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La « technoscience », à quelle fin utile ?

Photo : ceci est un aspirateur. "Ah bon ?" Eh oui.

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » s’exclamait Rabelais au XVIème siècle. La science, dont-il parlait, apportait progrès et amélioration des qualités de vie, la médecine en particulier en était dans son esprit la principale bénéficiaire. En somme, malgré des embellies dues à l’intelligence humaine, le précurseur que fut le futur médecin mettait en garde les hommes sur les déviances que les savants fous sont capables d’imaginer. On pense naturellement à l’eugénisme nazi et autres conceptions intellectuelles cherchant à réguler le monde par la génétique pour ne citer que cet exemple. Pour palier à ces exagérations on a donc établi des codes d’éthiques, des conseils où se réunissent des sortes de sages statuant sur les limites à ne pas dépasser.

C’était probablement aussi autour de thèmes comme les avancées scientifiques du type OGM dont on ne connaîtra qu’à long les retombées réelles que Rabelais aurait donné cet avis significatif donnant à la réflexion où se situaient les limites morales de la science. On peu aisément supposer qu’il n’avait pas pensé que -avec l’évolution rapide des techniques accélérée par la science pour nous conduire à la révolution industrielle- la technologie, qui en apportant le mieux-être, deviendrait aussi une machine à concevoir de l’inutile, que l’on appellera pour plus de compréhension : le consommable superficiel. Et que, pour cette conception de l’apport technologique partenaire du consumérisme soit au rendement maximum, ou de part cette conception, le productivisme en deviendra le moteur économique, voire sociétal ; ce qui pourtant va mener à la suréxploitation de la planète accompagnée d’une pollution galopante.

Alors, on entend ces propos en plein mois d’août 2010 : « Pour survivre, la race humaine doit coloniser l’espace d’ici 200 ans », ce sont les paroles d’un astrophysicien britannique connu, Stephen Hawking. Où a raison ce monsieur, qui est un homme compétant dans son domaine, c’est que la terre va à sa perte à cours termes, uniquement pour cela car le reste de son propos étant erreur profonde d’analyse. Mais comme pour beaucoup, au lieu de rechercher les causes profondes nos maux, il va chercher un palliatif scientiste, une extrapolation future oubliant les raisons essentielles de la déliquescence terrestre. Pour lui, c’est simple, puisque les ressources de la terre ne suffisent plus et de surcroit est polluée, on va aller polluer ailleurs, on va exploiter les matières premières venues d’autres planètes pour satisfaire un besoin de croissance effrénée. Mais avant cette alternative qui est somme l’extrême solution ne doit-on pas réfléchir aux raisons qui nous ont emmenés à cette extrémité. Ne doit-on pas mettre en cause cette croissance consumériste ferment d’un productivisme débridé et qui finalement donne une suractivité humaine destructrice. Prenons des exemples de la vie courante.

L’évolution de nos sociétés a peut-être modifié, mais pas fait disparaître l’impondérable universel qui est celui de s’alimenter. Pour la purée de midi à la belle de Fontenay, on va chercher dans le placard le dernier robot à la mode offert à l’occasion de la fête des mères Déjà , que de temps perdu pour trouver la bonne grille, puis pour lui faire un peu de place sur l’évier encombré, et vroom, quelques kilowatts consommés vont donner un truc dont on n’a pas véritablement maitrisé la structure, trop liquide, trop pâteux…On a oublié que l’on avait mis au grenier le presse-purée venant des grands-parents. Pourtant, trois tours de manivelle, de l’exercice en quelque sorte, un peu de lait ou d’eau et voilà une purée onctueuse à souhait, bien meilleure.

Il a fallu le même temps pour laver l’ustensile traditionnel, peut-être moins que la machine vrombissante. Mais surtout, cela fait cinquante ans que qu’il n’est pas tombé en panne, l’autre, trois petits tours et il devient jetable. Le vieil engin est recyclable sans problème, le moderne demande un démontage et un tri des éléments dans le cas échéant où on veut lui redonner une seconde existence, et enfin, très important, l’un utilise l’énergie manuelle, l’autre fait tourner une centrale nucléaire qui en vieillissant va inéluctablement fuir, mettant en danger les populations environnantes...

Pour parachever le tout, il a fallu le passage dans différents bureaux d’études pour le second dans lesquels on aurait pu mettre les chercheurs, et autres dessinateurs, voire les concepteurs au service d’éléments vraiment utiles à l’humain. Business oblige, surtout lors du symbole de la fête des mères où perdure une forme de machisme autour d’un cadeau parmi d’autre qui n’a en réalité reçu le renfort d’une publicité outrancière que pour faire fructifier le système, favoriser sous un prétexte fallacieux le productivisme capitaliste.

D’accord, me direz vous, mais dans le même ordre d’idées, on ne peut pas nier que l’aspirateur, pour ne parler que de lui afin de rester dans les comparaisons ménagères, n’est pas inutile, pratique même pour la personne qui fait l’entretien d’une maison ou d’un appartement. Certes, cela fait partie des inventions dues au progrès que l’on peut considérer comme utiles, mais il n’en reste pas moins vrai que la conception de l’engin a souvent plus été tournée vers des préoccupations mercantiles laissant en retrait l’efficacité. C’est pourquoi on voit un beau carénage en matière plastique, plusieurs vitesses dont personne ne se sert, mais qui sont essentiellement des arguments de vente ; même si l’esthétique n’est pas à négliger pour le plaisir de l’oeil, on peut faire simple en utilisant des matériaux plus facilement recyclables et puis surtout piocher intellectuellement sur le moins de consommation d’énergie pour un efficacité maximale liée aussi à la durabilité, ce devrait être la préoccupation incontournable et non la science et la technique au service du consommable/jetable, ce qui est l’essence du système productiviste servant uniquement le profit des actionnaires.

Une nouvelle religion est née : le matérialisme. C’est donc formé autour de l’objet culte un syncrétisme n’ayant qu’un seul but, le consumérisme ultralibéral…

Si l’on fait une étude attentive autour de nous on s’apercevra que le principe consumériste est incontournable puisque l’on force la vente par divers artifices. La pub, l’orientation de la recherche, sont au service du concept qu’il faut consommer pour produire des richesses que l’on doit consommer, un cercle vicieux, en somme. Il y a une multitude d’exemples illustrant ce propos sur lesquels nous ne nous étendrons pas ; cependant, on peut rappeler, car cela est d’importance pour l’avenir, que des travaux assez poussés autour des nanotechnologies amènent les chercheurs à vouloir modifier l’atome de ce qui se trouve dans notre assiette sous divers prétextes. Manipulations pratiquement et presque uniquement mercantiles puisque l’on estime que d’ici 2015 les nanotechnologies pourraient être utilisées dans 40% des aliments venant de la filière industrielle. Pour résumer, on va prendre un support quelconque et lui donner le goût d’un produit en manipulant ses atomes ou sa structure atomique, mais ceci se faisant consciemment pour diriger l’alimentation vers une industrialisation maximum. Le pire, c’est qu’il n’y a pas eu de moratoire sur la commercialisation des nano-produits. C’est juste maintenant, alors que les nanoparticules sont dans le circuit depuis quelque temps déjà , qu’une série de débats vient d’être lancée sur l’acuité d’une telle technologique, débats d’ailleurs trop tardifs qui pourraient être tronqués, voire orientés, sous la pression des lobbies industriels. Car en effet, le principe commence sans doute à être juteux puisque les multinationales de l’agro-alimentaire font profil bas pour éviter que s’ébruite de trop le fait qu’il y a généralisation de ces méthodes.

C’est encore un nouvel exemple de la recherche mis au service du profit. Il ne s’agit pas de nier les manipulations de l’atome qui seront probablement utiles à certaines recherches, comme dans le domaine médical, mais de contester leurs utilisations lorsqu’elles sont inutiles, alors qu’une alimentation traditionnelle et biologique devrait suffire. Le profit venu de l’industrialisation à outrance étant devenu dans ce cas le principal moteur de la recherche scientifique. D’ailleurs, on peut comprend mieux la juste récrimination des chercheurs qui préfèrent rester dans un cadre étatique plutôt que privé. Les axes de recherches étant plus généraux et divers et n’iront pas uniquement dans le sens de l’amélioration de la rentabilité et du profit.

Le grand enseignement que l’on peut tirer de ces réflexions est que le principe consumériste n’est probablement pas source de véritable bien-être, un peu de mieux-être quand même, mais orienté vers une civilisation de l’inutile, c’est incontestable… Et oui, un maxi écran plasma issu des dernières technologies pour regarder Secret Story est à l’évidence le summum de la navrante inconséquence humaine servie par la perversité de système capitaliste… La technique cinématographique nouvellement découverte nous avait amené un art, l’évolution télévisuelle et sa marchandisation en a fait un foutoir ! Je ne parlerai pas de la croissance verte qui est dans même ordre d’idée car cela mériterait un article entier autour de cette aberration.

En modifiant nos comportements, on va, par la moindre consommation, par la plus utile consommation, sortir de productivisme ce qui va faire dire à certain que l’on va diminuer l’emploi. Comme on consomme moins, il est évident que l’on va modifier les règles du pouvoir d’achat et ainsi permettre de travailler moins. On va aussi diriger de façon significative les priorités économiques vers le collectif, l’éducation, la santé, les services sociaux et par là même recadrer le travail pour le service de l’individu, en lui redonnant par la même occasion sa quintessence : celui d’être avant tout une monnaie d’échange ; c’est donc une société différente et un tissu social où les inégalités se comblent qui doit être le ferment de notre imaginaire politique. Cet emploi déplacé, relocalisé, devrait remplacer celui perdu à la fabrication de voitures devenu inutiles, par exemple, il est même évident qu’en changeant les priorités on devrait créer de nouveaux emplois. Pour ce faire il est incontournable que le profit et son corolaire l’esclavagisme moderne tel que le conçoit le capitalisme soient à éradiquer en premier pour changer les états d’esprits, sortir de la pensée unique.

Donc, il s’agit bien de redonner à la science, à la technologie leurs lettres de noblesse qui sont de donner avec sagesse et modération du véritable bien-être à l’humain, voire du bonheur, et ceci en dehors de toute contingence mercantile…

Michel MENGNEAU

http://le-ragondin-furieux.blog4ever.com

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