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La loi du marché, impitoyable en réalité !

Pour ne pas oublier, pour aller plus loin et comprendre les enjeux réels de cette tragédie, suite au suicide de Yannick, sur son lieu de travail à Lidl, le 29 Mai dernier, et comme préambule à une republication du témoignage de son collègue, Marc C., une première approche sur le lien entre conditions de travail, chômage et taux de suicide. La corrélation est significative de l’évolution de la crise. La riposte dans les luttes sociales doit le devenir aussi, pour ne pas laisser le désespoir gagner.

« Il supervisait le suivi des camions, le parc automobile, les réparations... Un poste pour lequel il était seul, là où dans d’autres entreprises de même envergure, ils sont en moyenne 3, indique Christophe (Délégué CGT, NDLR), il me disait souvent, qu’il n’en pouvait plus ». Ce drame interroge sur les méthodes de management d’une entreprise désireuse de passer du « hard discount » à une image plus flatteuse, à grand renfort de campagnes de publicité vantant les mérites des produits bio, frais, régionaux de l’enseigne. Mais à quel prix ? Dans le cadre de cette restructuration, « ça a licencié à tout va. Notre directeur régional a été jeté comme un malpropre et a fait un AVC. Idem pour le chef des ventes. Le chef d’entrepôt, en maladie... Les salariés sont stressés, en sous-effectifs, brimés, sanctionnés, les chefs de magasin bossent quasi 70 heures par semaine, les plus jeunes partent chercher du travail ailleurs et sont remplacés par des intérimaires. Notre collègue était d’ailleurs allé voir le directeur pour demander une rupture conventionnelle qui lui a été refusée ».

( http://www.lamarseillaise.fr/bouches-du-rhone/social/39260-suicide-d-un-salarie-la-cgt-denonce-les-conditions-de-travail )

Dans la série noire des victimes du stress dues à la dégradation des conditions de travail, on se remémore tout d’abord les "vagues" de suicides et de tentatives à "France télécom", "Orange", "La Poste", au cours des restructurations de ces entreprises. Mais bien évidemment, en réalité, le nombre de suicides reste, en proportions, beaucoup plus fort dans la population des chômeurs.

Et les cas comparables à celui du travailleur de LIDL, en ce qu’ils sont tragiquement révélateurs de la crise, ne sont malheureusement pas difficiles à trouver, surtout lorsqu’il est impossible aux médias de les passer sous silence. Comme ce cas, en Février 2013, qui avait "ému" jusqu’aux plus hautes "autorités" de ce pays :

http://www.liberation.fr/societe/2013/02/14/vive-emotion-a-nantes-et-dans-le-reste-du-pays-apres-le-suicide-d-un-chomeur_881737#

"Vive émotion après le suicide d’un chômeur à Nantes Ce chômeur de 42 ans en fin de droits devait rembourser des allocations perçues. L’émotion était vive jeudi à Nantes mais aussi en France, au lendemain de l’atroce immolation par le feu d’un chômeur en fin de droits ayant annoncé ses intentions en début de semaine, mais qui a déjoué avec détermination les moyens mis en place pour prévenir son geste devant son agence Pôle Emploi."

Avec cette précision utile, que "faute d’avoir déclaré à Pôle Emploi du travail effectué fin 2012, il devrait rembourser les allocations perçues et que ces heures travaillées ne lui ouvriraient pas de droits à indemnisation. Une « double peine » prévue par la règlementation que la CGT de Pôle Emploi a aussitôt pointée du doigt."

Non seulement chaque cas est révélateur de circonstances particulièrement absurdes et inhumaines, dont la seule logique est la loi du marché dans ce qu’elle a de plus extrême, mais une étude statistique plus globale montre un autre aspect du problème, lié à la base même du principe de cette loi : il y a une corrélation très nette et même reconnue par les expert du système, entre taux de suicide et taux de chômage.

Il y a même une relation clairement établie et très dommageable entre l’augmentation du chômage engendrée par la crise, et celle du nombre des suicides. C’est ce que révèlent un grand nombre d’études, pourtant publiées par des journalistes et des organismes à la solde du capitalisme.

Entre autres exemples, celle du Figaro,

"45.000 suicides par an dus au chômage dans une soixantaine de pays"

http://www.lefigaro.fr/emploi/2015/02/11/09005-20150211ARTFIG00342-45000-suicides-par-an-du-au-chomage-dans-une-soixantaine-de-pays.php

Extrait :

"Le chômage tue. Une étude de plusieurs chercheurs de l’Université de Zurich, publiée mardi dans The Lancet Psychiatry, confirme et affine le diagnostic déjà posé par plusieurs études précédentes : le nombre de suicides augmente lorsque le chômage grimpe. Les chercheurs suisses se sont penchés sur la crise économique de 2008 et ses répercussions sur le suicide dans plus de 60 pays dans le monde, d’Amérique, d’Europe et d’Asie. Ayant passé en revue plus de dix ans de statistiques (de 2000 à 2011), ils en concluent qu’environ 45.000 suicides par an sont imputables au fléau du chômage, que la récession de 2008 a fait enfler."

Autre exemple sur RFI :

"Le nombre de suicides épouse la courbe du chômage"

http://www.rfi.fr/europe/20120817-suicides-chomage-royaume-uni-grece-france-italie-rsa-crise-australie/

Et sur La Tribune :

"Le nombre de suicides augmente avec le chômage"

http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20120316trib000688645/le-nombre-de-suicides-augmente-avec-le-chomage.html

"En trois ans, de la fin 2008 à la fin 2011, la crise économique a accru le nombre de chômeurs de 648.500 en France. Elle a eu un autre impact, plus dramatique mais largement passé sous silence. Un surcroît, durant cette même période, d’environ 750 suicides et 10.780 tentatives de suicide."

Et cette corrélation se retrouve systématiquement dans bien d’autres études, encore...

Ainsi donc, certains se suicident parce qu’ils ont trop de travail, d’autres le font parce qu’ils n’en ont pas...

Le bon sens indique, à l’évidence, qu’il y a quelque chose à faire... !

Plutôt que d’en finir avec soi-même,

MIEUX VAUT EN FINIR AVEC LE CAPITALISME !!

Mais le chemin vers une alternative réellement socialiste passe par la renaissance d’un syndicalisme de lutte de classe, en rupture avec la "loi du marché", dans le domaine de la grande distribution comme ailleurs.

Car c’est bien la lutte concurrentielle acharnée entre groupes financiers qui amène, avec la crise qu’elle entraine, la dégradation inexorable des conditions de vie et de travail qui est la cause de cette tragédie, comme tant d’autres, souvent plus massives, mais auxquelles les médias à la solde du système ont réussi à nous habituer...

L’illusion selon laquelle, dans cette lutte, travailleurs et capitalistes auraient le même intérêt, ne peut mener qu’à une accentuation de la crise, et à de nouvelles tragédies. Une amélioration, même relative et provisoire des conditions de travail ne peut être imposée que par un rapport de forces créé par un syndicalisme combatif et sachant où il va.

Cela implique une stratégie d’ensemble des luttes sociales, en rupture avec les illusions et pratiques de la collaboration de classe. Car la solution durable ne se trouvera que dans une alternative globale au système capitaliste/impérialiste.

De nombreuses luttes syndicales ont déjà eu lieu dans le prolétariat surexploité de ce secteur d’activité pourtant en voie d’expansion quasi-continue. Le cas spécifique de Lidl a même fait l’objet d’un "Livre noir" de la part des syndicats allemands, pourtant peu suspects de "gauchisme" ! Mais là comme ailleurs, la prise de conscience que le capitalisme tue ne va pas forcément avec celle que le réformisme n’est pas la solution ...

Perpétuer la collaboration de classe, même avec la perspective illusoire des nationalisations, avec ou sans "indemnités", rebaptisées "Nouveau CNR" ou non, c’est seulement la garantie d’un nouvel échec, dont les récentes tentatives ratées de mobilisation sociale-chauvine ne sont qu’un avant-goût amer, mais qui devrait amener à la réflexion :

"1944-2014, D’un « Programme du CNR » à l’autre ..."

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2015/06/01/1944-2014-dun-programme-du-cnr-a-lautre/


"30 Mai : un nouveau tremblement de terre à Paris ?"

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2015/05/31/30-mai-un-nouveau-tremblement-de-terre-a-paris/

Le secteur de la grande distribution est particulièrement important, au stade actuel de la mondialisation, et pas seulement en Europe, pour le partage des zones d’influences entre groupes financiers à la fois multinationaux et liés aux différents pôles impérialistes, qui sèment la terreur et la désolation sur tous les continents, dans l’espoir de "tirer les marrons du feu".

Lidl est une tentative du pôle allemand d’empiéter sur la base arrière du pôle français, mieux placé à l’international, dans ce secteur vital d’activité, pour le contrôle des marchés.

Il n’y a donc évidemment pas d’intérêt "national" qui lie les travailleurs de Lidl à la bourgeoisie française, et encore moins à la fraction de la petite bourgeoisie qui participe directement à leur propre exploitation. Dans ce secteur d’activité comme dans les autres, c’est le principe de solidarité entre prolétaires de tous les pays, tant sur chaque lieu de travail que dans la coordination des luttes, qui fera avancer la solution.

Le droit des travailleurs à des conditions décentes, comme le véritable droit des nations et des peuples à un développement autonome basé sur l’indépendance, le socialisme et les relations d’échanges équitables ne font qu’un, dès à présent.


La lutte des travailleurs de la grande distribution a tout à fait sa place, et même une place éminente, dans une stratégie de résistance globale contre le capitalisme et l’impérialisme.

Luniterre

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SUICIDE DANS LES ENTREPÔTS LIDL :

Un témoignage direct sur la tragédie du stress au travail, récemment republié sur SOLYDAIRINFO :

https://solydairinfo.wordpress.com/2015/06/06/la-loi-du-marche-impitoyable-en-realite-temoignage/


Vendredi 29 mai, Yannick, 33 ans, employé du groupe de distribution LIDL, s’est suicidé dans les locaux d’un entrepôt à Rousset (Bouches-du-Rhône). Pour ses collègues, son geste serait lié à une surcharge de travail et une pression grandissante de sa hiérarchie.

Marc C. travaillait avec Yannick. Pour lui, il est primordial que l’entreprise reconnaisse sa part de responsabilité.

"Le soir du vendredi 29 mai, la femme de Yannick a contacté l’entrepôt car elle était sans nouvelle de son mari. Ce dernier devait aller récupérer son enfant à la sortie de l’école. Il ne s’y était pas rendu. À l’entrepôt, on lui a répondu que Yannick avait quitté son travail et qu’il ne se trouvait plus sur le site.

Au bout de quelques heures, sa femme, inquiète, a décidé de venir directement sur place. Vers une heure du matin, la pièce des compresseurs, qui était bloquée de l’intérieur, a été ouverte. Le corps de Yannick a été retrouvé. Il s’était pendu à l’aide d’une chaîne.

En solidarité, l’ensemble des travailleurs du site sont en arrêt de travail depuis lundi.

Je m’en veux de ne pas avoir pu déceler son mal-être

Ce drame a occasionné une immense souffrance. Yannick était notre collègue, tout le monde le connaissait, tout le monde l’appréciait. Pendant 10 ans, j’ai travaillé à ses côtés. C’était quelqu’un de très gentil, toujours disponible et à l’écoute des autres.

Il était déjà venu vers moi pour me dire qu’il n’allait pas bien. Il se sentait surchargé de travail et souffrait d’un manque de respect de la part de la direction. Il m’avait dit qu’il voulait quitter l’entreprise, mais ne savait pas vraiment comment s’y prendre. Je lui avais conseillé de tenter une rupture conventionnelle avec la direction. Je ne sais pas s’il avait fait la démarche. (Note de Solydairinfo : d’après d’autres sources, il apparait que cette solution lui avait été refusée.)

Comme d’autres collègues, je m’en veux de ne pas avoir pu déceler son mal-être, de ne pas avoir réussi à désamorcer ses intentions. Il y avait bien quelques signes, mais comme la plupart d’entre nous.


Yannick emmagasinait le travail de 3 personnes

Le groupe LIDL a été restructuré il y a quelques années et notre site en a été directement impacté. L’entrepôt de Rousset est une vieille structure qui nécessiterait d’être repensée et rénovée. Nous sommes clairement en fin de vie.

En changeant de direction, LIDL est passé du "discount" à la supérette classique, mais le problème c’est qu’au lieu d’injecter de l’argent pour améliorer nos conditions de travail, ils ne nous ont pas pris en considération.

Yannick, comme nous autres, était surchargé de travail. Il était toujours en train de courir dans tous les sens. À lui seul, il emmagasinait le travail de deux ou trois employés. Et pour cause, notre entrepôt tourne en sous-effectif constant. La direction préfère cumuler les emplois précaires, les profils polyvalents, ce qui ne favorise pas un fonctionnement stable.

Par exemple, au pôle palettes, il est toujours très difficile de faire évacuer cartons et plastique dans le temps imparti. C’est impossible à gérer et cela entache considérablement notre productivité. Au travail, personne ne se sent serein et en sécurité. On craint toujours un accident.

"Votre travail serait mieux fait par des enfants"

Le souci, c’est que nous n’avons personne à qui parler. Dès qu’il s’agit d’aborder les problèmes de fonctionnement de l’entreprise, la direction fait tomber un rideau de fer. Pire encore, elle nous manque de respect. En façade, on nous dit que tout se passe bien, qu’il n’y a aucun problème et que nous faisons du bon boulot. Mais en entretien individuel, il est fréquent qu’on lance à des jeunes de 25/35 ans que le travail qu’ils font serait mieux réalisé par des enfants de trois ans.

Si vous avez le malheur de poser un arrêt maladie, on vous explique qu’il n’y a pas de problème... car de toute façon, on aura trouvé quelqu’un pour vous remplacer quand vous reviendrez.

Voici le genre de pression quotidienne que nous subissons.

Nous ne sommes pas de la matière première

Les plages horaires sont très variées car l’entrepôt est ouvert quasiment 24 heures sur 24, trois équipes tournent matin, midi et soir. On commence à 5 heures du matin, pour parfois finir à 19 heures... sans compter ceux qui travaillent la nuit.

Ce qui nous dérange, ce n’est nos conditions de travail, mais aussi le manque de considération à notre égard. Ce qui est arrivé à Yannick ne doit jamais se reproduire. Et pour cela, il faut que Lidl se remette en question, qu’il réfléchisse sérieusement à la part de responsabilité qu’ils ont dans ce terrible drame.

J’espère qu’un jour on nous écoutera, que l’entreprise appliquera cette transparence nécessaire au bon fonctionnement d’une société. Plus question d’être traité comme de la simple matière première."

Propos recueillis par Louise Auvitu

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Source :

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1380527-mon-collegue-de-lidl-s-est-suicide-il-faisait-le-travail-de-3-personnes-trop-de-pression.html

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