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Peut-on le croire ?

Pour Elena Poniatowska qui fete son anniversaire, l’une des Grandes Mexicaines.

Qui-est Peña Nieto et comment va-t-il gouverner ? Il nous promet une « Présidence Démocratique », mais l’évidence est contre lui.

Le 11 mai il était en train de dialoguer avec les étudiants de l’université Iberoamericana et il était questionné à propos des évènements d’Atenco en 2006. Il a assumé la responsabilité mais il a menti en disant que la « cour Suprême » avait « validé » sa « décision de faire usage (…) de la force publique ». En fait, le tribunal supérieur a conclu qu’il a eu « des graves violations des droits de l’Homme ». Cela a provoqué la colère des jeunes, qui l’ont mis dehors en l’interpellant avec force. Cela a marqué le début d’un mouvement avec des conséquences imprévisibles.

Dans les jours suivants, le PRI a continué à tordre le cou à la rigueur informative. Ils ont maquillé les évènements en présentant une vidéo selon laquelle tout avait été impeccable. Ils ont questionné la légitimité des étudiants et ont intimidé les plus actifs en comptant pour cela avec la complicité certains médias.

Les membres du PRI ont également agressé physiquement des petits groupes qui ont essayé de protester contre Peña Nieto. Cela a eu lieu à Córdoba (état de Veracruz) et également à Saltillo et Colima, où une trentaine de manifestants fut agressé dans un premier temps par un fonctionnaire de l’état et après par un groupe de 80 membres du groupe Juventud Dinámica (Jeunesses Dynamiques -cela ne s’invente pas-NdT) pendant que la police municipale regardait ailleurs...pour finalement intervenir et arrêter sept des contestataires.

Pendant cette semaine-là , Peña Nieto a soutenu la thèse selon laquelle la « gauche a monté des protestations contre moi » sans nullement reconnaitre que son gouvernement avait massivement viole des droits De l"homme. Il n’a pas non plus condamné les militants de son parti qui avaient attaqué les manifestations contre lui. Le lundi il a opéré un virage radical en présentant, devant le groupe d’intellectuels connu comme les « Preguntones » (littéralement, « ceux qui posent trop de questions ») un Décalogue du Bon Démocrate.

Dans une manoeuvre inespéré -et peut être cordonné- Televisa est passé du silence -ou dédain- a une couverture équilibrée des faits. Dans l’émission d’analyse politique « Tercer Grado » du mercredi 16, il a eu des critiques au PRI et éloges aux jeunes. Le lundi 21, Carlos Loret de Mola (Journaliste Televisa aux ordres du système NdT) a dédié une longue note aux insurrections des jeunes. Ce virage suffira-il à apaiser et démobiliser les jeunes ?

Mon impression première est que l’effervescence des jeunes est un refus frontal d’une manière de faire de la politique attribué au PRI mais qui a également été emprunte -avec plus ou moins de fortune- par les autres partis. Leur colère contre l’insécurité, le chômage total ou partial, la manipulation intentionnelle et permanente de l’information et la corruption -mise en évidence par les excès de la fille du leader des travailleurs pétroliers Carlos Romero Deschamps- est largement justifiée.*

Passons à la géopolitique des protestations. La force de ce mouvement se trouve dans la capitale et dans les réseaux sociaux. On est passé d’une protestation de 300 jeunes a un meeting de 45 mille manifestants en l’espace d’une semaine (chiffres du journal Reforma) Le District Fédéral leur a donné sa sympathie et son support parce cela est dans notre intérêt de le faire. Si le PRI venait emporter les élections, la démocratie naissante de la capitale se trouverait assiégée. Pour ma part, je me déclare « Peña-sceptique » car entre la promesse d’une « présidence démocratique » et les faits, je donne plus de poids à ces derniers.

Comparons maintenant le District Fédéral avec l’état de Veracruz et la manière dont 12 media locaux ont traité l’agression aux manifestants anti-Peña Nieto. Mise à part La Jornada de Veracruz, qui a dédié un article assez fourni, le reste a tout fait pour passer sous silence ou bien minimiser les faits. Trois journaux imprimés (dont El Sol de Cordoba) n’ont rien publié du tout et les autres se sont bornés a des spéculations sur la militance des contestataires et à mettre en avant le message de Peña Nieto selon lequel il ne fallait pas « tomber dans la provocation ».

Dans une situation aussi dynamique est impossible anticiper ce qui suivra. Pour l’instant, la seule certitude est que les élections entrent dans une zone de turbulences et incertitudes, propice à des conséquences inattendues. Par exemple, le virage dans la politique éditoriale de Televisa pourrait bien démobiliser les jeunes, mais il est également possible qu’elle sème le germe de la contestation dans d’autres villes.

Pendant que les nuages se dissipent, le PRI et ses candidats sont inquiets. Peña a, dans un premier temps, puis annule, pour finalement accepter de participer au Sommet Citoyen ou il a souligné qu’il n’aurait pas de retour à l’autoritarisme. A Jalisco, le candidat à gouverneur Aristóteles Sandoval a annoncé qu’il ne se présenterait pas au débat avec la communauté de l’ITESO (Université Jésuite de Guadalajara) le 29 Mai sous l’argument de la possible présence de groupes « hostiles » et des « tiers personnes » qui leur seraient associées.

Le PRI de Peña Nieto est un danger pour notre démocratie naissante et les jeunes représentent un obstacle pour les tentations autoritaristes. Soyons avec eux, tout en respectant leurs rythmes et leurs styles.

Sergio Aguayo

Colaboración de Abraham Rojas M.

Notes du traducteur.

*Il y a quelques jours a éclaté le scandale « pipol » des photos mises sur sa page de Facebook, dans laquelle, cette fille d’un « modeste » travailleur pétrolier se montrait pendant ses voyages autour du monde dans des palaces, yachts et avions privés en compagnie de ses trois chiens.

Traduction (mexicainisssime) par NOMANCHES

url de l’article :
http://www.sergioaguayo.org/html/columnas/Podemoscreerle_230512.html

URL de cet article 16796
  

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