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Le terrorisme, produit authentique de l’impérialisme

Taliban, Al Qaeda, Aqmi, Boko Haram, Rebelles libyens, Rebelles syriens, Daech, Al Nosra, Khorassane, ne sont que des noms, parmi tant d’autres, pour désigner des organisations et des mouvements créés, financés, entraînés et armés directement et indirectement par l’impérialisme américain et son caniche européen dans le seul et unique but de servir leurs intérêts économiques et stratégiques. En condamnant toutes les voies et toutes les issues progressistes, l’impérialisme a ouvert la boîte de Pandore libérant des monstres qui essaiment un peu partout et qui lui servent de prétexte pour d’éventuelles interventions dans les pays qui lui sont réfractaires. L’impérialisme est le père de tous les terrorismes.

La violence des groupes « terroristes » aussi barbare soit-elle, est peu de chose par rapport à la terreur que l’impérialisme exerce sur les peuples qui refusent de se soumettre à sa domination. Un pays comme l’Irak est aujourd’hui dans un état de décomposition avancé. L’intégrité du pays et son unité ne sont désormais qu’un lointain souvenir. Les guerres impérialistes dans ce pays ont laissé derrière elles des centaines de milliers de morts. C’est Madeleine Albrith qui justifiait froidement en 1996 la mort de 500 000 enfants irakiens. Le nombre de blessés et de refugiés se chiffre par million. La population est réduite à vivre dans des conditions infra-humaines. Ce que subit aujourd’hui le peuple irakien donne la mesure de la barbarie et de la cruauté dont l’impérialisme est capable (1). Toute l’histoire de l’impérialisme américain n’est qu’une suite de crimes, de guerres et de massacres perpétrés à travers toute la planète. Contre la culture de l’amnésie propagée par les médias bourgeois, citons quelques faits marquants du XXème et du XXI ème siècle : Hiroshima et Nakasaki, Corée (nord et sud), Indonésie, Viêt-nam, Afghanistan,Yougoslavie, Irak, Libye et Syrie. L’impérialisme américain a soutenu les régimes les plus rétrogrades, les dictateurs les plus féroces comme Suharto l’indonésien, Marcos le philippin, Pinochet le chilien, Videla l’argentin, Uribe le colombien, Ben Ali le tunisien, Moubarak l’égyptien etc.etc.

L’empire américain a dressé des fanatiques religieux contre Nasser en Egypte, contre Sukarno en Indonésie, contre Bhutto au Pakistan, contre Najibullah en Afghanistan. Le but est de contrer et d’étouffer toute pensée et tout mouvement communiste ou même nationaliste. Au Pakistan par exemple, le général dictateur Zia a renversé le gouvernement démocratiquement élu d’Ali Bhutto grâce au soutien décisif de Washington. Pour asseoir son pouvoir et mater toute opposition laïque, le dictateur instrumentalise l’Islam. « Les hommes de Zia étaient obtus, insensibles et cruels. Le nouveau régime avait décidé d’utiliser l’Islam comme machine de guerre ; ses partisans barbus, souvent incroyablement stupides, étaient opportunistes jusqu’à la moelle. Ils mêlaient la religion aux profanations les plus viles » écrivait Tariq Ali dans « Le choc des intégrismes » (2). Des Madrassas (écoles coraniques) fleurissaient alors un peu partout au Pakistan. En plus de la formation religieuse, on apprenait à ces talibans (étudiants) le maniement des armes et les techniques de la guérilla. Il s’agit en fait de centres d’endoctrinement gérés et contrôlés par les fameux services secrets pakistanais ISI (Inter-Services Intelligence). De ces écoles religieuses naquirent des dizaines de milliers de fanatiques prêts à tous les sacrifices. L’impérialisme avait besoin de Zia et de ses talibans pour renverser d’abord le gouvernement pro-soviétique, installé à Kaboul, et surtout livrer la guerre aux troupes Soviétiques présentes sur le sol Afghan ensuite. Les talibans sont ainsi devenus, par la grâce des dollars américains et des pétrodollars saoudiens les « moudjahidins de la liberté » qui allaient mener le djihad (la guerre sainte) contre les « communistes » afghans et leur protecteur soviètique. Dans son interview accordée au Nouvel Observateur, le chef de la sécurité nationale de Jimmy Carter, Zbigniew Brzezinski déclarait ceci :

 Nouvel Observateur : « Vous ne regrettez pas non plus d’avoir favorisé l’intégrisme islamiste, d’avoir donné des armes, des conseils à des futurs terroristes ? »

 Zbigniew Brzezinski : « Qu’est-ce qui est le plus important au regard de l’histoire du monde ? Les talibans ou la chute de l’empire soviétique ? Quelques excités islamistes ou la libération de l’Europe centrale et la fin de la guerre froide ? » (3).

Rappelons que pendant la guerre contre l’Union soviétique, le dictateur Zia et ses services de renseignement ont demandé à l’Arabie Saoudite de dépêcher un membre de la famille royale pour superviser la « guerre sainte ». Faute de pouvoir trouver un émir, c’est un certain Oussama Ben Laden qui fut envoyé !!

Le chaos que connaît actuellement la Libye est la conséquence directe de l’intervention militaire américaine et européenne dans ce pays (4). Les nombreuses milices islamistes qui font régner aujourd’hui la terreur dans ce pays martyr, avaient non seulement servi de troupes terrestres aux bombardements de l’OTAN , bras armé de l’impérialisme, mais également de justification et de légitimation de l’intervention impérialiste pour renverser le régime de Kadhafi. La propagande des médias américains et européens présentaient ces djihadistes comme des « rebelles » et des « révolutionnaires » prêts à se sacrifier pour la liberté et la démocratie. Il fallait donc les entraîner, les armer et les financer. Et c’est grâce à L’OTAN que ces milices sont entrées triomphalement à Tripoli. Abdelhakim Belhaj, « l’émir » du Groupe islamique combattant (GIC) lié à Al Qaeda, remerciait d’ailleurs publiquement les dirigeants américains et européens de lui avoir offert ce triomphe (5). Rappelons que les chefs de ce groupe sont tous formés par la CIA en Afghanistan pour combattre l’armée soviétique. Derna, ville libyenne sur la méditerranée, est aujourd’hui dirigée par ce que l’on appelle communément l’Etat Islamique (EI). Le contrôle de cette ville par EI est rendu possible grâce à la collaboration d’une autre milice, Ansar Al Charia, farouche opposante au régime disparu de Kadhafi.

La destruction de l’État libyen par l’OTAN et ses alliés islamistes a permis par ailleurs le pillage des arsenaux militaires par des groupes djihadistes opérant en Tunisie, en Égypte et surtout au nord Mali. La France qui est intervenue dans ce dernier pays pour mener « la guerre au terrorisme », a participé activement au renversement du régime libyen en soutenant les milices islamistes ! Les mêmes groupes armés sont traités tantôt de « terroristes », tantôt de « rebelles » en fonction des seuls intérêts de la bourgeoisie.

La Turquie, dirigée aujourd’hui par un gouvernement islamiste et conservateur, affiche ostensiblement sa volonté de renverser le régime laïc baassiste syrien. Il faut préciser que la Turquie est membre à part entière de l’OTAN et alliée de poids de l’impérialisme américain dans la région. Son soutien aux « rebelles syriens » est total. Les frontières turques sont largement ouvertes aux « rebelles » et aux mercenaires du monde entier pour mener la « guerre sainte » au régime syrien. La Turquie sert de base arrière aux islamistes de tout bord pour se soigner, se reposer et surtout pour s’entraîner. Mais cette volonté de la Turquie de renverser le régime baassiste par tous les moyens n’est rendue possible que grâce à la complicité de l’impérialisme américain et européen.

Vouloir installer par la violence des gouvernements à leur solde, l’impérialisme et ses alliés locaux n’ont pas hésité à soutenir des mouvements politiques dont l’Islam n’est qu’un voile derrière lequel se cachent les intérêts des uns et des autres. Les mauvaises graines qu’ils ont semées à travers la planète ont produit une moisson abondante de groupes dont la cruauté et la barbarie s’inspirent directement de celles de leurs maîtres. L’Arabie Saoudite, modèle de démocratie et du respect des droits de l’homme et surtout de la femme, décapite au sabre et en public chaque année des dizaines d’hommes. Or l’Arabie reste le soutien financier et idéoligique (le wahhabisme) le plus décisif des nombreuses organisations djihadistes réactionnaires qui opèrent notamment en Irak et en Syrie. Mais l’Arabie Saoudite est également pour l’impérialisme américain, en plus de ses richesses pétrolières, le rempart le plus solide contre toute idée et tout régime démocratique, progressiste et laïc : « Les richesses pétrolières enfouies sous le sable de l’Arabie, le rôle de défenseur des intérêts impériaux de l’impérialisme américain font de cet État féodal un « ami » de toutes les bourgeoisies occidentales et l’ennemi de tous les travailleurs » (6). Le terrorisme est à l’image de l’impérialisme.

Mohamed Belaali

(1) http://www.belaali.com/article-les-ravages-de-la-guerre-imperialiste-en-irak-48981793.html

(2) Tarik Ali « Le choc des intégrismes »,Textuel,2002, page 215

(3) Le Nouvel Observateur du 15-21 janvier 1998

(4) http://www.belaali.com/article-la-libye-apres-l-intervention-imperialiste-108002868.html

(5) http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/libye-abdelhakim-belhaj-l-islamiste-qui-remercie-les-occidentaux_1027938.html
Voir également son portrait dressé par le journal Libération
http://www.liberation.fr/monde/2011/08/26/abdelhakim-belhaj-le-retour-d-al-qaeda_757094

(6) http://www.belaali.com/article-arabie-saoudite-le-silence-complice-des-bourgeoisies-occidentales-sur-les-revoltes-populaires-109557989.html

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COMMENTAIRES  

25/11/2014 21:58 par chb

Il faut déconstruire les clichés... C’est ainsi que, gentiment, Corm parle de la propagande atlantiste.
Georges Corm, l’ancien ministre des Finances libanais, était invité de Cuntrastu (Corse-Matin) dimanche. Il remet en cause le passé colonial, les accords Sykes Picot et Balfour, le ("presque") déni d’auto-détermination dans les terres arabes. Ce sont ces erreurs du passé qui se payent aujourd’hui, et qui "justifient" la destruction d’états comme l’Irak, la Libye, la Syrie ou si possible l’Iran.
Mettant en évidence une désolante continuité, il évoque la responsabilité première dans le succès de Daesh en terme de recrutement de jeunes français... du gouvernement français lui-même, qui assimilait la lutte contre la dictature syrienne à une nouvelle Guerre d’Espagne !
Maintenant, sous couvert de battre Daesh, la coalition achève de détruire les infrastructures de la Syrie.
3w.dailymotion.com/video/x2ay5am_georges-corm-invite-de-cuntrastu-il-faut-deconstruire-les-cliches_news ?
Extrait :

- (journaliste) Qu’est-ce qui explique cette barbarie ? Rien ne justifie cette horreur.
 (Corm) Non mais excusez-moi, la barbarie actuelle, elle est le résultat de la fabrique de jihâdistes. Les deux grands alliés des Etats-Unis (on veut absolument faire abstraction de cela et c’est pour cela que de l’autre côté de la Méditerranée on regarde tout cela comme un théâtre), la coalition anti-Daèche elle n’est qu’un remake de la coalition anti-Qaeda et Oussama ben Laden. Et puis quand les américains aujourd’hui vous disent « ah il va nous falloir 20 ans pour éradiquer Daesh » excusez moi, c’est 20.000 combattants, qui surgissent d’Irak d’ailleurs, dont l’armée est formée et équipée par les USA...
(…) C’est pas du tout pour excuser les takfiristes (…) Quand vous tuez, vous tuez. Quand vous avez une bombe de deux tonnes qui tombe sur un village, c’est aussi de la barbarie.

29/11/2014 04:32 par benzekri

Un mercenariat low cost.

Hier, les Etats colonialistes comme la France utilisaient - pour le maintien des rapports néocoloniaux dans le but de poursuivre le pillage des Nations - des mercenaires nationaux à l’image de Robert Denard, alias Bob Denard.
Seulement, la gourmandise de ce genre de mercenaires et le fait qu’ils passent mal aux yeux des populations locales, faisaient qu’on devait changer de stratégie dans un nouveau décor fabriqué de toutes pièces, le péril vert. Entendez le « terrorisme islamique » ou « Islam phobie »
Que ce soit en Afghanistan, en Afrique ou au Moyen Orient où la France ne joue qu’un rôle de supplétif de l’ami américain, c’est Baghdadi qui remplace Bob Denard.
Un mercenaire du cru, formé sur place par un encadrement militaire américano-sioniste et financé par des mécènes fiables, l’Arabie Saoudite et le Qatar notamment.
Le réseau est alimenté par des pseudos internationalistes bénévoles auxquels la Turquie a ouvert grandes ses portes pour aller déstabiliser les régimes qui dérangent et résistent à Israël.
La protection d’Israël n’est pas une fin en soi mais c’est la condition nécessaire pour maintenir l’instabilité et l’insécurité bénéfique aux ventes d’armes, aux trafics en tout genre et aux affaires.
Tout régime rebelle qui conteste l’ordre établi et menace les intérêts des maîtres du monde doit disparaitre.
On a commencé par l’Iran qui a payé cher le prix d’une guerre déséquilibrée contre l’Irak de Saddam qui servait à l’époque les intérêts des américains et alliés et bénéficiait de leur appui.
On élimine ensuite l’allié d’hier, Saddam, en ramenant cette grande Nation, l’Irak, des années en arrière et on l’installe dans l’état où elle est aujourd’hui.
On cherche à déstabiliser à nouveau, l’Iran, le Liban et à créer la zizanie au sein de la résistance palestinienne en achetant les consciences faibles.
On profite de ce faux printemps arabe pour faire fuir Ben Ali, liquider Kaddhafi et on crie victoire en annonçant prématurément la chute proche de B. Al Assad !
Les deux raclées de 2006 au Liban et celle de 2014 en Palestine infligées à l’armée sioniste présentée comme invincible expliquent la folie guerrière, les fuites en avant et toute cette propagande autour d’une barbarie entretenue et alimentée par le monde civilisé… Monde sensé combattre ces/ses créatures qu’il qualifie d’abjectes en sacrifiant des jeunes manipulés pour aller à la rencontre de l’horreur et souvent de la mort.
L’issue des mercenaires low cost ne fait aucun doute… Les docteurs Frankenstein commencent à le sentir mais ils persistent dans le maintien de cette situation ; profitant d’un silence coupable des forces dites démocratiques et de la crédulité de citoyens désinformés par des médias aux ordres de ces Etats…
Quel est le seuil de tolérance, combien de morts d’enfants, de femmes violées et d’hommes mutilés ou assassinés faudra-t-il compter pour mettre un terme à ces crimes ?
Quant à vous, Messieurs les grands de ce monde qui dictez vos lois scélérates au reste de la planète, êtes-vous satisfaits de vos exploits et du sang de tous ces innocents ?

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