A l’origine, le Canard enchaîné était un journal satirique de tendance anarchiste, résolument anticlérical et antimilitariste. Puis, il a glissé vers le centre. Il cultive un poujadisme racoleur qui cible les élus et fait souvent l’impasse sur les capitalistes. Son antiparlementarisme de facto flirte avec le « Tous pourris ».
Ses informations proviennent essentiellement de la lecture des autres journaux, de dénonciations par des lecteurs, d’officines discrètes et de rouages de l’Etat (fuites calculées, coups bas, règlements de comptes…). Instrumentalisé, il est à l’information impertinente ce qu’EELV est à l’écologie.
Il a une ligne éditoriale discrète :
- Si vous voulez savoir pourquoi Jean-Luc Mélenchon devrait aller en prison ou être déclaré inéligible, c’est là.
- Si vous voulez tout savoir sur Julian Assange, c’est ailleurs.
- Si vous voulez savoir quel élu doit être balancé avec les porcs, c’est là.
- Si vous voulez des dossiers sur le train de vie, les propriétés, la domesticité, les orgies de pédophiles milliardaires, c’est ailleurs.
On achète le Canard enchaîné parce que c’est démago, facile à lire (langage populaire, pas d’intellectualisme ni de concepts compliqués), rigolo, pas cher et qu’on a l’impression de s’encanailler, mais pas trop.
On pourrait bien lui préférer Charlie Hebdo (spécialiste du pipi-caca-couille-bite), mais cet hebdo, sali à jamais par Philippe Val et par ses successeurs, aime trop l’OTAN et s’acharne contre les pays d’Amérique latine qui résistent à l’Oncle Sam.
Il reste Fakir, de François Ruffin, mais, hélas, ce n’est pas un hebdomadaire.
Théophraste R. Futur lanceur de la pétition (voire de la souscription) pour que Fakir paraisse toutes les semaines sous le titre « Le Fakir déchaîné » sur un bandeau « Journal anticapitaliste paraissant le mercredi ».