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Torah contre Coran

J’avoue être entré dans une phase de désespérance totale par rapport à l’avenir de ce pays nommé Tunisie. Le très faible taux de participation aux élections municipales d’hier (33%), révèle combien je ne suis plus seul à ne plus accorder le moindre crédit à la politique telle qu’elle se pratique aujourd’hui dans le bled. Mais mon pessimisme ne porte pas que sur la malheureuse époque dans laquelle nous évoluons en ce début de 21ième siècle, il s’étend sur des siècles d’histoire dont nous récoltons encore les fruits.
Mais je sais que ça va me passer.

Allah

Je ne suis pas un anti-Nahdha, ou un anti-Islamiste primaire. Je situe le problème au-delà du champ proprement politique. Je le situe au niveau de la matrice allahiste comme philosophie de vie et comme manière d’être sur terre d’une partie conséquente de nos concitoyens. Ce n’est pas de l’essentialisme et je n’y vois aucune forme de fatalisme. Je vois notre salut collectif dans une Révolution culturelle qui tarde juste à venir.

Je m’étonne simplement que nos islamistes n’aient pas exploré jusqu’au bout la toute puissance religieuse. Je partage avec eux le même diagnostic sur l’ampleur de l’ancrage allahiste dans l’inconscient collectif et si je devais prendre le pouvoir j’userai comme eux de ce potentiel. Je ferai même mieux. C’est tellement efficace cette chose qu’ils ont su renouveler leur statut de premier parti national (27,5% des voix) et ce malgré leur totale incompétence aux affaires publiques, déjà vérifiée. Certes, le taux de participation était extrêmement faible pour jouir pleinement de leur victoire, mais tous savons, que ce n’est ni par clientélisme ni par bourrage d’urnes qu’ils ont gagné : c’est l’allahisme inconscient d’une partie importante de tunisiens, qui travaille encore et toujours en leur faveur.

L’État ne pourra rien contre Allah

J’ai compris cette évidence au hasard d’une pérégrination fortuite aux environs d’Aïn Drahem. C’était il y a peine une semaine, où en compagnie de 3 amis, nous nous sommes arrêtés en voiture pour observer une cascade perdue dans une forêt de chênes. L’État avait pour une fois, installé des poubelles sur le sentier menant à la chute d’eau, apparemment très visitée. Nous ne fûmes pas seuls en effet à cheminer vers ce coin du paradis. Le spectacle de l’éjaculation aquatique était boukornesque. Il y avait une beauté presque religieuse dans cette eau jaillissante qui se déversait dans le vide. Mais nous étions choqués par la saleté ambiante et l’amas de bouteilles de plastiques flottants sur l’eau. On ne pouvait pas reprocher à l’Etat son absence de gestion du bien commun, car en plus des poubelles, des pancartes sommaient les visiteurs de respecter la propreté des lieux. Alors qu’est ce qui ne fonctionne pas dans la tête des gens ? Qu’est ce qui explique cette profanation ?

Les familles présentes sur place, avec la marmaille bruyante qui va avec, n’étaient certes qu’un échantillon représentatif d’un modèle plus général. Mais c’est à travers leur agitation autour des lieux, leur manque de retenu et de silence, et puis surtout leur constante évocation d’Allah que s’esquissait sous mes yeux le modèle général. Puis cette mère qui expliquait à ses enfants mangeant des yaourts, que cette cascade était simplement faite pour montrer la puissance d’Allah, voilà qui résumait à mon sens la clef de l’énigme : Pour ces gens-là (comme disait l’autre), Le Sacré ; ce que l’on doit respecter, ce que l’on ne doit pas souiller, n’existe que dans l’idée abstraite d’Allah et non pas dans son œuvre. La cascade d’eau, la forêt de chêne, la nature dans son ensemble ne sont que des prétextes d’Allah. Il ne sont simplement qu’une manifestation de sa toute puissance. Ils ne jouissent d’aucun statut sacré. Ce ne sont rien d’autres que de modestes témoignages et d’insignifiantes illustrations terrestres de sa grandeur. Voilà ce qui explique cette désinvolture et l’absence totale de tout sens de recueillement face à un site aussi exceptionnel. De cette fortuite observation anthropologique l’on peut conclure sur l’état de délabrement de sites moins exceptionnels, tels que nos parcs urbains, nos trottoirs, et notre espace public en général. Dans cette vision du monde, Allah semble s’être accaparé de toute possibilité de sacré vidant la terre de toute potentialité d’émouvoir par elle-même, ou de générer spontanément du sacré.

L’État tunisien est un chien malade

Si avec mes 3 amis, l’on s’est retrouvé sur une cascade à théoriser sur 4 pots de yaourts, c’est un peu par hasard. Ce n’était pas vraiment notre premier souhait. Notre projet initial était d’abord de partir en Algérie pour faire du tourisme (et pourquoi pas ?). La veille nous avions quitté Tunis à 7 heures du matin. Nous avions atteint la frontière vers 14h après une pause à Tabarka. Après avoir garé la voiture, rempli un formulaire et après une longue queue, quelle fut notre surprise de découvrir qu’à cause d’une circulaire, les moins de 35 ans (ce qui était le cas de mes compagnons) devaient avoir une autorisation de sortie signée par papa. Sans quoi bye bye l’Algérie. L’État tunisien avait balancé cette circulaire dans son projet de lutte contre le terrorisme. Un obscur tableau Excel d’un stagiaire du ministère a du établir qu’au delà de cet âge moyen, le tunisien pense moins à se faire exploser pour Allah.

Dans le Bordel architectural de ce poste-frontière où l’État avait dû investir des milliards, nous étions perdus parmi une foule aussi désespérée que nous. Chacun de son côté semblait subir les effets secondaires d’une circulaire arbitraire. Les agents ressemblaient à des chiens prêts à mordre du citoyen. Il n’y avaient que les ânes et les chèvres qui circulaient librement entre les deux pays.

Un homme nous conseilla de passer par un autre poste-frontière à 30 km au sud. Ce poste selon le monsieur, était plus flexible (plus corruptible voulait-il dire ?). Nous suivîmes son conseil. Nous étions de plus en plus déterminés à quitter le pays. Arrivés au second poste, à l’architecture aussi incompréhensible que le premier, nous avons garé la voiture, fait la queue et signé le même formulaire. Nous avons joué les naïfs jusqu’à ce que l’agent nous ressorte l’histoire de la circulaire. En revanche il ne nous demanda pas l’autorisation signée, mais la présence physique des parents. L’interprétation du tableau Excel devait être à géométrie variable suivant les postes-frontières. Sans trop insister, nous convînmes d’abandonner notre projet algérien et nous quittâmes le cœur triste les locaux marbrés et pourris de la finissante administration tunisienne. En se rapprochant de notre voiture, un douanier ne rata pas l’appareil photo porté par l’un des nôtres. Il nous interpelle pour en vérifier le contenu. Ne trouvant rien, il s’enquiert de notre situation de refoulés de frontière et nous propose les coordonnées d’un passeur qui nous conduirait en Algérie.

Je ne sais que dire, que conclure. Je ne sais même plus quelle caricature dessiner. Je sais seulement que durant cet échange avec le douanier, les ânes et les chèvres continuaient à circuler en toute liberté. Nous autres, décidâmes alors de nous replier sur Aïn Drahem.

Retour en France

Vivant entre Paris et Tunis, l’oiseau "zmigrateur" que je suis devenu, s’intéresse autant à l’actualité des deux rives même si dans ce blog, je commente principalement celle du sud. Cependant pour ce dernier paragraphe, j’aimerai revenir sur une polémique parisienne d’il y a 10 jours qui m’interpelle quant à mon statut bâtard de musulman anti-allahiste...Il s’agit de cette pétition contre "le nouvel antisémitisme" signée par 300 personnalités (voir ici). Le texte de la pétition vise indirectement la communauté musulmane en France qui, selon ses signataires, manifesterait un antisémitisme d’inspiration coranique. Les pétitionnaires demanderaient donc que soient "frappés d’obsolescence" les versets appelant au meurtre et au châtiment des juifs.

En ce qui me concerne, je suis d’accord pour abroger pas seulement quelque versets, mais toutes les sourates quel qu’en soit le contenu. Je pense que nos sociétés s’en tireraient tellement mieux. Pas que les juifs, les musulmans aussi souffriraient moins des allahistes de tout poil. Cependant, et pour éradiquer complètement ce sinistre mal qu’est "l’antisémitisme musulman", je propose à ces même signataires, d’ajouter dans la liste des textes sacrés à frapper d’obsolescence les passages de la Torah qui décrètent Palestine terre promise au peuple élu de Dieu. Si l’occident veut négocier le sacré de ses minorités musulmanes, il faudrait aussi qu’il accepte de discuter la sacralité d’Israël. Parce que OUI ! à moins d’être aveugle, il y a évidement un rapport de cause à effet entre le prétendu nouvel antisémitisme musulman et le sionisme juif. Il est très curieux que ces intellectuels français soient soudain frappés d’aveuglement quand il s’agit de reconnaître cette simple corrélation !

Tartampionne

»» http://www.debatunisie.com/archives/2018/05/08/36367134.html
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