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Les paratonnerres politiques et la tempête

Face au printemps arabe, certains politiques dans le monde de la démocratie vivent dans l’erreur d’une équation extravagante selon laquelle le mécénat bascule le colonialisme spirituel. Ils égalent l’opportunisme politique à une confusion profonde dans un combat relativement barbare. Ils veulent remplacer un éternel tyran par un vendu transitoire peu connu par son peuple. Toutes ces actions se confondent au statuquo obligatoire et ressemblent à une mutation corrélativement aberrante. Dans ce printemps, l’opportunisme politique est le comportement le plus favorable pour justifier une présence chez les marionnettes. Bénéficiant d’un climat d’inquiétude au sein d’un peuple, ils font passer leurs grands projets et se présentent souvent comme des prophètes sauveurs et protecteurs des peuples. Ces actions constituent un film à la mode. Ce film visualise très bien quelques nuages sur le printemps arabe. Les nuages sont bien décrits par Edgar Morin « Le cas de la Libye constitue un complexe de paradoxes, de contradictions et d’incertitudes. Le premier paradoxe est celui, non seulement du passage de l’extrême coopération au conflit déclaré entre le président français et le despote libyen, mais aussi celui de l’intervention d’anciennes puissances coloniales au secours d’une insurrection populaire. »

Dans le monde arabe, l’équation complexe du mouvement de disputes est mal établie et n’a pas de solution exacte. Aucun de ses termes ne reflète la réalité sur le sol arabe. Les inconnues de cette équation sont déterminées par l’argent. L’argent contrôle la stabilité de ses solutions. Les solutions sur un sol marécageux par son pétrole et gondolé par son gaz permettent à l’argent de glisser dans les poches de ceux qui décident des manoeuvres. Les manoeuvres conduisent à un avenir inconnu et illusionnent momentanément les peuples arabes démoralisés par des leaders incompétents. Ironie de l’histoire, des pays insignifiants ou micro espaces font rassembler les grands géants et décident à leur place. Les grands suivent et se taisent. Les nains guident les géants pas le nez. C’est une sorte de démocratie de cantaloups pour ne pas dire « du con dans l’eau » à la manière des chinois lorsqu’ils demandent ce fruit en Algérie.
Je continue mes idées et je cite une belle condition posée par Claude Picher « Si le monde arabe était un seul pays, il afficherait aux taux de change courants un produit intérieur brut (PIB) de 1833 milliards de dollars, un peu plus que le Canada, un peu moins que le Brésil. Ce serait donc, potentiellement, une puissance économique importante. La locomotive du groupe est l’Arabie Saoudite, avec un PIB de 434 milliards ».

La réalité n’est pas aussi simple. La locomotive ne passera jamais par le Soudan. Faute d’itinéraire bien étudié, le soudan ne sera jamais le grenier des arabes et les arabes continueront à dépenser l’argent du pétrole dans le superflu et ne fabriqueront rien dans les ateliers. Les arabes n’ont jamais lu Auguste Walras « De l’huile brûlée pour éclairer un bal, est une dépense perdue ; de l’huile brûlée pour éclairer des ateliers, est une valeur qui se reproduit à mesure qu’elle se détruit, et qui passe dans les produits que l’on fabrique dans ces ateliers. ». Pour cette raison, ils importent du n’importe quoi de chez n’importe qui. Trop de pétrole sous les pieds et pas assez d’idées dans la tête.
Suivant la même démarche, les jeunes algériens n’ont jamais lu sérieusement les paroles de Théophile Gautier après sa visite en Algérie « Je me porte assez gaillardement à pied et à cheval. L’Algérie est un pays superbe où il n’y a que les Français de trop ». Notre école n’a jamais appris à nos enfants l’étude de textes et la critique des récits. Ne connaissant pas la bonne lecture, nos jeunes essayent de fuir un pays extraordinaire pour aller trimer dans l’enfer de l’Europe.

Richesse et incohérence. Pauvre peuple arabe. Lawrence d’Arabie a fait son travail en profondeur à Wadi Rum dans le désert de Jordanie. Dans ce désert se tient majestueusement un massif rocheux composé de sept solennels blocs de pierre. Les bédouins les ont appelés « les Sept Piliers de la Sagesse », parce que c’est auprès d’eux qu’ils perçoivent la source de leur civilisation nomade. En usant son nom à cette montagne, le colonel des services Lawrence a écrit son récit de la révolte des arabes de 1917. Cette révolte est une honte dans l’histoire. Après sa mission, Lawrence jeta sa « déchdacha » et porta son uniforme. Il a choisi son camps, sa patrie bien aimée, l’Angleterre. Il a abusé des idéaux ou idiots des arabes. Il a abusé de leur confiance pour sauvegarder les intérêts de la Grande Bretagne. Un siècle après, Paul Bremer a donné un drôle de look aux sept piliers de la sagesse dans le monde arabe. Coïncidence de l’histoire, le printemps arabe rayonne du lawrencium. Dans ce texte, le lawrencium n’est l’élément chimique que les arabes ignorent mais le principe des sept commandements de Laurence d’Arabie.

Le langage des descendants de Lawrence dans le monde arabe est d’une extrême élasticité. Il décrit des opérations politiques avec un cliché platonique et les place dans une conception idéale trop impolitique. Après le développement du cliché politique, les arabes se rendent compte que l’image est en contradiction avec la réalité complexe. Une réalité de places publiques bouillantes de jeunes désespérés. Une réalité de groupes de chômeurs espérant un emploi. Une réalité de contradictions de classes sociales. Une classe minoritaire trop riche et une classe majoritaire crevant la dalle. Une réalité d’injustice sociale. L’auditeur qui veut comprendre l’emploi d’un seul mot politique dans un passage de ce langage se trouve perdu dans un immense idéalisme. Il ne peut y parvenir à la réalité qu’en reconstituant un foyer mentale très critique qui dénonce l’opportunisme. Les radiations du lawrencium favorisent l’opportunisme et désorientent les peuples de leurs propres objectifs.

Entre l’indispensable et le non essentiel, les opportunistes jouent. Dans ce jeu, au sens péjoratif, ils désignent un système politique, un parti ou un gouvernement et orientent ses actions au grès de leurs rumeurs. Les opportunistes mettent les dérives des politiques qui cherchent à accéder au pouvoir ou s’y maintenir en se mettant au niveau de la population par de multiples mensonges. Des rumeurs comme : On ne voit pas le chef à la télévision. Ils comptent les jours de son absence et tirent des rafales de rumeurs. Ils cherchent un nouveau roi avant la mort du roi.

L’opportunisme est désagréable puisqu’il dénote une volonté d’exploiter à des fins politiques étroites des événements dramatiques d’un peuple. Il faut voir que chez certains chefs d’Etat, Etat où la démocratie règne depuis des siècles, le sentiment d’échec et de perte de crédibilité a atteint un tel degré que seule compte désormais pour eux les moyens les plus rudimentaires pour récupérer un peu la popularité perdue. L’occasion est venue. Le printemps arabe est une grande opportunité. Récupérer le minimum même aux dépens des valeurs augustes de la démocratie qu’ils prêchent depuis des siècles. Parfois ils portent le chapeau de sauveur des peuples opprimés mais souvent ils s’arment d’avions et de chars pour exprimer leur pacifisme.

Chez nous deux personnes, Kada et Kaddour essayent de nous expliquer à leur manière le printemps arabe et les élections d’un chef après le printemps.
Kada est très prudent dans sa vie même si un politicien le rassure que le serpent n’engendre point la corde. Il admet qu’en politique celui qui a été mordu par une vipère venant de la place Jemaa-el-Fna de Marrakech durant les années rouges et noires a peur de son lacet en temps de paix. La peur du lacet le laisse un peu inquiet du printemps arabe. Sa nature hait toutes les divergences politiques absurdes et ne parle jamais de corde dans la maison d’un pendu. Par contre, il sait vibrer les cordes quand il discute rythmes et musique politiques avec ses amis intimes.

Kada est le compagnon de Kaddour. Kaddour n’est autre qu’un derviche ou un vieux Taleb de Sidi Bouzid. Sidi Bouzid est diffèrent du village tunisien que vous connaissez. C’est un petit hameau perdu, non loin de Znina dans la steppe d’Aflou. Si Kaddour est un homme honnête, religieux, pratiquant et large d’esprit. Il est descendant des Ouled Aissa de la zawiya Rahmania Kabyle et vit chez ses cousins germains dans la steppe sauvage. Ce soufi fait la distinction entre la corde et la vipère. Sa formation chez les Aissawa lui permet de transformer une corde en vipère quand la baraka de « sidna » est entre ses mains.

Après la chute du tunisien, Kada et Kaddour concluent un accord. Ils ne doivent pas se séparer pendant trente jours pour étudier le printemps arabe et réfléchir comment ses conséquences modifient la région. Pour réussir cette expérience, Kaddour demanda à Kada de jurer de ne pas voir les chaines de télévisions Al-Djazira, Al-Arabiya et France 24, de ne pas consulter le journal « Akhbar Oua Tawthik » d’Abdelkader Ben Saleh.

Pour montrer sa liberté spirituelle, sa place intellectuelle, sa haute culture et sa fidélité, Kaddour apprend à Kada les paroles de l’empereur Julien « Souffre donc qu’ils te haïssent, qu’ils te déchirent en secret ou en public, puisque tu regardes comme des flatteurs ceux que tu vois te louer dans les temples. Aussi bien tu n’as jamais songé, ce me semble, à t’ajuster à leurs goûts, à leur train de vie, à leurs moeurs ».

Kaddour connait bien les « bekchichistes » et les « khoubsistes ». Il définit le mouvement « bekchichiste » comme suit : Le Bekchichisme est nouveau chez nous. Ce mouvement est né en 1986. Le bekchechisme est la pratique qui permet à une personne politique disposant de richesses d’obtenir, contre des avantages argentés, la soumission, la servilité des « khoubsistes » qui le suivent et l’applaudissent partout. Autrement dit, le bekchichisme désigne le comportement politique d’une personne ou d’un parti qui cherche à augmenter le nombre de ses " militants khoubsistes " par l’octroi d’avantages injustifiés en échange d’un soutien futur, lors d’élections particulièrement.

Il sait comment la politique des Bekchichstes fonctionne. Une fois au pouvoir, ils remettent en question les formes habituelles de la démocratie au profit d’un absolutisme. Ils s’appuient toujours sur des institutions supposées être incontestablement au service du peuple pour instaurer la démagogie, l’électoralisme, et l’opportunisme. Les koubsistes sont des bulletins pas chers utilisés dans l’électoralisme. Ils catalysent une orientation de la politique à l’approche des élections. Ils vadrouillent de parti en parti. Ils prennent soin de flatter l’électorat et de masquer les aspects désagréables de la réalité.
Pour bien illustrer son cours, Kaddour raconta à Kada une fable politique algérienne qui résume bien le printemps arabe. Dans un douar des Rouabeh, des descendants de Sidi Rabeh, de Tissemsilt, une belle histoire se racontait pour éveiller les enfants pendant la révolution. Ce douar était mal géré par un bachagha nommé par les cousins du petit fils de Napoléon. Les habitants mécontents de la situation déplorable demandèrent à leurs sages de se réunir pour trouver une solution à ce douar. Ils voulaient un remplaçant qui peut mieux gérer leur quotidien. En réunion de concertation, les notables du douar n’arrivaient pas à trouver un homme qui fait l’affaire dans l’immédiat.

Un chien de race marseillaise rodait tout près du lieu de cette réunion. Il entendit la discussion et compris que le douar vit une crise de commandement. Pour ce chien, la crise de leadership n’est pas un phénomène nouveau. Il se rapprocha des notables et se proposa de remplacer ce bachagha incompétent. Le plus sage des notables demanda au chien de justifier sa candidature et de prouver que le douar va être mieux géré par un conseil présidé par un chien non algérien. Le chien lui répond : votre douar est très facile à gérer mais vous êtes des ignorants dans le domaine d’administration des ressources humaines et le bachagha nommé par les miens est un homme corrompu et méchant. Les miens placent toujours en tête de gondole un bandit pour gérer les deniers de l’état.
Un autre sage étonné par l’audace de ce chien intervient. Il demande à ses copains d’accepter la candidature et donner une chance à ce chien. Une chance sous réserve de ramener une dérogation signée par le roi des animaux sa majesté le lion.

Le chien vagabond sur la terre étrangère accueillit la nouvelle avec joie et gaité. Il se précipita vers le lieu où sa majesté trouve le calme dans une tanière bâtie dans un coin stratégique d’un jardin inaccessible par les chasseurs les plus habiles dans son temps. A distance, il sentit l’odeur de sa majesté qui couvrait tout endroit. La peur envahit son coeur puisque il n’avait pas l’habitude dans son pays de voir un roi. Il pensait que le lion était un sanglier du Massif Central qui ne lève jamais sa tête pour voir un peu plus haut que le ciel le plus bas. Se sentant tout petit, queue détendue, il avança avec méfiance vers la demeure du roi. Honorant les six mètres de respect, il s’inclina pour un moment et se redressa. Il raconta l’histoire de sa candidature. Il espère devenir grand chef dans un douar pas trop connu par le roi. Sa majesté écouta avec attention cette histoire de chien et demanda à son visiteur que l’objet de sa présence n’était pas inscrit dans son agenda. Le chien répond tout bas : vous savez que je suis un étranger dans ce bois. Chez nous là -bas nous vivons en démocratie. J’ai importé des idées dans ma tête et je veux les expérimenter chez vous. Pour cette raison, Je suis venue demander de votre grande bonté une autorisation temporaire pour commander le douar et appliquer nos lois. Je vous prie monsieur d’accepter ma candidature. Signez-moi s’il vous plait ce papier authentique faisant foi. Je vous donne ma parole de chien, durant mon administration vous serez informé et pris en charge par ma générosité afin d’être reconduit à ce poste une ou plusieurs fois. Les gens du douar vont expérimenter la politique des chiens. Comme tous les rois, sans réfléchir aux conséquences, le lion signa le papier et donna carte blanche à monsieur le chien. Le chien remercia le lion et lui demanda de l’accompagner jusqu’aux alentours du douar pour que les gens le voient. Il savait qu’en politique une simple photo avec le roi lui permettait de détrôner le roi. En cours de route, le chien proposa au lion le scenario de sa tactique.

Il dit : pour mieux jouer le jeu permettez-moi de vous lier temporairement les pattes et une fois au pouvoir je vous les délie. Ce jeu va prouver mon intelligence et démontrer aux gens que je suis capable de détrôner les rois. Les gens vont me faire confiance. Ils témoigneront ma compétence de leader expérimenté dans la gestion des crises non prévues par la mauvaise administration des gens nommés par les rois. Le roi accepta le deal.
De loin, les gens du douar voyaient le lion à terre pattes bien liées. Ils acceptèrent le chien comme chef et commencèrent la cérémonie pour exprimer leur joie devant le nouveau roi. Le chien prononça un très long discours politique et oublia de délier les pattes de sa majesté l’ex-roi. Les animaux de la forêt apprirent la nouvelle. Ils viennent féliciter sa majesté le chien. Sur son chemin, une souris découvrit sa majesté le roi. Elle se rapproche du lion et lui dit : avez-vous entendue la blague du siècle ? Un chien inconnu est nommé chef du douar. Il a pris votre place. C’est la honte et le déshonneur sous la loi. Je vais vous délier les pattes mais sous condition cette fois. Vous allez reprendre votre place de chef et je veux être votre représentante dans tous les endroits. Elle fit bon travail. Elle libera sa majesté le roi.

Le roi des animaux est connu par sa dignité de lion, il regarda la souris et ne bougea point. Il montre ses canines et dit « les mentalités des gens ont vraiment changé depuis l’arrivée de ce chien. Nous sommes dans un monde un peu bizarre qui ne propose aux postes de responsabilités que des riens. Un chien étranger vous lie les pattes et une souris ambitieuse vous les délie sous condition d’être ou de devenir n’importe quoi. Je vais vers la montagne de l’Ouarsenis où mes animaux vivent de fierté et de dignité. Là -bas mes gens détestent les poses publicitaires en photo avec les rois. Je reviendrai bien armé pour combattre et chasser les chiens. Je vais rendre la confiance et la dignité à mon douar détruit par un drôle de chien malsain.

En conclusion : Kada a compris. Ici c’est Alger, partout c’est Tlemcen, là -bas c’est le sud et ailleurs c’est Batna. Les gens d’ailleurs sont convaincus que nul n’est indispensable. Les gens de là -bas veulent être comme les gens de partout. Les gens d’ici ne reconnaissent pas un printemps provoqué dans un désert. Les gens de partout reconnaissent que le bouleversement n’est ni nécessaire ni essentiel. Ici, là -bas, partout comme ailleurs, tous les aspects montrent que le printemps arabe a ses nuages. Les nuages se forment en occident chrétien et se déplacent vers l’orient pour arriver en Chine en passant par L’Iran. En route, ils enfantent la foudre et le tonnerre chez les arabes et les musulmans. Les paratonnerres de certains pays sont mal connectés au sol. La foudre dans ces pays fait ravage. La tempête chez les arabes et les paratonnerres politiques nous laissent réfléchir. Plaçons nos paratonnerres et lisons sérieusement les sept piliers de la sagesse du Colonel Lawrence pour protéger notre Algérie la superbe.

Pr. Omar Chaalal

Le Quotidien d’Oran

22-12-2011

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