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Sodimédical n’avait pas les seins nus.

Là est peut-être l’erreur.

Nous avons d’un côté une duchesse de Cambridge qui se fait flasher sans soutif. Certes le procédé est vulgaire, aussitôt la justice intervient, les ordres sont donnés, les photos sont ôtées. Ca a duré un jour.

Les belles de Sodimédical se sont battues deux ans devant les tribunaux. Couronnées de 33 victoires. La dernière, le 11 juillet dernier. La chambre sociale de la Cour d’appel de Reims ordonnait au groupe Lohmann & Rauscher de payer les 10 mois de salaires dus aux salariés et exigeait la relocalisation de l’activité sur le site de Plancy l’Abbaye. Quelle victoire ! Quelle joie !

Et hier, le tribunal de commerce de Reims prononce la liquidation de l’entreprise.

Avec la manière aussi. Tout le mépris nécessaire : alors que leur avocat, Maître Philippe Brun, demande à ce que l’audience soit renvoyée en audience publique, le tribunal de commerce de Reims prononce la liquidation sans lui donner le temps de plaider. La justice des maîtres a assez rigolé.

Quels petits jeux sadiques !

Il faut faire les Pussy Riot les filles ! Il faut vous foutre à poil à Notre Dame de Paris en invoquant Mahomet ! Il n’y a que ça qui marche. La vulgarité. Pas la justice.

Oui, il est vrai que ce devait être dur pour Kate qui voyait ses jolis nichons en première page. Mais des femmes qui se battent depuis deux ans pour leur travail et qui se rendent compte que la Justice, pour elles, est en carton, ce n’est pas plus dur ? Vous ne voyez pas dans quel monde on vit ?

Histoire banale diront certains…

Des filles qu’une boîte veut balancer parce qu’elle veut délocaliser en Chine. Oui. Très banal. On veut nous faire croire que c’est une règle du jeu normale. Saine. On n’y peut rien. Cette année 78 entreprises françaises ont disparu. Coulées comme dans un jeu de bataille navale qui laisse de vrais morts.

Cette merveilleuse Chine où les employés de Foxconn étaient montés à 300 sur un toit et menaçaient de se jeter. On ne voulait pas les augmenter, ils allaient mourir. Vous imaginez cela : 300 personnes sur un toit qui veulent sauter ! Elles font nos merveilleuses Xbox 360 à Wuhan en Chine. Foxconn, habilité par Microsoft , est assez coutumier des scandales de ce genre. Des vagues de suicides les avaient forcés, en 2010, à installer des filets de sécurité pour empêcher les ouvriers de se donner la mort depuis leur lieu de travail. Sans succès apparemment, vu que ceux-ci avaient continué. Là , le maire de la ville est intervenu et a réussi à convaincre les ouvriers de descendre. Pendant ce temps, du côté américain, Phil Spencer dispensait des phrases vides de sens : « Foxconn a été un partenaire important pour nous et le restera. J’ai confiance en leur capacité à agir en tant qu’entreprise responsable et à continuer à maintenir son activité et à créer des liens. La sûreté et le respect de l’éthique pour les gens qui construisent nos produits. C’est une des valeurs clés de notre entreprise. »

Salauds.

Quel monde pour qui veut être un peu attentif ! Tous les beaux objets du progrès sont concoctés par des hommes martyrisés. La viande que l’on mange est celle d’animaux martyrisés. La dernière ; je n’achète jamais de viande. Mais, chez des amis, je mange ce qu’on me propose. La dernière fois : des ris de veaux. Le matin même j’avais vu la photo d’une ferme à veaux. Pour que la chair soit bien blanche, ils doivent bouger le moins possible. Alors, une ferme à veaux, c’est un champ de petits tombeaux dans lequel ils sont enfermés. C’est ça qu’on mange. De la solitude malheureuse et suppliciée. Nourrie aux OGM, bien sûr.

Alors, dans ce monde-là , 51 filles qui se retrouvent au chômage…

La dernière fois que j’avais entendu parler d’elles, c’était avec le grand sourire de Laurence Sauvage, conseillère régionale Nord-Pas-de Calais et secrétaire nationale en charge des luttes sociales au PG, tellement heureuse de voir que ses protégées, qui parfois lui téléphonent en pleurant, avaient gagné encore une fois. Laurence qui est sur le front de toutes les grèves sociales apporte le réconfort de son soutien car, dans ces cas-là , comme on se sent seul, abandonné, dans la peur de la défaite, ça fait plaisir quand quelqu’un vient se battre avec vous. L’action du FDG est exemplaire dans ce domaine.

Dans son blog Mélenchon, qui leur avait offert une aide financière, au nom du PG, le PC ayant fait de même, s’était abandonné à une indignation brûlante :

Sodimédical est la honte des hontes. Je ne raconte pas toute l’histoire. Je m’en tiens au point présent. Les ouvrières ont gagné trente deux procès. Le dernier a condamné le patron du groupe allemand à payer les salaires et à relocaliser l’activité. Le patron ne veut rien savoir ! Le tribunal a ordonné une astreinte de 1000 euros par salarié(e) et par jour, tant que l’usine n’a pas de relance d’activité, auxquels s’ajoutent 400 euros par salarié(e) et par jour au titre d’amende pour non paiement des salaires. Soit 1400 euros par salarié(e) et par jour. C’est clair, net et précis. Une décision de justice de la même clarté que celle au nom desquelles on expulse séance tenante un camp de Roms ! Mais là , pas besoin de changer la loi pour faire cesser la barbarie et les mauvais traitements. C’est le contraire : il faut l’appliquer. Pas besoin de désavouer des décisions de juges. Au contraire il faut les faire respecter. Facile ? Non. Le ministre du redressement productif qui tenait là une magnifique occasion d’élever la voix en faveur d’une relocalisation d’activité, de la démondialisation concrète, en quelque sorte, qu’a-t-il proposé ? Rien. Le ministre du travail, Michel Sapin, l’homme de « la gauche qui agit » et surtout pas de la « gauche tonitruante, la gauche d’Amérique du sud » ? Rien non plus. Ou plutôt si : une honte de plus. Il a nommé un « médiateur ». Vous avez compris ? Une personne est victime d’un vol. Le voleur est condamné à rendre son butin mais il ne veut pas. Que faire ? Un médiateur entre la victime et le voyou, « un médiateur » entre une décision de justice et son exécution. Elle n’est pas belle la « gauche non tonitruante » en action ? Et le procureur qui devrait donner suite aux procès-verbaux de l’inspection du travail constatant que les salaires n’ont pas été versés. Déclenche-t-il la procédure pour infliger au patron voyou les 1400 euros d’amende par salarié ? Non. Le procureur ne fait rien non plus. Ou plutôt si : il fait quelque chose ! Il classe « sans suite » ! Incroyable mais vrai. La justice a décidé, mais elle se fiche de savoir si ce qu’elle a décidé est appliqué ou non. Et que fait la ministre garde des sceaux dont c’est le devoir de donner des instructions sur la politique que doivent appliquer les procureurs ? Rien, comme ses autres collègues. Ou plutôt si, elle fait déclarer par son cabinet : « On ne peut rien pour vous ». Le patron voyou de Sodimédical nargue les ouvriers et refuse d’appliquer la décision de justice, mais « on » ne peut rien pour vous. Vraiment rien. Pendant que j’étais là parmi ces femmes, Jean-Marc Ayrault caressait le MEDEF. Sans contrepartie, sans un mot pour exiger que cessent ces comportements patronaux, ni un mot pour les syndicalistes ouvriers réprimés ou bafoués. D’ailleurs il n’y a pas eu de loi d’amnistie pour eux. L’urgence gouvernementale était ailleurs : auprès du MEDEF.

Hollande, les filles de Sodimédical l’avaient vu lors d’une foire du coin. Il leur avait donné de bonnes paroles. « On va s’occuper de vous ». On voit le résultat. Il est encore temps, M. Hollande ! L’avocat des Sodimédical vient d’annoncer qu’il saisirait la chambre sociale de la Cour d’appel de Reims pour demander la suspension de cette décision. Alors ? Allez-vous agir ?

Ce même Hollande qui fait tenir par les siens un double langage aux patrons de Londres. Au sujet de cette fameuse taxation à 75% qui ne taxera que douze personnes à qui on expliquera comment cacher leur pognon.

On comprend maintenant pourquoi Hollande ne cède pas aux injonctions de Mélenchon quand il s’agit de légiférer contre les licenciements boursiers et les droits nouveaux pour les salariés dans l’entreprise, notamment le droit de préemption qui leur permettrait enfin de pouvoir assurer le maintien de l’emploi pour une entreprise viable mais abandonnée par des actionnaires avides de profits.

L’actionnaire avide de profit est hélas le client de M. Hollande et de sa clique socio-démocrate. Les socio-démocrates, ces traîtres des peuples européens qui se sont avancés sous le masque de la gauche et continuent à mentir, d’une manière éhontée, sur leurs intentions.

Quoiqu’on fasse, il faut rassurer la finance amie.

Ceci me fait penser au « Marchand de Venise » de Shakespeare, que j’ai vu récemment. Shylock, l’usurier juif, a prêté de l’argent contre une livre de chair. Ce qui n’était au moment de la signature du contrat, qu’une figure de style. Mais Antonio, l’emprunteur, étant ruiné par une série de naufrages, Shylock, devant le doge de Venise, réclame son dû. Prélever une livre de chair près du coeur de son débiteur. Antonio attend le verdict calmement. Comment imaginer que la justice donne son aval à un tel contrat ! Mais si ! Le doge, tout excité, déclame que ce contrat va être appliqué car il veut que dans le monde entier, tous les banquiers, tous les prêteurs, tous les commerçants, sachent qu’à Venise, un contrat signé, quelle qu’en soit sa nature, aussi folle, aussi inhumaine, aussi assassine soit-elle, est respecté !

C’est ce qui se passe avec les filles de Sodimédical.

Le gouvernement français veut que les magnats des multinationales mondiales sachent que même si la justice donne raison un temps aux ouvriers, en France, ce sont les patrons qui l’emportent toujours.

Tel est le message.

Hollande, tu as menti en disant que la Finance était ton ennemi. Ce sont tes amis, au contraire. Tu as menti en disant que tu reprendrais les termes du TSCG. Tu as menti en disant que tu avais fait rajouter un volet de croissance. Tu as menti en disant que tu te présentais au nom du parti socialiste. Tu as menti en disant aux filles de Sodimedical que tu t’occuperais d’elles.

C’est de la forfaiture. Nous sommes gouvernés par un escroc.

Ariane Walter

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