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La Tunisie après le referendum de mai 2002 : chronique d’un statu-quo annoncé

COMMENTAIRES  

09/05/2003 18:38 par alim

La lecture de cet article me laisse une fois de plus perplexe. En effet plus les années passent et moins le pas vers pluralité semble être la priorité pour tous ces pays qui pourtant auraient grand besoin de voir émerger des débats d’idées.

Quelle gabegie, quel gâchis ! il existe dans ces pays Arabes des hommes et des femmes prêts à apporter leur contribution pour le bien de tous et au lieu de cela, que voit on ? une opposition baillonée, une société verrouillée, surveillée, etc.
Je ne fais pas de la démocratie une fin en soi mais plutôt un passage obligée vers une vie meilleure.

Une petite précision, moi même d’origine Maghrébine c’est avec beaucoup de désarroi que je vis la situation politique là -bas et je pense sincérement que les immigrés ont leur mot à dire et peuvent influer sur le devenir de leurs frères.

Alim

25/03/2009 20:18 par namous

LA TUNISIE DE BEN ALI
Par Javier Barreda

A côté de la porte du poste de police où il a été torturé pendant deux semaines, Ahmed Manai se tourne vers le patron de ses tortionnaires et le remercie pour "tout ce qu’il a fait pour lui", en louant " son grand professionnalisme. Ému, celui-ci l’embrasse et lui demande pardon. Un à un, ses collaborateurs serrent à leur tour la main de leur victime, et un gaillard l’étreint aussi avec effusion.

Gilles Perrault a bien fait de commencer son avant-propos au livre de Manai
avec ce passage, et d’ajouter quelques considérations sur le peu d’occasions où un récit
autobiographique éclaire sur la complexe opération des rapports contradictoires qui s’installent entre tortionnaire et torturé, qui sont peut-être, enfin, celles qui expliquent le succès relatif à court et à moyen terme de la plupart des régimes férocement répressifs. Tant tortionnaire que torturé, répresseur que réprimé, perdent leur dignité momentanément, de façon active ou passive, et ne pas le supposer et le reconnaître les bloquent pour la retrouver et pour combattre - ou continuer à combattre- la situation qui les a menés à une telle perte. Les responsables de la répression le savent.

Ahmed Manai, indépendamment du fait de savoir s’il a été amené à perdre sa dignité et son humanité, nous présente une histoire très digne dans laquelle sa souffrance occupe une place centrale, parce qu’est centrale la place de la répression dans la Tunisie actuelle, mais jamais cette perception de la réalité tunisienne et arabe ne nous ennuie, ainsi que les questions humaines, politiques, intellectuelles, et même littéraires, beaucoup plus complexes.

Les rapports sur la politique répressive et les violations des droits de l’homme du régime de Ben Ali, arrivé au pouvoir en 1987, se multiplient depuis des années. Nombreux sont ceux qui les minimisent en le cachant derrière le paradis fiscal et de main-d’oeuvre que représente la Tunisie pour les entreprises européennes, particulièrement la françaises et italiennes, et en faisant des comparaisons avec les pays voisins.
Mais je ne crois pas qu’ils seraient surpris de découvrir, - ce qui m’est arrivé il y a 5 ou 6 ans,
dans un de ces rapports empiriques et statistiques particulièrement chers aux Anglo-Saxons -, que la Tunisie était parmi les pays arabes celui qui traite le plus durement - et c’est très dur !-ses islamistes.

Cependant, le livre de Manai informe sur beaucoup plus que la torture comme pratique mécanique (bien qu’il offre un petit inventaire, sous forme d’annexe, de variétés qu’il eut la chance de ne pas connaître). En premier lieu, il raconte en effet les pratiques répressives d’un régime né de l’intérieur de celui de Habib Bourguiba, en prétendant qu’il mettrait fin à l’autoritarisme de ce dernier, pour après le surpasser amplement au moyen d’un mélange pittoresque de sophistication et de puérilité - il n’y a rien de plus grossier que le contrôle de la presse tunisienne. Une structure agile dans laquelle les sauts en arrière et en avant dans le temps, entremêle les changements personnels de l’expert international en économie rurale qui décide de s’établir dans son pays pour y participer à la supposément nouvelle époque politique comme candidat à la députation en 1989, et ses réflexions au sujet du passé et du présent de sa société, avec la rapide dérive tentaculaire du nouveau régime. Après l’échec naturel de sa tentative, parce qu’il n’était pas aligné sur Monsieur 100%, il met longtemps avant de payer son audace. Seulement deux ans plus tard, sous l’accusation d’avoir maintenu des contacts - parfaitement sans importance ’étranger il connaît le " supplice tunisien ", une modalité brevetée de torture. Par la suite, il abandonnera le pays et il verra comme ses enfants adolescents souffrent aussi des procès judiciaires, dans un cas accompagné aussi de tortures.

En deuxième lieu, il montre comment les inquiétudes sociales et politiques de beaucoup de gens, beaucoup d’entre eux des classes moyennes, des professionnels du savoir et non de la politique, ont essayé tant de fois de s’articuler, pas seulement en Tunisie, mais dans tous les pays arabes, aux ouvertures présumées, et ont buté sur la peur du passé, le présent et le futur répressif qui désagrégent la société et la confiance entre toutes ses parties. En particulier, il enseigne à ceux qui ne le savent pas que les " islamistes modérés " (l’épithète est notre) sont peut être aussi raisonnables, compétents et pragmatiques que n’importe qui.
Finalement, il donne une leçon de dignité sans que les confessions qu’on lui a arrachées avec la peau l’empêchent de continuer à parler, quand il en a eu l’occasion, avec honnêteté, avec lucidité et avec un courage sans amertume.
Traduit de l’Espagnol

23/05/2009 11:25 par Namous Anis

Près de sept ans après, cette analyse demeure d’actualité. On enregistre même un effondrement total des partis d’opposition, un discrédit généralisé des organisations des droits de l’homme et davantage de démission de la population.
En Tunisie, la démocratie n’est pas pour demain et le pouvoir n’est pas le seul responsabe de cette situation.
Paris le 22-05-09

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