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Le virus de la "dé-tresse".

Dans le champ des médias, la guerre en Ukraine a pris la place récemment occupée par ’la guerre contre le coronavirus.’ La guerre contre le terrorisme, contre le coronavirus et en Ukraine s’inscrivent dans la continuité. Comme redéfinition permanente d’un l’ennemi occupant la figure du Mal contre le Bien, elles relèvent d’une sacralisation de la violence, d’une violence sacrificielle, comme support d’un ordre mondialisé.

Relevant de la donation de sens au non sens, toutes les sanctions prévues donnent à voir notre propre sacrifice. Elles se révèlent, en fait, être des attaques contre les populations européennes. Les mandataires européens, par leurs sanctions, pourraient priver l’Union du gaz russe qui représente plus de 40% de sa consommation, conduisant les Etats membres à un suicide économique. Les sanctions prévues contre la Russie ne peuvent que se retourner contre l’industrie et les populations européennes. Le rejet du gaz russe par l’UE apparaît ainsi comme un élément de la Grande Remise à zéro Grand Reset.

Si, maintenant, la place prise par ’la guerre contre le coronavirus’ déserte quelque peu l’attention des médias, les ’mesures sanitaires’ sont simplement suspendues, elles ne sont pas abolies. Leur retour est déjà prévu, au plus tard pour cet automne. Le pouvoir ne peut pleinement se battre sur deux fronts à la fois, elles doivent actuellement céder la priorité aux images de la guerre. Cependant, les mesures ’sanitaires’, dites d’exception, s’installent bien dans la durée. L’anomie est aujourd’hui intégrée dans le quotidien, comme un nouveau mode d’être fondé sur la détresse, ’d’un rapport à nous mêmes que nous prenons pour notre propre mort.

Un modèle épidémique.

Dans le scénario de la ’guerre contre le coronavirus’, une question est constante : pourquoi une grande partie de la population s’abandonne-t-elle au port du masque et à des dispositions, dites sanitaires, qui portent atteinte aux droits des individus, à leur santé et à leur vie ? Ici, la question de la conscience n’est pas première, mais bien celle de la jouissance. L’aliénation n’est pas celle de la conscience, mais bien celle d’une perte de la propriété de soi. Il s’agit d’une jouissance qui n’est plus réglée par le droit, mais bien par une loi morale, par un commandement de jouir. Cette jouissance ne porte plus sur la propriété de soi, mais sur son annihilation. Il ne s’agit plus d’encadrer la jouissance par la loi, mais d’induire son déchaînement par un impératif catégorique.

L’impossibilité de symboliser les traumatismes provoqués par les mesures corona, de pouvoir contester les décisions prises devant un tribunal s’opposent à la propriété de soi. Le blocage systématique du recours au droit et aux tribunaux, afin de défendre la propriété de son propre corps, supprime toute limite à l’action du pouvoir. Alors, les individus, pris un à un, enfermés dans un au-delà de l’angoisse, dans la détresse, ne peuvent plus former un sujet social.

Les injonctions paradoxales du pouvoir relèvent d’une donation de sens. Elles ont pour effet de donner du sens au non sens, c’est à dire de les poser dans une réversibilité des deux termes. Ici, nous ne sommes plus dans le langage qui cerne le Réel, mais bien dans l’emprise de l’image qui annule le sujet. Il n’ y a plus de différenciation entre ce qui est et ce qui n’est pas.

La mise en parenthèses de la réalité permet une donation de sens. Elle autorise un retournement de la conscience et une fusion avec le faire voir des médias. Ici, les choses du monde n’apparaissent plus qu’en se donnant à ce regard. Le corps est aussi suspendu et nous sommes installés dans un état d’alerte permanent, dans la dé-tresse.

Ce sans-recours permet un déchaînement permanent de la violence. Les injonctions ’sanitaires’ sont une mise en scène conçue sur le modèle des catastrophes écologiques, sur la sécularisation d’une contagion, annoncée comme apocalyptique.

De ’la guerre contre le terrorisme’ à ’la guerre contre le coronavirus’.

La ’guerre contre le terrorisme’ et la ’guerre contre le coronavirus’ sont des étapes complémentaires d’une mutation globale de la société. Dans les deux cas, le pouvoir nous présente la manière dont nous devons consentir à notre anéantissement.

La « guerre contre le terrorisme  » exige un sacrifice permanent à des dieux obscurs [1] exigeant la destruction de nos libertés. Infinie, elle fusionne guerre et paix, hostilité et criminalité. Elle confond intérieur et extérieur et applique aux citoyens des dispositions autrefois réservées à l’ennemi.

Afin qu’elles renoncent à défendre leurs libertés publiques et privées, la « lutte antiterroriste » a placé les populations dans la sidération. Elle vise à installer une psychose, destinée à supprimer tout mécanisme de défense vis à vis du pouvoir. Elle est ainsi une capture du lieu de la parole et procède d’un renversement du droit.

Ainsi, les lois antiterroristes ont un caractère surmoïque, elles s’attaquent «  au désir même de résistance  ». Leur fonction est d’annuler ce qui préserve le désir et la capacité d’affrontement des citoyens. La seule possibilité offerte à ceux-ci est alors d’halluciner une relation fusionnelle avec l’État et de s’y abandonner.

L’absence de résistance des populations, face à la gestion de la « pandémie du coronavirus, » repose sur cet abandon du désir de résistance, induit par « la lutte antiterroriste . » Grâce, non seulement, à un renversement du droit, mais, ici à son remplacement par une injonction de devoir être, ’la guerre contre le coronavirus’ approfondit l’effacement de l’ordre symbolique et installe un ’ordre’ totalitaire. Elle opère un renversement de la primauté de la loi, du ’ne pas,’ en une prédominance du devoir, en un ’tu dois’.

Il s’opère, dans l’organisation de la pandémie du coronavirus, un passage de l’interdit d’avoir des droits, mis en avant par la lutte antiterroriste, au devoir d’abandonner volontairement son corps et sa vie. Le droit n’a simplement plus lieu d’être. Il n’est pas suspendu, comme dans l’état d’urgence, sa place même est supprimée. S’opère ainsi un effacement du politique et une primauté de l’affect.

Si la ’guerre contre le terrorisme’ prône le sacrifice de nos libertés, la ’guerre contre le coronavirus’ exige l’abandon de l’ensemble de notre vie et de notre corps. Elle se caractérise par une engagement radical des populations. L’organisation de la guerre contre le coronavirus s’inscrit ainsi dans le stade le plus avancé de la production capitaliste qui met le Réel en demeure et rend exploitable le plus intime de l’être. Elle devient annulation de tout devenir.

Annulation du corps.

Si la guerre contre le terrorisme est une guerre contre les libertés publiques et privées et contre le droit de disposer de son corps, la guerre contre le coronavirus supprime le corps. Dès lors, le corpus juridique de la défense de la propriété du corps est mis hors champ.

Les individus, non seulement, ne font pas face à la destruction des rapports sociaux et à la mise en danger de leur existence, mais s’installent dans une jouissance ou plutôt dans une ’volonté de jouissance’, hors sens et hors droit, de cette politique.

Le droit, comme la psychanalyse, nous rappellent que nous avons un corps, mais que nous ne sommes pas un corps, le corps relevant de l’avoir et non de l’être. La personnalité juridique est traditionnellement liée à la propriété du corps humain. Le corps se confond alors avec la personne juridique, dont il est le support.

Cette propriété a été partiellement disloquée depuis que, afin d’être placés sur le marché, des éléments du corps ont été séparés de celui-ci. Cette propriété relève d’un ’capitalisme corporel,’elle est conçue en vue de l’échange marchand. La procédure de fragmentation et de marchandisation du corps est aujourd’hui dopée par la transformation des rapports de propriétés s’inscrivant dans le ’Grand Reset’.

Cependant, ici, on n’est pas confronté à un simple découpage du corps, afin de le transformer en marchandises. Le corps n’est pas simplement décomposé, mais annulé. La disparition effective de la personne juridique acte la mutation. Cet effacement est particulièrement visible dans l’incapacité de saisir un tribunal, afin de faire ressortir l’illégalité des mesures et d’agir contre leur mise en actes.

Si le port du masque nous inscrit dans ce processus de renoncement à avoir un corps, alors, la texture même du symbolique se défait. La jouissance envahit le corps tout entier et l’individu devient la marionnette d’un grand Autre tyrannique.

Le port généralisé du masque, est livré à la jouissance muette d’obéissance au surmoi, s’opposant au commandement freudien ’d’advenir à la parole’. Il se réduit à l’énoncé surmoïque : ’ne deviens pas.

Impossibilité radicale d’articuler un non.

La ’pandémie’ est devenue, grâce au variant Omicron, une épidémie sans malade. Pourtant, le port ritualisé du masque continue d’exhiber une virulence pré-supposée. L’individu est alors assujetti, non plus au langage, mais au Réel produit par le spectacle de la ’pandémie’. Le sujet ne parle plus, le corps, marqué comme symptôme, se réduit à un « lieu d’effraction de jouissance.’ [2] Le port généralisé est alors la monstration d’une contagion, non pas d’une maladie, mais bien celle d’une jouissance.

Ce comportement relève de ce que Jacques Lacan appelle ’jouissance de l’être.’ Celle-ci se pose au-delà du langage et est sans limite. Elle est de l’ordre de ce qui ne peut être symbolisé par la parole, de ce qu’il nomme le Réel.

La jouissance de l’être est ici celle d’un Réel exorbité relevant de l’obscène, tel le port rituel du masque. Les injonctions produisent une transfiguration des porteurs en covidés.

Le port généralisé du masque met le sujet à l’épreuve ’d’une jouissance totale, celle de ne faire qu’un avec la Mère [3], ici avec la Mère étatique. Cette jouissance de l’être, non soumise à la menace de castration, s’inscrit dans la psychose. Alors, grâce à ’une forclusion par adhésion totale à la Chose’, ’le sujet se débarrasse de la question de l’Autre et de la Loi symbolique. [4]

Ainsi, le discours des médias est le symptôme d’une société où la négativité disparaît. N’opérant aucune coupure avec la « chose  », les individus ne l’analysent pas, mais l’éprouvent. Ils ressentent l’événement et font corps avec la source sidérante, avec l’oeil du surmoi leur ordonnant de jouir de l’exhibition. Étant « Un » avec elle, ils n’ont pas de manque et pensent alors disposer de tout le savoir nécessaire sur qui est exhibé.

Le sujet est alors guidé par une impossibilité radicale de dire non à ce qui le voue à cette déchéance. Ainsi, ce qui institue le discours du pouvoir comme pouvoir surmoïque, ’c’est moins le fait qu’il bafoue la vérité que le fait qu’il incarne un savoir absolu sur ce qui du sujet est réel, c’est à dire sur ce qui du sujet est soustrait au règne du signifiant (de la castration) ....  [5] »

De l’angoisse à la détresse.

Dans « la guerre contre le coronavirus  », en tant que porteur d’un masque, nous ne sommes plus personne. Le pouvoir nous a enlevé notre corps, qu’il soit individuel ou social, et la réalité est devenue virtuelle. Cette situation correspond à ce que Freud perçoit comme le dénominateur commun de la dépersonnalisation, de la décorporéisation et de la déréalisation, à ce qu’il nomme angoisse [6].

Pour Lacan, l’angoisse résulte « d’un trop plein  », d’un envahissement par l’Autre, lorsqu’il risque d’annuler le sujet désirant. Actuellement, la colonisation, de la totalité de l’espace et du temps de vie par le regard médusant des médias, ne laisse plus de place pour l’existence du sujet. Il n’y a plus rien d’autre que le chiffre pur des dites ’contaminations’ et les injonctions du pouvoir relatives à la pandémie.

Cependant, Lacan a pointé que, plus profondément que l’angoisse, on trouve une détresse « où l’homme, dans ce rapport à lui-même qui est sa propre mort ... n’a à attendre d’aide de personne  » [7]. L’individu isolé se trouve dans un état de détresse primordiale. Il ne peut plus attendre d’aide de son autre, de son semblable, pour faire face à sa destruction programmée par le pouvoir.

Si l’angoisse résulte d’un trop plein d’objets, d’un envahissement du sujet, « la détresse, elle, sans ambition que d’être arrachée à elle-même, cherche à s’abreuver de n’importe quel objet, [8] » tels le masque, les gels, les ablutions, les mesures de distanciations...La détresse est aussi le résultat de la perte des repères, car, dans cette position psychotique, il n’y a plus de temps, plus d’espace et absence de distinction entre le dedans et le dehors. La détresse relève d’une solitude absolue, alors que l’angoisse est demande d’aide à l’Autre. La détresse relève alors d’une attente sans futur, d’un accomplissement de soi comme annihilation.

Le virus de la détresse.

Les mesures ’sanitaires’ ont un caractère prédictif. Elles précèdent la contagion, [9]non pas pour la prévenir, mais pour purifier le corps individuel, non de la maladie, mais du lien social, de cet «  autre » dangereux pour chacun de nous.

Il ne s’agit pas de soigner. Généralement les malades étaient renvoyés chez eux. Les mesures prises ne consistent pas à une prise en charge, mais en une ritualisation des comportements destinée à accueillir la maladie. Elles ont pour objet de nous enfermer dans le danger présupposé du coronavirus et de nous imposer des mesures de distanciation, des dispositions de délitement du rapport à l’autre.

La guerre sanitaire nous fige dans une position d’attente, d’accueil de la maladie et du vaccin. Les mesures « de protection » nous assignent à la passivité. La ritualisation des comportements nous installe dans une détresse originaire, dans une position d’impuissance qui est celle de l’infans. La position de détresse empêche toute possibilité de représentation, de mettre la chose face à soi, afin de pouvoir l’analyser et la confronter. Dans la détresse, l’individu est en fusion avec les mesures de ’lutte contre le covid’. Il ne lui est plus possible de faire face.

Chez Freud, la « détresse  » est le sans recours absolu que l’on a parfois traduit par le néologisme de « dés-aide » [10]. Il a reconnu, dans la détresse, une expérience inhérente à la condition humaine, qui est celle d’être jeté dans une dépendance absolue à l’Autre et d’être confronté à l’énigme de son désir. « C’est dans cette présence primitive du désir de l’Autre comme opaque, obscur, que le sujet est sans recours. » [11]Cette détresse est bien une « dé-tresse  [12] », un dénouage du lien social et un isolement de chacun.

La détresse présente un paradoxe, «  d’un côté elle est causée par la défaillance de l’appel à la personne tierce, de l’autre elle parvient à s’oublier par la mise en jeu du commandement surmoïque à jouir » [13]. La position de détresse vis à vis du pouvoir, à qui les individus demandent aide et assistance, se double ainsi d’une jouissance muette d’obéissance inconditionnelle au surmoi. Le volontarisme affiché par des individus de respecter des injonctions qui les mettent en danger relève de cet aspect.

La stricte observance de mesures, qui n’ont d’autre objet que de détruire ce qui fait de lui un être humain, place l’individu dans une structure perverse. Celle-ci le conduit à se faire l’instrument de la jouissance de l’Autre, celle du pouvoir. Cette condition « l’effleure d’autant mois qu’il s’identifie imaginairement à l’Autre (maternel),  [14] » à sa mère étatique.

La détresse face à leur abandon par les autorités et la jouissance manifestée par les individus, à travers le strict respect des injonctions, représentent deux moments complémentaires de la manifestation du surmoi [15]. Le premier étant celui de la sidération, que l’on peut aussi comprendre comme « pas un mot », se double d’un second mouvement que l’on peut traduire par l’injonction « refais-toi », refais-toi en tant que non humain, en tant que « covidé,’ en tant que produit du ’Grand Reset,. »

Une ’structure épidémique’.

Le port du masque nous enferme dans une structure psychotique. En l’absence de coupure symbolique, le vécu n’est plus qu’une solitude absolue, une détresse. Il supprime toute distinction et nous introduit dans un processus mimétique, c’est à dire dans une violence contagieuse, telle que théorisée par René Girard [16]. Il instaure un rejet de l’Autre, mais aussi de soi-même, en tant que personne. Les rivalités mimétiques dissolvent les différences entre les individus et désagrègent le tissu social. Le masque produit ainsi une ’indifférenciation des porteurs qui, poussée à son terme, plonge la société dans une violence sans limite’. [17]

Le port généralisé du masque donne une ’structure épidémique’ aux relations sociales. Il construit un nouvel ordre social lié à un état d’alerte permanent. Il institue un processus d’indifférenciation pérenne, amenant à renoncer au désir de l’Autre et conduisant à ’l’oubli de soi. [18]’ Il s’offre ainsi au regard, sans laisser apparaître ni d’opposition, ni de questionnement. Les porteurs s’abandonnent alors à une violence infinie, conduisant à une mutation globale de la société.

L’obligation du port du masque révèle la ’Chose même.’ Elle commande une violence sacralisée se confondant avec l’amour déclaré du pouvoir. Elle est l’annonciation d’un ’nouvel ordre mondial,’ basé un rejet radical de l’Autre.

Le port généralisé du masque est un système sacrifiel reposant sur une volonté de jouissance. Dans la ’pandémie,’ son objet principal, comme support matériel d’une psychose hystérique, est de nous épurer du désir. Plus précisément, il s’agit de nous débarrasser du ’poids du désir’ de l’Autre et de nous réduire à son ’double’. La mutation porte sur les rapports sociaux, mais aussi sur les individus pris un à un. Ils deviennent des ’doubles’, des êtres étrangers, non seulement à l’Autre, mais aussi à eux-mêmes.

Avec son masque, l’individu n’assiste pas en spectateur à l’épidémie, mais expérimente le vécu de la contamination, à travers une pédagogie qui consiste à faire, individuellement et collectivement, l’expérience de la contagion, sans être malade.

Fixé sur la bouche, le masque interdit la parole, le véhicule par excellence de la relation avec autrui. La parole est, de toutes les fonctions du corps, la plus étroitement lié à l’existence commune. Le port généralisé du masque est donc un refus radical de ce qui fait de nous des êtres humains.

Les fondements de nos sociétés sont reversés. Gabriel Attal, porte parole du gouvernement français, nous a informé que le président Macron projette, dans la période de l’après-Covid, de ’poursuivre la redéfinition de notre contrat social’,aboutissant, selon le Président, à ’la mise en place de ’devoirs qui passent avant les droits ... [19]Il s’agit là d’une mise en cause des principes qui constituent un Etat de droit, un renversement de la primauté de la loi sur la morale et du droit sur le Bien. Le droit se réduit alors à une loi morale inconditionnelle.

Jean-Claude Paye, Tülay Umay.

[1Jean-Daniel Causse, « Le christianisme et la violence des dieux obscurs, liens et écarts », AIEMPR, XVIIe congrès international Religions et violence ?, Strasbourg 2006, p. 4

[2Dimitis Petros Sakellarion, « Approche psychanalytique de la psychose : structure, logique, clinique, éthique, Hal, archives ouverts, 23 avril 2012, https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00690335/document

[4Bruno Bagarry, Op. cit.

[5Alain Didier-Weill, « Les trois temps de la loi, les trois surmois », Apertura.chez.com, http://apertura.chez.com/Didier-Weill.htm

[6Jean-Marie Jadin, « La détresse de Kafka, « Figures de la psychanalyse 2007/2,N°16, pp.143-162, https://www.cairn.info/journal-figures-de-la-psy-2007-2-page-143.htm

[7Jacques Lacan, séminaire VII, L’Angoisse , Seuil , p. 351, https://www.editions-ellipses.fr/PDF/9782729876029_extrait.pdf

[8Alain-Didier Weill, « La psychanalyse, le politique et le désir », Courrier N°1 de l’Acte Psychanalytique », Septembre 2005-Novembre 2005, https://www.cairn.info/revue-insistance-2005-1-page-9.htm

[9En Belgique, on parlait déjà de pandémie en mars 2020, juste après le décès de deux personnes, l’une âgée de 86 ans, l’autre de 92 ans.

[10Jean-Marie Jadin, « La détresse de Kafka », Op. Cit.

[11Catherine Delarue, « La détresse du sujet », analyse freudienne presse, 2007/1, https://www.cairn.info/revue-analyse-freudienne-presse-2007-1-page-25.htm

[12Ibidem

[13Alain Didier Weill, Op. Cit.

[14Alain-Didier Weill, « Les trois temps de la loi, les trois surmois, http://apertura.chez.com/Didier-Weill.htm

[15Ibidem

[16René Girard, La violence et le sacré,

[17Michel Aglietta, Michel Orléans, La violence de la monnaie, PUF 1984, P. 59.

[18Stéphane Vinolo, ’Raturer la théorie mimétique : Marion au-delà de Girard’, Univ. philos. [online]. 2018, vol.35, n.71, pp.201-231.

[19’Les devoirs passent avant les droits’ : politiques et intellectuels accusent le gouvernement de ’fascisme’, France Soir, le 1/3/2022, https://www.francesoir.fr/politique-france/les-devoirs-passent-avant-les-droits


COMMENTAIRES  

14/03/2022 11:08 par Auguste Vannier

L’incohérence de la "gestion" du coronacircus peut difficilement passer pour de l’incompétence ou de la bêtise des "élites" au pouvoir. Ce sont le plus souvent des personnes hautement formées et habitées par une forme d’intelligence qui les a rendu capable d’arriver à des places de pouvoir.
C’est pourquoi il faut considérer leur "gouvernance" comme un élément d’une stratégie beaucoup plus profonde, utilisant des moyens sophistiqués de manipulation psychologique et sociale (avec l’aide de Cabinets de Conseil héritiers de l’industrie lancée par E. Bernays et théorisée dans Propaganda) : éteindre les formes de Démocratie Politique.
C’est l’intérêt de cet article qui tente d’élucider, avec les outils des théories de la psychosociologie des profondeurs, les mécanismes qui provoquent l’apathie généralisée des citoyens sur fond de "détresse" provoquée par la virtualisation médiatique du réel et l’impossibilité de se faire une idée raisonnable de la "vérité" sur les situations vécues ou observées.
Un citation du jour, ici même(LGS), dit tout simplement ce qui est en train de nous arriver :

La mort de la démocratie ne sera probablement pas le résultat d’une embuscade. Ce sera une lente extinction par apathie, indifférence et privation. Robert M. Hutchins

14/03/2022 11:41 par Geb

J’ai toujours du mal à supporter les psychologies de salon. Surtout quand elles n’apportent pas de perspectives de solutions réalistes lors des états d’urgence.

Je n’ai appris qu’une chose d’incontournable de mes trois générations précédentes de militants révolutionnaires :

"Quand les bouches cessent de pouvoir parler c’est le canon qui prend la relève".

Et quand les Masses ont compris le maniement du canon pour leur survie, rien ne peut les arrêter.

Les Masses de chez nous abêties et déculturées ne sont pas écrasées par le masque ou l’interdiction de communiquer ou de réfléchir.

Elles étaient déjà désarmées par une carence de communication horizontale phénoménale, un égocentrisme forcené, et une désinformation politique systémique.

Il leur manque simplement la souffrance pour ramasser le canon par le bon bout. Il faut juste se préparer à leur désigner la bonne cible.

14/03/2022 15:05 par Assimbonanga

pourquoi une grande partie de la population s’abandonne-t-elle au port du masque  ? C’est pour bloquer les micro gouttelettes de sécrétions salivaires qui sinon se répandraient dans l’air sous forme d’aérosols qui sont le mode de transmission d’un virus très contagieux, le covid19. Vous ne le saviez pas ?
Au meeting de Mathilde Panot, d’un commun et tacite accord, les Insoumis ont ostensiblement non porté le masque. J’attends le délai d’incubation pour savoir si je suis indemne.
Un de mes proches travaille en maison de retraite et il y avait au même moment 30 résidents contaminés sur 50, ainsi que plusieurs membres du personnel.
Pour ma part, le masque m’arrange d’un certain de vue : il ne reste que le regard, fardé avec distinction, et la silhouette, juvénile, la chevelure, indomptée, si bien que le voilement du bas du visage peut encore tromper sur des ans l’irréparable outrage.

Comme dit Geb : gaffe aux abus de psychologie de salon.

15/03/2022 21:41 par xav

"Il leur manque simplement la souffrance pour ramasser le canon par le bon bout. Il faut juste se préparer à leur désigner la bonne cible."

Permettez-moi d’en douter fortement et de n’y voir qu’une philosophie de comptoir.

"C’est pour bloquer les micro gouttelettes de sécrétions salivaires qui sinon se répandraient dans l’air sous forme d’aérosols qui sont le mode de transmission d’un virus très contagieux, le covid19." Le camarade Lukashenko a détruit avec brio ce pieu mensonge. Votre masque de papier pourra certes embellir votre visage à vos yeux, il n’en demeure pas moins un outil efficace de déshumanisation.
Dans votre commentaire, la peur se fait profondément ressentir. La raison n’est pas atteignable lors d’une situation de terreur.

Merci à jc Paye et t Umay pour leurs textes intéressants.

16/03/2022 00:29 par georges rodi

> xav

En Asie, tout le monde trouve normal de porter un masque pour limiter la diffusion d’un virus.
Tous les ans, en hiver.
Solution parfaite ? Non.
Mieux que rien ? Oui.

Surtout, surtout, c’est une forme de politesse et de respect d’autrui que de faire le nécesssaire pour éviter de contaminer ses voisins.
Et lorsque une grippe s’étends, tout le monde porte un masque
Je l’ai compris au regard d’une Chinoise, un jour où j’ai éternué dans un bus.
Ce regard disait : ces occidentaux... ... ... ...
Le sous-entendu, terrible.
Depuis, je fais comme tout le monde, sans problème, et ce, bien avant le COVID.
En ce moment, c’est le grand retour.
Grande différence, sans que le gouvernement ne le réclame : pas d’injonction, pas d’ordre.

Et comme ce n’est pas imposé... La déshuminasition à cause d’un masque ? Impossible de se parler ? Concept totalement absent, inexistant pour quelques milliards d’individus.
Qui doivent avoir tort quelque part ? Tort de ne pas penser comme les occidentaux, leurs psys et tout le toutim qui va avec ?
Heuuuu... Justement...Très occidental tout cela non ? Il n’y a que là où la question du port du masque se pose je crois bien.

Je ne sais pas si les Français sourient encore lorsqu’ils marchent dans la rue...
En Chine, c’est courant un inconnu que l’on croise, qui vous dit "hello", qui vous sourit en passant, et on y réponds, discrètement.
C’est là que ça se passe l’humanité.
Et on devine un sourire derrière un masque, un regard canaille, on devine plein de choses...
Vraiment, sans aucun problème.
Il suffit d’essayer.

16/03/2022 05:51 par Xiao Pignouf

Surtout, surtout, c’est une forme de politesse et de respect d’autrui que de faire le nécessaire pour éviter de contaminer ses voisins.

Merci Georges pour ce rappel indispensable que tout ne tourne pas autour de notre façon penser.

Déshumaniser, c’est faire perdre à un individu tout caractère humain. La déshumanisation procède de l’esclavage, du génocide ou du traffic d’êtres humains, pas d’un vulgaire bout de papier ou de tissu sur le visage.

Je n’ai rien contre les personnes qui s’en plaignent, certaines doivent le porter toute la journée (ce qui est mon cas) et l’inconfort est indéniable, mais je ne comprends pas celles qui portent sur les autres des jugements à l’emporte-pièce croyant les connaître mieux qu’ils ne se connaissent, croyant savoir mieux que quiconque ce qui est bon pour tous, d’autant plus quand ce sont elles-mêmes des personnes pourtant enrichies au contact d’une culture différente.

16/03/2022 11:40 par Assimbonanga

La peur est un sentiment utile. Il permet de se sauvegarder.
Merci @Xiao et @Georges, c’est sagesse. Tout le problème vient du totalitarisme des ordres macroniens alors qu’avec rationalité les citoyens pourraient participer volontairement à des mesures de protection sanitaire.

16/03/2022 13:52 par Geb

@ xav...

Vous répondez à qui en particulier ?

Au sujet "du comptoir et de sa philosophie", ne fréquentant pas ces lieux de perdition, et encore moins depuis qu’il y faut boire le pastis à la paille et picorer ses cacahuètes à travers un grillage comme au confessionnal, (Ceci grâce au Conseil de Guerre Scientifique macronien et à ses adeptes), je suppose que c’est à travers à votre propre expérience concrète philosophique des lieux que vous jugez ?

Quant à "la suite" et à "la peur" présupposée, voyez avec Mme Assimbonanga pour complément d’infos. ((- :

17/03/2022 00:06 par xav

@ Geb, le comptoir désigne bien plus que le zinc d’un bistrot, il se réfère à tout étal de marchand. Point besoin de cacahuètes ni de pastis....
" je suppose que c’est à travers à votre propre expérience concrète philosophique des lieux que vous jugez ?" exactement et jusqu’il y a peu on m’imposait par la contrainte de me voiler bouche et nez pour accéder à n’importe quel comptoir, fût-il à ciel ouvert !

"J’ai toujours du mal à supporter les psychologies de salon. Surtout quand elles n’apportent pas de perspectives de solutions réalistes lors des états d’urgence."
Pourtant Paye et Tumay en apportent des solutions par le déconstruction du discours dominant, ils vous laissent le choix de la solution et de la cible... trop pour vous ? Vous me semblez mieux avisé d’habitude.

@asim "La peur est un sentiment utile. Il permet de se sauvegarder. "
la peur est une émotion qui permet la survie, si vous voulez vivre, je vous conseille la raison .
C’est une excellente chose que de sentir et reconnaître votre peur, les derniers textes de Tulmay et Paye vous invitent à en sortir... Ceci explique peut-être votre rejet.
" Tout le problème vient du totalitarisme des ordres macroniens alors qu’avec rationalité les citoyens pourraient participer volontairement à des mesures de protection sanitaire."
Il n’y a rien de "macronien" dans toutes les mesures imposées en France. Ouvrez vos horizons et prenez de la hauteur. Pourquoi toute la communauté de l’acier et du charbon européenne a-t-elle fini par adopter des mesures identiques ?
Qu’a dit le camarade Lukachenko sur les pressions qu’il a subies et rejetées pour imposer l’ordre "covidiste" ?

@ georges rodi, comme pour Geb, je vous ai déjà trouvé beaucoup plus pertinent dans d’autres commentaires.
"En Asie, tout le monde trouve normal de porter un masque pour limiter la diffusion d’un virus."
L’Asie commence près de d’Istanbul et se termine au Japon. Dans votre commentaire, j’ai l’impression que vous tournez autour de votre nombril. Non, toute l’Asie ne porte pas le masque en hiver.
"Mieux que rien ? Oui."
Mais pourquoi rien... parce que c’était les consignes des oligarques liés à l’OTAN, voir plus ? Vous avez pourtant déjà pointé vers des articles de la presse chinoise qui offrent de vraies solutions. Ici en Europe, il y a de nombreuses références des organismes de santé pour augmenter l’immunité par les vitamines et autres oligoéléments. Rien de tout cela n’a été mis en place. Les chinois, tout comme Hippocrate, ne considèrent-ils pas leur nourriture comme première source de santé ?
Ici, on a juste fini par nous imposer un masque dont l’inutilité est prouvée par un grand nombre d’études scientifiques de l’époque pré-covid. Ils comportent par contre de sérieuses contre-indications. Mais une analyse bénéfice-risques est trop demandée en ces temps d’ingérence sanitaire.
"Surtout, surtout, c’est une forme de politesse et de respect d’autrui que de faire le nécesssaire pour éviter de contaminer ses voisins."
Si le fait de porter un masque était idoine pour éviter la transmission d’une quelconque maladie dans des lieux publics, l’épidémie "covid" aurait été terrassée depuis mi-2020... Elle ne serait jamais apparue à Cuba !
"Et comme ce n’est pas imposé..." votre exemple prouve que le masque s’est imposé à vous par contrainte sociale.
Grand bien en fasse à tous les pays qui n’ont pas imposé légalement le masque. Ici en Europe, nous avons eu droit au pire.
"La déshuminasition à cause d’un masque ?"
Relisez Paye et Tulmay sur ce site qui développent très bien le sujet. Vous pouvez également vous référer à de très nombreux pédiatres, médecins et psychologues qui l’ont écrit noir sur blanc.
"Tort de ne pas penser comme les occidentaux, leurs psys et tout le toutim qui va avec ? "
Une des auteurs de ce texte est née en Asie....Elle est eut-être trop "assimilée" à votre goût ?

Encore un grand merci à Paye et Tulmay de démonter la propagande de guerre et la politique de la peur depuis de très nombreuses années.

« Oh, c’est tout à fait exact et fort bien, mais qu’il ait voix au chapitre ou non, le peuple peut toujours être converti aux ordres du pouvoir. C’est facile. Tout ce que vous avez à faire est de lui dire qu’il est attaqué, et dénoncer les pacifistes pour leur manque de patriotisme qui met le pays en danger. Cela marche de la même façon dans tous les pays. » Hermann Göring
Prenez garde, nous sommes attaqués par un virus.... A vos masques... prêts... obéissez !

17/03/2022 12:44 par Xiao Pignouf

L’Asie commence près de d’Istanbul et se termine au Japon. Dans votre commentaire, j’ai l’impression que vous tournez autour de votre nombril. Non, toute l’Asie ne porte pas le masque en hiver.

On aurait peut-être dû le préciser puisque vous ne semblez pas le savoir (quoique je ne serais pas surpris que vous le fassiez un peu exprès) : lorsque Georges parle d’Asie comme espace où l’on est coutumier du port d’un masque, il parle de l’Asie de l’Est et du Sud-est, principalement en Chine, en Corée et au Japon.

Si le fait de porter un masque était idoine pour éviter la transmission d’une quelconque maladie dans des lieux publics, l’épidémie "covid" aurait été terrassée depuis mi-2020

Vous extrapolez les propos de Georges. Dans ces 3 pays asiatiques, le port du masque n’était pas généralisé avant le covid. On en portait un soit quand on était malade soit quand les pics de pollution étaient élevés dans les grandes villes. En outre, le masque n’a jamais été présenté comme un moyen d’éradiquer le virus mais de limiter sa propagation. On l’a répété mille fois, vous ne vous protégez pas, vous protégez les autres. D’ailleurs, c’est pour la même raison qu’un chirurgien en porte un lors d’une opération. À moins que vous soyez d’accord pour subir une opération sans que le toubib soit déshumanisé par ce bâillon !

Ici, on a juste fini par nous imposer un masque dont l’inutilité est prouvée par un grand nombre d’études scientifiques de l’époque pré-covid. Ils comportent par contre de sérieuses contre-indications

Aaaah les fameuses études...

A vos masques... prêts... obéissez !

Et quand Papa Macron vous a dit que vous pouviez enlever le masque, xav, vous l’avez gardé ou vous avez obéi bien sagement ?

17/03/2022 14:30 par Assimbonanga

@xav, vous trouvez que "toute la communauté de l’acier et du charbon européenne" n’est pas macronienne ?
Moi, je trouve que c’est "Macron et son monde"...
L’Europe est faite par et pour ces gens-là.

17/03/2022 16:44 par xav

@assim. Oui on peut voir les choses ainsi, je suis d’accord avec vous.

17/03/2022 17:25 par georges rodi

> xav

Voyageons dans le passé.
Nous voilà en Californie, précisemment à San Francisco,le 24 septembre 1918.
Le premier cas de grippe espagnole a été signalé quand Edward Wagner est tombé malade à son retour de Chicago.
Le Dr William C. Hasler, le plus haut responsable de la santé de la ville, a déclaré aux inspecteurs que le public n’avait aucune raison de s’inquiéter après l’isolement de Wagner.

Mais de nouveaux cas apparaîssent.
Au 19 octobre, San Francisco comptait 3 733 infections et 70 décès.

Hasler prends alors des mesures drastiques pour ralentir la propagation de la grippe en ordonnant la fermeture de tous les parcs d’attractions, théâtres, cinémas, églises... et en interdisant toutes les réunions publiques à l’intérieur d’un local.
Les écoles publiques et privées sont fermées.

Mais l’arme fatale de Hasler, c’est le port du masque.
Il pense que c’est le moyen le plus efficace d’atténuer la propagation de la grippe.
Hasler annonce au journal local que la propagation du virus serait contrôlée au bout d’une semaine si le port du masque est généralisé.

En conséquence, le Conseil de la santé adopte une résolution exigeant que tous les employés publics portent des masques.
Le masque a une largeur de 5 × 7 pouces et il est fait de quatre couches de gaze fine avec des attaches de ficelle aux quatre coins. Le Conseil exhorte également le public à porter des masques ou des voiles de chiffon.

Le journal Chronicle rapporte que (le maintenant fameux :) Levis Strauss et sa société fabriqueront des masques et les mettront à la disposition de tous les citoyens de San Francisco.
Le port du masque est obligatoire à l’extérieur pendant la journée. Le soir, le Conseil de la santé ordonne que les masques réutilisables soient trempés ou bouillis dans de l’alcool pendant cinq minutes, puis suspendus et mis à sécher pour le lendemain.

La Croix-Rouge publie une annonce dans le Chronicle : « Portez un masque ! »
L’annonce poursuit : « Les médecins portent des masques. Les hommes, les femmes ou les enfants qui ne les portent pas tombent malades".

Selon le Chronicle, la Croix-Rouge a distribué 5.000 masques en matinée, et les 10.000 masques de la deuxième livraison ont été épuisés l’après - midi en quelques heures. La Croix-Rouge a été submergée par la réaction et demande alors aux femmes de fabriquer des masques contre la grippe. « Chaque femme a l’obligation de fournir des masques à sa famille »,

Les décès continuent d’augmenter. Le 24 octobre, le Conseil de surveillance adopte une résolution exigeant que tout habitant de San Francisco porte un masque pendant l’épidémie. Les autorités municipales annoncent des amendes et des peines d’emprisonnement pour les récalcitrants,

Un jour d’octobre suivant, une centaine de personnes sont arrêtées à San Francisco pour avoir enfreint cette obligation.
« Lorsque les contrevenants découvrent que les policiers sont sérieux, leur excuse préférée est qu’ils viennent juste d’enlever leur masque pour leur permettre de fumer », rapporte le Chronicle.

Début novembre, le nombre de nouveaux cas commence à diminuer.
Le 2 novembre, les responsables de la ville n’ont signalé que 552 nouveaux cas et moins de 100 décès. En moins d’une semaine, les chiffres ont diminué de moitié.
À mesure que le nombre de nouveaux cas diminue rapidement, Hasler annonçe le succès de ses mesures, tout en exigeant la vigilance du public. « Ne nous relâchons pas d’un pouce pendant deux mois, tant que l’affaire n’est pas complètement réglée ».
Selon les estimations des responsables de la santé, les mesures ont permis de prévenir 20 000 contaminations et 1 500 décès à San Francisco.

Mi-novembre, il n’y avait plus que quelques cas.
Sans suivre les conseils du Dr Hasler, les restrictions imposées aux rassemblements publics prennent fin et la vie commence à revenir lentement à la normale.
Le 21 novembre, l’ordre de porter un masque est annulé.
Les sirènes retentissent dans toute la ville.
Quelques minutes après, les gens enlèvent leurs masques, « souriant au soleil, souriant les uns aux autres, comme s’ils venaient de faire une grande et agréable découverte », rapporte le journal.

Certains hésitent encore à le retirer, comme cet homme qui travaille dans Market Street.
Le Chronicle note qu’une douzaine de gamins le suivent en criant : "Enlevez votre masque."
Il refuse leur invitation.

La ville n’est pas complètement sortie du danger.
L’augmentation du nombre de nouveaux cas de grippe en décembre incite le maire à exiger des résidents qu’ils portent des masques.
Une fois de plus, le nombre de cas diminue.
Une fois de plus, les masques sont enlevés.

Au début de 1919, le nombre de nouvelles infections augmente de nouveau.
Le 10 janvier, le Bureau de la santé signale 612 nouveaux cas de grippe et 37 décès, ce qui amene Hasler à demander le rétablissement du port de masque.
De nombreux citoyens sont de plus en plus frustrés par les ordres des responsables gouvernementaux. Lors de la réunion du Conseil municipal au cours de laquelle la question est examinée, certains se plaignent bruyamment de la dissimulation de la vérité et de l’obligation de porter un masque. Un homme écrit au maire pour se plaindre que San Francisco était la seule ville où les résidents étaient forcés de porter des masques. « Si le Dr Hasler veut porter un masque, qu’il le porte. Pour ma part, j’espère qu’il en aura besoin au cours des cinq prochaines années », écrit-il.

Malgré ces protestations, le Conseil ordonne de nouveau au public de porter des masques.
Cependant, de nombreux citoyens excédés de devoir porter des masques organisent une « Coalition contre les masques ».
Ils déclarent que le port du masque va à « l’encontre de la volonté de la majorité ».
La coalition demande que cette loi soit supprimée.

Hasler s’oppose à l’annulation de l’ordonnance sur les masques, affirmant qu’elle avait sauvé des centaines de vies.
Mais l’opinion publique s’était déjà retournée contre lui.
Comme il n’y a que peu de nouveaux cas de grippe, Hasler finalement abandonne son opposition.
Le 1er février, le maire James Rolf, avec l’appui du Conseil de santé, déclare la fin de l’épidémie et « abroge la nécessité de porter un masque ».

Les masques ont - ils aidé à sauver des vies pendant la pandémie de San Francisco ?
En 2007, une étude de l’Académie nationale des sciences des États-Unis conclue que les mesures prises par la ville pour lutter contre la grippe espagnole avaient réduit la mortalité d’au moins 25%. Notons toutefois que la ville d’Oakland qui a maintenu ces mesures avec constance a obtenu de bien meilleurs résultats que San-Francisco.
Une autre étude des National Institutes of Health conclue : « l’une des principales leçons tirées de la pandémie de grippe de 1918 est que l’intervention précoce est essentielle » et qu’un certain nombre de facteurs (port de masques, interdiction des rassemblements publics et renforcement des distances sociales) pourraient être à l’origine de l’arrêt définitif de la propagation de la grippe espagnole à San Francisco.

Quant à moi, je conclue :
"Toute ressemblance avec des personnes ou des évènements existants ou ayant existé serait purement fortuite"
D’autant qu’à l’époque, les forces de l’ordre étaient soumises aux mêmes règles que les citoyens.

17/03/2022 21:17 par xav

@ georges rodi

Je suis bien d’accord avec votre conclusion quoique nous en faisons une interprétation diamétralement opposée.

Bien à vous,

18/03/2022 02:56 par georges rodi

Bonjour Xav

On peut noter quand même dans le monde des exemples de quartiers, de villes peuplées d’asiatiques qui ont vu une moindre exposition au virus.
Quelle est la part du masque dans une prévention réussie ?
Je ne sais pas. je pense que le masque est un détail.
Je n’ai rien interprété ni conclu je crois bien, juste dit que le débat tel qu’il est soulevé ici est irrelevant dans “mon” Asie : Corée, japon, Vietnam, Indonésie, Inde, Singapour, Chine, Malaisie, Laos, Cambodge, Philippines, Thaïlande and so on.
Sans parler de tous les habitants des pays pauvres qui aimeraient bien pouvoir porter des masques s’il y en avait pour eux.

L’histoire de San-Francisco le dit : il faut aller vite, prendre tout un ensemble de mesures, et s’y tenir.
Lorsque le virus a été détecté à Wuhan, est-ce qu’il y a eu en Europe des tests réalisés sur les prélèvements sanguins en stock ? Des contrôles sur les radios des poumons ? Pour vérifier, sait-on jamais, que le virus était déja présent ?
Ils ont eu lieu ces tests, et ont confirmé que oui, en France, en Italie, le virus était déjà présent, un an trop tard.

Au début de l’épidémie, des amis ont choisi de retourner en France. Ils ont été contrôlés 3 fois avant d’arriver à l’aéroport pour prendre leur avion : température, d’où venez-vous, où allez-vous...
Arrivés en France, personne ne leur a rien demandé.
Il y avait des masques en stock ? Non.
Les tests ont-ils été associés à une application de tracking des déplacements ? Trop tard, encore et beaucoup trop tard.

Et tout a été à l’avenant... Je confine, je confine plus pendant les vacances, je confine encore... Les traitements ignorés, les vaccins(?) imposés... Nous en avons suffisamment parlé et de mémoire, nous sommes d’accord sur tout cela.

L’histoire de la grippe espagnole de San-Francisco montre qu’un siècle plus tard, malgré tous les progrès de la recherche et de la médecine, les occidentaux en particulier n’ont rien fait de mieux, et même fait pire.
L’article élude totalement cet aspect, et zoome sur un aspect qui ferait sourire ici.

18/03/2022 05:35 par Xiao Pignouf

Georges, merci pour ces éléments du passé qui éclairent le présent.

Je crois aussi qu’attribuer le faible taux de contaminations dans un pays à une politique gouvernementale de rejet de toute mesure contraignante, c’est aller un peu vite en besogne. Bien d’autres éléments beaucoup plus concrets sont à prendre en considération, comme la densité de population, la mobilité, les moeurs, etc. Le covid n’a pas touché l’Aveyron (32 habitants au km2) comme il a touché la région parisienne (plus de 1000 habitants au km2).

18/03/2022 09:25 par georges rodi

> Xiao

Oui, bien sûr.
En Chine aussi, les mesures n’ont pas vraiment touché les endroits isolés, les montagnes du Tibet...

Mais ta ville de Shanghai : 3800 habitants au km2, 25 millions d’habitants, des bus, des métros... a beaucoup mieux géré l’épidémie que Paris :)
HK, 7000 habitants au km2, 7,5 millions d’habitants, et sa mentalité plus occidentale, la liberté de ne pas se faire tester et autres fantaisies individuelles, n’est jamais sortie du bois.
Il faudra peut-être des années pour en connaîre les raisons.
Je ne vais pas extrapoler ces faits à la place des spécialistes.
On verra bien...

18/03/2022 15:19 par Assimbonanga

Le masque a une largeur de 5 × 7 pouces et il est fait de quatre couches de gaze fine avec des attaches de ficelle aux quatre coins.
@Georges, merci pour cette archive ! Ah ! En ce temps-là, au moins, ils savaient se passer de plastique...

18/03/2022 18:56 par Xiao Pignouf

@Georges

La Chine, et les Chinois, étaient mieux préparés que nous pour ça, culturellement, socialement et psychologiquement. Il est donc normal qu’au début ils aient eu une meilleure maîtrise de l’épidémie.

Nous agissons face à elle, comme face à la guerre, nous avons du mal à croire à sa réalité.

Par contre, quand tu dis que HK n’est jamais sortie du bois, tu veux dire quoi ? Est-ce vrai que la récente poussée du virus en Chine vient de HK ?

18/03/2022 23:35 par georges rodi

> Xiao

Je veux dire que HK a eu des cas sans interruption depuis 2 ans, sans que jamais sa population ne se resolve à accepter ne serait-ce qu’une campagne de tests obligatoires, De tests, je ne parle pas de vaccination.
Au pretexte que "les Chinois" pourraient en profiter pour prélever l’ADN...

Résultat concret pour eux, outre le fait de subir comme en Europe confinements et contaminations, ils ont aussi droit à 15 jours d’isolation à l’hôtel pour entrer en Chine continentale.
J’ai des voisins de HK, qui venaient en WE habituellement, pas vus depuis 2 ans...

Les cas qui apparaissent en Chine viennent bien sûr d’échanges avec l’extérieur.
Les produits congelés sont souvent cités, plus précisemment leur emballage contaminé pendant les manipulations humaines.
Les virus résistent très bien au froid.

Dans le Guangdong, la contribution de HK aux contaminations locales est très significative : les mesures de quarantaine ont entraîné le développement des échanges clandestins.
Environ 1500 euros par personne, service assuré par des vedettes rapides.

Le dernier en date : 15 clandestins venant de HK sont arrivés à Zhuhai.
5 d’entre eux ont été pris, car trop malades et obligés d’aller à l’hosto une semaine après.
Entretemps, ils ont contaminé des dizaines d’autres...
L’un d’entre eux est un Chinois important, ayant un job officiel à Canton...
Mais pourquoi donc est-il revenu clandestinement ?
Parce qu’auparavant, il était allé clandestinement à HK.
Impossible de faire autrement pour revenir en Chine.
... 3000 euros l’aller-retour.
Il était parti à HK discrètement pour donner du bon temps à sa zigounette, dans un établissement connu dont je tairais le nom, mais qui a eu droit en Chine à une publicité gratuite considérable...
Les mecs ont 2 cerveaux, un qui ne réfléchit pas aux conséquences et qui peut débrancher l’autre :)
Notre important Chinois a gagné en célébrité sur Weibo.
Il a perdu son job, et sa femme demande le divorce.

Ces petites histoires sont beaucoup plus amusantes que l’article non ?

18/03/2022 23:42 par georges rodi

> Assim

... Des masques Levis Strauss en plus...

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