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Quand je serai grand, je serai "patron" à moi tout seul.

Chère monsieur LGS,

Voici ma dissertation sur "mon pays" que mon instituteur pense va vous amuser. Je vous dirai pas où je suis mais comme vous êtes des grands, je pense que vous allez trouver.

Dans mon pays, on est une "démocratie", c’est à dire que nous votons (pas moi, je suis trop petit) pour les uns ou les autres partis politiques, mais puisqu’ils sont tous pareillement démocratiques, pas besoin de réfléchir, on peut pas se tromper.

Dans mon pays, les politiciens on les reconnait facilement car ils se ressemblent tous, ils parlent et s’habillent pareils et disent tous la même chose (que je ne comprends jamais, d’ailleurs). Ils ne répondent jamais à une question "simplement", mais font de longs discours. Ca fait tout drôle de les entendre mais ça m’endort.

Dans mon pays, on a la "liberté d’expression". Je ne sais pas où et comment ça marche car personne ne dit rien vraiment, mais je sais qu’ils peuvent dire n’importe quoi, s’ils veulent (c’est un truc de grands), Je l’ai vu à la télé. Aussi, on peut aller à la "manifestation", si on demande poliment la permission. Mais la manifestation, c’est pas très bien car les manifestants ne sont jamais contents et ne cherchent qu’à attaquer la police qui sont là pour les protéger (contre qui, je ne sais pas, peut-être contre d’autres manifestants pas contents).

Dans mon pays, c’est la liberté "d’entreprise capitaliste". On m’a expliqué (car toujours trop petit) que c’est le droit de tout le monde d’être "patron", car on peut choisir d’être patron ou pas. Chez nous à la maison, on n’est pas "patrons", et tous les matins on se lève très tôt et on n’arrive à la maison que tard. A la maison, on ne parle pas beaucoup car on est fatigués et c’est souvent la mauvaise humeur parce qu’on n’a jamais assez d’argent pour payer les choses. Mon père dit toujours, "qu’il n’y en a que pour les riches" (ça non plus, je ne comprends pas).

Dans mon pays, on n’aime pas les "communistes", parce que les communistes n’aiment pas les patrons et les riches, et qu’ils veulent tout partager avec les pauvres. Déjà qu’on n’a pas beaucoup, je ne vois pas ce qu’on pourrait partager ; mon scooter que j’ai eu pour Noel ? Pas question. D’abord, on peut pas monter à deux.

Etre patron, c’est mieux et on n’a pas besoin de partager. Le problème, c’est tous les "pas patrons".

Je pense que si on était tous "patrons", on n’aurait pas besoin de faire travailler tous les "pas patrons" et de leur donner de l’argent pour vivre.

C’est pour ça que quand je serai grand, je serai "patron" à moi tout seul.

Car c’est mieux d’être tous riches que d’être tous pauvres, non ?

ADSkippy (10 ans)

PS ; Mon père, en lisant ce que je vous écris, a craché son apéritif et s’est mis à tousser en disant des gros mots que je ne peux pas répéter, mais c’était quelque chose à propos de ce qu’on nous apprend à l’école.

Si vous aimez, je peux vous en écrire d’autres, faciles à comprendre pour mes copains d’école, car vos trucs à vous, on n’y comprend rien. Mais les images, ça va.

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Préface, Dominique Vidal - Texte, Leïla Khaled Rogério Ferrari n’est pas un reporter-photographe. Il ne scrute pas, ne témoigne pas, n’écrit pas d’images. Il s’emploie à rendre au plus grand nombre ce qu’il a reçu en partage : l’humanité tenace de celles et ceux à qui elle est déniée. Existences-Résistances est un alcool fort, dont l’alambic n’a pas de secret ; il lui a suffit de vivre avec celles et ceux qui en composent le bouquet. Au bout de ces images, point d’ivresse. Mais un (…)
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