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Rapprochement Carrefour-Casino : « l’ardoise sociale » qui peut faire craindre le pire

Entre démentis et révélations fracassantes, les rumeurs vont bon train autour d’un éventuel rapprochement entre Carrefour et Casino. Bien que les modalités exactes d’une telle opération soient encore du domaine des conjectures, de nombreuses voix se font déjà entendre pour alerter sur les conséquences pour l’emploi d’un tel rapprochement.

Renaissance et mort de Dia sans fleur ni couronne...

Retour en 2014 : le groupe espagnol Dia annonce la fermeture en France de ses magasins en raison de résultats décevants ; 7500 emplois sont directement menacés. En juin 2014, Carrefour annonce racheter plus de 800 magasins du groupe pour près de 650 millions d’euros. Selon une source proche du dossier interrogée par Le Monde, l’offre comprend « des engagements sur l’emploi, notamment de ne pas pratiquer de suppressions de postes ». Mais l’enseigne Dia est en difficultés : le modèle du hard discount est en crise en France. Après une année 2013 morose, avec un chiffre d’affaires en baisse de 10,9% à 2,18 milliards, Carrefour renonce à communiquer les chiffres pour 2014. Entre 2015 et 2017, les enseignes ex-Dia passent toutes sous marque Carrefour Contact ou Carrefour City, trois années au cours desquelles Carrefour martèle son intention de ramener l’enseigne à l’équilibre.

En 2015, on est encore loin du compte puisque le réseau ex-Dia, en incluant les frais de conversion des magasins, accuse 72 millions d’euros de pertes. En 2016, Georges Plassat, alors PDG de Carrefour, annonce que l’opération est « d’ores et déjà un succès », en dépit de « résultats contrastés » selon ses termes, rapportés par le magazine Linéaires. En réalité, les pertes de l’exercice ont encore doublé depuis 2015... D’entrée de jeu, l’opération n’était de toute façon pas un coup de maitre financier : si le prix d’achat est tout à fait décent, il convient de rappeler que Carrefour s’est séparé de Dia en 2011 en cotant l’entreprise à Madrid pour... zéro euro, chaque actionnaire de Carrefour devenant actionnaire de Dia au prorata de sa participation. En somme, un cadeau aux actionnaires en 2011 payés cash lors du rachat en 2014.

Mais le principal problème pour Carrefour est d’ordre stratégique : saisissant l’occasion d’un bond de croissance externe et de gains rapides en parts de marché, l’enseigne a réinvesti avec Dia le créneau du discount, créneau qu’elle avait pourtant quitté en 2012, avec la fermeture de son dernier magasin Ed. Cette opération menée à la hussarde et ce va-et-vient laissent perplexes les observateurs, qui s’interrogent sur le cap stratégique de l’entreprise. Se défendant des accusations d’opportunisme, Carrefour met en avant l’extension de son réseau vers des zones où l’enseigne veut renforcer son implantation, sud-est de la France et région parisienne en particulier. En 2017, les pertes ont pourtant atteint 150 millions par an : l’opération Dia, à ce moment, a déjà couté plus d’un milliard d’euros sans rapporter un centime.

La méthode Carrefour à l’épreuve

Début 2018, la direction de Carrefour décide de siffler la fin de la partie et de passer par pertes et profits les magasins qui ne trouveront pas de repreneurs. Dans le cadre d’un vaste plan de restructuration, la chaîne impose 2400 « départs volontaires » au groupe Carrefour, et plusieurs milliers de licenciements secs. Chez Carrefour, les ex-Dia se savent être le principal vivier des suppressions de postes annoncées.

L’opération de liquidation est ainsi menée avec beaucoup plus d’efficacité que le rachat et 273 magasins se retrouvent sur la sellette. Un PSE est signé en avril par la majorité des syndicats : celui-ci garantit que deux à trois propositions de reclassement seront obligatoirement faites aux 2000 salariés. La CGT, non signataire du PSE, accuse Carrefour de ne pas véritablement chercher de repreneurs, une position dans le sens de laquelle abonde la webzine LSA Conso : « Difficile de croire en effet que tous les salariés retrouveront un poste. » Difficile également dans ces conditions de donner tort aux plus pessimistes : 1500 salariés sur 2000 se trouvaient encore sans solution de reclassement en aout 2018. Mais du côté de Carrefour, la page Dia est déjà tournée et oubliée.

Alors, lorsque s’ébruite l’intention de Carrefour de se rapprocher du groupe Casino en septembre 2018, la tension est sérieusement montée au sein du groupe Casino. Alors que le groupe fait face à des difficultés boursières depuis l’été, une vingtaine de magasins devrait prochainement changer de pavillon, officiellement pour améliorer la rentabilité. Leclerc s’est dit intéressé par une partie d’entre eux. Quoi qu’il en soit, bien malin celui qui pourra dire ce que sortira de ce jeu de bonneteau dans la grande distribution. La seule certitude concerne les salariés qui paieront une partie de la note quoi qu’il arrive. D’autant qu’après l’épisode Dia, Carrefour doit surtout digérer les conséquences et le bilan des choix de ces dernières années. Une chose est sûre, chez Carrefour comme chez Casino, tout le monde a encore en mémoire l’épisode Promodès : déjà à l‘époque, l’opération de concentration avait l’ait très séduisante sur le papier. Mais entre les guerres de clochers, et les luttes entre marques dans un univers ultra concurrentiel, aucune concentration n’a de toute façon permis de trouver la croissance espérée. Vue comme un palliatif aux situations de panne de croissance, les concentrations n’ont jamais eu les effets et l’efficacité escomptées. Et si quelques très hauts salaires ont tiré un bénéfice substantiel de telles opérations, des milliers de salariés y ont, eux, gagné un aller simple pour Pole Emploi.

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