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L’éclatante victoire de Mélenchon

Toutes sortes de qualificatifs donnent à ce beau nom « victoire », des sens très différents. Il y a, en particulier, l’expression bien connue : « une victoire à la Pyrrhus », bataille remportée au prix de tant de pertes qu’elle est condamnée à n’avoir aucune suite.

Voici ce que nous en dit Plutarque :

« Les armées se séparèrent et on raconte que Pyrrhus répondit à quelqu’un qui célébrait sa victoire que : « Encore une victoire comme celle-là et il serait complètement défait ». Il avait perdu une grande partie des forces qu’il avait amenées, et presque tous ses amis et principaux commandants. Il n’avait aucun moyen d’avoir de nouvelles recrues (...). Tandis que, comme une fontaine s’écoulant continuellement de la ville, le camp romain se remplissait rapidement et abondamment d’hommes frais, pas du tout abattus par la défaite, mais gagnant dans leur colère une nouvelle force et résolution pour continuer la guerre. »

Dira-t-on plus tard, évoquant ces gloires passagères : « Une victoire à la Macron » ?
Parlera-t-on des Insoumis, comme de ces Romains, « gagnant dans leur colère une nouvelle force et résolution pour continuer la guerre » ?

Ceux qui tirent les fils de Macron ont tout sacrifié pour cette victoire. La légalité : il y a un nombre inimaginable, jamais vu, d’irrégularités électorales, jamais un tel nombre de citoyens n’a été radié des listes électorales. Les témoignages affluent.

L’honneur : bombardant les électeurs de leurs moyens merdiatiques immenses, ils ont même sacrifié les vieux partis qui ne voulaient pas se joindre à leur télé-évangéliste hystérique. On ne s’en plaindra pas. Deux vieux partis gisent le flanc crevé de leurs malversations. La droite a perdu 7% de ses voix ! Inimaginable quand on pense qu’une large victoire lui était promise ! Que Fillon qui a été décapité par la Macronerie appelle à voter pour elle est une honte, une lâcheté qui doit quand même rapporter pas mal !

J’adore le commentaire cinglant de Régis de Castelnau :

« Après une campagne où il s’est fait traîner dans la boue, où sa femme et ses enfants ont été humiliés, où sa vie privée et la leur ont été déballées, où il s’est fait injurier tous les jours par des médias aux ordres, et mettre en cause quotidiennement par une justice tout autant aux ordres, que fait-il immédiatement à l’annonce de sa défaite, conséquence de ces agissements ?

Il se couche au premier coup de sifflet de ceux qui ont organisé ce lynchage. Et s’aplatit devant son bourreau au nom d’un "no pasaran" bidon et d’un antifascisme inventé.

Même pas un reste d’amour propre. Ne parlons pas de l’orgueil.

Imagine-t-on le Général de Gaulle appeler à voter Macron ?

#lahontedelamortquitue

Le « PS-Officiel » se retrouve à 6,4% ! Certes Hamon n’est qu’un leurre, une autre taupe du capital, mais son score montre que la vraie gauche est allée vers Mélenchon qui, lui, a progressé de 8,6% par rapport aux élections de 2012.

8,6% !! C’est du jamais vu ! Le chiffre est immense ! De 4 à 19,6 des voix ! C’est le meilleur score d’un candidat de la gauche de transformation sociale et écologiste depuis 1969.

Il est arrivé en tête en Seine-Saint-Denis, en Ariège, à Marseille, Lille, Toulouse, Montpellier... Il a atteint des scores très importants dans les villes populaires (37 % à Pantin, 32,8 % à Malakoff, 43 % à Saint-Denis, 32,9 % Nanterre, 47 % à Gennevilliers...). Des premières analyses montrent qu’il a obtenu ses meilleurs scores parmi les jeunes et les ouvriers.

Pourtant, tout avait commencé doucement. Je me souviens de cet article dans Gala qui en avait fait rire beaucoup, quand Mélenchon confessait qu’il mangeait du quinoa ! D’autres évoquaient le franc-maçon, (à ne pas confondre avec le « pas franc-macron »), la voiture-balai du PS, qui, évidemment , allait appeler à voter Macron.
Et puis non.

Je connais assez l’entourage de Mélenchon, les pressions qu’il a dû subir de la part, en particulier de ces communistes pour qui obtenir des places à n’importe quel prix est la raison d’exister, pour parvenir à cette décision que je salue.

« Que chacun choisisse en son âme et conscience. »

Mais je veux laisser la parole, à nouveau, à Régis de Castellane, homme de droite, mais aussi avocat en 1970 du PCF et de la CGT. Fine plume aussi. Quand les mots filent, vifs, droit au but, ce n’est pas un plaisir à négliger :

« Je m’incline devant ce que Mélenchon a accompli. Ce score formidable qui sauve l’honneur d’une gauche à l’abandon, la République et la Patrie dans les discours, ce retour de la fierté dans les couches populaires, la ferveur de tous ces jeunes, la démonstration qu’on peut les reprendre au Front National. Il a fait tout cela en partant tout seul sans parti, sans gros moyens, seulement sur son nom, son énergie et son courage. Contre les appareils en particulier la direction du faux parti communiste, surtout soucieuse de préserver ses gamelles comme le démontre le ralliement honteux de Pierre Laurent au candidat du CAC 40. Contre les petits gauchistes qui n’étaient là que pour le gêner. Contre le système qui a montré son vrai visage par la violence de ses éructations, dès lors que les sondages lui ont été favorables.

Il a eu en plus ce courage de ne pas tomber dans le piège tendu par l’oligarchie qui utilise le repoussoir FN, pour faire élire sa nouvelle créature et poursuivre la voie tracée par L’UE sous direction allemande.

Ce sera sans nous, bonnet blanc et blanc bonnet, ça nous rappellera des souvenirs. Parce que nous sommes de la même génération et que l’on commence peut-être à fatiguer. Mais tu viens de nous montrer qu’il y avait du monde derrière, et ça...
Bravo et merci camarade. Vraiment merci.

La percée de Mélenchon marque un tournant politique : la fin de l’hégémonie du PS sur la gauche, et surtout la percée d’une gauche de transformation sociale, écologique et démocratique.
Ce que les élections EU n’ont pas réussi à faire, nous en France, nous l’avons fait.
Le peuple s’éveille. Le peuple veut créer une nouvelle constitution qui sera la véritable démocratie.

Le peuple entre en pleine conscience de ses objectifs et de ces moyens.

Merci Mélenchon. »

On va lui laisser la parole pour finir puisqu’il a su mettre dans cette campagne un vent de poésie qui fait battre les cœurs. Nous en sommes tellement privés dans ce monde matériel et là tout à coup, il nous prend le cœur et nous mène aux larmes.

« Mon beau pays, ma belle patrie, et vous, les gens, nous pouvons être fiers de ce que nous avons entrepris et réalisé. Nous sommes une force consciente et enthousiaste. Je vous appelle à rester groupés, à rester en mouvement et à être un mouvement. Car les défis que nous avons nommés, sans en cacher aucun, ni aucune des difficultés qu’ils soulèvent pour les régler, ces défis restent à relever, et ceux qui prétendent aujourd’hui à l’honneur de nous représenter, tous, ont déjà fait la démonstration qu’ils étaient incapables même de les penser.

L’heure à venir, et les jours qui viennent, reste celle des caractères et de la conscience. Vous tous, les gens, patrie bien aimée, vous êtes un matin tout neuf qui commence à percer. Fidélité à la devise de la République : Liberté, Egalité, Fraternité. »

Demain, autre épisode. Le combat reprend ; je m’attaquerai à la fameuse question : Comment voter au second tour ?

« Mais à quoi bon se lamenter pour rien. Il faut se mettre à la besogne au contraire. Et vivement. » Sophocle. Ajax

Ariane WALTER

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Henri Krazucki
ancien secrétaire général de la CGT
Extrait sonore du documentaire de Gilles Balbastre "Le chômage a une histoire",

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