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Les prochains soulèvements se durciront, or le pouvoir politique et économique le sait.

Libéralisme économique et démocratie : les histoires d’amour finissent toujours mal.

Le stade ultime du capitalisme est le fascisme, selon les adeptes de l’idéologie marxiste. Il correspond, globalement à l’état où le chef d’État dicte sans merci la politique à ses subalternes, avec l’appui inconditionné des forces de propagande pour faire accepter aux foules l’idéologie dominante du travail, de l’exaltation du sentiment national, et d’une société purifiée, libérée des parasites étrangers, proies faciles sur lesquelles on tape pour aseptiser les consciences populaires et les faire converger vers de faux ennemis communs. Les masses dominées ayant plus ou moins conscience d’être exploitées n’ont d’autres choix que d’obéir à l’ordre établi, de servir les classes dirigeantes et leur pouvoir, sous peine de choir dans le caniveau sous les balles policières protectrices de l’Empire, du moins pour le moment, de subir la violence gratuite et décomplexée des forces de l’ordre établi si l’on s’égare à participer à quelconque manifestation d’opposition.

Après la république parlementaire, le sarkozysme autoritaire. Merci la crise.

Cet état de dictature masquée sous ses beaux draps démocratiques où un homme dicte la politique à suivre en confondant tous les pouvoirs et toutes les institutions dont l’autonomie vis-à -vis du président est censée être garanti par la constitution, nous y sommes. Là où un cortège d’assoiffés insatiables se querellent médiatiquement pour devenir califes à la place du calife, cette phase où le pouvoir des uns se renforce contre la servilité des autres, nous y sommes bel et bien entrés. Certes, cet article n’est qu’un de plus dans la bibliothèque virtuelle de la critique du capitalisme sauvage, ce que d’aucuns diront qu’il est sans intérêt en raison de son contenu déjà connu. Certains résignés abdiquent et montent dans le train, d’autres militent en patinant parfois dans la semoule, d’autres ne font que ruminer et ressasser. D’autres, pensent intégrer les bataillons des hautes sphères dirigeantes en espérant gangréner le système pour le changer de l’intérieur, et se font corrompre par l’ambition. Moi, de tout cela, je préfère ruminer ou militer.

Alors il paraît que le fascisme devance le capitalisme lorsque celui-ci est usé ? Certes, Karl Marx et ses successeurs admirateurs l’écrivent mieux que cela. Les contradictions inhérentes au système capitaliste amènent, dans la conquête effrénée vers plus de profitabilité, vers des crises récurrentes où les dérives totalitaires ne cessent de gagner du terrain.

C’est l’état où l’État devient complètement démantelé au profit d’une classe possédante qui impose sa doxa économique, son totalitarisme financier contre la majorité, avec le soutien inconditionné de toutes les classes dominantes ayant tiré leur épingle du jeu. C’est l’état où le PDG de Total, de Veolia, où le Medef possèdent davantage de pouvoir encore que les membres du corps politique. Bon, ce n’est pas nouveau, et l’on est accoutumé désormais à ce que la bling-bling république serre le garrot sur son peuple lorsqu’il entre en dissidence publique. Habitués nous sommes aussi, à ce que les lois couvrent de doux billets les plus grandes fortunes dans une guerre des classes de plus en plus impitoyable. Et gare à toi, peuple, si tu oses le dénoncer, où même inscrire «  Casse toi pauvre c** » sur tes pancartes de manif. Car la police règne en maître pour écraser tout début de soulèvement populaire des populations opprimées. Quitte à tuer, l’ordre doit être coûte que coûte maintenu, les mécontents doivent comprendre que s’ils critiquent le pouvoir, ils le feront au péril de leur vie. Le monde journalistique, et les milieux d’intellectuels «  autorisés » martèlent en permanence à l’opinion, sondages à l’appui, ce qu’il faut penser. Quoi de plus normal là où le journalisme se trouve sous la tutelle des seigneurs de la guerre, marchands et trafiquants d’armes inondant les pays du Tiers-Monde en armes pour alimenter les guerres civiles. Vu que la France fait partie des agresseurs mondiaux de l’OTAN les plus influents, et qu’elle est le quatrième exportateur mondial sur le marché des armes, il est évidemment primordial de faire croire par la presse que l’insécurité, le narcotrafic, la guérilla ou le terrorisme sont les fléaux majeurs de nos temps. L’écran de fumée empêche d’apercevoir les bons ennemis. Encore une guerre mondiale des classes perdue.

Marx prônait une dictature du prolétariat comme phase anticipatrice de la suppression de l’État lorsque le peuple pourra enfin s’autogérer. L’inverse s’est produit, c’est la bourgeoisie qui supprime l’État. C’est au final, dans tous les pays, un anarchisme de droite qui tente de s’imposer : le dépassement des autres et l’autogestion de l’individu par le culte sacré de l’entreprise, avec la suppression de tout État, toute frontière, toute autorité publique entravant l’autorité des puissants, tout ce qui freine le profit et la liberté des riches contre l’esclavage des dominés.

Cet espèce d’anarcho-libéralisme réadapté constitue une nouvelle phase du capitalisme qui s’observe désormais sous nos frontières : il y a dans l’air de l’ère actuelle comme un flair néo-dictatorial qui semble aller de pair avec la nécessité obsessionnelle obscène des capitalistes à vouloir à tout prix colmater les brèches de leur radeau de fortune, face à la colère grandissante des peuples exploités, spoliés des pays du monde entier, ceux qui commencent à refuser l’unique sens de rotation des roues du bolide capitaliste. La crise économique a fait ressentir la situation de précarité à des milliers de personnes qui ne savaient pas ce que c’était que l’amertume de la galère, le garrot bancaire du découvert, accélérateur de frais débiteurs, la faim et la malnutrition. Entre les CDD à répétition, les boulots à temps partiel, les missions temporaires d’intérim, les stages d’insertion, les postes dégradants pour esclaves faiblement qualifiés, les rendez-vous à Pôle Emploi, les heures supplémentaires non rémunérées, les 60h de travail hebdomadaire d’un petit indépendant, juste pour avoir un smic si toutes ses recettes sont déclarées, voila de quoi régaler les "syndicats" du patronat en allant au plus rentable. Ces personnes victimisées par le chantage odieux du système qui n’ont pour menu quotidien que des pâtes à la sauce tomate "premier prix", (à l’instar de ce DSK démagogique qui se dit de gauche, et amateur de pâtes à la sauce tomate comme s’il était au même niveau de salaire que le travailleur français moyen) ont su ce qu’était le stress du lendemain, de l’avenir, lorsque leur usine a fermé par calcul de rentabilité économique. Cette crise a fait prendre conscience à des tonnes de personnes que le capitalisme financier n’était qu’une effroyable mascarade vendue à outrance depuis les jours les plus beaux de nos enfances naïves. Elle a montré que l’idéologie de la réussite économique et sociale donnée à qui voulait bien mettre la main à la pâte, n’avait pas de critères universalistes. Car pour cela, il faut naître de bonne famille, dans un milieu aisé où tout va bien dans le meilleur des mondes. Et être un petit peu opportuniste sans avoir de complexes. Ce qui n’est pas donné à tout le monde.

Alors que les marchés financiers s’effondraient subitement dans la «  crise de confiance » et la rumeur de ne plus pouvoir acheter des titres sans trouver acquéreurs, les banques en besoin de recapitalisation, de fait, étaient en passe de s’écrouler à leur tour. La conjoncture n’étant pas très optimiste, les entreprises ont donc du continuer leurs activités avec peu de coûts de production, (car faible demande, baisse de la production, licenciements massifs, peu de bénéfices nets) et faisaient le choix de substituer le travail au capital, faisant gonfler schématiquement les chiffres du chômage. Ce n’est pas l’article d’un expert en macroéconomie, l’on ne dressera donc pas ici l’ensemble de causes/conséquences de la crise. Mais on peut juste dire que celle-ci à bon dos pour expliquer la croissance des écarts de salaires.

Elle est une aubaine pour les gouvernants néolibéraux et les valets du Capital gérant le monde comme un épicier dresse son bilan déficitaire en fin d’année. Au lieu d’inventer un autre mode de gouvernance publique et de reprendre sur les capitalistes le pouvoir et la souveraineté qu’ils avaient perdu dans le monopoly de la globalisation néolibérale des échanges dérégulés, les gouvernants ont préféré racheter les créances insolvables, et faire des plans gigantesques de sauvetage des banques, avec des fonds publics (donc à payer par le contribuable). Sans nationaliser ces banques. Ils ont préféré aussi prêter des sommes colossales à taux imbattables aux banques pour sauver le navire percé (3%). Il fallait bien se douter qu’en retour, les banques commerciales, après avoir remboursé les États prêteurs, n’allaient pas autoriser aux États "non solvables" des prêts de refinancement à des taux si faibles de 3% mais plutôt 9-10% (cas de la Grèce). Bref, elle permit de faire croire qu’en vertu de la violence de la crise, les peuples devaient se serrer la ceinture, alors que les gouvernements leurs faisaient payer directement le prix fort des plans de sauvetage des banques. Une bien belle manière d’affirmer que les impôts n’augmenteront pas (pour critiquer primairement la gauche en disant «  voyez, nous à droite, on n’augmente pas les impôts ! ») tout en faisant raquer le populo. En toute légalité. Au lieu de réorienter l’État autour de l’interventionnisme public. Je tue un chat d’un violent coup de pied, et je porte plainte contre le fabricant de chaussures…

Un rouage cyclique post-crise alimentant fascisme et autoritarisme.

Les crises ont toujours constitué un terreau fertile aux installations de régimes totalitaires militaires fascistes, car les totalitarismes étaient ceux qui profitaient le plus aux entreprises puissantes et sociétés financières (pas de syndicats, pas de droit du travail, pas de contestation sociale autorisée, pas de négociation des salaires ni du temps de travail). Dans une Europe d’États-Nations cerclées de frontières post napoléoniennes (le Congrès de Vienne de 1815 reconfigure les États-Nations et leur souveraineté, de manière à éviter les invasions de type napoléoniennes, début de la coopération politique européenne), les gouvernances étant encore dévolues au territoire national. Et l’État-Nation en consolidation permettait d’assurer de plus en plus des conditions de vie décentes à sa population, grâce notamment aux progrès dans les services sociaux, aux taxes douanières, barrages filtrants de l’importation empêchant la concurrence sauvage entre les produits. L’État-Nation, seul souverain sur lui-même permettait d’instaurer l’État-Providence, une certaine répartition des richesses, la gestion des services publics, une philosophie universaliste des droits de l’Homme (riche et blanc). Bref, une certaine protection des individus administrés sous l’égide de l’État.

Depuis la fin du XIXème siècle, afin de récupérer la cause ouvrière à leur profit, (non par humanisme), dans l’obligation de plier face aux luttes sociales et grèves générales, et aussi par électoralisme obstiné, les hommes politiques ont établi les politiques sociales qui jusque là donnaient à l’État français son aspect social, et servait de modèle à l’étranger (droit du travail, sécurité sociale, droit d’accès à la justice, égalité en droit et devant l’impôt, liberté de circulation etc…le papier ne refuse pas l’encre !). Depuis trois décennies d’un monde en guerre calfeutrée où toutes les économies sont fusionnées, le totalitarisme glisse du politique vers l’économique, et s’applique au monde de l’entreprise. L’on nous vend la démocratie comme écran de fumée, mais 98 % de la population est obligé de vivre sous l’influence du monde marchand, dans le chantage permanent de bien faire pour l’entreprise, au risque d’être remplacé par une demande saturée sur le marché du travail ; nous subissons ainsi tous un système totalitaire ou un autre. L’individu, décharné de tout épanouissement ne travaille pas pour entretenir une activité enrichissante, (du moins peu arrivent à vivre de leur passion) il travaille pour un maigre salaire au compte de l’entreprise. Il intègre son vocabulaire, obéit par crainte au chef managérial sans oser prendre du recul sur le raisonnement discursif de son autorité aliénante. Comme l’idéologie néolibérale du travail sert de cache-misère à la volonté de servage de l’être humain dominé, le salarié se sent obligé d’obéir pour pouvoir manger dans une société où cette situation de tensions permanentes entre offre et demande saturée reste capitale pour conserver le pouvoir : une population vivant dans la peur de l’avenir est une population malléable dont on fait ce qu’on veut.

En définitive, pourquoi continue-t-on de crier démocratie et république en France là où des gens en costume-cravate conduisant des Porsche passent devant des vieillards rabougris au visage tuméfié par le froid et l’alcool, vivant dans la rue par carences de l’État et exclusion sociale ?

L’État-Gendarme, la sécurité, la violence politique, et la colère.

L’État-Providence s’est transformé en État-Gendarme, n’ayant d’attributions reconnues que celles d’oeuvrer à protéger les intérêts des financiers grâce au triptyque police-armée-justice. Les derniers exemples en date sont la fraîche réforme des retraites, et le remaniement gouvernemental. La réforme du système des retraites est passée en force, dans le mépris du peuple. Soit, nous le savons tous. Cette réforme n’est pas faite par soucis de la démographie, mais dans l’étouffement du système par répartition, au bénéfice du groupe Malakoff-Médéric, (dirigé par un ex-dirigeant du Medef nommé Guillaume Sarkozy) qui entend bien rafler la mise en s’accaparant l’oligopole sur les fonds de pensions de retraites privées. Un marché potentiel de 40 à 110 milliards d’euros en 2020 pour «  pallier la baisse du taux de remplacement »…(1) Quant au théâtre du remaniement gouvernemental annoncé depuis juin, (il fallait passer les retraites avant) il a pour but de faire encore croire à une démocratie représentative en France. Mais pas seulement. Il centralise un peu plus les organes publics en fusionnant les pôles clés de l’économie. Le troisième volet du duo Fillon-Sarkozy alimente la précarisation de l’État, en marche vers sa privatisation. C’est un fourre-tout de multiples domaines confiés à une poignée restreinte d’hommes politiques affairistes, le tout sous couvert de réduction des ministères par économie. La santé par exemple, qui nécessiterait à elle-même un ministère entier est fusionnée avec le ministère du travail et de l’emploi, confié au petit bourgeois faux gentilhomme X. Bertrand. Le pôle Éducation Nationale, très lourd dans l’administration française, se voit allié à la jeunesse et la vie associative, géré par Luc Chatel. Avec la fusion de l’Intérieur avec le ministère de l’Immigration, les fonctionnaires de police, toutes brigades confondues vont maintenant pouvoir directement s’occuper de la chasse aux sorcières. Un pas vers la Police politique a été franchi, dans le souvenir de la Gestapo. Mais la colère monte, et se fera entendre un jour.

Oui, les graines de la colère semblent avoir germés, et de plus en plus de personnes, se rendent compte du pot-aux-roses : les réformes d’austérité européennes (réforme du travail au Royaume-Uni, des retraites et/ou de la santé en France, Grèce, Allemagne, Espagne) sont la cerise sur un gâteau indigeste. Preuve en est, les termes de répartition des richesses, capitalisme, et classe sociale commencent à avoir de nouveau le vent en poupe dans les esprits et les discours, ce qui n’était avant que des thèmes préconçus de l’extrême-gauche vieillissante et nostalgique des années soviétiques de la Guerre Froide.

Une violence politique exacerbée par l’État-gendarme.

A cette conscience collective en formation d’une guerre des classes dirigeantes contre le peuple, s’ajoute la perception interindividuelle de la violence politique jamais connue à ce point sous nos frontières.

Brigades de gendarmeries mobiles qui tirent des lacrymogènes et des grenades explosives sur la foule, qui jouent au flash-ball à bout portant sur des lycéens, hélicoptères en basse altitude qui survolent le parcage public des manifestants, services d’ordre qui filment les scènes de violences policières, agents de la BAC qui font du contrôle au faciès et repèrent le profil du "mauvais" manifestant (basané, jeune ou groupes de plus de six personnes)… CRS prêts à casser du jeune et du rebeu qui se défoulent à coups de matraques sur les manifestants pacifiques, membres du GIPN armés de fusils à pompe et de canons à eau, policiers qui lancent des cailloux dans les rangs de la foule pour que les CRS chargent, fonctionnaires de police qui cassent des vitrines pour décrédibiliser la grève. A Pujadas en retour de relater la violence des groupuscules, souvent en provenance des cités, qui sèment la pagaille dans les manifestations lyonnaises...

La répression, pourtant habituelle en France, a franchi un pallier le mois dernier. Nombre de syndicalistes sont comme d’habitude, interpellés, mis en garde-à -vue, des étudiants, mais aussi des travailleurs, des femmes, des jeunes et des plus vieux sont blessés sans raison, manifester devient un acte dangereux. Ce phénomène de violence est habituel dans les autres pays (Espagne, Grèce, Argentine, Colombie), mais cette armada de fonctionnaires armés jusqu’aux dents prêts à tirer sans distinctions sur la foule est constitutive d’un pouvoir qui dans tous les pays craint sa population, face à une colère qui monte. Si l’État possède le droit de déployer des services d’ordre pour prévenir des éventuels troubles, il est évident que le curseur de l’utilisation de la violence sur une échelle allant de la protection civile au crime d’État banalisé se déplace rapidement vers le crime banalisé. Jusqu’où iront-ils, lorsque les masses seront déterminées à en finir avec leur oppression, une fois qu’elles auront ensemble déterminé leur ennemi commun ?

La colère internationale des sociétés civiles monte, et se fait de plus en plus entendre, et se trouve au pied du mur face aux bergers allemands policiers du régime mondial qui, si l’on en croit les récents "comptes rendus" médiatiques du dernier mouvement social, semblent avoir gagné une fois de plus le bras de fer populaire. Jusqu’à quand ? L’on se méprendra aisément à l’idée qu’une révolution pacifique électorale est à présent possible, prenant exemple sur le Venezuela et la Bolivie, or pourtant, nous sommes dans l’impasse face à un pouvoir qui balaye tout sur son passage. Et en attendant, les politiques de rigueur font rage en Europe, et voila qu’en Grande Bretagne, pionnière du libéralisme, l’on envisage de contraindre les chômeurs à travailler pendant un mois à plein temps gratuitement, sous peine de suspension de l’allocation chômage pendant trois mois. Parler de servage n’est plus exagéré. Le choix de l’esclavage, « pour résorber le chômage ». Même les monétaristes utilitaristes (tel Milton Friedman, qui mit sur pied la théorie des anticipations relatives du peuple face à l’inflation, soit le pouvoir de les asservir par la baisse invisible du salaire réel) du siècle dernier n’auraient pas inventé mieux…

Pendant que tout ce petit monde psychotique s’efforce, dans l’hypnose collective, de s’autodétruire avec le masochisme jubilatoire d’un névrosé qui demanderait lui-même à ses bourreaux qu’ils accélèrent la roue tirant les cordes pour l’écarteler, les guérilléros de la finance internationale continuent à outrance de jeter leurs esclaves dans des charniers qu’ils ont eux-mêmes creusé au profit des mêmes maîtres. Dans le même temps, afin que les esclaves aient l’impression de creuser une future piscine pour y passer leurs vacances grâce à leur maigre salaire plutôt qu’un charnier pour y reposer, en travaillant jusqu’à ce que mort s’en suive, les journaleux ambassadeurs de la soupe à grand public perdurent à revomir toujours les mêmes rêves viciés et nauséabonds du consumérisme utilitariste. Cette philosophie de l’écrasement de ses voisins pour que vive la compétition leur est nécessaire afin d’ôter de l’idée de l’esclave toute velléité de révolte envers son ennemi de classe. Mieux, les forces médiatiques et politiques qu’il juge légitime, vont lui apprendre à se retourner contre son semblable social plutôt que s’organiser avec lui pour s’affranchir de ses réels maîtres. Il est effectivement plus facile pour un dominé de brûler ou braquer une voiture sans quoi le propriétaire ne pourrait pas travailler et manger, plutôt que de se préparer tous ensemble à la guerre imminente contre le royaume des banques. Plus schématiquement, un pauvre vole toujours un pauvre par peur de s’attaquer à un riche. Les différences sont plus perceptibles à l’intérieur d’une même classe que d’un milieu à l’autre.

Vers des résistances faisant tâche d’huile, une mondialisation de la colère ?

Pourtant, le mouvement social français du mois d’Octobre 2010, s’il est à présent en mode veille, ne constitue pas moins une référence en Europe pour des milliers de personnes esseulées, délaissées, dupées par les cassures libérales de leur gouvernement dans des pays où la résistance à l’arbitraire est moindre. Car la crainte des classes dirigeantes est belle et bien là  : que la contestation sociale fasse tâche d’huile, comme en 1830, 1848, 1870, 1968. Ce n’est qu’une première étape du prochain soulèvement populaire mondial, qui a débuté en Grèce l’an passé, et le spectre (bien qu’utilisé à tort) de Juillet 1789 ressurgit dans ce pays où la tradition révolutionnaire est la plus marquée d’Europe.

La décennie 2000 a été celle où les mouvements sociaux de résistance contre l’ordre établi en Europe ont été les plus nombreux et les plus virulents depuis la Seconde Guerre Mondiale. Et ceux-ci se multiplient face à l’appétit toujours plus grand des élites capitalistes qui ne manquent pas d’imagination pour opprimer leurs populations. Il y a fort à parier que les prochains soulèvements se durciront, or le pouvoir politique et économique le sait, et déploie donc d’une répression toujours plus féroce pour faire jouer son atout d’intimidation. Si la lutte contre la réforme des retraites en France semble éteinte, comme les médias veulent nous le faire croire, il y a dans les consciences des gens la mémoire de ce mouvement, la possibilité de faire reculer le Medef, la finance et le pouvoir politique par l’unification du peuple. Celui-ci semblait d’ailleurs, à voir les slogans dans la rue et le déroulement de sa grève générale, avoir utilisé à bon escient le slogan de campagne de Mr Sarkozy «  Ensemble, tout devient possible » (Sans Sarkozy, sans le gouvernement, sans les ministres, sans la cinquième république, sans le FMI, sans l’OMC, sans l’actionnariat, la société du crédit et la propriété privée des moyens de productions.).

Espérons sans trop d’espoir que l’avenir donnera raison à ces mots ! Des dons aux grévistes aux blocages de raffineries, des mobilisations lycéennes et étudiantes soutenues par leurs professeurs au débrayage des salariés du privé dans leur entreprise… De toutes ces actions collectives, un réel engagement populaire, citoyen et militant est, selon J-L Mélenchon, (dont l’appétit électoral dépasse hélas ses convictions fort bien construites de socialisme démocratique du XXIème siècle), est en train de se constituer chez chacun de nous, une révolte autonomisée des syndicats, et surtout, une lutte sociale démocratique pacifique et réfléchie que le pouvoir ne pourra bientôt plus contenir s’il continue à agir de la sorte. (2)

Tout laisse à penser que, dans ce déclin des institutions publiques, deux camps antagonistes se sont formés et radicalisés, chacun ayant la conscience d’appartenir à tel ou tel groupe. D’un côté, le peuple. Celui qui prend doucement conscience de son exploitation, qui observe des sommes colossales aspirées vers les poches des financiers, et qui ne croit plus en son président, son gouvernement, sa constitution, et est profondément écoeuré par la manière dont les élites le méprisent. De l’autre côté, une élite puissante et minoritaire. Une classe possédante et dirigeante qui concentre tous les pouvoirs, et qui passe en force des lois protégeant ses intérêts, mais n’ayant plus aucune légitimité, plus aucun soutien du côté de la population civile.

Cette dislocation du consensus républicain qui liait (sur le papier, en théorie) le peuple à ses élus et ses institutions, et la séparation en cours de ces deux sphères ne pourra que mener à l’éclatement social. C’est une insurrection qui s’annonce et qui risque d’être très violente, le peuple français étant très virulent lorsqu’il est piqué, qu’il s’unit avec tous les autres mouvements et autonomise sa lutte, et ces mêmes élites ont tort d’ailleurs de sous-estimer cette puissance potentielle d’un peuple qui dort.

Samuel MOLEAUD
http://sam-articles.over-blog.com

(1) http://sam-articles.over-blog.com/article-la-joint-venture-des-freres-...

(2) http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2023 («  Qu’ils s’en aillent tous », émission de Daniel Mermet avec J-L Mélenchon dans Là -bas Si J’y Suis.

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