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Le peuple et la démocratie

De quoi parle-t-on quand nous évoquons le concept de démocratie ?

Ne cherchons pas à trouver la réponse du côté de ceux qui en parlent le plus et qui en ont fait leur leitmotiv. Ils ne vous en diront rien. Ils se suffiront de vous servir des généralités sur le droit à la liberté d’expression et sur celui du libre choix des dirigeants. Quant aux conditions qui permettraient à de tels droits de s’exercer, dans leur plénitude, elles ne figurent nulle part dans le discours.

C’est dans ce contexte que la démocratie est chantée et figure au premier plan des arguments des uns et des autres, dans un monde où les problèmes sociaux s’amoncellent et dont les causes sont connues. Sans que la démocratie existante, y compris dans les pays où elle ne souffre d’aucune contestation, soit remise en doute dans sa capacité à servir de levier au développementsocial. Ainsi va le monde.

Ceux qui ont les moyens de communication, donc le droit de s’exprimer et ceux qui ont les moyens de faire de la politique, donc le droit de peser dans le choix des dirigeants, sont ceux qui apparaissent et qui parlent au nom du peuple. Ils peuvent être au pouvoir, comme ils peuvent être dans ce qui peut s’appeler une " opposition". Cette dualité, contradictoire en apparence, assure une image dite démocratique aux sociétés où elle se manifeste.C’est elle qui fera le spectacle lors des élections.Le peuple, masse indifférenciée, verrait tout ses membres, appelés citoyens, participer à armeségales à la décision finale, par le supposé libre exercice du droit de vote.

Exit les inégalités économiques et les disparités des préoccupations. Dans le sac, il n’y a pas de place aux contradictions entre catégories d’électeurs, même s’il arrive que, dans certains pays, des candidats montrent des divergences de point de vue sur la gouvernance économique, sur ce plan, il n’y a en définitive que très rarement une modification desorientations publiques. Modifications qui, quand elles ont lieu, provoquent invariablement une crise politique majeure. L’histoire récente en estémaillée. L’exemple du Chili illustrait cela, lorsqu’en septembre 1973, le gouvernement élu sur des bases en rupture avec l’establishment des multinationales du cuivre en particulier fut renversé dans la violence. La démocratie chilienne fut jugée incompatible avec la démocratie labellisée. Elle dérogeait aux règles établies, donc elle devait être “ corrigée ”. Un coup d’Etat sanglant y mit fin et une féroce dictature fut instaurée pour nettoyer le syndrome populaire. Un autre cas est celui du Venezuela où l’on n’en finit pas d’alimenter une guerre contre un pouvoir, maintes fois reconduit par les urnes. Là aussi, le choix populaire a entaché la démocratie labellisée et a donc posé un gros problème sur le plan économique. Et le Venezuela aurait pu subir le sort du Chili, sans la mobilisation de ses citoyens contre plusieurs tentatives de déstabilisation. Pourtant, dans les deux situations, le pouvoir répondait à la volonté de la majorité, en facedes intérêts d’une minorité. En attendant, la démocratie continue paradoxalement à être brandie en tant que solution idéalisée aux maux des sociétés.

Ahmed Halfaoui

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