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"Sans le coup d’Etat de 2014, l’Ukraine vivrait en paix"

Interview d’Oleg Nesterenko, président du Centre de Commerce et d'Industrie Européen, accordé à la publication "L'Eclaireur des Alpes". Partie 1/3

L’Eclaireur - Par-delà la responsabilité de Vladimir Poutine dans le déclenchement de la guerre, quelles sont les raisons qui ont poussé les Russes à intervenir militairement en Ukraine, et quelles en sont les causes profondes ?

Oleg Nesterenko – En parlant des raisons qui ont poussé les Russes à intervenir militairement en Ukraine, les causes profondes et les éléments déclencheurs sont souvent confondus, surtout dans la presse occidentale. Les éléments déclencheurs, on les prend pour les causes. Quant aux causes, on n’en parle même pas ou on raconte un peu n’importe quoi. Il est important de les distinguer les unes des autres.

Il y a deux principaux éléments déclencheurs interdépendants. Le premier, c’est le coup d’état à Kiev en 2014. Sans ce renversement anticonstitutionnel du pouvoir, l’Ukraine vivrait aujourd’hui en paix. Sans ce coup d’Etat, dont on a des preuves tangibles que les États-Unis d’Amérique étaient derrière avec l’aide de leurs suppléants européens, il n’y aurait pas la guerre que nous vivons actuellement. Il est important de souligner qu’avant cet événement de 2014, ni la Crimée, ni la région du Donetsk, ni la région du Lougansk n’avaient la moindre intention de se séparer de l’Ukraine. En Crimée, je n’ai jamais entendu personne, ni parmi les simples habitants, ni parmi les hauts responsables dans les cercles fermés, parler de la possibilité ou nécessité de se séparer de l’Ukraine et de rejoindre la Russie. Il n’y avait aucune raison de le faire.

Et même plus tard, dans le cadre des accords de Minsk, l’idée de la séparation de l’Ukraine des régions de Lougansk et du Donetsk n’était nullement prévue, ni même soulevée. C’est le supplément de l’autonomie vis-à-vis du pouvoir central de Kiev qui était le sujet de l’accord, en commençant par l’autonomie linguistique : le droit des habitants de l’est de l’Ukraine de parler et d’utiliser leur langue natale, langue qu’ils souhaitent et non pas celle imposée par le nouveau pouvoir portant une légitimité plus que discutable.

Le second point déclencheur de la guerre en Ukraine, c’est le massacre d’Odessa de 2014 dont en France on ne parle pas beaucoup. La propagande locale cherche à occulter ce fait major. Il est beaucoup trop gênant.
Quand le coup d’Etat a eu lieu à Kiev et que les ultra-nationalistes, soutenus directement par les Etats-Unis, sont arrivés au pouvoir, les parties de l’Ukraine qui sont russophones et traditionnellement pro-russes - les régions du Donbass, la Crimée, l’Odessa, Nikolaïev, Kharkov russophones - se sont soulevées.

Et quand les extrémistes sont venus à Odessa pour réprimer les manifestations parfaitement pacifiques des habitants, ils sont venus armés pour tuer. Officiellement, il y a eu 48 morts. Réellement - certainement davantage. Et cela n’était pas des morts abstraits, victimes d’un accident quelconque. Ce sont les habitants d’Odessa qui ont été massacrés par des ultranationalistes et néo-nazis venus des régions de l’ouest de l’Ukraine traditionnellement russophobe. Et ces habitants ont été massacrés avec une énorme sauvagerie (violés et, ensuite, étranglés, brulés vif, ...) pour leur refus d’accepter le nouveau pouvoir qui n’a jamais été élu par personne. Les habitants des régions pro-russes ont été profondément traumatisés par cette tuerie, davantage même que par les événements à Kiev, car, cette fois ci, cela s’est passé chez eux et pouvait se reproduire à n’importe quel moment. J’étais en Crimée en 2014 et je me souviens parfaitement des habitants disant « C’est totalement exclu que ces dégénérés viennent chez nous ».

Bien que la quasi-intégralité des auteurs du massacre d’Odessa soit parfaitement connue – il y a une grande quantité de témoignages, des photos et des vidéos avec les visages non dissimulés des participants à la tuerie –pas un seul n’a pas été ni arrêté, ni même inquiété par le nouveau pouvoir ukrainien. Ceci est le début, le fondement de la nouvelle « démocratie » ukrainienne tant admirée par des masses crédules et manipulés en Occident.

Ainsi, après les proclamations d’indépendance des régions de la Crimée et du Donbass vis-à-vis de l’Ukraine qui ont été facile à réaliser, vu qu’au moins les trois-quarts des populations concernées étaient farouchement opposés au nouveau pouvoir qui s’est fait installer à Kiev – les événements à Odessa n’ont fait que reconfirmer le bienfondé de la séparation.

L’Eclaireur - Comment expliquer l’immixtion des Etats-Unis et de l’Union européenne dans des affaires qui auraient pu rester somme toutes régionales ?

Oleg Nesterenko – Parce que les vraies causes profondes de ce conflit sont toutes autres. Ces vraies raisons, il faut aller les chercher du côté des Etats-Unis. Il faut même oublier l’Ukraine parce qu’en fait, elle n’y est pas pour grand-chose. Ce ne sont pas les Ukrainiens qui ont décidé ou décident de quoi que ce soit. Ils sont juste des exécutants et des victimes dans un grand jeu qui les dépasse grandement.

Avant de parler des vraies causes profondes de ce conflit et du rôle sous-jacent de l’occident collectif, il est important de dire quelques mots sur le rôle de la base navale russe en Crimée, à Sébastopol. Le rôle non pas dans le cadre des événements du février 2022, mais de mars 2014.

On a beaucoup parlé de Moscou qui avait l’intention de protéger les populations russes et pro-russes. C’est vrai. C’est une raison humaine. Mais, géopolitiquement, la raison clé de la reprise de la Crimée était la base navale de Sébastopol. La base navale de Sébastopol est un élément stratégique pour la défense de la Fédération de Russie. Celui qui contrôle la base navale de Sébastopol contrôle la mer Noire. C’est aussi simple que cela. Pour le Kremlin, il était donc inconcevable que les Russes qui s’y trouvent depuis toujours, et non pas que depuis 1991, soient chassés et qu’à leur place il y ait des navires de l’Otan et que les Etats-Unis s’y installent. Car c’était bien le projet occidental.

L’Eclaireur - Ce port représente-t-il une quelconque stratégie pour l’Ukraine ?

Oleg Nesterenko – La base navale de Sébastopol n’a aucune valeur stratégique, voir existentielle pour l’Ukraine. L’Ukraine n’a jamais été et ne le sera jamais une puissance navale. Les forces navales ukrainiennes aujourd’hui sont, tout simplement, inexistantes. Sans parler que la présence des Russes n’était pas gratuite. La Russie payait chaque année la location du port. C’était donc plutôt bénéfique pour Kiev de louer la base aux Russes. En revanche, pour l’Otan, c’est un point plus que stratégique. La prise du port de Sébastopol aurait vraiment été une grande victoire géopolitique. Pour Moscou, c’était donc un élément existentiel de ne jamais permettre l’accès à des forces ennemies à la base de Sébastopol.
Après l’entrée en 1952 de la Turquie dans l’OTAN et, ensuite, l’absorption de la Roumanie et de la Bulgarie en 2004, la géostratégie de l’alliance atlantique était et est toujours d’absorber l’Ukraine et la Géorgie en claustrant les forces navales russes dans le port de Novorossiysk – seule base navale restante en eaux profondes, et, ainsi, faisant de la mer Noire la mer interne de l’OTAN.

Malgré les mensonges répétés au fil des années, c’est exactement cela qui a été projeté et dont l’unique cible était bien la Russie. Et ceci même depuis les années 1990 quand les relations Russie-occident étaient à leur plus haut niveau depuis 1944 ; à l’époque, le pouvoir de Moscou était encore très ouvert et trop naïf vis-à-vis des intentions de l’occident collectif américano-centrique.

L’Eclaireur - L’Ukraine ne serait donc qu’un pion et l’Europe une sorte d’échiquier ?

Oleg Nesterenko - Malheureusement, c’est exactement le cas. Et les responsables à Kiev sont parfaitement au courant de la situation. Je ne crois pas une seule seconde que Zelensky et son entourage ne soient pas conscients du rôle réel qui est le leur.

Pour revenir aux raisons profondes de la guerre en Ukraine, il n’y a pas une, mais trois raisons clés. C’est, d’une part, la volonté de continuation de la domination mondiale par le système monétaire américain, donc le dollar. La guerre en Ukraine, c’est, avant tout, la guerre de la monnaie américaine (à suivre dans notre second volet).

La deuxième raison, c’est la réduction maximale des relations économiques entre la Russie et l’Union Européenne. Ce n’est pas la Russie, mais l’Union Européenne qui est le concurrent majeur des Etats-Unis sur le marché mondial. Diminuer la compétitivité des européens en les privant d’un des éléments majeurs de la régulation du coût de revient de leur production industrielle qui est l’énergie russe bon marché était l’un des éléments clés de la politique étrangère américaine.
La troisième raison, c’est la volonté de l’affaiblissement significatif de la Russie et donc de ses capacités d’intervention vis-à-vis du futur conflit majeur qui aura inévitablement lieu entre les Etats-Unis et la Chine et dont la Russie est « la base arrière » énergétique et alimentaire de cette dernière. Quand la phase active des hostilités sino-américaines verra le jour, sans la Russie derrière, l’économie de la Chine sera condamnée.

L’Eclaireur - Comment expliquer que les Américains n’aient pas essayé (s’ils n’ont pas essayé) de déstabiliser la Russie en interne comme ils l’ont fait en Ukraine ?

Oleg Nesterenko - Ce mode opératoire fait partie de leur doctrine. En Ukraine ils ont réussi, mais il ne faut pas oublier qu’auparavant, ils ont déjà fait exactement la même chose en Géorgie, en 2003, où ils ont parfaitement réussi le coup, et ont essayé de reproduire le même scénario et en Biélorussie et au Kazakhstan, entre autres. Cela n’a pas marché en grande partie grâce aux soutiens de la Russie aux pays visés.

Bien évidement qu’ils ont essayé de déstabiliser la Russie de l’intérieur. Et, de leur point de vue, ils ont parfaitement raison de le faire, car la seule et unique possibilité de faire effondrer la Russie, c’est de l’intérieur. Non seulement ils l’ont essayé, mais ils continuent d’essayer. Sauf que le mode opératoire de l’adversaire est parfaitement connu et les structures de la sécurité interne du pays sont bien adaptées pour lutter contre la menace.

La Russie n’est pas la Géorgie, et encore moins l’Ukraine, compte tenu de sa puissance et de ses structures politiques très largement soutenues par la population. La Russie est beaucoup plus stable.

L’Eclaireur - La Russie n’a-t-elle pas néanmoins sous-estimé la capacité de résistance des Ukrainiens ?

Oleg Nesterenko - Rappelez-vous les expertises, sérieuses, qui ont été faites sur la capacité de l’Ukraine à maintenir la résistance contre la Russie. A l’époque, juste avant le déclenchement, il était estimé que l’Ukraine ne pouvait tenir qu’un temps très limité face à la Russie.

Contrairement aux informations développées dans les mass médias occidentaux et malgré les événements que l’on observe sur le terrain depuis plus d’un an, j’aimerais souligner que ces experts qui ont prévu que l’Ukraine ne pourrait résister qu’un temps limité n’ont eu nullement tort. Ils ne se sont nullement trompés dans leurs prévisions.

Mes paroles peuvent paraitre étonnantes vis-à-vis de ce qu’on observe depuis plus d’un an. Pourtant il n’y a pas à s’étonner. Il ne faut jamais oublier que le déclenchement de la phase active des hostilités a eu lieu fin février 2022 et que déjà fin mars 2022, il y a eu des pourparlers à Istanbul entre l’Ukraine et la Russie. Pour quelles raisons une partie qui se sent forte et qui sait qu’elle a encore des capacités considérables de résistance se mettrait-elle autour d’une table de négociations pour convenir d’une forme de reddition ? Ça n’arrive jamais ainsi. Les Ukrainiens se sont mis autour d’une table de négociation étant conscients que leurs capacités de résistance étaient très limitées.

A Istanbul, quand les deux parties ont trouvé un consensus sur la majorité d’éléments clés de l’accord sur l’arrêt des hostilités, quand ils ont été pratiquement à un pas de la ratification du document de l’accord de paix, il y a eu un virage à 180 degrés du côté ukrainien. Pourquoi ? Il ne faut pas avoir une grande expérience dans le monde des affaires pour savoir : dans le cadre de négociations, quand une des deux parties fait volte-face du jour au lendemain, cela ne signifie qu’une seule chose - que cette partie a eu une contre-proposition de la part des concurrents de ceux qui sont en face d’elle. C’est comme cela que cela se passe dans le monde des affaires. Dans la politique c’est pareil.

Si l’Ukraine a pu se permettre le luxe de faire une croix sur l’accord de paix, c’est tout simplement qu’elle a reçu une contre-proposition. Et cette contre-proposition ne pouvait venir que du camp occidental. Les évènements qui ont suivi ont dévoilé les éléments de cette proposition : l’Ukraine a reçu une proposition pour l’ouverture d’une gigantesque ligne de crédit partiellement payable en armement. En contrepartie, l’Ukraine devait s’engager à s’interdire de conclure un accord d’arrêt de guerre face à la Russie et fournir « la main d’œuvre » combattante. C’était ça l’accord.

Afin de répondre au second engagement de Kiev, les frontières nationales de l’Ukraine pour sortir du pays ont été fermées. En France, on n’en parle pas beaucoup - car c’est une vérité trop gênante - mais au début de la guerre il y a eu un gigantesque exode des populations des territoires de l’Ukraine, notamment de la population masculine. Les hommes savaient que s’ils ne partaient pas, ils seraient envoyés à la tuerie. Quand on parle à la télévision occidentale de l’héroïsme ukrainien, ça me fait sourire sachant parfaitement que le pays se serait vidé des futurs combattant en un temps très réduit si les frontières n’étaient pas interdites de passage.

Entre parenthèses, il faut savoir que pour quitter l’Ukraine depuis la fermeture des frontières et encore aujourd’hui, il faut débourser un pot de vin aux fonctionnaires de la douane ukrainienne qui va de 7 à 10 000 dollars américains. C’est pour dire que pratiquement aucun riche ukrainien ne combat pas en Ukraine. Mourir aujourd’hui en Ukraine - c’est le sort des pauvres. Cette information provient directement de nombreuses personnes qui l’ont payé pour quitter le pays et que je connais personnellement.

L’Eclaireur - Les réfugiés ukrainiens ont en Europe bénéficié d’un statut très protecteur, comparé notamment aux Syriens ou aux Afghans. Mais selon vous, c’est usurpé ?

Oleg Nesterenko – C’est bien le cas. D’une part, le bloc “atlantiste” est directement responsable de l’exode des populations syriennes et afghanes – il faudrait un article à part pour énumérer les actions de “bienfaisance” commises par ce bloc contre ces pays et leurs désastreuses conséquences. Et je ne parle pas uniquement, par exemple, de l’acte d’agression de la Syrie lequel est juridiquement considéré en tant que crime d’agression, selon les points a, b, c et d du paragraphe 2 de l’article 8bis du Statut de Rome de la CPI tant chérie et mise en avant ces temps-ci par ceux qui la financent. Il faut remonter bien plus loin, notamment aux origines de la création de divers courants et structures, dont l’Etat islamique. Si nous sommes dans la logique de l’accueil des réfugiés venus de tous les horizons, alors, c’est bien ces deux populations qui ont le plus de légitimité pour en bénéficier, sans compter les Libyens, dont les sous-traitants des Etats-Unis ont anéanti l’avenir de leur pays.

D’autre part, concernant les réfugiés ukrainiens, notamment en France, il y a ce que l’on connaît d’eux via les mass médias et il y a la réalité qui diffère grandement de la propagande. Les médias occidentaux présentent les Ukrainiens en tant qu’un groupe d’individus qui ont fui la guerre. C’est le narratif que l’on connait. La réalité n’y correspond pas du tout.

Les réfugiés ukrainiens sont très loin d’être un bloc homogène. Il y a une très nette séparation entre les réfugiés venus de l’est et ceux venus de l’ouest du pays. Ceux de l’ouest du pays, territoires traditionnellement nationalistes, ont fui l’Ukraine, tandis que leur région ne se trouvait sous aucune réelle menace. Ils ne risquaient rien, ni au début de la guerre, ni aujourd’hui. Dès le second mois du conflit, il était déjà clair que la Russie n’était nullement intéressée par cette zone. L’ouest de l’Ukraine, ce n’est ni la Syrie, ni l’Irak. La réelle motivation du départ d’habitants de cette zone vers l’Europe n’est nullement humanitaire, mais économique.

Il faut savoir que depuis la chute de l’Union soviétique, les régions de l’ouest de l’Ukraine ont toujours vécu dans une grande pauvreté, à la limite de la misère : pratiquement toutes les richesses du pays sont concentrées à Kiev et à l’est de l’Ukraine. De 1991 au 2022, des millions d’Ukrainiens, majoritairement des régions mentionnées, sont partis travailler à l’étranger. Il y a deux destinations pour ces travailleurs : la Russie et l’Union européenne. Vous l‘ignorez certainement, mais même aujourd’hui il y a plus d’un million de travailleurs ukrainiens sur le sol russe. Et je ne vous parle que du chiffre officiel de ceux qui disposent d’un permis de travail officiel. Avec le marché du travail au noir on estime qu’il y a plus de 3 millions de citoyens ukrainiens travaillant en Russie. Le nombre traditionnellement très élevé de travailleurs illégaux ukrainiens est dû à la politique de tolérance à leur égard qui a toujours eu lieu en Russie : ils ne risquent pas beaucoup d’être arrêtés.

D’autres sont partis travailler au noir dans l’Union européenne. Quand vous avez une personne d’un village qui part travailler vers l’Europe, à terme, c’est parfois la majorité de la population du village en âge de travailler qui suit son chemin, les uns après les autres. Dans sa majorité écrasante, les hommes travaillent dans le bâtiment et les femmes qui accompagnent leurs maris - en tant que femmes de ménage. Les hommes font surtout des “rotations”, car la plupart du temps, leurs familles restent au pays. Et on parle ainsi de millions de personnes. Si parmi vos lecteurs, un grand nombre n’a jamais entendu parler de cela, sachez qu’en Ukraine il n’y pas une seule personne adulte dans tout le pays pour qui mes propos ne sont une banalité.

Avec le déclenchement de la guerre, un grand nombre de familles sont parties rejoindre leurs maris travaillant au noir dans l’Union européenne. Beaucoup d’autres ont vu une opportunité pour partir et changer de vie. En partant, beaucoup ont fait louer leurs biens immobiliers à des réfugiés de l’est du pays qui ne sont traditionnellement pas attirés par les richesses de l’Europe et préfèrent rester en Ukraine.

Il y a un véritable scandale en Ukraine, dont vous n’allez jamais bien évidemment entendre parler, sur les profiteurs de guerre qui n’ont jamais été en danger et qui sont partis toucher des allocations en Europe en louant à des prix exorbitants leurs biens à de vrais réfugiés, vu la demande qui a explosé et qui a fait démultiplier les prix dans le locatif. Ce ne sont nullement des cas isolés, mais une très grande pratique dans l’intégralité des régions de l’ouest du pays. Au point qu’aujourd’hui il y est impossible de trouver le moindre bien à louer qui ne soit au prix, tout au moins multiplié par deux, et même par cinq par endroit, par rapport à celui pratiqué avant la guerre.

En tout cas, ceux qui sont originaires de l’ouest de l’Ukraine et qui ne sont pas dans l’Union européenne pour des raisons économiques, sont déjà repartis chez eux depuis un moment. Je suis formel.

En revanche, ceux qui sont originaires de l’est du pays, territoires traditionnellement pro-russes, ont fui un danger on ne peut plus réel. Parmi eux, ceux qui sont partis vers l’Europe sont ceux qui n’ont pas eu de moyens financiers pour rester à l’ouest de l’Ukraine qui est une zone d’une parfaite sécurité, mais où ils se font dépouiller par des locaux qui, par ailleurs, les détestent presque autant que les Russes. Et ce que les Européens ignorent, c’est que parmi ces vrais réfugiés beaucoup sont foncièrement pro-russes et haïssent le régime de Kiev et tout ce qu’il représente. S’ils ne sont pas partis vers la Russie, ce n’est dû qu’au fait qu’il n’était pas possible de traverser la ligne de front. Ils n’avaient qu’une possibilité de fuir : vers l’ouest.

En France, vous avez une part relativement importante de réfugiés ukrainiens qui sont parfaitement pro-russes, mais qui se taisent, car ils savent qu’il ne faut surtout pas que l’accueillant intoxiqué par sa propagande apprenne la vérité les concernant et les rejette pour des raisons politiques. Ce sont surtout des personnes âgées de plus de 45 ans, ceux qui ont reçu une éducation encore sous l’URSS. Ce ne sont nullement des nostalgiques du passé soviétique, loin de là. Ce sont juste ceux qui savent exactement ce qu’est la Russie et le monde russe, car ils y ont vécu.

L’Eclaireur - On a une idée du nombre d’Ukrainiens qui ont fui l’Ukraine ?

Oleg Nesterenko - Je ne dispose pas de chiffres précis mais on parle de millions qui sont partis vers l’Europe, dont plus de 100 000 vers la France. Il faut se rappeler que les frontières ont été fermées dès le mois de mars 2022, sans quoi la quasi-intégralité de la population masculine âgée de 18 à 60 ans aurait fui le pays et il ne resterait plus personne à envoyer à l’abattoir. Mais le pays qui a accueilli le plus de réfugiés, c’est bien la Russie. Il y a plus de 3,2 millions de personnes. Et parler des départs des habitants ukrainiens vers la Russie d’une manière forcée n’est que signe d’imbécilité et de déconnexion totale de la réalité.

 https://eclaireur.substack.com/p/sans-le-coup-detat-de-2014-lukraine
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COMMENTAIRES  

03/06/2023 21:16 par Vania

Article très intéressant.
Une autre information : Nikola Mirkovic, humanitaire français est allé au Donbass au mois de mai pour apporter de l’aide aux enfants Voici son témoignage, très touchant.
À regarder avec VPN si besoin :
https://francais.rt.com/opinions/105765-dans-donbass-humanitaire-francais-nikola-rage-continuer-vie

04/06/2023 10:51 par Bostephbesac

Merci Vania.
Très embarassé de le dire, mais hélas c’ est ainsi : en 1 an, le seul média à lui avoir donné parole s’ appelle CNEWS (et oui), et ce sont "Riouriou" et "Mathieu" qui l’ ont interviewé . Aucun autre média, ou jounaliste, à ma connaissance, c’ est dire le niveau de "liberté d’ expression" en France, désormais.

04/06/2023 11:46 par michel PAPON

La guerre prend une tournure inquietante avec l’arrivée prochaine des F16 à double capacité d’armement conventionnel et nucleaire.
Dejà des patrouilles d’avions OTAN equipées de bombes B61-12 ont commencé en violation des regles interdisant le sotckage de ces armes en E4urope.

04/06/2023 21:43 par Auguste Vannier

Pourquoi donc en mon for intérieur j’ai tendance à croire plus volontiers ce que nous dit sans mâcher ses mots Oleg Neterensko que ce que racontent nos dirigeants, editocrates patentés (stipendiés probablement) , et bien sûr nos "journalistes perroquets" ? Je ne parle même pas notre Président que je n’écoute plus, préférant fermer la radio et les écrans, ou prendre une casserole.
J’en viens même a m’interroger sur ce que signifie désormais d’être un citoyen français.

05/06/2023 07:58 par babelouest

@ Auguste Vannier

J’en viens même a m’interroger sur ce que signifie désormais d’être un citoyen français.

Si chacun dans son coin commence à réfléchir à ce qu’est la Constitution (article par article), et ce qu’elle pourrait ou devrait être, tout n’est pas perdu. Je l’ai fait, j’ai commencé en 2010 mais il m’arrive encore de modifier un mot.... voire une phrase entière ! Une Constitution est un délicat équilibre entre des centaines de facteurs.

07/06/2023 20:40 par PAUL JH

Donc pour m. Oleg Nesterenko lorsqu’on vit dans un état pseudo démocratique et pour tout dire totalitaire il faut fermer sa gueule et accepter l’absence d’opposition politique, de média libres et de justice indépendante ?
Effectivement quand une population ne veut pas de ce type de régime, je répète pseudo démocratique, il n’est pas étonnant de voir le peuple se soulever.
Maintenant les supots de la grande Russie peuvent être outragé mais beaucoup préfère vivre en occident que sous le joug sovieto-russe.

08/06/2023 06:13 par Xiao Pignouf

@Paul JH

On ne blâme pas un peuple qui se soulève, on blâme ceux qui le manipulent.

Lorsque le peuple français se soulève contre la Macronie par exemple, Victoria Nuland et l’ambassadeur américain ne viennent pas distribuer des biscuits aux manifestants derrière les barricades ou bien décider de la composition du gouvernement qui remplacera celui qu’ils veulent faire tomber, pas plus qu’il n’y a de sénateur américain, par exemple John McCain, qui vient faire un speech pour encourager la foule des manifestants...

Il ne s’agit évidemment pas, comme vous semblez le croire, de peindre une image idyllique de la Russie (même si je veux bien admettre que parfois les commentaires du GS ressemblent à un fan club de Vladimir Poutine), mais de déterminer les conditions d’une menace contre sa sécurité, en l’occurrence celle de l’OTAN à ses portes, organisation militaire internationale dont l’objectif est la destruction de la Russie. Une question : seriez-vous d’accord pour que Poutine viennent installer ses rampes de lancement au Luxembourg ou en Suisse ?

Je n’aime pas qu’on traite de « troll de l’OTAN » toute personne exprimant le moindre doute sur les informations en provenance du front de l’Est, pas plus que je n’aime comme vous le faites qu’on traite la minorité de gens qui justifient avec des arguments factuels valables (seule base de discussion possible) les opérations russes en Ukraine de « suppôts de la Grande Russie ».

Sous le joug soviéto-russe, vous dites ? Avant de vouloir donner un avis éclairé, faites d’abord une mise à jour de vos connaissances qui se sont apparemment endormies en 1991, année où la Russie a arrêté d’être soviétique.

09/06/2023 02:59 par Georges Rodi

Le titre de cet article m’a repoussé il faut bien l’avouer.
Alors qu’en fait, on y trouve beaucoup de détails intéressants.

Sans le coup d’état à Kiev en 2014, il y en aurait eu un autre, à un autre moment et/ou dans un pays voisin.
Il suffit de voir la destabilisation de la Serbie en ce moment, ou les tentatives en Biellorussie.
Celle réussie au Pakistan.
Les pions qui avancent en Australie, en Indonésie, au Japon, en Corée du sud... En Inde aussi je pense...
Lorsqu’une puissance déploie 800 bases militaires à travers le monde, elle ne peut le voir que comme un échiquier.
Pire encore, elle finit même par être incapable de le penser différemment.
Pour un marteau, tout problème a la forme d’un clou.

Nous y sommes...
Le grand jeu est lançé, Russie et Chine n’ont pas d’autre choix que jouer la partie.

09/06/2023 08:51 par babelouest

Le grand jeu est lancé, Russie et Chine n’ont pas d’autre choix que jouer la partie.

Hep Georges, il y a la solution du pigeon : d’un coup de queue renverser toutes les pièces, déposer sa crotte, et partir fièrement. D’emblée brûler tous les intermédiaires, et frapper directement les centres de décision anglo-saxons. D’où la crotte. Quelques Kinjal sur Washington, deux ou trois sur la City, aucun nucléaire.... et la tête est morte. Pour peu que l’adresse personnelle de personnages intéressants comme Schwab, Gates ou Rothschild, soit connue, il est possible de cautériser là aussi. Il se pourrait même que ce soit ce qui est prévu à l’improviste.

09/06/2023 09:30 par Bostephbesac

Paul JH, un Etat - la France - et une "institution" - l’ UE - qui violent le vôte d’ une population (référendum de 2005), et qui osent dire quel doit être le vote des électeurs (cas de la France (encore) et de l’ Italie l’ année dernière), vous appelez ça comment ?

Que pensez également de notre cher "président", et ses amis, qui baffouent clairement notre pays ? Des républicains...........ou des BanKsters ?

Au final, vous aimez ça ?

09/06/2023 13:42 par Georges Rodi

> Babel
Imaginons le scène.
Vlad appelle le MDA (Missile Defense Agency’s) avec son téléphone rouge...

 Ouii ?
 C’est Vlad... Qui est à l’appareil ?
 .... Heuu... John, John Doe...
 OK John, c’est pour te confirmer 2 choses.
Une poignée de missiles est en route, et ils ne sont pas chargés de tête nucléaire.
Tu comprends ?
 Heuuu...
 Attends... Tu me croiras avec le point 2... : il ne s’agit pas d’une erreur...
Tu m’entends bien ?
 Heuuoui !!
 Les cibles sont la City, la banque du Vatican, et quelques lieux où se terrent les puissants...
 La Maison Blanche ?
 Tu ne m’écoutes pas John... Personne ne décide de rien à la Maison Blanche depuis des décennies... Ne commence pas à m’embrouiller, je n’ai pas de temps à perdre...
Tu as compris ce qui se passe...? Tu es d’accord, tu as quelque chose à ajouter ?
 Ouioui. Le congrès peut-être ?
 Non John, non... Je ne suis pas là pour faire tout le boulot... Tu sais combien de Russes sont morts avec toutes vos c...ies ?
Il y a un moment où il faut se décider et se prendre en main... Tu comprends John ?
 Ouioui, OK... OK.
 Parfait, parfait...
Et John, en cas de, je suis joignable sur cette ligne...
 OK Vlad... Heuu, je peux vous appeler Vlad ?
 Tu peux John, tu peux...
 ....

10/06/2023 11:58 par babelouest

Merci Georges. Oui, c’est vrai que la banque du Vatican pourrait être un point intéressant. Je pense à la loge P2 autrefois, qui avait fait couler de l’encre, mais il doit y rester quelques volatiles à plumer et la suite.

10/06/2023 14:43 par Louise De Bretagne

L’empire capitaliste yankee et puis ensuite l’OTAN, sont les pires criminels que la Terre porte depuis l’avènement de l’ère industrielle.!

10/06/2023 15:17 par Louise De Bretagne

L’OTAN aurait dû logiquement disparaître avec la dissolution du pacte de Varsovie et l’écroulement de l’URSS, il n’en n’a rien été.

Bien au contraire, l’alliance Atlantique Nord n’a céssée de se renforcer à l’Est et de se montrer de plus en plus agressive.

Inexistant des traités avant celui de Maastricht en 1992, l’article 42 du TUE subordonne désormais l’UE à l’OTAN.

Il suffit pour s’en convaincre de constater à quel point le périmètre de l’UE et de l’OTAN se confondent...
C.C.S…. 火 猪

12/06/2023 10:00 par Bostephbesac

Hors-sujet, mais en rapport à mon post du 4/06 : en ce moment, on entend parler "de l’ essai sauvage" de Raoult sur l’ hydroxychloroquine . Et les médias lui ont laissé un droit de parole/ de réponse ? Bien entendu que non.....................à part "Riouriou" dans son émission huer-soir . Pauvre liberté d’ expression.

13/06/2023 18:01 par michel PAPON

Une cible "interessante" serait un porte-avion US en haute mer ; pas de dommages collateraux,personne ne le saurait en dehors du Pentagone, rien ne peut arrêter un missile hypersonique donc tout benef.....de toutes façons les "carriers" n’ont plus d’utilité.

18/06/2023 08:59 par Zéro...

"Sans le coup d’Etat de 2014, l’Ukraine vivrait en paix "...

Il est bon de rappeler cette évidence avant d’évaluer et juger hâtivement la situation actuelle !!

Tout ce qui s’est passé ensuite et se passe aujourd’hui en Ukraine résulte de ce coup d’état fomenté en Occident.

Le Donbass entre en rébellion parce qu’il sent bien que les Russes vont être ostracisés en Ukraine - ce qui s’est vérifié !
La Crimée est récupérée par la Russie parce qu’elle est majoritairement peuplée de Russes et russe ou ottomane mais certainement pas ukrainienne en dehors d’une "délocalisation" administrative interne à l’URSS !!
L’Opération Spéciale/guerre est déclenchée par la Russie devant l’occidentalisation à grands pas de l’Ukraine avec la perspective de l’installation d’un nouveau pays membre de l’OTAN à ses portes.

A ce dernier sujet, prétendre que cette annexion (partielle, correspondant aux régions russophones d’Ukraine - hors Odessa qui n’a pas été conquise... ) - a provoqué l’entrée de la Finlande et de la Suède dans l’OTAN est de la malhonnêteté intellectuelle : sans y être intégrés, ces deux pays faisaient de fait partie de l’OTAN puisque équipés d’armes américaines - les F-18 finnois et moteur du Gripen suédois...

D’autre part, ceux qui prétendent ne pas comprendre où se situe le problème de voir l’Ukraine passer dans l’OTAN, n’ont qu’à imaginer la Suisse recevant des bases russes ou se rappeler la réaction des USA lors de la découverte des missiles russes à Cuba...
Cuba fut d’ailleurs le seul coup politique réussi par l’URSS car l’étalage de ses missiles, bien en vue sur le sol cubain, alors qu’ils auraient pu être cachés dans des hangars, prouve bien qu’il s’agissait de bien les montrer afin de créer cette crise pour négocier le retrait des missiles nucléaires américains de Turquie (où ils revenus depuis...) en échange du retrait de ceux de Cuba !!

Pour ce qui est de la dénazification, c’est bien entendu un prétexte russe supplémentaire mais un argument recevable dans la mesure où les organisations fascisantes ont pignon sur rue en Ukraine, mais aussi dans les Pays Baltes où elles défilent librement et en Finlande où le drapeau de l’aviation possède une croix gammée en son centre !!

En fait l’opération russe est un piège dans lequel est tombé ce pays : la guerre était voulue et prévue.
Merkel, Hollande et Porotchenko ont reconnu que les pourparlers de Minsk avaient pour seul objectif de faire passer du temps pour armer lourdement l’Ukraine.

Et il ne s’agit pas de vaincre militairement la Russie mais, à l’image de l’URSS en Afghanistan, de lui faire dépenser toute son énergie et ses moyens dans l’armement, pour la ramener à celle qu’elle était à la fin de l’URSS : un pays ruiné, complètement dépendant du bien vouloir étranger, et facile à dépecer.

Quatre choses ont été mal considérées par les stratèges occidentaux :

 le risque nucléaire à trop en faire contre une Russie qui devra y avoir recours si elle est en difficulté en Crimée et au Donbass,
 l’attitude assez neutre mais pas hostile de la Chine envers la Russie,
 la réaction des populations mondiales, souvent prorusses, malgré des dirigeants hystériquement antirusses, et
 des pays de moins en moins alignés contre l’évidente politique occidentale agressive qui pousse bien des pays vers le BRICS (si bien qu’il va falloir le renommer !) avec un important risque pour le Dollar d’être détrôné de son rang de monnaie d’échanges internationaux...

Quelle sera la réaction des USA si le Dollar perd son hégémonie et le pays avec...?

Ce sont peut-être les USA (je ne parle pas des larbins suiveurs qui ne bougeraient que la langue s’ils devaient en décider seuls...) qui déclencheront la guerre qu’il ne faut pas - leurs fournitures d’armes de plus en plus sophistiquées à l’Ukraine et l’approche d’armes offensives aux abords de la Russie vont dans ce sens !!

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