MRAP : La transversalité des luttes contre le classisme, le sexisme et le racisme.
Intervention de Christian Delarue (*) pour la commission "mondialisation" du MRAP qui inscrit la lutte contre le racisme dans un cadre élargi, mondial.
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1020
Se libérer de la domination de classe ne suffit pas à l’émancipation humaine il importe de lutter aussi contre le sexisme et le racisme pour aller vers un socialisme d’émancipation authentique. Le socialisme dont il s’agit ne peut prendre forme concevable qu’à partir de luttes écologiques, sociales et démocratiques. Ces points ne sont pas développés ici (le MRAP n’est pas ATTAC) mais il faut bien dire qu’ils sont très important pour sortir du capitalisme néolibéral en crise et de sa gouvernance autoritaire et prédatrice. Activité prédatrice contre la nature et contre le travail.
Le terme classisme a spontanément surgit lorsque les altermondialistes ont pointé oralement d’abord les différentes formes de dominations. Au sexisme, au racisme, au colonialisme est venu s’ajouter le classisme, signifiant domination d’une classe sur une (ou plusieurs) autres. Dans le lexique alter on trouve aussi le communautarisme mais aussi le post-colonialisme.
1 - Le classisme correspond à la domination capitaliste dans le monde. Les rapports sociaux capitalistes ont formé un ordre hiérarchisé complexe du monde qui mélange domination des grands Etats-nation et domination de la bourgeoisie contre les travailleurs et les travailleuses salariées mais aussi contre les travailleurs indépendants dont les paysans. Ces bourgeoisies dominantes sont celles du Nord mais dans une moindre mesure celles dites compradores du Sud. Les peuples du sud - paysans ou salariés - ne subissent pas seulement l’impérialisme des firmes transnationales du nord aidées par les grandes institutions mondiales du commerce et de la finance ils souffrent aussi de la domination de leur propre bourgeoisie.
2 - Le sexisme est aussi une domination transversale à tous les pays . Jules Falquet en donne les grandes lignes : 1- les femmes sont embarquées dans la mondialisation néolibérale ; 2 - Les institutions internationales compris l’ONU s’emploient à intégrer les femmes dans ce mouvement, en s’appuyant sur leur "désir de participer" ; 3 - Face aux dominations subies les femmes doivent s’organiser en mouvement de lutte autonome. Lors de l’Université d’été du CADTM 2009 elle précisait : Quand elles participent aux mouvements sociaux de lutte contre le néolibéralisme - et elles le font massivement - elles doivent aussi "questionner" systématiquement la reproduction patriarcale qui y perdure. Quel modèle familial proposent les militants masculins ou les identitaires ? Les femmes appartenant à des mouvements identitaires doivent questionner la tradition culturelle du point de vue des intérêts des femmes. Ce questionnement concerne tous les peuples de toutes les cultures et de tous les continents. L’auteure s’est appuyée sur les expériences et les réflexions des féministes latino-américaines. Une femme indienne du Mexique dit-elle n’est pas une femme qui est en plus indienne et de surcroît pauvre : il s’agit d’une personne qui est à la fois racisée, sexisée et classisée, et ces trois dimensions de son expérience sont inséparables.
Le racisme est aussi une plaie qui ronge chaque pays et chaque continent. Il prend évidemment plusieurs formes avec des dominantes variables. On retrouve toujours le racisme opérant sur la couleur de la peau - noirs ou blancs selon le lieu - en plus du racisme contre les Juifs ou celui contre les Arabes. La religion fait aussi objet de racisation donc de racisme.
Le racisme s’explique ici ou là par le passif postcolonial des pays ex-coloniaux. De plus l’impérialisme inscrit dans la thèse du Choc des civilisations de Huttington vient donner un regain de force au racisme antiarabe sous la forme du racisme antimusulman (2).
Au-delà des rapports sociaux de classe, de sexe, de racisme il y a aussi le poids répressif des grands appareils, des grands dispositifs xénophobes : On connait tous de nombreux cas ou l’on trouve un cumul des dominations. Telle femme sans-papier subie les violences de son compagnon mais aussi celle de la police puis finalement celle de l’Etat
Voilà l’arrière-plan d’une activité à mener en 2010.
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Christian DELARUE est animateur de la commission"mondialisation" et membre du bureau exécutif et du conseil d’administration du MRAP.
Intervention sur les deux contributions de l’AG du MRAP ci-dessous :
* La résistance contre la mauvaise mondialisation doit se faire par l’adhésion à la bonne mondialisation. C Delarue
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1003
* AUTRE MONDIALISATION DES PEUPLES-CLASSE : Construire un monde commun vivable, divers, laïque, pluriel et sans sexo-séparatisme.
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1004
1) Sur l’intervention de Jules Falquet
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article722
Son livre : "Degré ou de force - les femmes dans la mondialisation" par Jules FALQUET, publié aux éditions "La Dispute" série Legenredumonde
2) La "laïcité ethnique", la racisation et le racisme
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article1012