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15 commentaires

Sur la question politique de la liberté de penser

À JC, qui écrit : « Je pense que tu vois le fond de ma pensée, soyons également des penseurs libres, et notamment libres d’en écouter d’autres sans perdre son esprit critique et sans se sentir obligé de se rallier à un camp. Les plus libres que je connaisse maintenant sont etc. »

Au risque d’être traité de dogmatique, tout en ne l’étant dans le fond pas plus que le patelin JC, et combien d’autres, pour qui la liberté de pensée est, elle est - a priori, posons la question : existe-t-il pour la pensée en politique deux camps, et seulement deux camps, en clair celui du travail et le camp du capital, entre lesquels la pensée la plus libre doit nécessairement choisir ?

La première liberté qui lui est offerte résidant précisément dans le choix de sa réponse à cette question :

 Je refuse d’écouter la question. C’est ma liberté.
Tout le monde aura compris quel camp je défends, malgré toutes les grimaces que je pourrai faire pour fuir.

 Bien sûr ! - À part : Je fais mine, mais dans toute mon action, comme je dois tout au premier, je compte bien faire passer en contrebande ma lutte contre le camp du travail.
Combien n’en n’entend-on pas sur les ondes, des esprits objectifs, qui sont sur cette ligne ?

 Je réponds : oui.
Quitte à passer pour un esprit obtus, voire à me faire traiter d’« encarté ».

 Je ne récuse pas la question, mais il existe le pré carré de la pensée libre dans lequel j’entends me tenir à l’écart du tumulte de la bataille. Je multiplie mes sources d’information, et j’écoute ceux qui sont libres.
Suprême sagesse et objectivité ! Sur quel critère, parmi la masse d’opinions, vais-je me faire la mienne ? Et m’en remettre à ces penseurs non-engagés, ne revient-il à rejeter sur eux la question ?

Il s’agit simplement de montrer ici que selon la réponse à cette question, qui n’est donc pas posée aux premiers, ni à ceux qui sont rémunérés pour défendre quotidiennement le capital, la pensée se trouve inconsciemment du côté de ces derniers, ou alors du côté du travail.

La pensée qui défend lucidement le travail n’est pas exempte d’erreurs ou d’illusions, elle peut se trouver temporairement ou sur tel ou tel point dans la situation de défense involontaire du capital, mais elle conquiert sa liberté dans sa lutte quotidienne contre les forces qui obscurcissent la question.

La pensée qui croit pouvoir se maintenir libre et en dehors du champ et du tumulte, peut occasionnellement se trouver du côté du travail et offrir un point d’appui à la précédente, mais en gros, étant donné que l’idéologie dominante est celle de la classe dominante, elle se trouve massivement et à son insu dans le camp du capital. Elle n’est absolument pas libre, quoi qu’elle pense d’elle-même.

Il n’y a bien que deux camps, et deux camps seulement, entre lesquels il faut choisir si l’on veut penser librement, c’est-à-dire lutter.

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COMMENTAIRES  

09/09/2014 09:04 par JC

Pour information, ce billet fait suite à la discussion entamée dans ces commentaires.

Hum, ça partait bien mais ça termine avec un "ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous", sous prétexte qu’il y a une pensée plus difficile à atteindre car non dominante ? Je ne pense pas que tu puisses tracer en quelques lignes le couperet de la pensée libre. Tu as souvent raison, mais ce n’est pas une règle, il faut faire des analyses cas par cas :
 sur quels dogmes s’appuie ce penseur
 quel intérêt aurait-il à développer cette pensée
 ai-je moi-même des dogmes qui m’empêchent d’écouter autre chose

Exemple courant, un type qui part en belles phrases pour conclure en déplorant la montée du chômage comme problème n°1, il est complètement enfermé dans la pensée dominante qui consiste à dire qu’il faut avoir un emploi, rester dans ce monde de travail forcé et rémunéré, donc voilà son dogme. D’autres peuvent parler du chômage uniquement en indicateur pour inciter les gens à se rendre compte qu’on leur ment, mais sans y voir un but.
D’ailleurs le dogme qui consiste à dire que l’univers est divisé en un camp du travail et un camp du capital... me semble enfermer ta pensée. (oui oui Sam j’avance la lecture du manifeste du PC). Pour moi les deux camps sont les deux faces d’une même pièce. Lutter contre la pensée dominante reviendra tôt ou tard à lutter également contre le camp du travail (camp justement très fort pour expliquer que l’homme est né pour travailler, voilà une idée qui fait parfaitement consensus avec les esclavagistes du capital, même s’il n’y a pas consensus sur le sens du mot travailler).

09/09/2014 11:34 par Dwaabala

De ma place, je dénie simplement que je puisse penser librement (en politique s’entend) sans prendre parti aux côtés des travailleurs. Appelons cela la liberté prolétarienne, ou matérialiste, etc. Et cette liberté est dynamique, critique : je la construis. C’est dans cette construction que réside ma liberté de penser. C’est une thèse : on l’accepte ou on la récuse.
Si j’étais dans la classe de ceux qui détiennent le pouvoir, ma conception de la liberté de pensée serait certainement tout autre, et il faut bien admettre qu’avoir le pouvoir signifie aussi avoir celui de la diffusion des idées.
Et que les idées forment un système qui s’appelle l’idéologie.
Le Manifeste du parti communiste est d’abord une critique de l’idéologie bourgeoise la plus avancée de l’époque en histoire, qui discernait la lutte des classes au cours de la Révolution par exemple, mais n’allait pas jusqu’à l’appliquer au moment présent et à voir en la classe prolétarienne la classe porteuse de l’avenir. Sauf en pratique, pour la réprimer, comme le montrèrent les journées de juin 1848 en France dans l’année qui suivit la parution du texte.
Le Capital de K. Marx porte pour titre original : Das Kapital. Kritik der politischen Ökonomie
De quelle économie politique l’œuvre est-elle donc la critique ? Il suffit de s’y plonger pour voir qu’il s’agit des économistes bourgeois, aussi bien du passé, qui lui offrirent pourtant nombre de concepts, mais aussi des contemporains qu’elle fustige avec une verve délicieuse.
Dans la société comme dans la nature toutes les formes intermédiaires existent : entre le parti des prolétaires conscients et celui des capitalistes conscients, il existe une masse indénombrable qui du fait de l’état de la société se trouve nécessairement imprégnée des idées de la classe dominante et qui de ce fait ne peut absolument se réclamer de la liberté, quelles que soient les illusions qu’elle se fasse à cet égard.

09/09/2014 13:08 par JC

De ma place, je dénie simplement que je puisse penser librement (en politique s’entend) sans prendre parti aux côtés des travailleurs.

Objectivement c’est le cas, si tu penses librement, tu remets en cause la pensée dominante, celle qui opprime les travailleurs. Mais tu peux aussi penser humain, sans parler de classe. Est-ce que notre système est bénéfique pour les capitalistes, sont-ils heureux en tant qu’humains, du fait de leur position de dominant ? Ou sont-ils prisonniers et aliénés de la même façon que les dominés ? Je pencherais pour la deuxième possibilité, quel que soit notre camp, ce système capitaliste nous bouffe et nous détruit. C’est une autre théorie qui vaut ce qu’elle vaut, mais qui permet de chercher de nouveaux paradigmes, d’élargir le champ des possibles. Autant te dire que l’exposé de Francis Cousin sur Marx a contribué à élargir le mien, et je ne pense pas pareil qu’il y a 1 mois, ni 2, etc., bref ma réflexion évolue sans arrêt et je ne compte pas la figer.

De quelle économie politique l’œuvre est-elle donc la critique ? Il suffit de s’y plonger pour voir qu’il s’agit des économistes bourgeois

Je n’ai pas vérifié, mais ne critique-t-il pas l’économie tout court, ou la politique tout court ? Le fait de réfléchir en valeurs marchandes, avec de l’argent, etc. ? Il y a des gens qui réfléchissent à un monde sans argent (ni troc ni rien), un monde de l’accès. Il n’y a pas que l’homme qui produit de la valeur, la nature en produit toute seule, on pourrait redevenir chasseurs/cueilleurs un peu plus poussés (vu qu’on est quand même nombreux) ? Enfin bon...

la société se trouve nécessairement imprégnée des idées de la classe dominante

Certes. Toutes ces idées sont-elles donc à combattre ? Ou il y a du tri à faire pour en garder des bonnes ? D’autant que les idées dominantes évoluent très vite aussi, parfois il y a de bonnes idées dominantes mais simplement foulées du pied par derrière (la paix, la démocratie, les droits de l’homme... je ne pense pas que ce soit des idées malsaines mais elles servent d’excuse à faire l’exact inverse par derrière).

09/09/2014 14:49 par Dwaabala

L’homme et l’humanisme, comme la liberté, sont des valeurs bourgeoises sûres, depuis la déclaration des Droits de 1789. Sans les répudier, le prolétariat leur donne un nouveau contenu dans lequel la lutte pour l’émancipation du travail par rapport aux forces du capital tient une place centrale.
II n’existe pas d’homme abstrait, non plus que de liberté abstraite, détachés de ses conditions d’existence. Pas plus que ces conditions d’existence n’existent dans une société abstraite, détachée de ce qui la structure en dernière analyse : les rapports de production.

09/09/2014 15:56 par gérard

La "Liberté de penser" ?
Ou la la la la la la la !... dans quoi on va mettre les pieds ?
Elle n’existerait pas ? même ici ?
[Un exemple banal, ma réponse au commentaire de 07/09/2014 à 17:26 par Le pas fou d’ubu, n’est pas passée].
Ma "liberté de penser" n’est pas en cause, c’est la liberté de diffusion d’une pensée, d’une opinion qui l’est.
Disons en premier que la "liberté de penser" ne supporte aucune règle, point (sauf si on la subit d’un ange gardien !).
Ce serait au moins notre unique liberté inaliénable.
C’est déjà ça...
L’auteur confond "liberté de pensée" et liberté d’opinion.
L’Opinion est la première concrétisation d’une pensée, c’est son existence même ; les autres moyens viennent ensuite, relation extérieure, philosophie de vie, actes etc...
Le titre de cet article est une injure à la liberté de penser, puisqu’il en fait une « question » et en plus « politique ».
Si on le transforme ainsi :
"Sur la question politique de la liberté d’opinion",
il est très nettement plus compréhensible (je ne dis pas admissible), mais il ouvre la voie à de sérieux et interminables débats.

09/09/2014 16:11 par legrandsoir

Le chiffre du jour : depuis janv. 2014, vous êtes intervenu plus de 200 fois.

09/09/2014 16:29 par gérard

@ Legrandsoir
Ça fait en moyenne moins d’une fois par jour, et compte tenu du nombre et de l’intérêt des articles, cela ne fait pas énorme...
Ce n’était donc qu’une question de statistique, j’avais peur d’autre chose.
Soit dit en passant, sur le plan statistique, je ne dois pas être le seul dans ce cas...

09/09/2014 16:41 par legrandsoir

cela ne fait pas énorme...

Pour vous ou pour ceux qui lisent les forums ?

09/09/2014 16:47 par Dwaabala

@ legrandsoir Vous m’arrêterez si j’en suis à la 199ème.
@ gérard Je rappelle le début de ma première réponse à JC :
... C’est une thèse : on l’accepte ou on la récuse. Vous la récusez. Dont acte.
J’avais simplement en tête ce genre de phrase de K. Marx avec lequel je suis en plein accord :
Le mode de production de la vie matérielle conditionne le processus de vie social, politique et intellectuel en général. Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur être ; c’est inversement leur être social qui détermine leur conscience.
Mon être social n’étant que de loin prolétarien, ma conscience sociale, - d’où ma pensée et non pas mon opinion, abandonnée à elle-même ou à la lecture des productions idéologiques dominantes a fort peu de chances de se placer du côté de la lutte des classes prolétarienne. Et dans ce cas je ne saurais prétendre que ma pensée est libre.

09/09/2014 17:11 par gérard

@ legrandsoir
Ça...je n’en sais fichtre rien. Je n’interviens pas sur beaucoup de sujets (pouvez vérifier), mais peut-être plus sur des articles "polémiques" qui prennent beaucoup de place côté commentaires ; c’est sur le fond de chaque échange que des avis peuvent être donnés, en guise de jugement pour ainsi dire ; le vôtre, c’est quoi ?
A ce sujet, j’ai une suggestion à formuler, un pseudo pour chaque modérateur. Cela diminuerait le côté impersonnel de cette relation.

10/09/2014 20:10 par Hervé BOURGOIS

Il y a deux camps, celui de l’idéologie dominante - toi, moi - et celui de ceux qui résistent, les pays contre qui nous faisons la guerre (celle avec des vraies bombes). En clair, l’idéologie dominante n’est pas (que) celle de la classe dominante, c’est aussi la notre ! D’ailleurs, il n’y a pas de classe dominante, il y a les privilégiés de notre système politique et les autres. Le clan du travail et le clan du capital c’est le même, les deux sont des parties du même système, les deux raisonnent de la même façon... sauf que les uns sont les privilégiés du système et les autres les sacrifiés. C’est la raison pour laquelle nous ne savons contre quoi ou qui lutter...

TON OPINION, VOTRE OPINION NE DOIT PAS SE FAIRE PAR UNE SÉLECTION DANS LA MASSE D’OPINIONS, ELLE DOIT SE FAIRE EN RÉFLÉCHISSANT... PARCE RIEN NE DÉMONTRE QUE VOUS NE POUVEZ PAS RÉFLÉCHIR MIEUX QUE LES AUTRES... Et pour cela je vous invite à lire pour bouquin qui vous aidera peut-être : http://www.amazon.fr/quoi-parlons-nous-Essai-Dieux-modernes/dp/1500305146

11/09/2014 11:22 par AARRRP

De façon générale, la question à se poser est me semble t’il celle de savoir si la pensée (en tant qu’acte rationnel ou affectif de l’esprit) est libre ? Autrement dit, la pensée est-elle nécessairement libre. Peut-être pensons-nous être libres parce que nous ignorons ce qui nous conditionne, et donc dans ce cadre la pensée se ramène à la croyance. Nous pensons alors que nous croyons, ce qui revient à énoncer que nous croyons penser. Ce croire pour penser, est le résultat du conditionnement de la pensée de l’homme. La normalisation de l’esprit comme impératif indispensable à la mise en œuvre du processus de réflexion et d’analyse de l’esprit, à l’instar du formatage, préalable impératif au bon fonctionnement du logiciel. C’est le cas par exemple sur le plan politique ou la pensée politique quelle qu’elle soit est au service des oligarques, mener un combat marxiste ou de gauche radicale comme se définit le FG ou même de droite radicale c’est aussi servir le capitalisme. Mais cette conscience du croire pour penser n’est-elle pas un préalable à une exigence inverse, celle de penser pour croire. Dans cette optique, il s’agit d’apprendre à penser au travers de la pensée des autres. La liberté de penser, n’est pas une donnée première de l’être mais une contingence. A chacun d’entre nous de transformer cette contingence en nécessité. Une façon de transformer le « tu dois » en « tu peux ». Si le sens du monde nous échappe, s’offre à nous deux options : se réfugier dans la foi pour obtenir le salut ou alors lui donner du sens par la recherche permanente sur la finalité des choses.

11/09/2014 21:49 par Dwaabala

L’idéologie est le système d’idées dans lequel on vit comme dans l’air qu’on respire : on ne s’en aperçoit pas.
Dans toute société de classes, l’idéologie est celle de la classe dominante, sinon cette société n’aurait pas deux jours à vivre.
S’arracher à cette idéologie pour concevoir le monde est ce que j’appelle penser.
La pensée est critique, ou elle n’est pas.
Et cette pensée critique, qui s’appuie sur les conditions de vie des opprimés et les explique, est aussi l’aide qui leur est apportée pour se libérer de l’exploitation ; car la classe dominée n’avale pas si facilement les idées toutes faites de ses maîtres. Son expérience quotidienne est en constante contradiction avec le système d’idées dans lequel elle est appelée à la vivre. C’est une des formes de sa souffrance.

12/09/2014 13:14 par Lily

A propos de la LIBERTE DE PENSER de la LIBERTE D’EXPRESSION Mais aussi de s’informer hors médias mainstreams.

Nouvelles attaques ignobles de "courageux" anonymes se prétendant "Antifascistes" de la Horde et de "Faf Watch Rhône alpes" contre Christophe Oberlin et toute l’équipe des animateurs du Grand soir taxés de conspirationnistes rouge bruns et même d’avoir des sympathies Soraliennes, comment ne pas êtres choqués par de telles chasses aux sorciéres dignes de l’époque où l’on brulait des livres.

Sont également cités Silvia Cattori limite traitée de sympathisante négationniste, mais également épinglés comme rouges bruns des sites d’informations alternatives pourtant irréprochables comme Repoen911, le Cercle des Volontaires, le Réseau Voltaire de Thierry Meyssan, Europalestine et bien d’autres encore.

http://lahorde.samizdat.net/2014/09/11/oberlin-entre-humanitaire-et-conspirationnisme/

http://fafwatchra.noblogs.org/post/2014/09/05/1929/

Ils se permettent mêmes de faire des "captures d’écrans" de LGS en sortant bien evidemment vos propos de leurs contextes

http://fafwatchra.noblogs.org/files/2014/09/Capture-du-2014-09-05-161219.png

12/09/2014 13:56 par legrandsoir

sites d’informations alternatives pourtant irréprochables

Allons, personne n’est irréprochable. Toute la question est de bien comprendre ce qu’on leur reproche réellement.

Ils se permettent mêmes de faire des "captures d’écrans" de LGS en sortant bien evidemment vos propos de leurs contextes

Pourquoi "sortis de leur contexte" ? Nous avons bien annoncé une soirée de solidarité avec la Palestine. Tout à fait dans le contexte. Pour une fois ils ne font pas dans le faux et le bidonnage.

On constate que nous sommes maintenant un site d’extrême droite. Avec des antifas pareils, le fascisme se frise les moustaches. (Vous teniez vraiment à leur faire de la pub à ces agents provocateurs ?)

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