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La fin de la civilisation occidentale : pourquoi elle manque de résilience, et ce qui la remplacera

Le 11 juillet 2022, Michael Hudson, professeur d'économie à l'université du Missouri, Kansas City, et chercheur associé au Levy Economics Institute du Bard College a prononcé un discours lors du Neuvième Forum sur la durabilité à l'Université Lingnan de Hongkong sur le thème de l'effondrement de la civilisation moderne et de l'avenir de l'humanité.

Le plus grand défi auquel les sociétés ont été confrontées a toujours été de savoir comment mener le commerce et le crédit sans laisser les marchands et les créanciers s’enrichir en exploitant leurs clients et leurs débiteurs. Toute l’Antiquité a reconnu que la volonté d’acquérir de l’argent crée une dépendance et a tendance à être une forme d’exploitation et donc à être socialement nuisible. Les valeurs morales de la plupart des sociétés s’opposaient à l’égoïsme, surtout sous la forme de l’avarice et de l’addiction à la richesse, que les Grecs appelaient philarguria - amour de l’argent, silver-mania. Les personnes et les familles qui se livraient à une consommation ostentatoire avaient tendance à être ostracisées, car il était reconnu que la richesse était souvent obtenue aux dépens des autres, en particulier des faibles. Le concept grec d’hubris impliquait un comportement égoïste causant du tort aux autres. L’avarice et la cupidité devaient être punies par la déesse de la justice Némésis, qui avait de nombreux antécédents au Proche-Orient, comme Nanshe de Lagash à Sumer, protégeant le faible contre le puissant, le débiteur contre le créancier.

C’est cette protection que les souverains étaient censés assurer en servant les dieux. C’est pourquoi les souverains étaient dotés d’un pouvoir suffisant pour éviter que la population ne soit réduite à la dépendance de la dette et au clientélisme. Les chefs, les rois et les temples étaient chargés d’allouer des crédits et des terres de culture pour permettre aux petits exploitants de servir dans l’armée et de fournir une main-d’œuvre pour la corvée. Les souverains qui se comportaient de manière égoïste étaient susceptibles d’être destitués, ou leurs sujets pouvaient s’enfuir, ou soutenir des chefs rebelles ou des attaquants étrangers promettant d’annuler les dettes et de redistribuer les terres plus équitablement.

La fonction la plus fondamentale de la royauté proche-orientale était de proclamer « l’ordre économique », l’annulation des dettes misharum et andurarum (1), dont l’année jubilaire du judaïsme se fait l’écho. Il n’y avait pas de « démocratie » au sens où les citoyens élisaient leurs dirigeants et administrateurs, mais la « royauté divine » était tenue d’atteindre l’objectif économique implicite de la démocratie : protéger les faibles contre les puissants.

Le pouvoir royal s’appuyait sur des temples et des systèmes éthiques ou religieux. Les grandes religions apparues au milieu du premier millénaire avant J.-C., celles de Bouddha, de Lao-Tseu et de Zoroastre, considéraient que les motivations personnelles devaient être subordonnées à la promotion du bien-être général et de l’aide mutuelle.

Ce qui semblait peu probable il y a 2500 ans, c’est qu’une aristocratie de chefs de guerre allait conquérir le monde occidental. En créant ce qui est devenu l’Empire romain, une oligarchie a pris le contrôle des terres et, le moment venu, du système politique. Elle a aboli l’autorité royale ou civique, transféré la charge fiscale sur les classes inférieures et endetté la population et l’industrie.

Cela a été fait sur une base purement opportuniste. Il n’y a eu aucune tentative de défense idéologique. Il n’y avait aucun soupçon d’un Milton Friedman archaïque émergeant pour populariser un nouvel ordre moral radical célébrant l’avarice en affirmant que la cupidité est ce qui fait avancer les économies, pas ce qui les fait reculer, convainquant la société de laisser la distribution de la terre et de l’argent au « marché » contrôlé par des sociétés privées et des prêteurs sur gages au lieu d’une réglementation communaliste par des dirigeants de palais et des temples - ou par extension, le socialisme d’aujourd’hui. Les palais, les temples et les gouvernements civiques étaient créanciers. Ils n’étaient pas obligés d’emprunter pour fonctionner, et n’étaient donc pas soumis aux exigences politiques d’une classe de créanciers privés.

Mais l’endettement de la population, de l’industrie et même des gouvernements auprès d’une élite oligarchique, c’est précisément ce qui s’est produit en Occident, celui-ci tentant maintenant d’imposer la variante moderne de ce régime économique basé sur l’endettement - le capitalisme financier néolibéral centré sur les États-Unis - au monde entier. Voilà en quoi consiste la nouvelle guerre froide d’aujourd’hui.

Selon la morale traditionnelle des premières sociétés, l’Occident - à partir de la Grèce classique et de l’Italie vers le VIIIème siècle avant J.-C. - était barbare. L’Occident était en effet à la périphérie du monde antique lorsque les commerçants syriens et phéniciens ont apporté du Proche-Orient l’idée de la dette portant intérêt à des sociétés qui n’avaient pas de tradition royale d’annulation périodique des dettes. L’absence d’un pouvoir palatial fort et d’une administration du temple a permis l’émergence d’oligarchies de créanciers dans tout le monde méditerranéen.

La Grèce a fini par être conquise, d’abord par la Sparte oligarchique, puis par la Macédoine et enfin par Rome. C’est le système juridique avare et pro-créancier de cette dernière qui a façonné la civilisation occidentale ultérieure. Aujourd’hui, un système financiarisé de contrôle oligarchique dont les racines remontent à Rome est soutenu et même imposé par la diplomatie, la force militaire et les sanctions économiques de la nouvelle guerre froide des États-Unis aux pays qui tentent d’y résister.

La prise de contrôle oligarchique de l’Antiquité classique

Pour comprendre comment la civilisation occidentale s’est développée d’une manière qui contenait les germes fatals de sa propre polarisation économique, de son déclin et de sa chute, il est nécessaire de reconnaître que, lorsque la Grèce et la Rome classiques apparaissent dans les archives historiques, un âge sombre avait perturbé la vie économique du Proche-Orient à la Méditerranée orientale de 1200 à environ 750 avant Jésus-Christ. Le changement climatique a apparemment provoqué une grave dépopulation, mettant fin aux économies de palais de type linéaire B (2) de la Grèce, et la vie est revenue au niveau local pendant cette période.

Certaines familles ont créé des autocraties mafieuses en monopolisant la terre et en y liant la main-d’œuvre par diverses formes de clientélisme coercitif et d’endettement. Le problème le plus important était celui de la dette portant intérêt que les commerçants du Proche-Orient avaient apportée dans les pays de la mer Égée et de la Méditerranée - sans le contrôle correspondant des annulations de dettes royales.

Cette situation a donné naissance à des « tyrans » réformateurs grecs aux VIIème et VIème siècles avant J.-C., de Sparte à Corinthe, en passant par Athènes et les îles grecques. La dynastie des Cypsélides à Corinthe et de nouveaux dirigeants similaires dans d’autres villes auraient annulé les dettes qui maintenaient les clients en servitude sur les terres, redistribué ces terres aux citoyens et entrepris des dépenses d’infrastructure publique pour développer le commerce, ouvrant ainsi la voie au développement civique et aux rudiments de la démocratie. Sparte a adopté des réformes austères dites « lycurgiennes » (3) contre la consommation ostentatoire et le luxe. Les poèmes d’Archilochus, sur l’île de Paros, et de Solon, à Athènes, dénonçaient la soif de richesse personnelle comme une dépendance, conduisant à l’orgueil démesuré qui blesse les autres - pour être puni par la déesse de la justice, Némésis. L’esprit était similaire à celui des religions babyloniennes, judaïques et autres religions morales.

Rome a connu sept rois légendaires (753-509 av. J.-C.), qui auraient attiré les immigrants et empêché une oligarchie de les exploiter. Mais les familles riches ont renversé le dernier roi. Il n’y avait pas de chef religieux pour contrecarrer leur pouvoir, car les principales familles aristocratiques contrôlaient le sacerdoce. Il n’y avait pas de dirigeants qui combinaient une réforme économique nationale avec une école religieuse, et il n’y avait pas de tradition occidentale d’annulation des dettes comme celle que Jésus préconiserait en essayant de rétablir l’année jubilaire dans la pratique judaïque. Il y avait de nombreux philosophes stoïciens, et les sites religieux amphictyoniques comme Delphes et Delos exprimaient une religion de la moralité personnelle pour éviter l’orgueil démesuré.

Les aristocrates de Rome ont créé une constitution et un Sénat antidémocratiques, ainsi que des lois qui rendaient irréversible la servitude pour dettes et la perte de terres qui en résultait. Bien que l’éthique « politiquement correcte » consistait à éviter de s’engager dans le commerce et le prêt d’argent, cette éthique n’a pas empêché l’émergence d’une oligarchie qui s’est emparée des terres et a réduit une grande partie de la population en servitude. Au IIe siècle avant J.-C., Rome avait conquis toute la région méditerranéenne et l’Asie mineure, et les plus grandes entreprises étaient les collecteurs d’impôts publicains, qui auraient pillé les provinces de Rome.

Il y a toujours eu des moyens pour les riches d’agir de manière moralisatrice en harmonie avec l’éthique altruiste, évitant la cupidité commerciale tout en s’enrichissant. Les riches de l’Antiquité occidentale ont pu s’accommoder de cette éthique en évitant de prêter et de commercer eux-mêmes, en confiant ce « sale boulot » à leurs esclaves ou à leurs hommes de main, et en consacrant les revenus de ces activités à une philanthropie ostentatoire (qui est devenue un spectacle attendu dans les campagnes électorales de Rome). Et lorsque le christianisme est devenu la religion romaine au IVème siècle de notre ère, l’argent a pu acheter l’absolution en faisant des dons généreux à l’Église.

L’héritage de Rome et l’impérialisme financier de l’Occident

Ce qui distingue les économies occidentales des anciennes sociétés du Proche-Orient et de la plupart des sociétés asiatiques, c’est l’absence d’allègement de la dette pour rétablir l’équilibre de l’économie dans son ensemble. Toutes les nations occidentales ont hérité de Rome les principes de l’inviolabilité de la dette, qui donnent la priorité aux demandes des créanciers et légitiment le transfert permanent aux créanciers des biens des débiteurs défaillants. De la Rome antique à l’Espagne des Habsbourg, en passant par la Grande-Bretagne impériale et les États-Unis, les oligarchies occidentales se sont approprié les revenus et les terres des débiteurs, tout en transférant leurs impôts sur la main-d’œuvre et l’industrie. Cela a provoqué l’austérité nationale et a conduit les oligarchies à rechercher la prospérité par la conquête étrangère, pour obtenir des étrangers ce qui n’est pas produit par les économies nationales endettées et soumises à des principes juridiques pro-créanciers transférant les terres et autres biens à une classe de rentiers.

Au XVIème siècle, l’Espagne a pillé de vastes cargaisons d’argent et d’or du Nouveau Monde, mais cette richesse a coulé entre ses mains, dissipée dans la guerre au lieu d’être investie dans l’industrie nationale. Avec une économie très inégale et polarisée, profondément endettée, les Habsbourg perdent leur ancienne possession, la République néerlandaise, qui prospère en tant que société moins oligarchique et qui détient plus de pouvoir en tant que créancier qu’en tant que débiteur.

La Grande-Bretagne a connu une ascension et un déclin similaires. La Première Guerre mondiale lui a laissé de lourdes dettes d’armement envers sa propre ancienne colonie, les États-Unis. Imposant une austérité anti-ouvrière à l’intérieur du pays afin de payer ces dettes, la zone sterling de la Grande-Bretagne est ensuite devenue un satellite du dollar américain selon les termes du prêt-bail américain de la Seconde Guerre mondiale et du prêt britannique de 1946. Les politiques néolibérales de Margaret Thatcher et de Tony Blair ont fortement augmenté le coût de la vie en privatisant et en monopolisant le logement et les infrastructures publiques, anéantissant l’ancienne compétitivité industrielle de la Grande-Bretagne en augmentant le coût de la vie et donc les niveaux de salaire.

Les États-Unis ont suivi une trajectoire similaire d’expansion impériale excessive au détriment de leur économie nationale. Leurs dépenses militaires à l’étranger à partir de 1950 ont obligé le dollar à se détacher de l’or en 1971. Ce changement a eu l’avantage inattendu de donner naissance à un « étalon dollar » qui a permis à l’économie américaine et à sa diplomatie militaire de s’affranchir du reste du monde, en accumulant des dettes en dollars auprès des banques centrales d’autres pays sans aucune contrainte pratique.

La colonisation financière de l’après-Union soviétique dans les années 1990 par la « thérapie de choc » des cadeaux de privatisation, suivie par l’admission de la Chine à l’Organisation Mondiale du Commerce en 2001 - avec l’espoir que la Chine devienne, comme la Russie d’Eltsine, une colonie financière américaine - a conduit l’économie américaine à se désindustrialiser en déplaçant l’emploi vers l’Asie. Tenter de forcer la soumission au contrôle américain en inaugurant la nouvelle guerre froide d’aujourd’hui a conduit la Russie, la Chine et d’autres pays à se détacher du système de commerce et d’investissement dollarisé, laissant les États-Unis et l’Europe de l’OTAN subir l’austérité et l’aggravation de l’inégalité des richesses alors que les ratios d’endettement montent en flèche pour les particuliers, les entreprises et les organismes gouvernementaux.

Il y a seulement dix ans, le sénateur John McCain et le président Barack Obama qualifiaient la Russie de simple station-service dotée de bombes atomiques. Aujourd’hui, on pourrait tout aussi bien le dire des États-Unis, qui fondent leur puissance économique mondiale sur le contrôle du commerce du pétrole en Occident, alors que leurs principaux excédents d’exportation sont les cultures agricoles et les armes. La combinaison de l’endettement financier et de la privatisation a fait de l’Amérique une économie à coût élevé, perdant son ancien leadership industriel, tout comme la Grande-Bretagne. Les États-Unis tentent désormais de vivre principalement de gains financiers (intérêts, bénéfices sur les investissements étrangers et création de crédits par les banques centrales pour gonfler les gains en capital) au lieu de créer des richesses par leur propre travail et leur industrie. Leurs alliés occidentaux cherchent à faire de même. Ils euphémisent ce système dominé par les États-Unis sous le nom de « mondialisation », mais il s’agit simplement d’une forme financière de colonialisme - soutenue par la menace militaire habituelle de la force et du « changement de régime » secret pour empêcher les pays de se retirer du système.

Ce système impérial basé sur les États-Unis et l’OTAN cherche à endetter les pays plus faibles et à les forcer à confier le contrôle de leurs politiques au Fonds monétaire international et à la Banque mondiale. L’obéissance aux « conseils » néolibéraux anti-ouvriers de ces institutions conduit à une crise de la dette qui force le taux de change du pays débiteur à se déprécier. Le FMI les « sauve » alors de l’insolvabilité à la « condition » qu’ils vendent le domaine public et transfèrent les impôts des riches (en particulier les investisseurs étrangers) vers le travail.

L’oligarchie et la dette sont les caractéristiques essentielles des économies occidentales. Les dépenses militaires étrangères de l’Amérique et ses guerres quasi permanentes ont laissé son propre Trésor profondément endetté auprès des gouvernements étrangers et de leurs banques centrales. Les États-Unis suivent ainsi le même chemin que celui par lequel l’impérialisme espagnol a laissé la dynastie des Habsbourg endettée auprès des banquiers européens, et la participation de la Grande-Bretagne à deux guerres mondiales dans l’espoir de maintenir sa position dominante dans le monde l’a laissée endettée et a mis fin à son ancien avantage industriel. L’augmentation de la dette extérieure de l’Amérique a été soutenue par le privilège de sa « monnaie-clé » qui lui permet d’émettre sa propre dette en dollars selon l’« étalon dollar » sans que les autres pays puissent raisonnablement s’attendre à être payés un jour - sauf avec encore plus de « dollars papier ».

Cette abondance monétaire a permis à l’élite managériale de Wall Street d’accroître le pouvoir de rente des Américains par la financiarisation et la privatisation, en augmentant le coût de la vie et des affaires, comme cela s’est produit en Grande-Bretagne sous les politiques néolibérales de Margaret Thatcher et Tony Blair. Les entreprises industrielles ont répondu en déplaçant leurs usines vers des économies à bas salaires afin de maximiser leurs profits. Mais alors que l’Amérique se désindustrialise et devient de plus en plus dépendante des importations asiatiques, la diplomatie américaine poursuit une nouvelle guerre froide qui pousse les économies les plus productives du monde à se découpler de l’orbite économique américaine.

L’augmentation de la dette détruit les économies lorsqu’elle n’est pas utilisée pour financer de nouveaux investissements dans les moyens de production. La plupart des crédits occidentaux actuels sont créés pour gonfler les prix des actions, des obligations et de l’immobilier, et non pour restaurer la capacité industrielle. En conséquence de cette approche de la dette sans production, l’économie nationale américaine a été submergée par la dette due à sa propre oligarchie financière. Malgré le « cadeau » de l’économie américaine sous la forme de l’augmentation continue de sa dette officielle envers les banques centrales étrangères - sans perspective visible de remboursement de sa dette internationale ou nationale - sa dette continue de s’étendre et l’économie est devenue encore plus endettée. L’Amérique s’est polarisée avec une extrême richesse concentrée au sommet tandis que la majeure partie de l’économie est profondément endettée.

L’incapacité des démocraties oligarchiques à protéger l’ensemble de la population endettée

Ce qui a rendu les économies occidentales oligarchiques, c’est leur incapacité à protéger les citoyens contre la dépendance à l’égard d’une classe de créanciers propriétaires. Ces économies ont conservé les lois romaines sur la dette, basées sur les créanciers, notamment la priorité des créances sur les biens des débiteurs. Le « un pour cent » des créanciers est devenu une oligarchie politiquement puissante malgré les réformes politiques démocratiques nominales élargissant les droits de vote. Les agences de régulation gouvernementales ont été capturées et le pouvoir d’imposition a été rendu régressif, laissant le contrôle et la planification économiques entre les mains d’une élite de rentiers.

Rome n’a jamais été une démocratie. Et de toute façon, Aristote reconnaissait que les démocraties évoluaient plus ou moins naturellement vers des oligarchies - qui se targuent d’être démocratiques à des fins de relations publiques tout en prétendant que leur concentration de plus en plus forte de richesses au sommet est tout à fait bénéfique. La rhétorique actuelle du ruissellement dépeint les banques et les gestionnaires financiers comme dirigeant l’épargne de la manière la plus efficace pour produire de la prospérité pour l’ensemble de l’économie, et pas seulement pour eux-mêmes.

Le président Biden et ses néolibéraux du département d’État accusent la Chine et tout autre pays cherchant à maintenir son indépendance économique et son autonomie d’être « autocratique ». Leur tour de passe-passe rhétorique juxtapose la démocratie à l’autocratie. Ce qu’ils appellent « autocratie », c’est un gouvernement suffisamment fort pour empêcher une oligarchie financière orientée vers l’Occident d’endetter la population envers elle-même - et ensuite de détourner ses terres et autres biens dans ses propres mains et dans celles de ses bailleurs de fonds américains et étrangers.

La double pensée orwellienne consistant à qualifier les oligarchies de « démocraties » est suivie par la définition d’un marché libre comme étant un marché libre de toute recherche de rente financière. La diplomatie soutenue par les États-Unis a endetté les pays, les forçant à vendre le contrôle de leurs infrastructures publiques et à transformer les « sommets » de leur économie en opportunités d’extraction de rentes monopolistiques.

Cette rhétorique de l’autocratie contre la démocratie est similaire à celle qu’utilisaient les oligarchies grecques et romaines lorsqu’elles accusaient les réformateurs démocratiques de rechercher la « tyrannie » (en Grèce) ou la « royauté » (à Rome). Ce sont les « tyrans » grecs qui ont renversé les autocraties mafieuses aux VIIème et VIème siècles avant J.-C., ouvrant la voie aux décollages économiques et proto-démocratiques de Sparte, Corinthe et Athènes. Et ce sont les rois de Rome qui ont construit leur cité-État en proposant aux citoyens des régimes fonciers autonomes. Cette politique a attiré des immigrants des cités-États italiennes voisines dont les populations étaient réduites à l’esclavage pour dettes.

Le problème est que les démocraties occidentales ne se sont pas montrées aptes à empêcher l’émergence d’oligarchies et la polarisation de la distribution des revenus et des richesses. Depuis Rome, les « démocraties » oligarchiques n’ont pas protégé leurs citoyens contre les créanciers qui cherchent à s’approprier la terre, son rendement locatif et le domaine public.

Si nous demandons qui, aujourd’hui, adopte et applique des politiques visant à contrôler l’oligarchie afin de protéger les moyens de subsistance des citoyens, la réponse est : ce sont les États socialistes qui le font. Seul un État fort a le pouvoir de contrôler une oligarchie financière et cupide. L’ambassade de Chine en Amérique l’a démontré dans sa réponse à la description de la Chine comme une autocratie par le président Biden :

S’accrochant à la mentalité de la guerre froide et à la logique de l’hégémon, les États-Unis poursuivent la politique des blocs, concoctent le récit de « la démocratie contre l’autoritarisme » ... et renforcent les alliances militaires bilatérales, dans une tentative claire de contrer la Chine.

Guidé par une philosophie centrée sur le peuple, depuis le jour de sa fondation... le Parti a travaillé sans relâche dans l’intérêt du peuple, et s’est consacré à la réalisation des aspirations du peuple à une vie meilleure. La Chine a fait progresser la démocratie populaire dans son ensemble, promu la protection juridique des droits de l’homme et défendu l’équité et la justice sociales. Le peuple chinois jouit désormais de droits démocratiques plus complets et plus étendus.

Presque toutes les premières sociétés non occidentales disposaient de protections contre l’émergence des oligarchies mercantiles et rentières. C’est pourquoi il est si important de reconnaître que ce qui est devenu la civilisation occidentale représente une rupture avec le Proche-Orient, l’Asie du Sud et de l’Est. Chacune de ces régions avait son propre système d’administration publique pour sauver son équilibre social de la richesse commerciale et monétaire qui menaçait de détruire l’équilibre économique si elle n’était pas contrôlée. Mais le caractère économique de l’Occident a été façonné par les oligarchies rentières. La République de Rome a enrichi son oligarchie en dépouillant les régions qu’elle a conquises de leurs richesses, les laissant appauvries. Cela reste la stratégie d’extraction du colonialisme européen ultérieur et, plus récemment, de la mondialisation néolibérale centrée sur les États-Unis. L’objectif a toujours été de « libérer » les oligarchies des contraintes qui pèsent sur leurs intérêts personnels.

La grande question est la suivante : la liberté (4), mais pour qui ? L’économie politique classique définissait un marché libre comme un marché exempt de revenus non gagnés, à savoir la rente foncière et les autres rentes liées aux ressources naturelles, la rente de monopole, les intérêts financiers et les privilèges connexes des créanciers. Mais à la fin du XIXème siècle, l’oligarchie rentière a parrainé une contre-révolution fiscale et idéologique, redéfinissant un marché libre comme un marché libre pour les rentiers d’extraire une rente économique - un revenu non gagné.

Ce rejet de la critique classique du revenu des rentiers s’est accompagné d’une redéfinition de la « démocratie » pour exiger un « marché libre » de nature oligarchique rentière anti-classique. Au lieu que le gouvernement soit le régulateur économique dans l’intérêt public, la réglementation publique du crédit et des monopoles est démantelée. Cela permet aux entreprises de facturer ce qu’elles veulent pour le crédit qu’elles fournissent et les produits qu’elles vendent. La privatisation du privilège de création de la monnaie de crédit laisse le secteur financier assumer le rôle d’attribution de la propriété.

Le résultat a été de centraliser la planification économique à Wall Street, à la City de Londres, à la Bourse de Paris et dans d’autres centres financiers impériaux. C’est là tout l’enjeu de la nouvelle guerre froide d’aujourd’hui : protéger ce système de capitalisme financier néolibéral centré sur les États-Unis, en détruisant ou en isolant les systèmes alternatifs de la Chine, de la Russie et de leurs alliés, tout en cherchant à financiariser encore davantage l’ancien système colonialiste en parrainant le pouvoir des créanciers au lieu de protéger les débiteurs, en imposant l’austérité liée à la dette au lieu de la croissance et en rendant irréversible la perte de propriété par saisie ou vente forcée.

La civilisation occidentale est-elle un long détour par rapport à la direction que semblait prendre l’Antiquité ?

Ce qui est si important dans la polarisation économique de Rome, qui résultait de la dynamique de la dette portant intérêt dans les mains rapaces de sa classe de créanciers, c’est la façon dont son système juridique oligarchique pro-créanciers différait radicalement des lois des sociétés antérieures qui contrôlaient les créanciers et la prolifération de la dette. La montée d’une oligarchie de créanciers qui utilisait sa richesse pour monopoliser la terre et prendre le contrôle du gouvernement et des tribunaux (n’hésitant pas à recourir à la force et à des assassinats politiques ciblés contre les réformateurs potentiels) avait été évitée pendant des milliers d’années au Proche-Orient et dans d’autres pays d’Asie. Mais la périphérie égéenne et méditerranéenne ne disposait pas des freins et des contrepoids économiques qui avaient assuré la résilience ailleurs au Proche-Orient. Ce qui a distingué l’Occident depuis le début, c’est l’absence d’un gouvernement suffisamment fort pour empêcher l’émergence et la domination d’une oligarchie de créanciers.

Toutes les économies anciennes fonctionnaient à crédit, accumulant des dettes de récolte pendant l’année agricole. Les guerres, les sécheresses ou les inondations, les maladies et autres perturbations empêchaient souvent le paiement des dettes accumulées. Mais les souverains du Proche-Orient annulaient les dettes dans ces conditions. Cela évitait à leurs citoyens-soldats et à leurs ouvriers corvéables à merci de perdre leur terre d’autosubsistance au profit des créanciers, qui étaient reconnus comme un pouvoir rival potentiel du palais. Au milieu du premier millénaire avant Jésus-Christ, la servitude pour dettes n’était plus qu’un phénomène marginal en Babylonie, en Perse et dans d’autres royaumes du Proche-Orient. Mais la Grèce et Rome étaient au milieu d’un demi-millénaire de révoltes populaires réclamant l’annulation de la dette et la libération de la servitude pour dettes et de la perte de la terre d’autosubsistance.

Seuls les rois romains et les tyrans grecs ont pu, pendant un certain temps, protéger leurs sujets de l’asservissement par la dette. Mais ils ont finalement perdu face aux oligarchies de chefs de guerre créanciers. La leçon de l’histoire est donc qu’un pouvoir réglementaire gouvernemental fort est nécessaire pour empêcher les oligarchies d’émerger et d’utiliser les créances et l’accaparement des terres pour transformer les citoyens en débiteurs, en locataires, en clients et finalement en serfs.

La montée du contrôle des créanciers sur les gouvernements modernes

Dans le monde antique, les palais et les temples étaient créanciers. Ce n’est qu’en Occident qu’une classe de créanciers privés est apparue. Un millénaire après la chute de Rome, une nouvelle classe bancaire a obligé les royaumes médiévaux à s’endetter. Les familles bancaires internationales ont utilisé leur pouvoir de créancier pour prendre le contrôle des monopoles publics et des ressources naturelles, tout comme les créanciers avaient pris le contrôle des terres individuelles dans l’Antiquité.

La Première Guerre mondiale a vu les économies occidentales atteindre une crise sans précédent en raison des dettes interalliées et des réparations allemandes. Le commerce s’est effondré et les économies occidentales sont tombées dans la dépression. C’est la Seconde Guerre mondiale qui les en a sortis, et cette fois, aucune réparation n’a été imposée après la fin de la guerre. Au lieu des dettes de guerre, l’Angleterre a simplement été obligée d’ouvrir sa zone sterling aux exportateurs américains et de s’abstenir de relancer ses marchés industriels en dévaluant la livre sterling, selon les termes du prêt-bail et du prêt britannique de 1946, comme indiqué ci-dessus.

L’Occident est sorti de la Seconde Guerre mondiale relativement exempt de dette privée - et sous la domination des États-Unis. Mais depuis 1945, le volume de la dette a augmenté de façon exponentielle, atteignant des proportions de crise en 2008 avec l’explosion de la bulle des prêts hypothécaires à haut risque, la fraude bancaire massive et la pyramide des dettes financières, qui ont surchargé les économies des États-Unis, de l’Europe et du Sud.

La Banque Fédérale de réserve américaine a monétisé 8 000 milliards de dollars pour sauver les avoirs de l’élite financière en actions, obligations et prêts hypothécaires immobiliers conditionnés, au lieu de sauver les victimes des prêts hypothécaires pourris et les pays étrangers surendettés. La Banque Centrale Européenne a fait à peu près la même chose pour éviter aux Européens les plus riches de perdre la valeur marchande de leur patrimoine financier.

Mais il était trop tard pour sauver les économies américaine et européenne. La longue accumulation de dettes enclenchée après 1945 a suivi son cours. L’économie américaine s’est désindustrialisée, ses infrastructures s’effondrent et sa population est si lourdement endettée qu’il ne lui reste que peu de revenus disponibles pour soutenir son niveau de vie. Comme cela s’est produit avec l’Empire de Rome, la réponse américaine consiste à essayer de maintenir la prospérité de sa propre élite financière en exploitant les pays étrangers. C’est l’objectif de la nouvelle diplomatie de la guerre froide d’aujourd’hui. Il s’agit d’extraire un tribut économique en poussant les économies étrangères à s’endetter davantage, pour le payer en s’imposant la dépression et l’austérité.

Cet assujettissement est dépeint par les économistes dominants comme une loi de la nature et donc comme une forme inévitable d’équilibre, dans lequel l’économie de chaque nation reçoit « ce qu’elle vaut ». Les modèles économiques dominants d’aujourd’hui sont fondés sur l’hypothèse irréaliste que toutes les dettes peuvent être payées, sans polariser les revenus et les richesses. Tous les problèmes économiques sont censés se régler d’eux-mêmes par « la magie du marché », sans que l’autorité civique ait à intervenir. La réglementation gouvernementale est jugée inefficace et infructueuse, et donc inutile. Les créanciers, les accapareurs de terres et les privatiseurs ont donc toute latitude pour priver les autres de leur liberté. C’est le destin ultime de la mondialisation actuelle et de l’histoire elle-même.

Fin de l’histoire ? Ou seulement de la financiarisation et de la privatisation de l’Occident ?

Le prétexte néolibéral est que privatiser le domaine public et laisser le secteur financier prendre en charge la planification économique et sociale dans les pays ciblés apportera une prospérité mutuellement bénéfique. Cela est censé rendre volontaire la soumission des pays étrangers à l’ordre mondial centré sur les États-Unis. Mais l’effet réel de la politique néolibérale a été de polariser les économies du Sud et de les soumettre à une austérité criblée de dettes.

Le néolibéralisme américain prétend que la privatisation, la financiarisation et le transfert de la planification économique du gouvernement vers Wall Street et d’autres centres financiers sont le résultat d’une victoire darwinienne atteignant une telle perfection que c’est « la fin de l’histoire ». C’est comme si le reste du monde n’avait d’autre choix que d’accepter le contrôle américain du système financier, du commerce et de l’organisation sociale à l’échelle mondiale (c’est-à-dire néocoloniale). Et pour s’en assurer, la diplomatie américaine cherche à soutenir son contrôle financier et diplomatique par la force militaire.

L’ironie est que la diplomatie américaine elle-même a contribué à accélérer une réponse internationale au néolibéralisme en forçant des gouvernements suffisamment forts pour reprendre la longue tendance de l’histoire qui voit des gouvernements habilités à empêcher les dynamiques oligarchiques corrosives de faire dérailler le progrès de la civilisation.

Le XXIème siècle a commencé avec les néolibéraux américains qui imaginaient que leur financiarisation et leur privatisation par endettement allaient couronner la longue remontée de l’histoire humaine comme l’héritage de la Grèce et de la Rome classiques. La vision néolibérale de l’histoire ancienne fait écho à celle des oligarchies de l’antiquité, dénigrant les rois de Rome et les réformateurs-tyrans de la Grèce, en tant que la menace d’une intervention publique trop forte lorsqu’ils visaient à libérer les citoyens de l’esclavage de la dette et à assurer l’autosuffisance foncière. Ce qui est considéré comme le point de départ décisif, c’est « la sécurité des contrats » de l’oligarchie, qui donne aux créanciers le droit d’exproprier les débiteurs. C’est en effet une caractéristique essentielle des systèmes juridiques occidentaux depuis deux mille ans.

Une véritable fin de l’histoire signifierait que la réforme s’arrêterait dans tous les pays. Ce rêve semblait proche lorsque les néolibéraux américains ont eu les coudées franches pour remodeler la Russie et d’autres États post-soviétiques après la dissolution de l’Union soviétique en 1991, en commençant par une thérapie de choc consistant à privatiser les ressources naturelles et d’autres actifs publics entre les mains de kleptocrates orientés vers l’Occident qui enregistraient les richesses publiques en leur nom propre - et empochaient la cagnotte en vendant leurs gains à des investisseurs américains et occidentaux.

La fin de l’histoire de l’Union soviétique était censée consolider la fin de l’histoire selon l’Amérique en montrant combien il serait futile pour les nations d’essayer de créer un ordre économique alternatif basé sur le contrôle public de la monnaie et des banques, la santé publique, l’éducation gratuite et d’autres subventions des besoins de base, sans financement par la dette. L’admission de la Chine au sein de l’Organisation mondiale du commerce en 2001 a été considérée comme la confirmation de l’affirmation de Margaret Thatcher selon laquelle « il n’y a pas d’alternative » (TINA) (5) au nouvel ordre néolibéral parrainé par la diplomatie américaine.

Il existe une alternative économique, bien sûr. Si l’on considère l’histoire ancienne, on constate que le principal objectif des anciens dirigeants, de la Babylonie à l’Asie du Sud et à l’Asie de l’Est, était d’empêcher une oligarchie mercantile et créancière de réduire la population au clientélisme, à la servitude pour dettes et au servage. Si le monde eurasien non-américain suit maintenant cet objectif fondamental, il rétablira le cours de l’histoire à son cours pré-occidental. Ce ne serait pas la fin de l’histoire, mais cela permettrait de revenir aux idéaux fondamentaux du monde non occidental en matière d’équilibre économique, de justice et d’équité.

Aujourd’hui, la Chine, l’Inde, l’Iran et d’autres économies eurasiennes ont fait le premier pas, comme condition préalable à un monde multipolaire, en rejetant l’insistance de l’Amérique pour qu’ils se joignent aux sanctions commerciales et financières américaines contre la Russie. Ces pays se rendent compte que si les États-Unis parviennent à détruire l’économie de la Russie et à remplacer son gouvernement par des mandataires de type Eltsine orientés vers les États-Unis, les autres pays d’Eurasie seront les prochains à suivre.

La seule façon possible pour que l’histoire se termine vraiment serait que l’armée américaine détruise toute nation cherchant une alternative à la privatisation et à la financiarisation néolibérales. La diplomatie américaine insiste sur le fait que l’histoire ne doit prendre aucun chemin qui ne culmine pas dans son propre empire financier régnant par le biais d’oligarchies clientes. Les diplomates américains espèrent que leurs menaces militaires et le soutien qu’ils apportent à des armées mandataires forceront d’autres pays à se soumettre aux exigences néolibérales - pour éviter d’être bombardés, ou de subir des « révolutions de couleur », des assassinats politiques et des prises de pouvoir par l’armée, à la manière de Pinochet. Mais la seule véritable façon de mettre un terme à l’histoire, c’est la guerre atomique qui mettra fin à la vie humaine sur cette planète.

La nouvelle guerre froide divise le monde en deux systèmes économiques opposés

La guerre par procuration de l’OTAN en Ukraine contre la Russie est le catalyseur qui divise le monde en deux sphères opposées aux philosophies économiques incompatibles. La Chine, le pays qui connaît la croissance la plus rapide, traite l’argent et le crédit comme un service public alloué par le gouvernement au lieu de laisser le privilège monopolistique de la création de crédit être privatisé par les banques, ce qui les amène à remplacer le gouvernement en tant que planificateur économique et social. Cette indépendance monétaire, qui repose sur sa propre création monétaire intérieure au lieu d’emprunter des dollars électroniques américains, et qui libelle le commerce extérieur et les investissements dans sa propre monnaie plutôt qu’en dollars, est considérée comme une menace existentielle pour le contrôle de l’économie mondiale par l’Amérique.

La doctrine néolibérale américaine appelle à la fin de l’histoire en « libérant » les classes aisées d’un gouvernement suffisamment fort pour empêcher la polarisation de la richesse, le déclin et la chute ultimes. Imposer des sanctions commerciales et financières contre la Russie, l’Iran, le Vénézuela et d’autres pays qui résistent à la diplomatie américaine, et finalement une confrontation militaire, voilà comment l’Amérique entend « répandre la démocratie » par l’OTAN, de l’Ukraine à la mer de Chine.

L’Occident, dans son itération néolibérale américaine, semble répéter le schéma du déclin et de la chute de Rome. La concentration des richesses entre les mains du « un pour cent » a toujours été la trajectoire de la civilisation occidentale. C’est le résultat de l’antiquité classique qui a pris une mauvaise voie lorsque la Grèce et Rome ont permis la croissance inexorable de la dette, conduisant à l’expropriation d’une grande partie des citoyens et les réduisant à l’esclavage d’une oligarchie de créanciers propriétaires de terres. C’est la dynamique inscrite dans l’ADN de ce qu’on appelle l’Occident et sa « sécurité des contrats » sans aucune surveillance gouvernementale dans l’intérêt public. En supprimant la prospérité chez soi, cette dynamique exige de tendre constamment la main pour extraire une affluence économique (littéralement un « afflux ») aux dépens des colonies ou des pays débiteurs.

Les États-Unis, par le biais de leur nouvelle guerre froide, visent précisément à obtenir un tel tribut économique des autres pays. Le conflit à venir durera peut-être vingt ans et déterminera le type de système politique et économique que le monde aura. L’enjeu ne se limite pas à l’hégémonie américaine et à son contrôle dollarisé de la finance internationale et de la création monétaire. Sur le plan politique, ce qui est en cause, c’est l’idée de « démocratie », qui est devenue un euphémisme pour une oligarchie financière agressive cherchant à s’imposer au niveau mondial par un contrôle financier, économique et politique prédateur soutenu par la force militaire.

Comme j’ai cherché à le souligner, le contrôle oligarchique du gouvernement a été le trait distinctif de la civilisation occidentale depuis l’antiquité classique. Et la clé de ce contrôle a été l’opposition à un gouvernement fort - c’est-à-dire un gouvernement civil suffisamment fort pour empêcher une oligarchie de créanciers d’émerger et de monopoliser le contrôle des terres et des richesses, se transformant en une aristocratie héréditaire, une classe de rentiers vivant des loyers fonciers, des intérêts et des privilèges de monopole qui réduisent la population à l’austérité.

L’ordre unipolaire centré sur les États-Unis, qui espérait « mettre fin à l’histoire », reflétait une dynamique économique et politique fondamentale qui caractérise la civilisation occidentale depuis que la Grèce et la Rome classiques ont emprunté une voie différente de celle de la matrice proche-orientale au cours du premier millénaire avant Jésus-Christ.

Pour éviter d’être emportés dans le tourbillon de destruction économique qui engloutit actuellement l’Occident, les pays du noyau eurasiatique, qui connaît une croissance rapide, développent de nouvelles institutions économiques fondées sur une philosophie sociale et économique alternative. La Chine étant l’économie la plus importante et à la croissance la plus rapide de la région, ses politiques socialistes auront probablement une influence sur le façonnement de ce système financier et commercial non occidental émergent.

Au lieu de privatiser l’infrastructure économique de base pour créer des fortunes privées par l’extraction de rentes monopolistiques, la Chine la garde dans les mains du public. Son grand avantage par rapport à l’Occident est qu’elle traite l’argent et le crédit comme un service public, qui doit être alloué par le gouvernement au lieu de laisser les banques privées créer du crédit, avec une dette qui s’accumule sans développer la production pour augmenter le niveau de vie. La Chine garde également la santé et l’éducation, les transports et les communications entre les mains de l’État, afin de les fournir en tant que droits de l’homme fondamentaux.

La politique socialiste de la Chine est à bien des égards un retour aux idées fondamentales de résilience qui caractérisaient la plupart des civilisations avant la Grèce et la Rome classiques. Elle a créé un État suffisamment fort pour résister à l’émergence d’une oligarchie financière qui prendrait le contrôle de la terre et des actifs générateurs de rente. En revanche, les économies occidentales d’aujourd’hui répètent précisément la dynamique oligarchique qui a polarisé et détruit les économies de la Grèce classique et de Rome, les États-Unis étant l’analogue moderne de Rome.

* * * * * * * *

(1) Misarum et Andurarum sont deux termes de droit public en Mésopotamie, l’un incluant l’autre, et signifiant l’annulation d’une dette.

(2) Le linéaire B est un système d’écriture syllabique mycénien (forme archaïque de grec ancien). Il comporte 87 signes, les nombres y sont décimaux, les poids et les mesures de type babylonien.

(3) Lycurgue (littéralement « celui qui tient les loups à l’écart ») était un législateur de Sparte ayant notamment légiféré contre la thésaurisation.

(4) Dans la version anglaise de son discours, Hudson fait la distinction entre liberty et freedom. Or, en français, ces deux termes se traduisent par liberté. Les deux termes sont synonymes, mais « liberty » est définie comme « le droit et le pouvoir de croire, d’agir et de s’exprimer comme on l’entend, d’être libre de toute restriction et d’avoir la liberté de choix. C’est la condition pour avoir le pouvoir d’agir et de parler sans contraintes ». « Freedom », quant à elle, est définie comme « l’état d’être libre de jouir des libertés politiques, sociales et civiles. C’est le pouvoir de décider de ses actions, et l’état d’être libre de toute contrainte ou de tout enfermement ».

(5) TINA : There Is No Alternative

 https://michael-hudson.com/2022/07/the-end-of-western-civilization/
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COMMENTAIRES  

18/07/2022 22:57 par Mf

Passionnant. Le passage suivant est particulièrement important :
"ou leurs sujets pouvaient s’enfuir, ou soutenir des chefs rebelles ou des attaquants étrangers promettant d’annuler les dettes et de redistribuer les terres plus équitablement."

20/07/2022 16:21 par Auguste Vannier

Avec ce je sais de ma simple expérience, de mes approches livresques de l’antiquité et de l’économie, il n’y a pratiquement pas un seul paragraphe de ce texte (dans une langue simple et claire) qui ne me semble une évidence.
Tout est mis en lumière par les évènements actuels. La Russie poussée par les lourdes provocations du centre oligarchique des créanciers (US-Occident) mène des actions (certes pour sa propre survie) qui fonctionnent comme des "Analyseurs", des révélateurs de ce qu’est la réalité de notre "Civilisation Occidentale". Le doute était déjà permis quand on a compris que nous devions une grande partie de notre "prospérité" aux conquêtes violentes d’immenses territoires, suivies d’un pillage immonde de leurs ressources naturelles et humaines (esclavage, prolétarisation).
Erno Renoncourt de sa position Haïtienne (Haïti paradigme de ce que l’occident à fait au monde) peut en effet écrire "Merci Poutine", je le comprends...

21/07/2022 04:20 par Georges Rodi

> Auguste Vannier

En d’autres articles, M. Hudson détaille d’avantage comment Rome a perverti l’enseignement du Christ pour élaguer, voire contredire tout ce qui avait trait à la suppression des dettes personnelles lors des Jubilés, la règlementation de l’esclavage, l’interdit fait à la prostitution des épouses des créanciers, etc.
Un point de vue qui "accroche" de nombreux américains : une critique du capitalisme financier par Jésus passe beaucoup mieux la rampe que les théories de K.Marx.

Dans une interview parue hier sur RT-US, M. Hudson et 2 autres invités précisent que la crise financière à venir n’est en rien comparable avec les précédentes.
Un niveau d’endettement colossal, l’auto-destruction de la confiance au dieu dollar et toutes les institutions qui le servent (FMI, W.Bank, Swift, OMC), et bien sûr l’émergence de solutions alternatives et d’une opposition militaire crédibles... Tout cela n’augure rien d’autre que le pire pour l’empire américain.
Avec une mention spéciale pour l’UE qui sera de fait une des rares zones restant soumise au pillage économique de W.Street et de la City.

21/07/2022 10:15 par Mf

@georges rodi
"une critique du capitalisme financier par Jésus passe beaucoup mieux la rampe que les théories de K.Marx."
Exactement, d’ailleurs si vous ne les connaissez pas déjà, je vous recommande à ce sujet les analyses du communiste américain Caleb Maupin. Un des penseurs occidentaux contemporains les plus importants à mon avis.

21/07/2022 12:15 par Assimbonanga

La situation est catastrophique. Ceux qui ont des millions de dollars achètent sur d’autres continents des terres contenant encore de l’eau mais ils vont mettre cela en culture de façon industrielle et le processus s’en trouvera accéléré (émirats arabes achetant des terres en Afrique).
Vidéo de Blast : Manque d’eau, comment éviter la catastrophe (perso, je crains qu’il ne soit déjà trop trad).

21/07/2022 21:31 par Alamut

@georges rodi @Mf
"une critique du capitalisme financier par Jésus passe beaucoup mieux la rampe que les théories de K.Marx."

Une des causes multiple de la chute de Rome est le pillage de leurs colonies par l’aristocratie à l’aide d’ énormes impôts.Ce qui faisait dire à un ibère de cette époque :"Mieux vaut être goth que citoyen romain".

Marx envisageait la proximité imminente d’une révolution prolétarienne mais aucune ne s’est produite dans les pays industrialisés.Lui
et Engels ont mis la pédale douce par rapport au Manifeste après notamment l’échec de la Commune de Paris.Ce qui a donné le marxisme "cool" de la 2ème Internationale et l’union sacrée en 1914 !

Les "révolutions"russe et chinoise sans les deux guerres mondiales n’auraient sans doute pas eu lieu.De plus,problème inédit,il leur a
fallu créer leur propre "bourgeoisie" et leurs propres colonies (goulags).

Mais Marx a raison,en ce sens que c’est bien la lutte des classes qui est le moteur de l’histoire.Lutte complexe souvent confuse car elle mobilise maintenant surtout les classes moyennes.

Regarder les classes moyennes supérieures entrées en masse dans LREM ;elles plafonnent maintenant car le niveau vraiment "décideur" est au delà de leur possibilité.Seuls Macron et ses acolytes font liaison avec l’international.De plus l’état régulateur ne peut plus assumer son rôle,complètement dépassé par l’accumulation des problèmes.

Les notables LR sont à la traine et le RN mendie quelques postes ;les poubelles de l’histoire sont grandes ouvertes.....

Pourquoi la NUPES leur fait tant peur ? Ces fractions de la classe moyenne refusent le déclassement programmé et n’ont rien à perdre.Si le soutien populaire va grandissant les dominants seront capables de prendre les mesures les plus extrêmes.

C’est ça le marxisme en action ! Le PRCF a raison de parler d’"exterminisme"concernant les dominés car comme disait je ne sais pas qui :"les riches sont sans pitié !".

"Le vieux monde se meurt, le nouveau est lent à apparaître, et c’est dans ce clair-obscur que surgissent les monstres". - Une citation d’Antonio Gramsci.
.

22/07/2022 19:25 par Byblos

La croissance économique est une folie. Elle mène, à la limite à la destruction sans renouvellement des ressources terrestres.
L’enrichissement sans limite est une folie. Les Grecs de l’Antiquité l’avaient bien compris. Il conduit à la limite, à l’appauvrissement total, et donc à l’élimination des partenaires économiques. Si vous n’avez plus de clients à qui vendre vos camelotes, réelles ou virtuelles, que ferez-vous ?
Toute vie sur la terre est basée sur les échanges. Fondamentalement, les végétaux nous fournissent l’oxygène essentiel à notre vie. En échange, nous leur fournissons le gaz carbonique vital pour eux.

23/07/2022 14:21 par Georges Rodi

> Mf, Alamut.

Si une relecture du nouveau testament permet d’en finir aux US avec les méfaits du libéralisme financier... Que dire... Toute lumière qui dissipe ce type d’illusions est bonne à prendre.

Sans faire preuve de mauvaise foi excessive, je note tout de même que cette question tient à cœur de nos amis américains depuis qu’ils en sont eux-mêmes les victimes.
Le génocide des populations natives s’est déroulé sans que cela ne pose beaucoup de problèmes de conscience, pas plus que l’exploitation des pays sous développés qui se poursuit depuis des siècles sous les gouvernements Démocrates et Républicains. Tous prêtent serment sur la bible au moment de prendre leurs fonctions.

Indous, Bouddhistes, Musulmans, Juifs... Les pires spécimens de l’humanité ont trouvé un soutien religieux. Les livres permettent tellement d’interprétations, c’en est trop facile.
Je me faisais encore la réflexion récemment, au hasard de quelques photos d’un rassemblement du régiment AZOV, ou Kraken... Il y a souvent un prêtre orthodoxe bien visible parmi eux. Est-il seulement gêné par les tatouages de Baphomet qui ornent si souvent torses et biceps ?

Mais je ne confonds pas les hiérarchies religieuses et les convictions individuelles. Michael Hudson non plus manifestement.
Si la foi permet de structurer une vie positive, attentive au sort des autres... Ainsi soit-il.
C’est plutôt rare.
Et on peut aussi y arriver sans cela.

Je me sens bien en Chine, et j’apprécie la place laissée aux religions dans cette société.
Rares sont les pays où vous pouvez voir dans un rayon de 500m le clocher d’une église, une tour taôiste, le minaret d’une mosquée, un temple bouddhiste, etc et où les papes, popes, et imans ne peuvent pas imposer de loi sociale qui s’oppose au code civil.

Le communisme en Chine est tout aussi intéressant.
Mâtiné de principes confucéens, de capitalisme industriel parfois.
En ce moment, je travaille en collaboration avec une entreprise de silicium pour semiconducteurs.
Le patron est communiste, avec des pognes d’ouvrier, et quand vous partagez le thé avec le bonhomme en bleu de travail, c’est un pur régal.
je vous joints une photo pour apprécier...

25/07/2022 14:15 par Alamut

@Georges Rodi

Sans hypocrisie,votre "bonheur chinois" me fait un peu envie et j’en suis heureux pour vous.

La Chine m’a toujours intéressé.Je me suis notamment initié aux caractères chinois avec Kyril Ryjik et ses deux tommes de "L’idiot chinois" chez Payot (difficilement trouvables aujourd’hui) et suis solidement équipé en pinceaux,papiers,pierres à encre,et bâtons d’encre pour m’initier,grâce à J-F Billeter,à la calligraphie.

La Médecine Traditionnelle Chinoise m’intéresse aussi et dans mon âge avancée je me suis mis à la moxibustion (Aïe !les brûlures au début de la pratique !)un des piliers de la MTC avec l’acupuncture,la pharmacopée et autres domaines ;ces hôpitaux chinois grouillant de monde sont fascinants et où la MTC cohabite avec la médecine occidentale.....

Je ne rebrancherai pas la discussion sur les religions où aucune opinion définitive n’es souhaitable...mais ces question me passionnent !

Je me permets de vous signaler un ouvrage (Eh oui !j’adore les livres sur la Chine !) :"La Bureaucratie Céleste ;Recherches sur l’économie et la société de la Chine Traditionnelle"d’Etienne Balazs 1968 ;j’espère que sa lecture me permettra de comprendre un peu mieux le fameux "mode de production asiatique"que Marx situait hors de la ligne classique communauté primitive/féodalisme/capitalisme.
Egalement pourquoi le capitalisme chinois en expansion aux XVème-XVIème siécles s’est repilé sur lui-même alors qu’il prenait son envol international en Occident.

Il faut dire que la Chine "a pris son temps"et qu’ils sont plus qu’entrain de se rattraper !!!!

Puis-je me permettre Georges ? : Amicalement vôtre !

25/07/2022 16:33 par Georges Rodi

> Alamut

À lire votre premier commentaire, j’avais dans l’idée que cette photo vous plairaît.
Elle ne fait pas qu’illustrer comme on est loin en Chine de la théorie du capital, tout en baignant dans quelques millénaires de civilisation, et 101 années de direction du PCC.

Il y a une phrase, qui est presque devenue une légende urbaine pour les occidentaux qui viennent vivre en Chine, mais elle est essentiellement vraie.
Après un mois en Chine, vous pensez pouvoir écrire un livre,
Après un an, vous pouvez écrire un chapitre,
Après cinq ans, vous sentez que vous pourriez peut-être écrire un paragraphe,
Et au bout de dix ans, vous savez que vous pouvez écrire un mot au dos d’une carte postale... sur la nourriture.

Je me souviens encore de cette illusion d’un jour, quand vous pensez avoir une vision très claire de la Chine.
Progressivement, nous prenons conscience que plus nous passons de temps en Chine, moins nous la comprenons.
C’est là mon principal bonheur.

Découvrir ce pays par la médecine traditionnelle, les livres, l’écriture, ne vous donnera qu’un minuscule aperçu de ce pays immense, quel que soit le bout par lequel vous choisirez de cheminer.
C’est pour votre plus grand bonheur, profitez-en !
Amicalement...

25/07/2022 19:33 par sylvain

il y a quelques affirmations qui me laissent sans voix sur cet article !
par exemple l’idée qu’il y aurait en occident une gestion spécialement oligarchiste de la société, historiquement parlant . Toutes les grosses sociétés ont eus, toujours, une gestion de ce type . C’est particulièrement le cas en russie ou en chine, il suffit de connaitre un peu l’histoire chinoise pour en être persuadé : un peuple plus que misérable, une aristocratie qui se morfond dans le plus grand des luxes, du raffinement... la révolte des taipeh... . La russie tsariste et les armées blanche n’ont rien a lui envier ! Cette idée est essentialisante, raciste et fausse.

les "systèmes économiques opposés", et l’idée que la chine a un système communiste. Il y a autant d’inégalités, de milliardaires, de pauvres... a quelque chose près, en chine qu’en amérique, ce qui n’est pas peu dire . Il semble évident que la Chine pratique un capitalisme d’état, extrêmement similaire a celui qu’on avait ici pendant les 30 glorieuse ( pas besoin d’aller chercher dans l’empire
romain !) en plus autoritariste . Notre oligarchie a décidé d’y mettre fin, pourquoi ?? je dirais pour garder le controle d’une société qui commençait a lui échapper . La question qui serait intéressante serait celle ci : que fera le PCC quand cette richesse crée poussera les gens a penser a autre chose qu’à la puissance, la richesse, l’accumulation, le travail ?? Quand ces impératrifs désaligneront les chinois de la politique du PCC ?

je cite " cela permettrait de revenir aux idéaux fondamentaux du monde non occidental en matière d’équilibre économique, de justice et d’équité." . Citez moi une grosse civilisation qui ne soit pas massivement basée sur l’esclavage, la guerre, la colonisation, la torture pour fonctionner . Je ne dis pas que c’est une fatalité, mais c’est par contre une évidence historique . Quel serait cet age d’or préoccidentale ?? ou l’avez vous vu ?? D’autre part vous niez tout ce qui a pu se faire de bon chez nous, de l’interdiction de l’esclavage a la sécu en passant par les congés payés et autres . Vous essentialisez

26/07/2022 01:57 par Danael

@SYlvain

Il y a autant d’inégalités, de milliardaires, de pauvres... a quelque chose près, en chine qu’en amérique, ce qui n’est pas peu dire .

À cette différence importante que les États –Unis ont un système économique et politique essentiellement contrôlé par les classes les plus riches contribuant à fabriquer toujours plus de pauvres alors qu’en Chine l’État a la volonté politique d’éradiquer la pauvreté avec succès et contrôle des secteurs économiques clés pour pouvoir justement appliquer des politiques sociales importantes.
https://www.legrandsoir.info/quand-la-ligne-xi-jinping-passe-la-vitesse-superieure.html

Citez moi une grosse civilisation qui ne soit pas massivement basée sur l’esclavage, la guerre, la colonisation…

Justement la Chine .
https://www.legrandsoir.info/la-reemergence-de-la-chine-en-tant-que-puissance-mondiale-dissident-voice.html

26/07/2022 08:20 par Xiao Pignouf

@Sylvain

J’ai le sentiment que vous êtes très voire trop sensible aux comparaisons qui sont faites entre sociétés occidentales et orientales, quand elles sont aux dépens des premières. À tel point que votre réaction épidermique vous interdit de comprendre le sens ce très long laïus.

Une des choses à faire ici, c’est de s’assurer que ce que dit l’auteur est vrai.

C’est le cas. Il ne déblatère pas de prétendus épisodes historico-économiques sans réalité concrète ou sortis de son imagination. Ce sont des faits historiquement établis par des spécialistes de la question dont il a l’heur de faire partie.

Ensuite, est-ce qu’on doit le soupçonner d’être trop soumis à sa propre subjectivité ? S’il était, mettons chinois et affilié au PCC, on pourrait en conclure que son niveau d’objectivité est très bas. Comme il est américain et économiste, et bien qu’il semble plutôt se situer à gauche et qu’on ne peut donc évidemment pas parler de complète impartialité (qui le pourrait ?), cela garantit tout de même une objectivité maximale quand on se met à critiquer l’Occident et le chemin que celui-ci a pris.

Que dit Hudson en gros ? Que le capitalisme et l’endettement incontrôlé = caca. Que le socialisme et les créanciers sous contrôle de l’État = mieux.

Ce qui est dommage dans votre réaction, c’est que de ce texte d’une longueur conséquente, vous ne retenez que les dix dernières lignes dans lesquelles effectivement l’auteur (c’est normal, il est face à un auditoire chinois) fait un parallèle avec le système économique appliqué en Chine qui selon lui est meilleur car plus protecteur des intérêts du peuple.

Du coup, vous réagissez en croyant qu’il dit de la société chinoise qu’elle est parfaite, que rien dans sa très longue histoire n’est arrivé de mauvais au peuple, et vous nous ressortez, évidemment mal à propos, des évènements qui selon vous montrent que les sociétés non-occidentales ne sont pas jolies-jolies non plus, que justement il faudrait en conclure que tout ce qu’ont accompli les sociétés occidentales (pourquoi la France exclusivement ?) n’a été que négatif... Je n’ai qu’un mot : bravo. Bravo, parce qu’il faut apparemment un courage sans bornes pour affirmer haut et fort dans un média d’extrême-gauche qu’en Chine la pauvreté, la misère même, a existé et continue d’exister, qu’il y a des dominants et des dominés là-bas aussi, des gouvernants corrompus et des arrivistes prêts à tout. Tout le toutim quoi.

Je ne saurais vous indiquer d’autres portes béantes à ouvrir, vous les avez toutes ouvertes.

Prenons un des exemples que vous citez aléatoirement et en pleine connaissance de ce dont vous parlez : la révolte des Taiping (pas Taipei, qui est la capitale de Taïwan).

C’est drôle que vous choisissiez celui-là précisément, parce que dans votre raisonnement, il s’agirait plutôt d’un contre-exemple. En effet, cette révolte, une des plus grosses et des plus meurtrières de l’histoire humaine, s’est déroulée dans un contexte largement sous influence occidentale : des velléités colonisatrices anglo-françaises (le sac du Palais d’été est contemporain à la révolte des Taiping), une fin de dynastie Qing corrompue et affaiblie par les guerres de l’opium organisées par l’empire britannique et un chef de la révolte partiellement christianisé. Ajoutées à cela des conditions climatiques malheureuses ayant conduit à la famine.

Bah voui, grosso merdo, les choses en Chine ont commencé à tourner au vinaigre dès que les premiers occidentaux y ont foutus les pieds. Et cela a pris un siècle pour qu’elle se relève.

Je ne connais pas autant l’histoire russe, je sais juste que Poutine a fait plier les oligarques qui pillaient son pays au bénéfice du grand Capital US.

Mon expérience perso : comme vous le savez peut-être, j’ai vécu 10 ans en Chine. Je m’y suis établi professionnellement et familialement. J’ai aussi vécu là-bas des procédures que j’ai vécues plus tard en France : achat immobilier et emprunt bancaire. Je connais donc un brin le système bancaire chinois qui globalement protège davantage le débiteur contre ses propres abus, abus dont il a fait largement la preuve dans l’histoire occidentale récente. La dette et l’endettement existent bien sûr en Chine mais ils sont sous le contrôle de l’État.

En Chine, les banques (créanciers number one du monde moderne) obéissent à l’État.

En France, on a élu (et réélu) un banquier.

Cherchez l’erreur.

26/07/2022 11:17 par Georges Rodi

> Sylvain

Un petit résumé des travaux de M. Hudson...

Civilisation = agriculture, élevage, bâtiments (dépôts de grains, habitats), fortifications défensives.
... Il y a des civilisations nomades, mais...
A une époque où les engrais n’existaient pas, les civilisations agricoles se sont développées le long de fleuves qui débordent de leurs rives, apportant le limon nécessaire aux récoltes fructueuses.
Un nature généreuse le plus souvent, destructrice parfois si les innondations sont trop importantes, ou insuffisantes.
La géométrie, les outils de mesure indispensables au bornage des champs engloutis tous les ans, l’astrologie, la sidérurgie, la poterie et les briques, la fermentation (et son dérivé l’alcool), le séchage et l’usage du sel pour la conservation des aliments, l’irrigation, le broyage des grains... Tant de technologies sont issues des contraintes à surmonter.

Paysans et forces armées pour défendre les récoltes sont à la base de cette organisation.
Et il faut bien nourrir les forces armées.

(Pour la Chine, je sais mettre un chiffre : chaque lot de terre arable était divisée en 9 parts, 8 parts réparties entre les paysans et 1 part cultivée par eux tous au bénéfice des forces armées...
Le seigneur militaire prélevait donc 11% des récoltes.)

La base de la véritable richesse, c’était les boisseaux de blé, ou de riz.

Intervient un autre groupe social, celui qui s’occupe des échanges (il faut échanger une part de la récolte contre des minerais, des tissus...) et du commerce (outils, vêtements...), et qui parfois "avance" au paysan l’équivalent d’une part de sa récolte, avec des intérêts bien sûr.

Michael Hudson précise dans ses articles que le "prêt" était inscrit sur des tablettes d’argile en Mésopotamie.
La monnaie est arrivée plus tard, comme une forme plus pratique.
Et surtout, il nous dit qu’inévitablement, le groupe qui prête et qui commerce finit par dominer le groupe des paysans producteurs, qui sont finalement contraints à devenir esclaves.
(Ce n’est pas K.Marx qui dira le contraire)
Et cela arrive d’autant plus vite si une calamité naturelle intervient, une sécheresse par exemple.
Une situation invivable pour les paysans, mais aussi pour le seigneur militaire.

Ce dernier disposait heureusement du pouvoir de rétablir l’orde des choses avec le "jubilé" : l’annulation des dettes personnelles.
Ce pouvoir s’exerçait en cas de calamité naturelle, et lorsque le seigneur était remplaçé par un successeur.
Le seigneur peut être un roi, un empereur, il peut vivre dans le luxe et les draps de soie... C’est hors-sujet dans ce débat...
Ce qui importe, c’est qu’il disposait du pouvoir tyrannique d’éliminer les dettes personnelles, et l’esclavage à vie.

Les démocraties grecques puis romaines ont éliminé ce pouvoir tyrannique.
Marchands et prêteurs ont pris le pouvoir en l’habillant d’un droit de parole donné au peuple, mais en disposant des véritables leviers de pouvoir.
L’esclavage est devenu endémique bien évidemment, accompagné de l’accumulation de richesses et la création de monopoles entre quelques familles.

Michael Hudson s’appuie sur des études extérieures pour préciser que J. Christ s’est opposé à cette domination (l’épisode des marchands du temple...), ce qui ne pouvait le conduire qu’à sa mise à mort.
Et en devenant la religion de l’empire Romain, l’enseignement du Christ a été perverti pour ne pas remettre en question le pouvoir des familles dominantes.
Entre autres exemples nombreux, le commandement "Tu ne convoiteras pas la femme de ton voisin" est une déviance du commandement d’origine qui interdisait de soumettre à la prostitution l’épouse d’un paysan (qui pouvait être contraint à une esclavage temporaire... temporaire, c’est important).
Un droit que les riches romains n’avaient aucune intention de perdre... Un paysan soumis à l’esclavage à vie et son épouse mise à disposition sont des signes de richesse et de pouvoir indiscutables.

Nous savons depuis que l’église imperiale romaine a toujours encouragé la conquête et la soumission des peuples les plus lointains.
Et encore aujourd’hui, elle ne remet pas en cause la bulle papale les autorisant.

La domination occidentale s’est montrée ces derniers siècles particulièrement effroyable.
La Chine, Sumer, l’Indus offrent des contre-exemples certes imparfaits, mais très différents.

Enfin, il ne faut pas voir cette analyse comme une condamnation de "l’homme blanc", mais celle des zélites qui dominent largement le monde moderne.
Le peuiple chinois a souffert du colonialisme anglais, les Africains ont souffert de l’esclavage US, mais n’oublions pas pour autant les femmes ou les gamins qui travaillaient dans les mines de charbon du Yorkshire, et dans les usines textiles de Manchester.
C’est assez bizarre cette manie de pratiquement accuser de racisme anti-blanc ceux qui s’opoosent à la dictature de quelques uns...

26/07/2022 13:27 par Xiao Pignouf

les choses en Chine ont commencé à tourner au vinaigre dès que les premiers occidentaux y ont foutus les pieds

À des fins de précision : jusqu’aux environs des 18-19èmes siècles (si ma mémoire est bonne), les contacts directs entre la Chine et l’Occident étaient rares, mis à part quelques voyageurs isolés, dont le plus connus est Marco Polo. Jusqu’à cette période, la Chine commerçait en grosse majorité avec les contrées du Moyen-Orient, du Golfe Persique, de l’Asie du Sud-Est et de l’Inde. Tout ce que l’on savait de la Chine (que l’on appelait d’ailleurs Cathay à l’époque) nous venait de notre commerce avec le monde musulman.

C’est quand les arrivées de missionnaires (toujours les premiers à arriver en éclaireurs) se sont intensifiées, que les échanges avec le pouvoir et le peuple sont devenus de plus en plus soutenus et qu’ils ont commencé à remettre en cause des fonctionnements et des traditions millénaires de la Chine, qu’il y a eu basculement dans le long fleuve (pas trop tranquille) de l’histoire de ce pays (pendant plusieurs millénaires le plus puissant, le plus avancé et le plus florissant du monde) a été détourné de son lit pour le faire revenir au moyen-âge.

26/07/2022 18:37 par Assimbonanga

A une époque où les engrais n’existaient pas, les civilisations agricoles se sont développées le long de fleuves qui débordent de leurs rives, apportant le limon nécessaire aux récoltes fructueuses.

Oui, justement, à ce propos, @Georges, n’aurais-tu pas un petit topo sur la domestication du Nil et la construction de magnifiques barrages flambant de progrès et le résultat : le NIL ne peut plus remplir ses fonctions nourricières ?
Ah oui, alors bien sûr, on a les engrais chimiques, pardon, j’allais oublier. On est sauvés.

26/07/2022 21:56 par sylvain

ca en fait des réponses, merci même si en général vous n’êtes pas vraiment d’accord avec ce que je dis .Il y a des liens qui m’ont appris des trucs.
Bon vous en rajoutez encore dans vos commentaires . Il semble que toutes les misères du monde et de la chine en particulier aient commencés avec les occidentaux . On me dit même, en réponse a la question "quelle grosse société dans le monde aurait fonctionné sans guerre, colonisation, esclavage, torture", qu’il y a la Chine . C’est faux bien sur . Il y a eu de l’esclavage en Chine dès avant l’ère chrétienne et jusqu’en 1950 apparemment, il y a de la torture, c’est largement documenté et des guerres, dont des guerres d’annexion . Il est vrai que la Chine a été très peu colonialiste a partir d’un certains point .

Vous dites que ma réaction est épidermique . Il est vrai que quand je vois un texte qui pose une civilisation, dans toute son histoire comme essentiellement bonne, et une autre comme essentiellement mauvaise ça me fait tiquer . Le fait qu’on me désigne ( et vous aussi me semble t il, a moins que vous ne soyez pas occidentaux) comme essentiellement mauvais n’arrange pas l’affaire . On me dira certainement qu’il ne faut pas le prendre personnellement, mais je suis un occidental, qui sera reconnue comme tel n’importe ou dans le monde, j’ai donc toutes les raisons de le prendre personnellement, comme un noir devrait le prendre personnellement si on affirme que les noirs sont des voleurs et des incompétents par exemple . Le fait que ce soit un blanc et un occidental qui le fasse n’arrange rien a l’affaire, les oncle tom n’ont pas ma sympathie.

Quand je regarde l’histoire de la Chine, elle me parait très similaire a la notre . Des nobles, des roturiers qui peuvent être serf ou esclaves, un système sociale fondé sur la domination guerrière, des guerres de pouvoir régulières, des impots de guerre, un sytème patriarcal... bien sur la Chine a ses différences mais dans notre évolution historique nous sommes assez similaires . Ce qui m’intéresse plus est le contemporain . Si on me dit " le capitalisme et l’endettement incontrôlé = caca. Que le socialisme et les créanciers sous contrôle de l’État = mieux., je suis a priori d’accord, pas de problème . C’est le système que nous avions il y a quelques décennies, et que notre élite a décidé de torpiller avec l’argent dette et les délocalisation . Si on me dit que la mondialisation néolibérale est un projet mortifère, qui vise a asservir les peuples, ça me va aussi .
Peut être la Chine propose t elle une autre voie, mais ça ne saute pas aux yeux malgrès quelques différences notables . Nos évolutions sont si similaires que j’en doute . Dans nos sociétés, les classes populaires ont faillis et l’oligarchie a totalement pris le pouvoir . C’est me semble t il la même chose en Chine sauf qu’il y a deux oligarchies séparées (plus ou moins), ayant des intérêts ( de moins en moins) antagonistes ( les cadres et chefs d’entreprises, par exemple, sont maintenant majoritaires au sein du PCC), mais il me semble que les gens n’ont pas grand chose a dire dans ce système et il semble que le PCC ait une peur bleue de tout ce qui pourrait ressembler a une organisation sociale qu’il n’ai pas lui même construite .
Enfin bref, j’apprécie beaucoup ce journal pour certains articles de grande qualité, mais dès qu’on parle de la chine, j’ai un peu l’impression de revoir le parti communiste français parler de l’URSS

27/07/2022 04:26 par Georges Rodi

> Assim

Un barrage bien conçu, et bien géré, doit permettre le passage et l’évacuation du limon.
Faute de quoi, comme à Chateau-Arnoux St Auban (04), au bout de quelques années tu auras une magnifique zone humide envahie de roseaux, parfaite pour les grenouilles et les canards...
Tu n’as pas soulevé ces questions, mais il y a aussi la migration des poissons.
Et encore, il faut évacuer le bois et les animaux avant de remplir la retenue...
Beaucoup de problèmes étaient inconnus ou sous-estimés il y a 50 ans.
Mais tout problème peut trouver solution si la volonté de le faire est là.

Une éolienne peut être équipée de détecteurs et d’un dispositif sonore pour écarter les oiseaux qui se rapprochent dangereusement des pales.
C’est un coût... Ce n’est pas un problème technique...

Un lac de retenue créé par un barrage va submerger une vallée et des villages, influer localement sur le climat, détruire un écosystème et le remplacer par un autre.
La retenue du barrage des 3 gorges fait 600 kms de long...
Il y a eu beaucoup d’évacuations, beaucoup plus qu’à Serre Ponçon...
Alors, il ne fallait pas le faire ?
Si tu vas sur le site du WWF, tu ne pourras que le penser...

Les barrages chinois, c’est mal.
Les éoliennes chinoises ne sont même pas branchées au réseau, et les panneaux solaires sont fabriqués par des prisonniers ouighours stérélisés et gavés de force avec de la viande de porc transgénique.
La production des voitures électriques chinoises pollue d’avantage que celle des voitures diesel, et je ne te parle pas des batteries, ni de l’usure des pneus...
J’en ai oublié ? Dis-moi...
Pour toutes les OGM, la Chine, c’est l’empire du mal ultime...
D’ailleurs, on ne voit jamais Xi de dos en photo, car il a une queue fourchue...

Pour revenir à ta question et finir sur une note sérieuse.
Le Réchauffement Climatique a eu lieu par le passé avec des causes naturelles.
Les fossiles de grands animaux qui vivaient à cette époque prouvent qu’il y avait des forêts luxuriantes : pas de nourriture pour les grands herbivores —> pas de grands carnivores.
Il n’y en avait pas partout, et il y a eu la dérive des continents depuis lors...
Très grossièrement, l’équateur risuqe de devenir aride, les tropiques se déplacent, les déserts aussi... Dans le détail, avec l’effet des chaînes montagneuses, des courants marins, c’est plus complexe, dans cette loterie il y aura des pays globalement perdants et d’autres gagnants.
La France ? Je n’en sais rien...
L’Inde pencherait du côté perdant (manque d’eau), la Chine du côté gagnant, si elle sait gérer les innondations et la répartition de l’eau, et poursuivre sa lutte contre la désertification.

Et en ce moment, les internautes disent qu’il fait très chaud en Chine.
Beaucoup d’endroits sont passés en alerte rouge : les travaux à l’extérieur sont interdits.
Depuis 150 ans que les mesures de température existent, dans ces endroits, il n’y a eu que 15 jours aussi chauds.
Mais il y en a eu... Et ça, c’est de la météo, pas du climat.
En outre, c’est trop localisé... il y a aussi des endroits plus froids que d’habitude, et ceux-là ne font pas l’actualité.

27/07/2022 08:47 par Assimbonanga

Les barrages chinois, c’est mal.
Les éoliennes chinoises ne sont même pas branchées au réseau, et les panneaux solaires sont fabriqués par des prisonniers ouighours stérélisés et gavés de force avec de la viande de porc transgénique.
La production des voitures électriques chinoises pollue d’avantage que celle des voitures diesel, et je ne te parle pas des batteries, ni de l’usure des pneus...
J’en ai oublié ? Dis-moi...
Pour toutes les OGM, la Chine, c’est l’empire du mal ultime...
D’ailleurs, on ne voit jamais Xi de dos en photo, car il a une queue fourchue...

C’est dit avec humour mais, @Georges, tu sais très bien que ce ne sont pas mes objections !
Je parle de l’espèce humaine en ce qui me concerne, qu’elle soit chinoise ou française. Plus je lis de romans policiers chinois plus je trouve les Chinois français ! Le même patriarcat, le même goût pour la nourriture. En ce moment, c’est le juge Ti qui me tient lieu de berceuse. Certes, l’auteur n’est pas chinois et j’en tiens compte dans ma perception. Il n’est déjà plus contemporain non plus. A lire ses scènes de combat, j’ai l’impression d’un film avec Jean Marais !

Et c’est pas parce que des volcans peuvent faire pire et plus vite et ce n’est pas parce que cela s’est déjà produit dans la préhistoire que cela prouve que l’activité humaine d’aujourd’hui n’impacte pas le climat. Rajoutons les cas de la mer d’Aral, et du lac Poopó en Bolivie, asséchés vite-fait par la pratique agricole intensive. Nos activités humaines, c’est un peu plus qu’un battement d’aile de papillon !! Toutes ont un rejaillissement, aucune n’est sans conséquence et nous sommes désormais équipés de machines surpuissantes, ravageuses.

27/07/2022 18:03 par Georges Rodi

> Ce ne sont pas tes objections Assim

C’est la fatigue qui monte en moi.
Le monde n’est pas parfait, il y a de la misère noire et une exploitation démente pour le profit de quelques uns.
La Chine n’est pas parfaite non plus, mais je ne vais pas monter en épingle des critiques justifiées lorsqu’il y a tant et tant d’accusations injustes qui lui sont faites.

Ce que je ressens, en ouvrant les yeux, mes oreilles, et en mettant en veilleuse mes idées d’occidental :
 La pauvreté n’est pas synonyme de vertu environnementale. Mis à part quelques tribus d’indiens au fin fond de l’Amazonie, ou quelques vieux paysans dans les montagnes du Sichuan, la vie pastorale écologique n’existe plus.
La pauvreté s’accompagne de pollution, de déchets, de colorants et de métaux lourds répandus, de fumées toxiques, d’exploitation des enfants et j’en passe...
 A l’inverse, c’est parce que la Chine se développe qu’elle peut réduire les polluants, replanter ses forêts détruites en temps de misère, utiliser des machines plutôt que des petites mains...

En France, je me souviens avoir lu Le Totem du loup, un merveilleux roman d’aventures chinois de Jiang Rong, une ode à la sagesse écologique innée des Mongols faisant face aux stupides méthodes agricoles des Chinois Han qui débarquent et détruisent un paradis naturel.
J’y croyais vraiment... Il faut dire que le roman est magnifique.
Et puis un jour, sur place, tu découvres que ces nomades ont des troupeaux de 3000 moutons qui ravagent irrémédiablement les prairies et qu’il suffit maintenant d’une pluie pour éliminer la mince couche de terre mise à nu... Et que ces nomades, ils aiment bein parader avec des peaux de tigres lors des fêtes de mariages.
Et tu découvres encore qu’il y a une gamine Han d’une trentaine d’années, scientifique, qui explique (aux épouses d’abord) comment et pourquoi arrêter cette folie, qu’il est possible d’élever des vaches plutôt, le temps de reconstituer les herbages, tout en restant nomade à cheval pour veiller aux forêts, à la faune sauvage et les protéger de la contrebande.
Tu découvres la Mongolie extérieure voisine, qui est Mongole, sans être sous contrôle chinois, et en comparaison, elle n’est pas loin d’être un petit enfer sur terre, de misère et de pollution minière.
Tu découvres la réalité, que le Totem du loup est un superbe tissu d’absurdités... Pas forcément il y a 50 ans, mais maintenant, par contre, c’est sûr.
Il faut bien en tirer des conclusions au bout d’un moment.

Et ces jeunes bien éduqués, le PCC en envoie partout à travers la Chine, et j’y crois plus qu’à n’importe quoi d’autre, car aujourd’hui, ils disposent aussi de moyens financiers et techniques qui les rendent efficaces.
Et je sais que cet exemple intéresse tous les pays en développement : c’est en Chine que l’on vient découvrir comment lutter contre la désertification, cultiver dans des eaux salines, trouver des machines de forage et des pompes à eau à des prix corrects et tout ce qui peut changer des vies.
L’Occident peut proposer quelque chose d’équivalent ?

Les villes chinoises aussi sont intéressantes. La proximité des maraîchers, l’efficacité des services, l’absence totale de maisons de banlieue... L’Occident est un contre-exemple quasi parfait pour le reste du monde... Très beau souvent, mais insoutenable...
Lorsque les occidentaux évoquent la sobriété énergétique, se rendent-ils compte qu’ils sont les seuls concernés ? Qu’un Chinois consomme 10 fois moins d’énergie qu’un cow-boy, tout en faisant tourner 10 fois plus d’industries...

Et la population excessive, ce n’est pas un problème ?
Non, car c’est encore un problème de pauvreté.
Tous les pays riches ont une population qui diminue.
La population chinoise commence à diminuer également.
L’Inde pauvre va la dépasser très bientôt, vivement que l’Inde se développe.
Pas la peine d’envisager des épidémies mondiales.
Pas la peine, vraiment...
La science a mieux à faire que suivre les directives des tarés impériaux.

27/07/2022 23:05 par Xiao Pignouf

@sylvain

"On me dit même, en réponse a la question "quelle grosse société dans le monde aurait fonctionné sans guerre, colonisation, esclavage, torture", qu’il y a la Chine .C’est faux bien sur . Il y a eu de l’esclavage en Chine dès avant l’ère chrétienne et jusqu’en 1950 apparemment, il y a de la torture, c’est largement documenté et des guerres, dont des guerres d’annexion

Je ne m’arrêterais que sur deux points ici : primo, y a-t-il eu de l’esclavage en Chine ?

Oui. Mais poser cette question revient à en faire de même pour la France et la Gaule qui l’a précédée. Oui, les riches chinois de l’Antiquité chinoise et des siècles qui ont suivi ont pu posséder des esclaves sous une forme ou une autre, telle que ce qui serait l’équivalent du servage dans la France du Moyen-âge, par exemple. Oui, il y a probablement eu des formes d’esclavage jusqu’à une époque récente mais dans des formes très exceptionnelles et anecdotiques ne relevant pas de phénomènes ou de comportements sociaux massifs. N’oublions pas que la Chine avant de devenir le pays que l’on connaît aujourd’hui est passée par de nombreux stades ; notamment de royaumes que tout opposait.

La vraie question, celle qui est réellement bien que subrepticement soulevée par Hudson, est : est-ce que la Chine a fait de l’esclavage un rouage central de son économie à tel point qu’il a été, à l’instar du commerce triangulaire de ce côté de l’hémisphère, l’élément moteur du développement économique de deux continents, préambule de la révolution industrielle ? A-t-elle déporté des millions d’êtres humains ? Les a-t-elle traités comme moins que du bétail pour les faire mourir à la tâche ? Leur a-t-elle ôté tous leurs droits jusqu’à une époque outrageusement récente ?

Ici, mon cher Sylvain, la réponse est non.

Deuxio, en Chine, torturait-on ?

Ouiiiii, évidemment. Je ne citerais que deux exemples : le lingchi, ou le supplice des mille coupures, ou bien ce roman de Mo Yan, le Supplice du Santal... Et puis, quoi, ils ont quand même la peine de mort, bah voui...

il est vrai que quand je vois un texte qui pose une civilisation, dans toute son histoire comme essentiellement bonne, et une autre comme essentiellement mauvaise

Hudson ne qualifie aucunement, dans ce texte du moins, la civilisation chinoise comme essentiellement bonne, c’est votre interprétation. En outre, ce n’est pas la civilisation occidentale qui est mauvaise, c’est une partie de son fonctionnement, de nombreux autres aspects étant positifs, comme vous l’avez noté dans un commentaire précédent, comme la Sécu, par exemple. C’est ce que je trouve épidermique dans votre réaction, ou pavlovien.

Le fait qu’on me désigne ( et vous aussi me semble t il, a moins que vous ne soyez pas occidentaux) comme essentiellement mauvais n’arrange pas l’affaire

Non, Sylvain, ôtez ce poids de vos épaules, vous n’êtes pas, petit blanc européen lambda, responsable des travers de la société dans laquelle vous vivez, encore moins de celle d’autrefois. Autrement, nous le serions tous. Ça va mieux maintenant ? Ne soyez pas tant hermétique à la notion d’auto-critique. Pour ce que vous dites ensuite, je ne peux vraiment rien pour vos insécurités. C’est votre problème si vous vous sentez visé (ou coupable) à la moindre critique du système dans lequel vous vivez.

Peut être la Chine propose t elle une autre voie, mais ça ne saute pas aux yeux malgrès quelques différences notables .

La Chine ne propose rien du tout, vous prenez l’analyse et les prévisions d’un économiste pour des injonctions. Il énumère des faits, et je crois que vous ne les avez pas compris. Pourtant, je les ai simplifiés pour vous : en Chine, aujourd’hui, le système économique, financier et bancaire est sous le contrôle de l’état afin de préserver le peuple des abus que nous connaissons chez nous.

Nos évolutions sont si similaires

Il y a des points communs, mais vous les avez cités tous, c’est-à-dire peu. Dire que nos évolutions sont similaires, c’est vraiment ne pas connaître la Chine. Il faudrait en tout cas essayer de voir un peu plus loin que la simple aisance matérielle à laquelle le peuple chinois a accédé. Peut-on qualifier le PCC comme une oligarchie du simple fait que ses plus hauts membres soient riches et puissants ? Relisez la définition, Sylvain : l’oligarchie se caractérise par un système au service d’un petit groupe de personnes. Au vu des progrès qui ont largement bénéficié au peuple ces 30 dernières années en Chine, j’aurais tendance à dire que dans l’ensemble et malgré de probables faux-pas ou abus, le pouvoir chinois est au service du peuple chinois. Ce qui n’est strictement plus le cas chez nous depuis longtemps

28/07/2022 11:03 par Autrement

Merci Georges Rodi pour vos contributions sur la Chine, si vivantes, pleines de science et de connaissances concrètes !

28/07/2022 11:27 par Assimbonanga

@Georges, tu vis heureux en Chine et la découverte de ce pays te comble d’émerveillement. J’adore tes longs textes érudits et argumentés. Toutefois, il y a un stade où il faut sortir de cette comparaison par pays. Aujourd’hui, c’est le jour du dépassement. On a déjà consommé tout ce que la terre peut produire en un an. Bien sûr, c’est pas la Chine la championne du gaspillage mais dézoomons ! C’est pour cela que je considère l’espèce humaine plutôt que les systèmes politiques. Tout s’interpénètre et les grandes entreprises sont multinationales. Notre exploitation des ressources est industrielle.

Ce matin, j’ai mangé une mûre, délicieuse. Problème : on est le 28 juillet. Dans mon enfance, c’était un plaisir de la rentrée des classes, soit autour du 9 septembre à l’époque ! La campagne à l’époque était truffée de fermes avec une architecture totalement adaptée. La grange avec une montée en pente pour rentrer les chars de foins au-dessus de l’étable. Des caves, des maies, des gardes-mangers, pas de frigo, pas de congélo. Le cochon conservé par salaison, le fromage, le beurre, les patates, les châtaignes. Bref ! Tout cela a volé en éclat. Tout comme ton monde Mongol qui s’est dépravé.
Ces gens avaient des vies extrêmement dures mais très organisées, au millimètre. On en a eu marre de leurs manières frustres, de leur langage rustre. La télé, la culture, les belles manières, le formica et le ciné étaient plus attirants. Sauf qu’aujourd’hui on a perdu tous les savoirs-faire et savoir entretenir la source. On ne sait que tanner le maire quand il y a une panne.
La forêt se replante seule et n’a pas besoin des bénévoles d’association pour faire des alignées de plants tous identiques... On ne lui laisse pas cette liberté. La forêt des Landes sera sûrement reboisée à grands frais d’argent public pour le plus grand profit des propriétaires fonciers.
Ici, les scieries sont tellement gigantesques qu’elles exigent un lourd tribut à la production locale. Les camions de grumes n’arrêtent pas de sillonner la contrée avec leurs chargements mais ça ne suffit même pas !
(J’ai pas terminé mais je dois y aller. A plus !)

28/07/2022 14:03 par Assimbonanga

c’est en Chine que l’on vient découvrir comment lutter contre la désertification, cultiver dans des eaux salines, trouver des machines de forage et des pompes à eau à des prix corrects et tout ce qui peut changer des vies.

Forons, forons joyeusement ! Descendons toujours plus bas pour s’approprier l’eau !
Je viens de cueillir quelques fraises rabougries que je n’arrose pas, par la force des choses. Plus haut sur la montagne, des agriculteurs ont une reconversion réussie et bien subventionnée dans le fruit rouge, myrtilles, framboises, fraises. Traitements phytosanitaire et beaucoup d’eau ! Il faut de l’eau pour que ça gonfle. Ainsi le touriste sur le marché est-il fier d’acheter du produit paysan local vertueux ! Qui pompe dans la rivière ou la nappe phréatique, raison économique oblige ! C’est un énorme gaspillage juste pour le plaisir momentané de bourgeois repus. De beaux fruits parfaits. Le ruisseau est au plus bas et on n’a pas commencé août.

Tiens ! J’ai récemment vu à la télé un pauvre paysan ukrainien qui avait perdu 3 vaches d’un obus russe. Quelle pitié ! Le hangar était déserté, toit transpercé. Mais bon, on découvrait aussitôt que ce pauvre paysan possédaient 15 000 vaches. Donc, il en restait ! Qu’est-ce qu’on croit avec cette industrie agricole ? Il faut des milliers de litres d’eau pour abreuver et encore davantage pour irriguer le maïs de fourrage. J’ai l’impression que l’Ukraine est bien mise à sac...
Tu penses en Chine avoir échappé aux travers de l’industrialisation ? C’est peut-être juste un retard... Pas tant en retard d’ailleurs. Les usines à cochons, à vaches, les étendues de coton où s’engagent les gros tracteurs au mépris des zones humides, c’est pas une vue de l’esprit. L’agriculture est une des grandes causes d’assèchement et de disparition de l’eau.

Et maintenant, de surcroît, il va nous falloir encore plus d’eau juste pour... éteindre les incendies puis noyer les zones pour pas qu’il y ait de re-départ de feu ! On marche sur la tête sur tous les continents.

Pour le tourisme, pas la peine que je me fatigue, c’est déjà écrit .

28/07/2022 14:44 par Assimbonanga

Oups, je suis confuse... Je viens de retrouver la vidéo du reportage en Ukraine et je m’aperçois que ma mémoire partisane me joue des tours. J’ai dit des fake news ! L’agriculteur n’avait pas 15 000 vaches ! Seulement 1300, ce qui est déjà beaucoup, beaucoup, beaucoup trop. Il aurait perdu non pas 3 mais 38 vaches lors du bombardement.
Visiblement sa vingtaine d’employés s’écrit plutôt employées. Guerre oblige me rétorquera-t-on : les hommes sont au combat. Oui mais non : Victoria y travaille depuis 12 ans. La main d’œuvre est déjà pas chère en Ukraine mais si c’est femmes, c’est encore mieux.

Guerre en Ukraine : récolter en urgence pour sauver la production agricole

Dans ce reportage, un autre agriculteur, lui, accuse les Russes d’avoir incendié les champs de blé. Chais pas pourquoi mais j’ai tendance à douter de cette affirmation. J’ai besoin de preuves. Les Ukrainiens ont déjà fait tellement de conneries à l’encontre des populations : destructions de ponts, minage du port d’Odessa, inondation de zone habitée ! Pourquoi les partisans ne demanderaient-ils pas à un agriculteur de mentir pour, par exemple, couvrir un dégât collatéral d’une de leurs mauvaises manœuvres ? Bref, j’en sais rien mais je doute. Je ne crois pas forcément ce que dit l’agriculteur face caméra.

29/07/2022 20:03 par Georges Rodi

> Assim

Hum...
Les représentants de l’Afrique sub-saharienne sont venus en Chine récement, pour la journée de l’eau.
Dans ces pays, femmes et enfants passent plus d’heures à aller chercher de l’eau que la France compte d’heures travaillées dit le rapport.
Eux voient l’accès à de l’eau potable quand ils parlent forage.
Tu sembles y voir une folie de plus.
Je te dirais plus tard ce que j’en pense de ta remarque sur les forages...

Le problème de manque d’eau que connaît la France en ce moment est évoqué dans les médias locaux : les Français doivent rationner l’arrosage de leurs pelouses, le lavage de leurs voitures, et le remplissage des piscines individuelles... Ah oui, et il y a les golfs qui doivent surveiller leur consommation...
Mince...

30/07/2022 09:25 par babelouest

@ Georges Rodi
Et il y a le scandale, dénoncé par des dizaines d’associations, de ces "agriculteurs" intensivistes qu sans vergogne, en plein après-midi de canicule (au lieu d’attendre la nuit pour éviter l’évaporation immédiate), arrosent leurs maïs dans des lieux où il est aberrant d’en semer ; ou plus vicieusement encore vont pomper "en hiver" (ou au printemps si l’hiver n’a pas été pluvieux) dans les nappes phréatiques profondes, pour remplir ce qu’ils appellent des "bassines", de grands étangs artificiels où ils repompent en été : de ce fait les nappes phréatiques moins profondes s’assèchent très vite, au risque de faire manquer d’eau les habitants. Scandaleux, mais bien sûr "les Autorités" sont pour.

30/07/2022 09:27 par Xiao Pignouf

les Français doivent rationner l’arrosage de leurs pelouses, le lavage de leurs voitures, et le remplissage des piscines individuelles... Ah oui, et il y a les golfs qui doivent surveiller leur consommation...

Ce qui tend à contredire mes propos quand je dis plus haut à Sylvain que nous ne sommes pas responsables des travers de notre société.

30/07/2022 11:04 par Assimbonanga

Bonjour Georges. Comme ça fait longtemps que tu n’es pas venu en France, je te poste cette petite photographie où tu pourras voir comme la situation s’est dégradée : Climat : la sécheresse sévit toujours dans 93 départements. C’est catastrophique. Pour les forages, je pensais seulement à la France. Chacun veut résoudre le problème en faisant venir une entreprise pour forer. Cela ne fera que repousser l’échéance. Des eaux qui sont stockées en profondeur depuis 15 000 ans ne pourront pas se reconstituer et nous les consommerons pour des usages délétères conformes à l’agriculture industrielle qui s’est développée dans les trente glorieuses, époque bénie où tout semblait inépuisable. Mais on a les mêmes situations en Australie, aux USA, en Grande-Bretagne !
Les forages en Afrique ? Bien sûr je suis incompétente pour te répondre mais j’avance toutefois l’hypothèse que la bonne action au service des femmes peut cacher des intentions à moyen terme peut-être moins louables, une colonisation suivante, toujours au service de la start-up, du business, de la croissance, du PIB... L’Afrique est une terre de pillage et d’exploitation. Une culture s’y est installée. Sankara assassiné c’est symbolique de cette impuissance à faire autrement.
A travers tes vues optimistes du progrès, je me demande si la Chine n’est pas au stade trente glorieuses avec le Tibet pour le château d’eau. Et le résultat, on le voit plus tard. Quand c’est trop tard.

31/07/2022 11:34 par Monsieur Georges

La politique socialiste de la Chine est à bien des égards un retour aux idées fondamentales de résilience qui caractérisaient la plupart des civilisations avant la Grèce et la Rome classiques. Elle a créé un État suffisamment fort pour résister à l’émergence d’une oligarchie financière qui prendrait le contrôle de la terre et des actifs générateurs de rente. En revanche, les économies occidentales d’aujourd’hui répètent précisément la dynamique oligarchique qui a polarisé et détruit les économies de la Grèce classique et de Rome, les États-Unis étant l’analogue moderne de Rome.

Aahh, la Grèce antique, Rome... On sait bien que les étasuniens viennent en droite ligne de la cuisse de Jupiter, tant de travaux de sociologues nord-américains servent à soutenitñr ce mythe fondateur de l’Empire capitaliste. Pour mieux le célebrer ou le détruire aujourd’hui.

La "résilience" étant devenu un mot valise de plus, de plus en plus creux - pour nous vendre de l’adaptation à un milieu deshumanisé et transhumaniste, tout est bon dans le cochon - on ne peut que souligner cette conclusion fourre-tout, qui comme les zaméricains aiment bien, fait de grands raccourcis et simplifications pour placer les USA et son modèle industriel et culturel de masse au point final de l’évolution des grandes civilisations humaines de l’Histoire et du Futur. Ou une Chine qui ressemble à nos décors de films de science-fiction, surtout belle au cinéma pour se donner des émotions, ici une bonne conscience occidentale vite achetée en magnifiant un autre État super-prédateur concurrent (qu’il soit profond, occulte, néolibéral , ou ouvert, postmoderne et communiste) et enfin de la taille des USA...

Sinon vivre dans une de ces nombreuses nouvelles villes entièrement modernes et connectées, parfois contruites sur les ruines de quartiers historiques chinois, cela doit être d’un charme fou. C’est dans ce genre de décor urbain que vous vivez, Monsieur Rodi ??

31/07/2022 14:05 par Chklakla

@Assim’
Je ne sais pas si "’l’activité humaine d’aujourd’hui impacte le climat" comme vous le dites, mais ce dont je suis certain c’est que le modèle capitaliste du profit coûte que coûte épuise nos ressources.
Il y a dans la condamnation de l’humanité comme seule responsable des pénuries agricoles, élémentaires et énergétiques une logique malthusienne effrayante. Elle consiste à dire que les ressources sont limitées et que nous sommes trop nombreux sur la terre pour en bénéficier : d’où l’appel à des politiques de limitation, contrôle, restrictions et austérité à l’échelle individuelle pour les préserver.... avec l’approbation des capitalistes qui nous demandent la sobriété et la décroissance de nos usages (tout en encourageant la consommation) pour préserver la croissance de leurs profits.

Cette logique malthusienne qui empêche de critiquer l’inadaptation du capitalisme au partage nécessaire du droit d’usage des ressources, risque de banaliser l’idée d’instaurer l’euthanasie des vieux grabataires dans les EPHAD ou la mise en place de mesures eugénistes pour des raisons démographiques....lesquelles viseront d’abord (seulement ?) la classe des exploités, n’en doutons pas.

31/07/2022 18:35 par Xiao Pignouf

@Monsieur Georges

parfois contruites sur les ruines de quartiers historiques chinois

Ah oui ? Donc vous pouvez certainement nous dire où exactement...

Les villes françaises, c’est vrai, ne sont jamais construites sur les ruines d’anciennes villes, et les sites archéologiques ont tous la chance d’être situés pile à côté... quelle veine !

31/07/2022 19:42 par Assimbonanga

@Chklakla, mais non ! Macron se fout complètement de l’écologie. Comment faut-il le dire ? Ce n’est toujours que par des prétextes qu’il justifie toutes ses décisions aux profit des nantis. Nourrir la planète, soutenir l’emploi, etc !!! Macron et les siens sont des menteurs.
Il faut regarder en face ce qui se passe. A la Cluza, on veut creuser une bassine grande comme trois terrains de foot pour faire quoi : de la neige artificielle !
Wauquiez, Macron et la clique, des vauriens.
C’est nous tous qui mourront du désastre environnemental.

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