatrice", n’est qu’un chapelet ininterrompu de crimes contre les peuples, tous justifiés par des mensonges, ou perpétrés en secret si l’aval de la population n’était pas nécessaire.
Ainsi, depuis le milieu du XXème s, les gouvernements élus d’au moins 35 pays ont été déstabilisés ou renversés par les US – grâce, par ex, aux coups d’état fomentés en sous-main par leurs services secrets - qui ont soutenu les fascistes, les cartels de la drogue et les terroristes.
(voir la liste ici).

Mais ce cycle de violences ne s’est pas pour autant arrêté là : il n’y a, donc, pas besoin d’une thérapie de choc de type "11 sept." chaque fois qu’on veut envahir ou bombarder un pays et réduire les libertés des citoyens.
Et Obama ne s’en est pas privé, qui a encore monté d’un cran les initiatives présidentielles anticonstitutionnelles.
Outre les 7 guerres qu’il a menées et qu’il mène encore (voir les pays touchésici), il n’a jamais réglé la question des prisonniers de Guantanamo, c.à.d. de plus de 150 personnes, dont la grande majorité sont détenues sans inculpation et sans jugement ;
Il a laissé se développer davantage un état policier et un état espion (comme on le voit ici), grâce aux pseudo-guerres "contre la drogue" et "contre le terrorisme" ;
Il a multiplié les assassinats aveugles par drones, tuant des dizaines d’innocents au Yémen et au Pakistan, notamment.
Et il n’a même pas eu besoin d’un nouveau 11 sept. pour réaliser tout ça.

Il y aurait, donc, de quoi avoir ouvert les yeux depuis longtemps, non ?
Contrairement à ce qui est dit, également, les "américains", se posent des questions et de plus en plus, cela, grâce, en partie, aux révélations de Snowden. Les chefs d’accusation ne s’annulent pas selon leur importance : ils confortent les observateurs dans leurs soupçons.
Et les "américains" ne restent pas les bras ballants : il y a des tas de mouvements de protestation dans tous les US. Il suffit de suivre un peu.
D’autre part, il existe de nombreux sites de protestataires de la politique de la classe dirigeante aux US (tous partis confondus).
Par ex, celui-ci, qui dénonce, entre autres, les guerres impériales et la militarisation de la police.

Parmi les mouvements de protestation, il y en a un qui est très mal connu, c’est celui des Vétérans contre la Guerre.
Dans cet article, ils expliquent pourquoi ils sont contre la Guerre en Irak . On le constatera, ils ne glosent pas à longueur de post sur ce qui s’est passé le 11/9. Ils parlent de ce que la guerre veut dire et de toutes les conséquences qu’elle entraine.
Cet article évoque un vétéran d’Irak, Tom Young, qui vient de mourir.
Deux jours après le 11/9, il voulait en découdre avec "ceux qui avaient tué quelque 3000 citoyens de [son] pays ". Alors, il s’est engagé dans l’armée.
Il pensait partir pour l’Afghanistan, où étaient censés se trouver ces "terroristes" dont parlaient les médias, mais il s’est retrouvé en Irak.
Il explique :

Je ne me suis pas engagé pour aller en Irak, un pays qui n’avait rien à voir avec les attentats, et qui ne menaçait pas ses voisins, et encore moins les États-Unis. Je voulais m’engager pour "libérer" les Irakiens ou pour faire fermer les installations d’ADM ou pour y instaurer ce qu’on appelle cyniquement la "démocratie", à Bagdad et au MO … je ne me suis certainement pas engagé pour mener une guerre préventive (.. .). La Guerre en Irak est la bourde stratégique la plus monumentale de l’histoire des Etats-Unis. (…).
Nous avons été utilisés. Nous avons été trahis. Et nous avons été abandonnés.

Donc, si on comprend bien, il n’avait pas besoin de savoir qui étaient les commanditaires des attentats pour ouvrir les yeux.
Et il n’est pas le seul va-t-en-guerre convaincu à s’être engagé volontairement dans l’armée pour "servir son pays" et le venger des morts du WTC.
Il y a une vidéo passionnante avec les témoignages de membres de "Veteran against the War" qui cerne bien toute la question, d’abord, de l’engagement (avec les promesses, et le conditionnement), puis de la situation sur place, et enfin de ce que deviennent les vétérans une fois revenus au pays.
Là non plus, ils ne parlent pas du 11/9, sauf pour situer l’action dans le temps. Une simple étape, donc. Une date, comme Pearl Harbour, Hiroshima ou My Lai.

Voir aussi, pour ceux que ça intéresse, cette vidéo en anglais "what really goes on in Iraq ?

Ce qui doit frapper l’occidental, dans cette affaire de 11 sept., c’est, sans doute, que les victimes du WTC n’étaient pas des basanés dirigés par un infâme dictateur, mais des Blancs, bien propres sur eux, et qui travaillaient.
Parce que les basanés, eux, même s’ils meurent par millions, ils n’intéressent pas grand monde.
L’indignation reste bien ciblée, et entre-soi.

La question qui se pose est, donc : qu’est-ce qui est le plus important dans ce énième épisode guerrier ? Découvrir qui a réellement commis les attentats, ou savoir que ces attentats ont servi de prétexte à aller assassiner, torturer, estropier, déplacer des milliers d’innocents, en envoyant toujours plus de chair à canon, qu’ils appâtent avec des mensonges infâmes, dignes des 72 vierges du paradis ?
Depuis le début de la guerre en Irak, plus de 10.000 vétérans se sont suicidés.
Et environ 17000 vivent dans la rue et constituent 12% de la population des sans-abri.
Pour plus de précisions, voir ici.

Et, pour finir, un article sur la différence de traitement médiatique et politique lors de la mort atroce d’enfants.
"Do Arabs cry for their children too ?."

"Ne te contente jamais de ce qui contente l’ignorant".
J’aime bien cette formule.

17/11/2014 16:27 par Beyer Michel

@Gerard,

Je ne suis pas "simpliste" au point de ne pas comprendre la complexité du monde. Je dirais "simplement" que je n’ayant que mon certificat d’études obtenu il y a des décennies,pou moi la simplicité est une grande qualité. Il m’arrive d’être admiratif devant les "puits de science", mais point trop n’en faut..

17/11/2014 16:42 par Ben Malaki

Ce que dénonce E. Snowden est moins l’espionnage que les moyens technologiques sophistiqués pouvant être utilisés contre n’importe quel quidam. L’espionnage des grands de ce monde à toujours existé et les peuples le savent. Qu’ils soit effectué à partir de données informatisées aujourd’hui ne change pas le paradigme des masses. Hier, c’était le fourgon garé en bas d’une rue. Le sentiment d’un homme dépolitisé et honnête n’attache pas grande importance à la surveillance. Bien au contraire et si de plus il à des enfants, cela le rassure quelque-part ...
L’éveil de l’homme dépolitisé ne peut pas passer par le politique, c’est un raisonnement insensé. Il ne peut passer que par l’émotionnel. Ceux qui luttent pied à pied pour une enquête indépendante sur le 11/9 l’ont compris avant tout le monde. C’est la seule révélation si elle avait lieu, qui peut bousculer le paradigme mondial occidental. Le nier devient absurde.
Certains commentaires du GS pataugent dans un pseudo-élitisme qu’il dénoncent par ailleurs. Attention à ne pas se retrouver qu’entre-soi. Cela deviendrait un forum où une pensée unique que détient une nomenclature vieillissante s’auto-congratule et étale sa science. Ce forum mérite mieux. .

Cordialement

17/11/2014 16:55 par Jeanne Valgent

@ Léo le Rouge

" ...Et il n’a même pas eu besoin d’un nouveau 11/9 pour réaliser tout ça ..."

C’est bien ce que je dis ! Un seul à suffit ...C’est dire !

18/11/2014 08:17 par christian

@ppj et àl
Qu’est-ce que vous me venez avec Snowden, les traducteurs de LGS (que je salue) ou je ne sais quoi d’autre que j’ai pas écrit, je me suis contenté de critiquer le titre typiquement US-centrique de cet article et le fait qu’un article MSM soit « sticky » sur LGS.
Je ne prétends pas que Snowden ne nous ait rien apprit ou qu’il n’est pas un héro (c’en est un), je prétends que l’article de Wired ne nous apprends pas grand chose, que c’est typiquement un article de gardien du temple qui ne remet pas en question le complexe militaro-industriel ni l’empire US.
Et j’ajouterai que les documents de Snowden ont encore beaucoup à nous apprendre, mais qu’avec Greenwald, Poitras et Omydiar (fondateur ebay et qui avait fermé le compte de Wikileaks, qui c’est exprimé de façon très critique quand à ces « whistleblowers » et qui maintenant finance ces 2 journalistes pour publier les documents de Snowden) en charge de ces documents, le poisson risque d’être noyé et le restant des documents détruits.

18/11/2014 12:44 par Bidule Chose

Quand c’est possible, je trinque mon verre à Snowden. Il y a quelques années lorsqu’on disait que les USA surveillaient tout le monde, on passait pour un conspirationniste, un fou ou un maniaque de séries télés. Or depuis que ce jeune homme a risqué sa vie, c’est désormais chose admise. De plus grâce aux articles de presse, les Etats-Unis subissent une perte considérable de prestige international. Plus personne ne pense que c’est un "bon" pays. C’est même devenu un pays fou qui se précipite vers sa destruction entraînant le monde avec lui en Ukraine et ailleurs. Snowden est vraiment devenu un héros
qui a ébranlé à lui seul une superpuissance du mal.

18/11/2014 16:08 par Ben Malaki

@ ..."De plus, à cause de leur réaction au 11/9 les USA subissent une perte considérable de prestige international. Plus personne ne pense que c’est un "bon" pays. C’est même devenu un pays fou qui se précipite vers sa destruction entrainant le monde avec lui. En Afghanistan, Irak, Somalie,Soudan, Libye, Mali, Liban, les Balkans et sans doute plus tard, ailleurs.
Un jour, les nombreux lanceurs d’alarmes anonymes du 11/9 deviendront vraiment des héros qui auront réussi avec l’aide de nombreux acteurs à faire tomber une superpuissance du mal.
Ce jour-là sera un exploit. Car tous ont poussé à l’alarme avec des cris d’oiseaux ...

18/11/2014 21:38 par Leo Lerouge

@jeanne Valgent :
"C’est bien ce que je dis ! Un seul à suffit ...C’est dire !"
Et moi, ce n’est certainement pas ce que j’ai dit. Veuillez relire. Lentement.

Le 11/09 n’a été qu’un moyen parmi bien d’autres, tous éphémères, même si de mêmes arguments sont repris pour une autre opération, pour relancer la machine de guerre du complexe militaro-industriel.
Un prétexte spectaculaire et radical, certes, pour justifier d’une nouvelle invasion auprès de la population, mais les US n’ont jamais hésité à faire tuer leurs propres citoyens en créant des incidents pour lui faire accepter une nouvelle guerre.
Le 11/09 n’est même pas une première, donc, sauf que le lieu de l’explosion était chargé de symboles et, donc, très bien choisi pour frapper les esprits sur toute la planète.

Mais l’effet kiss-cool du 11 sept. reste à démontrer.
Sauf, au début, pour l’Afghanistan - qui a été envahi dans la foulée des attentats du 11/09, soi-disant à la poursuite d’Al-Qaïda et de ben Laden. Or, pour les premiers, ce sont les US qui les ont renforcés et fait proliférer dans le monde entier, sous diverses appellations, et, pour le second, ils ont monté une opération illégale pour l’assassiner, lui, ou un pantin empaillé.
Donc, pour l’Afghanistan, les sondages montrent que, depuis le tout début de la guerre, en 2001, peu après l’invasion, 89% y étaient favorables et que ce n’est qu’en fév. 2014 qu’il y a eu inversion de majorité, avec 49% qui disent que la guerre était une erreur, contre 48%.
Mais ce fait essentiellement fluctuer l’opinion aux US, ce n’est pas la vengeance pour les attentats du 11/09, c’est d’une part, la peur de nouveaux attentats sur leur territoire, et, donc, l’illusion que l’armée US va éradiquer le terrorisme, et d’autre part, le nombre de victimes US de la guerre.

Pour l’Irak :
Avant l’invasion, en mars 2003, 47 à 60% de la population, toujours dans l’optique 11/09 et de la peur d’autres attentats, instillée par la propagande, étaient en faveur d’une invasion de l’Irak, à condition qu’elle soit approuvée par l’ONU.
Mais, dès juin 2005, un sondage du Washington Post/ABC indiquait que près de 60% des sondés pensaient que la guerre était une erreur. En avril 2007, ils étaient aussi 58-60% Et, en mai 2007, le New York Times et CBS News publiaient les résultats d’un sondage où 61% des sondés pensaient que les US n’auraient pas dû aller faire la guerre en Irak.
Ce qui veut dire que la majorité des US américains, plutôt mitigés deux ans après le 11/09, mais favorables à une invasion, étaient déjà bien refroidis dès 2005, deux ans plus tard.
Quant aux autres guerres, elles leur sont vendues sous les sempiternels prétextes accommodés au gout du jour : "intérêts US à l’étranger" (comprendre : protection des bases US et des ressources dont ils se sont emparés), risques d’attentats sur leur territoire, défense de quelques opprimés vite oubliés, etc.

Quant à l’article en soi, il a été bien analysé par PierPolJac.
J’ajouterai, d’autre part, que la surveillance généralisée a été acceptée, de fait, par l’immense majorité des populations, y compris en France, parce qu’elle nous rendait la tâche plus facile (internet, téléphones portables, cartes de crédit, etc.) ou parce qu’on prétendait que c’était pour notre sécurité (caméras, par ex).
Peu de gens ont protesté contre ces intrusions.
Mais, en acceptant de livrer nos données personnelles à des personnes sans statut officiel (en se disant : "moi, de toute façon, je n’ai rien à cacher"), le recueil d’informations tous azimuts a été banalisé et nous avons rendu possibles les atteintes à nos droits sur la confidentialité des données privées et les fichages de toutes sortes.
Quand on voit les commentaires qui minimisent les révélations de Snowden, on comprend que la grande majorité de la population ne saisit même pas la gravité, ni l’étendue du problème.

Ont-ils seulement conscience que, par ex, les agents de la DCRI consultent désormais les réseaux sociaux pour savoir ce qui se prépare ?
Savent-ils seulement que les pseudo-"révolutions" de couleur et autres "printemps arabes" ont été orchestrés grâce aux réseaux sociaux et avec des gens soudoyés pour créer l’agitation ?
Et, enfin, croire que la révélation des noms des commanditaires des attentats du 11/sept. feront tomber l’empire, c’est se bercer de grandes illusions. S’il avait dû tomber pour avoir organisé de faux attentats, il serait tombé depuis longtemps.
Il n’est même pas tombé pour avoir détruit des dizaines de pays !

19/11/2014 01:12 par Jeanne Valgent

@ Léo le rouge

Je comprends vos arguments et ils sont justes. De plus, je ne peux débattre de ce sur quoi je suis globalement d’accord. Mais comprenez maintenant le mien. Je n’en ai qu’un.
Avant le 11:9 j’étais quelqu’un qui s’intéressait à l’Histoire et aux Sciences ... Depuis ce jour, et quelques heures après les effondrements j’ai senti que quelque chose ne tournait pas rond. De formation scientifique certes modeste mais non moins longue, ma "gène" m’a dirigé tout de suite vers la physique des matériaux où j’y ai découvert l’impossibilité de la VO présenté par le gouvernement US aidés de tous les médias du monde ... Ce jour-là j’ai réalisé deux choses. Que je vivais une époque Historique en tant qu’actrice spectatrice de cette époque, mais surtout que nous vivions une gigantesque manipulation à l’échelle planétaire avec la complicité de la quasi totalité des médias occidentaux. Ce fut énorme comme bouleversement politique dans mon esprit. J’en arrive donc à mon argument. Il tient en une courte phrase.
"Dans ce cas-là, je ne devais pas être la seule." ... C’est pourquoi je pense ce genre de "révélations" plus productives que celles actuelles de Snowden mais je peux me tromper. L’avenir en dira plus que mon "nombrilisme" ...

Bien à vous Léo. J’aime tous vos commentaires car ils sont toujours polis et non agressifs.

19/11/2014 02:57 par Jeanne Valgent

@ Léo le rouge

En fait je voudrais rajouter cela à mon précédent com. Les gens savent que les services spéciaux sortent de leur prérogatives bien souvent mais ils ne croient pas encore que les médias mainstream les manipulent aussi autant, sinon le système s"effondrerait très vite. Comme les trois tours du 11/9. Très vite ...
Alors que les révélations de Snowden au contraire gardent les portes de cette crédulité générale vis à vis des médias en "rassurant" sur une certaine "liberté d’expression" que je pense totalement imaginaire aujourd’hui. Même Chomsky est incohérent sur le sujet du 11/9. Pourquoi ? ... Mes doutes ne sont pas près de s’éteindre et se serait tant mieux si je faisais erreur ...

19/11/2014 12:24 par Sheynat

Merci Léolerouge \°/

Pour compléter sur l’impact de l’action de Snowden et les dangers du "moi-je-n’ai-rien-à-cacher", il y a cette excellente conférence de Benjamin Bayart et Jérémie Zimmermann en novembre 2013 à Toulouse ("Capitole du Libre", qui a eu lieu cette année le week-end dernier aussi, mais les vidéos des conf’ ne sont pas encore sorties) :

http://2013.capitoledulibre.org/conferences/conference-de-cloture.html

19/11/2014 22:05 par Eric

Bonjour à tous,
Prenez cinq minutes… Les solutions sont là : www.joinplaces.com
À propager !

20/11/2014 18:05 par Leo Lerouge

Merci @Sheynat.
Je vais aller regarder la vidéo.
Et par la même occasion, je regarderai aussi la vidéo que conseille Eric.

21/11/2014 14:44 par DePassage

Perso, quand les merdias de manipulation de masse pointent tous en coeur la lune, j’ai tendance à chercher la ficelle qui manipule le doigt. J’ai toujours laissé une place au doute sur l’affaire Snowden qui en définitive, n’a révélé que ce que nous savions déjà à peu près tous et que ça pourrait fort bien n’être qu’un de ces pseudo évènements servant à détourner notre attention d’un autre plus gros et plus important. Si Snowden avait été une si grande menace pour l’Empire, il ne serait probablement plus de ce monde, un peu comme Christophe de Margerie en fait :

http://vigile.net/Un-accident-bizarre-qui-en
http://vigile.net/Un-embarras-TOTAL

21/11/2014 20:07 par legrandsoir

l’affaire Snowden qui en définitive, n’a révélé que ce que nous savions déjà à peu près tous

étonnant, cette phrase qui revient souvent. Car l’affaire Snowden est à plusieurs dimensions. 1) le droit de savoir (oui/non) ; 2) l’étendue des écoutes (ça, oui, on s’en doutait), et - surtout - 3) le contenu du résultat des écoutes. C’est cette dernière partie qui est loin d’être connue, car pour cela, il faudrait pouvoir avoir le temps et les moyens de lire les documents... Et là, il est impossible de savoir si on sait déjà. Ceci est vrai aussi pour les documents Wikileaks, dont on dit souvent "qu’ils n’apprennent rien" - comme si on les avait déjà tous lus.

23/11/2014 09:50 par pschitt

Depuis le temps qu’on "sait" des choses , si qque chose avait du se passer on aurait pas attendu snowden pour que ça arrive !! Et encore moins le grand soir !! Ce qui n’enlève rien à l’ objectivité et à la pugnacité de ce dernier que je salue du reste .......

23/11/2014 11:04 par anonymement vagabond

Je ne sais pas pour vous mais ces photos de Snowden me gênent, encore un, sur le chemin du culte de la personnalité ?
Pour rester crédibles, ces "lanceurs d’alertes" devront rester focalisés sur ces "alertes" au lieu de leur personne.

23/11/2014 11:54 par legrandsoir

La réponse se trouve quelques commentaires plus haut - l’article du photographe - http://www.wired.com/2014/08/scott-dadich-snowden/

Snowden n’y est pas pour grand chose.

Pour la petite histoire : le magazine les Inrocks a un jour lourdement insisté pour photographier "chez lui" un administrateur du Grand Soir pour un article (qui n’a jamais vraiment vu le jour, en tous cas, pas celui annoncé). Il va sans dire que le refus a été poli, ferme et définitif. Mais d’un autre côté, si la vie de l’administrateur avait été en jeu, il aurait peut-être décidé autrement.

25/11/2014 14:32 par Archer Gabrielle

Pour ma part je dirai seulement qu’il est du devoir de chaque femme et de chaque homme de ce monde d’informer l’humanité de cette terre de ce qui se trame dans son dos contre ses intérêts parce ceux qui sont censés gérer les affaires de nos états et protéger les peuples des injustices et des violations de leurs droits, alors il faut encore plus de donneur d’alerte comme Snowden, Anna Montes, Assange etc. ainsi que tous les autres et que ceux qui peuvent se battre contre ce que je nomme l’empire maléfique du tout pour la minorité capitaliste le fasse sans hésitation.....!

26/11/2014 16:37 par PierPolJac

@anonymement vagabond

« Je ne sais pas pour vous mais ces photos de Snowden me gênent, encore un, sur le chemin du culte de la personnalité ? »

Attendez un peu, je suis votre raisonnement : bonnes photos faites par un pro => Snowden se dirigerai vers le culte de la personnalité

Donc si à la place il y aurait eu des photos à 2 centimes vous auriez beaucoup plus apprécié ?
En fait c’est plus la forme que le fond qui compte pour vous, non ?
***

« Pour rester crédibles, ces "lanceurs d’alertes" devront rester focalisés sur ces "alertes" au lieu de leur personne. »

ça doit être compliqué de ne pas parler de sa personne quand un journaliste vient vous poser des questions d’ordre personnel. C’est quand même pas donné à tout le monde de pouvoir se transcender et de... mais oui ! Peut-être que Snowden devrait passer à l’état de cyber-être, sans corps, juste des bytes, des 0 et des 1. Ainsi il serait très crédible à vos yeux...
***
Je pense quand même qu’au contraire il est important de connaître la personne afin de pouvoir se faire une opinion plus approfondie sur les "révélations". Aurions-nous accepté des "secrets" révélés par monsieur X, par quelqu’un d’anonyme, des "secrets" sortis de nul part ?? Je ne le crois pas.
Et que vous le vouliez ou non, une tête, quand elle se transforme en symbole, ça prend de la puissance. Le Che en est le plus clair exemple.

29/11/2014 12:44 par Autrement

Je me suis demandé pourquoi (outre jusqu’à maintenant 57 commentaires), Snowden restait si longtemps à la Une de LGS. Il me semble que la raison en est la riche multiplicité des questions que pose ce texte ; à première vue, il se présente comme une grande enquête à l’américaine, journalistico-biographique, un peu romancée. En réalité, non seulement y sont interrogées la personnalité et l’action de Snowden, mais aussi et peut-être surtout notre propre attitude suite à l’événement (entre autres événements remarquables) de ses révélations.
D’abord l’attention est attirée sur ce que Snowden a risqué, en tant que citoyen américain : la reconnaissance complète de sa qualité de citoyen place l’homme concret devant un cas de conscience : "En même temps, il savait qu’il pourrait y avoir de lourdes conséquences. « C’est vraiment dur de franchir cette étape, non seulement je crois en quelque chose, mais j’y crois assez fort pour détruire ma vie de fond en comble »."
C’est là qu’a pu jouer son rôle le souvenir des mythes grecs, venu des lectures d’enfance et d’adolescence. La prise de risques au nom d’un idéal collectif est d’une toute autre nature que celle du cow-boy chasseur d’indiens ou rival des cultivateurs sédentaires, ou même du sheriff ou du vengeur meurtrier par devoir, les uns et les autres d’abord soucieux de leur réussite individuelle et de leur image de marque. Ce que du temps de Sartre, des Mouches et de Huis clos on appelait l’engagement, suppose en effet un saut dans l’inconnu, hors des pseudo-valeurs qui ont cours dans le bain ambiant des idées toutes faites, et qui ne relèvent souvent que de postures reposant aussi sur des sentiments tout faits.
Tout aussi importantes sont les remarques de Snowden sur l’accoutumance de ses collègues au mensonge, et ses réflexions sur la "banalisation du mal", qui se réfèrent à Hannah Arendt. Parlant d’une de ses connaissances, il dit :
"Il considérait que tromper les Américains faisait partie de son boulot, comme quelque chose de tout à fait normal. "
Il y a là un enseignement très précieux quant au comportement progressivement résigné et conformiste de nos propres concitoyens, notamment dans le monde politique et administratif. La pression des hiérarchies, l’urgence des tâches à programmer et mener à bien en même temps que celles de la vie privée, la force d’inertie des structures pré-organisées et des modèles de management qui président à l’action professionnelle, font que le travail devient de plus en plus névro-mécanique et sa finalité de plus en plus obscure. La société au service d’une domination de type impérialiste requiert des fonctionnaires ou agents façon Gogol, eux-mêmes capables de se faire obéir aveuglément par les simple citoyens.
L’accoutumance des agents a pour corollaire celle du grand public : "Un autre souci pour Snowden, c’est ce qu’il appelle la lassitude de la NSA - le public devenant engourdi pour les révélations sur la surveillance de masse, tout comme il devient insensible aux annonces de nouvelles victimes de batailles dans une guerre - . « Une mort c’est une tragédie, et un million de morts, c’est une statistique », dit-il, citant satiriquement Staline. « Les écoutes d’Angela Merkel sont un énorme scandale, mais le viol de la confidentialité de 80 000 Allemands passe comme une lettre à la poste »". C’est le coup de la grenouille et de l’eau bouillante, cuisante leçon d’actualité s’il en est.
La robotisation idéologique des organes dirigeants est telle, que Snowden en vient à prôner l’insurrection technologique, comme plus sûre que toutes les décisions incertaines, et dont l’application est elle aussi toujours incertaine - des autorités politiques. "Enfin, Snowden pense que nous devrions faire confiance à la technologie, pas aux politiciens. « Nous avons les moyens et la technologie pour arrêter la surveillance de masse sans aucune modification législative et sans changement de protocole ». La réponse est un cryptage puissant , dit-il ."
On retrouve là un des traits finement relevés par Lucien Sève dans Marxisme et théorie de la personnalité : l’ouvrier révolutionnaire, ce n’est pas le râleur et le tire-au-flanc, c’est au contraire le bon ouvrier, celui qui aime et défend la qualité de son métier, qui se soucie du travail bien fait et de la finalité de l’objet qu’il produit. ici, l’attitude de Snowden est bien celle du révolutionnaire convaincu que le progrès scientifique et technique, qui a fait la matière de son activité profesionnelle, doit être mis au service de tous les citoyens, et non avoir pour but leur asservissement. Qu’il soit arrivé à cette conclusion sans passer par la case "théorie révolutionnaire" mais simplement par la pratique de son travail, est hautement révélateur et humainement réconfortant.
Reste la conclusion de l’article, aussi cinglante que brève : dans sa démarche singulière et ses particularités vécues, le cas Snowen ne fait que mieux apparaître l’universalité du problème posé : que faire, que faisons-nous ?
" « Pour nous, la question n’est pas : quelle sera la prochaine révélation. La question c’est, quelle sera notre réaction ? »"

30/11/2014 08:59 par Vagabond

@PPJ
Donc, un individu X incapable de se mettre en scène n’aura aucun crédit en dévoilant la vérité ? C’est lamentable !
Je n’aime l’allure de Snowden, l’ambiance, ... ça a l’air trop fabriqué. C’est l’information qu’il faut mette en évidence pas le personnage. Ce n’est que mon avis.

30/11/2014 17:50 par BRUNO

Remarquable article.

Incroyable portrait de ce héros politique contemporain. Ne lésinons pas sur les mots.

Qui avec un itinéraire pareil oserait renverser la table ?

Pas ce pauvre président PS du département du Tarn qui a déclaré en rotant, que "mourir pour ses idées" était "stupide".

Ceci étant dit, longue vie à E.Snowden !

Bonne continuation - Merci.

Bruno.

PS : signez et faites signer la pétition suivante qui rame encore trop - Merci :

https://secure.avaaz.org/fr/petition/Le_Bundestag_allemand_L_Etat_allemand_doit_honorer_sa_dette_envers_le_peuple_grec/share/?new

02/12/2014 21:10 par Sheynat

Personnellement j’aime bien ces photos de Edward Snowden.
Je ne leur attribue pas tant d’importance (contrairement à Vagabond), mais elles offrent ce petit supplément d’âme au texte ; elles humanisent cette information qu’on aurait tendance à désincarner.
Mettre en évidence une information au détriment de la personne qui la transmet est à mon avis aussi dangereux que privilégier une cause au détriment des individus.
Si ce jeune homme s’est sacrifié en agissant pour la cause qu’il défend, en prenant des risques immenses pour sa vie, en vivant actuellement traqué au point de ne pouvoir jamais se poser nulle part et n’ayant droit à aucune routine de vie (je me demande d’ailleurs comment il arrive à ne pas péter les plombs), l’auteur à l’inverse tente de réhabiliter la personne qu’il est, cet être de chair, et j’applaudis cette initiative.
Les photos par Platon sont certes esthétiques, mais surtout émouvantes. Il apparaît dans sa grande chemise avec ses lunettes de travers, avec sur son visage une expression bien particulière : celle d’un homme recroquevillé dans un isolement forcé, vulnérable, mais il en émane une grande force, comme s’il acceptait son destin, quelle qu’en soit l’issue.

Merci pour cet article, et merci aussi à Autrement pour son analyse intéressante.

02/12/2014 23:18 par legrandsoir

Snowden reçoit le "Prix Nobel Alternatif" en Suède http://rt.com/news/210523-snowden-award-alternative-nobel/

03/12/2014 13:55 par Leo Lerouge

C’est toujours pareil, on exige des autres d’être parfaits, c’est-à-dire, conformes à sa propre perception de la perfection, sans se donner la peine de l’être soi-même, et sans placer une situation hors de son propre contexte étriqué de commentateur virtuel.
Quelles ont été les motivations profondes de Snowden pour accepter cette séance photo ?
Le couperet tombe, impitoyable : narcissisme ! "C’est bien, Ed, tu as fait des trucs sympas, tu les poses là, sur la chaise, et maintenant, tu te casses".
Il y a eu toutes les hypothèses sur Snowden de la part de ses détracteurs : agent russe, taupe de la CIA, ego surdimensionné, ou investissement inutile.
En effet, ce gars-là, il s’est bêtement enfermé dans une chambre d’hôtel dans un pays dont il ne connait pas la langue, coupé à jamais de son monde et de sa famille, juste pour nous apprendre des trucs que nous savions déjà !
Pour autant, nous ne "savions" rien. Car "savoir", c’est pouvoir présenter une source d’information fiable, ou, mieux encore, avoir plusieurs sources d’informations fiables, "savoir", c’est avoir des preuves formelles, et non pas "avoir la conviction que", qui ne vaut rien pour le reste du monde. A juste titre.
Sinon n’importe quel fifre derrière son clavier pourrait dispenser des informations erronées ou des ragots, voire des attaques calomnieuses.
Ah ? C’est déjà ce qui se fait ? Au temps pour moi !
Quant aux motivations de Snowden pour accepter des séances photo avec un photographe reconnu, plutôt que le narcissisme, si c’était l’envie de se rappeler de façon frappante au bon souvenir de la population US et mondiale, de transmettre à sa famille un message fort qu’ils sauront décrypter, de veiller à ne pas tomber dans l’oubli et l’indifférence, en faisant des piqures de rappel régulières, ou tout cela à la fois ?
Parce qu’à partir du moment où le public détournera son attention et ne le soutiendra plus, il sera seul, nu et cru. C’est le moment que les "autorités" US attendent - comme pour Assange - pour le cueillir.
Ou alors, il s’agirait d’autres motivations dont nous n’avons pas idée, parce que nous ne pouvons pas pénétrer dans son cerveau.
Et, donc, non, là non plus, nous ne SAVONS pas, et ne saurons jamais si aucune source fiable ne nous donne l’information.
Comme pour le 11/09 (je ne fais pas une fixation là-dessus, mais cela devrait être un exemple clair) : deux thèses opposées s’affrontent, et, malgré les preuves vraisemblables accumulées par ceux qui s’opposent à la version officielle, on ne sait pas de source sûre comment cela s’est passé, ni qui est impliqué.
Et si on sait un jour, grâce à quelqu’un qui se sera vraiment mouillé pour faire diffuser des documents irréfutables, il y en aura toujours pour dire : "Il n’a rien fait d’extraordinaire, il n’a fait que dire ce qu’on savait déjà".
D’autre part, si Snowden est véritablement un agent US, il est grillé de toutes les façons. Parce qu’un jour ou l’autre, il pourrait parler, et son "séjour" en Russie ne plaide pas en sa faveur.
On le voit, il y a tellement de paramètres que donner un avis tranché n’a pas de sens, sauf à être dans le secret des dieux - et le prouver.
Quant à ces photos, je renvoie à la très belle description qu’en a fait Sheynat.
M’étant attaché au texte, je ne les avais pas vraiment étudiées de près, mais c’est un point de vue très intéressant.

03/12/2014 14:33 par Ben Malaki

" Malheur aux peuples qui ont besoin de héros" ...Berthold Brecht

03/12/2014 23:31 par legrandsoir

Et malheur aux peuples qui ne savent pas reconnaître quelqu’un de bien... Moi.

04/12/2014 00:09 par Ben Malaki

Seule l’histoire définira si E.Snowden est quelqu’un de bien ou s’il était téléguidé par ses " ex " ( toujours ?) employeurs. Tout autre jugement est prématuré et imprudent pour ne pas dire ridicule. Un doute reste un doute. Mais à bien lire les coms, la vielle nomenclatura du forum s’évertue à voir dans un doute, un affront à leurs certitudes ... Affligeant de "je" et de "moi" pour en oublier le débat (et si ES n’était qu’un vrai faux lanceur d’alerte ?). Assez de questions intelligentes peuvent tourner autour celle-ci ...Consternante la vieille garde auto-congratulante !!!!!!!!!!!!!

04/12/2014 09:14 par mandrin

Là ou vagabonde l’insensé il ne peut y avoir d’expression !

04/12/2014 18:41 par Autrement

@ Ben Malaki :
"Ô rage, ô désespoir ; ô vieillesse ennemie,
N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie,
Et ne suis-je blanchi(e) dans ces travaux guerriers
Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers" ?
Quelle c....ie le conflit de génération ! Alors c’est VOUS la "jeune garde" ? À part les citations de Brecht pour faire joli, qu’est-ce que vous "gardez", au juste ?
Moi je garde (entre autres) le Journal de travail, de Brecht, où l’on peut lire en date du 1/12/45, p. 438 (éd. L’Arche, 1976), le prologue que Brecht propose pour la pièce que vous citez (Vie de Galilée), dans sa version américaine, avec Charles Laughton dans le rôle :
"Vénéré public de la Rue Large
Nous vous invitons aujourd’hui au royaume des courbes et des mesures
Pour dévoiler devant vos yeux d’experts
L’heure où naquit la physique.
Vous y verrez la vie du grand Galileo Galilei,
La loi de la pesanteur qui lutte contre la gratia dei
La science contre l’autorité
Au seuil d’une époque nouvelle
Vous y verrez la science jeune, lubrique et vigoureuse, ainsi que son péché mortel.
Il faut qu’elle mange, violence lui est faite,
Et c’est ainsi qu’elle se dévoie
Et devient, elle, maîtresse de la nature,
Vile putain de la société.
Le vrai n’est pas encore ce qui se vend
Mais présente déjà l’étrange particularité
De ne pas atteindre la multitude
Et de lui rendre l’existence rude au lieu de la lui faciliter.
Ce savoir est actuel
L’Epoque nouvelle est prompte à s’écouler.
Nous espérons que vous prêterez une bienveillante oreille
Sinon à nous, du moins à notre thème, avant
Que faute d’en avoir retenu la leçon
N’entre en scène la bombe atomique soi-même."

Du moins à notre thème, vous saisissez ?

05/12/2014 01:54 par Ben Malaki

@ Autrement

Vous devriez saisir que je veux moins offenser que prêter à réfléchir. En provoquant certes ! Mais que voulez-vous. Ceci est le privilège de l’âge. Ce que je retiens de tous les commentaires est une petite étude à laquelle je me suis prêté afin de me donner une réponse la plus nuancée possible entre "l’idolâtrie" et la "démolition". Cette étude porte sur dix personnes de 17 à 77 ans prisent au hasard dans les rues d’une ville. Elle vaut ce quelle vaut mais j’invite la "vieille garde" à réaliser la même, pour en apporter encore plus de nuances. Voici la petite étude.
J’ai entrepris de poser 4 Questions aux passants qui ont bien désiré me répondre.
La première est ; Connaissez-vous Ed.Snowden ?
La suivante ; Savez-vous qu’il dénonce un espionnage généralisé de la planète et des peuples par la NSA et qu’il risque sa vie pour ça ?
Après réponse des intéressés, la troisième fut ; Savez-vous ce qui s’est passé le 11/09/2001 ? Et la dernière (provocatrice bien sûr, calmez-vous). Savez-vous que plus de mille ingénieurs et architectes mondiaux dénoncent une démolition contrôlée des trois tours ce jour-là ? ...
Résultat ( encore une fois ! Qui vaut ce qui vaut, on ne s’excite pas les anciens, ont est curieux et on fait de même pour comparer ) ...
A la première question 4 sur dix ont répondu par l’affirmative. A la deuxième question il n’en restait plus que trois pour connaître le sujet. Au final des 2 questions les dix semblaient "désolés". Pas plus. .. A la troisième question, dix sur dix ont répondu par l’affirmative. A la quatrième les choses se sont gâtées ; Deux s’en doutait "plus ou moins". Deux sont partis immédiatement non sans m’invectiver. Trois m’ont demandé les sources d’informations mais les ont réfutées sans vraiment vouloir les connaître et les trois derniers sont restés sans voix un long moment après visionnage (sur portable)de démolitions contrôlées puis celle du 11/9. Il est entendu que cette petite "enquête" aux résultats succins ont provoqué d’amples discussions avec certains mais qu’il serait fastidieux et pas vraiment important d’énumérer à ce moment du débat. Votre petite enquête vous éclairera ...
En guise de conclusion précaire (toujours prête à être affinée dans tous les sens) on peut estimer que les révélations actuelles de ES n’ont rien de "transcendantales" pour faire court. Faudra attendre mieux pour voir s’il n’est pas là pour attirer une "vieille garde" qui baisse sa garde. Quand au cas du 11/9 ceux qui sont restés sans voix pendant de longues minutes m’interrogeant du regard m’indique que l’impact de cette "révélation" sur les peuples serait tout autre. Tout cela en fait ne me dit pas si ES est un vrai héros ou pas. Cela me dit qu’il n’en est pas encore un. Je vous renvoie à mon précédent com. L’idolâtrie est prématuré.
Que la rage et le désespoir vous quitte Vieux Sage, ce n’est qu’un jeune fou derrière le clavier. Un jeune fou à qui un jour, un Ancien comme vous à dit ; "La voie du Sage est en premier empruntée par le fou" ... Saisissez-vous ou on appelle Captan América ? ...
Écrire le texte de Galilée n’est pas le comprendre. Relisez-le. Il est magistral ...

05/12/2014 19:50 par legrandsoir

AuroraGold : quand la NSA écoute les réseaux mobiles

The Intercept, le media lancé par Glenn Greenwald, continue d’exploiter le filon des documents fournis par Edward Snowden et détaille un nouveau programme de la NSA : Auroragold. Celui-ci vise les opérateurs de réseau mobile à l’échelle mondiale.

http://www.zdnet.fr/actualites/auroragold-quand-la-nsa-ecoute-les-reseaux-mobiles-39810869.htm

07/12/2014 07:13 par gérard

Que les photos de Snowden "humaniseraient" le sujet, c’est certain, mais étaient-elles vraiment nécessaires ?
Toute réponse est impérativement subordonnée à des questions sur Snowden, questions dont, qu’on le veuille ou non, personne n’a de réponses certaines, dois-je suggérer d’autres éventualités ?
"Si la photo est bonne"....
Mais je suis juste venu ici, déjà pour faire remarquer que je ne suis pas le seul à reparler régulièrement du 11 Septembre, et surtout pour signaler un "dessous des cartes" de Jean Christophe Victor qui est tout particulièrement intéressant à visionner : "Qui torture dans le Monde ?" :
https://www.youtube.com/watch?v=pLbN95CS0AY
Dès le début Jean Christophe Victor prend bien la précaution de mettre à part les États Unis, et (anecdote en passant) ne parle pas des armées privées étasuniennes style "Black Water".
À 8’ 13 commence alors son exposé sur la torture & les États Unis, bien écouter car chaque mot a son importance :
[Petite introduction, il dit auparavant : "on est face à des situations spécifiques à chaque fois, tout n’est pas égal(...)] et ensuite :
« Cette Grande Démocratie (les USA), bien entendu, MAIS placée dans une situation particulière, à partir de Septembre 2001(...)[ il reparle alors des attentats de 2001] Obama reconnaissait que les États unis ont pratiqué la torture au nom de la guerre contre la terreur (...). »
La "messe est dite" au nom de la "guerre contre la terreur" sous le prétexte du 11.9.
Que rajouter ?

08/12/2014 21:50 par Sheynat

Gérard a écrit :

étaient-elles vraiment nécessaires ?

Et ta question Gérard, était-elle vraiment nécessaire ?
Si oui tu as quelques réponses dans le dernier commentaire de Léolerouge.

Bonne soirée.

(Commentaires désactivés)
 Twitter        
 Contact |   Faire un don
logo
« Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »
© CopyLeft :
Diffusion du contenu autorisée et même encouragée.
Merci de mentionner les sources.