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Les discussions sont âpres, mais...

Une (heureuse) désescalade entre le PCF et la FI en vue des législatives ?

Tandis que le torchon brûle entre la FI et le PCF en raison de l’utilisation frauduleuse par ce dernier de la photo de Jean-Luc Mélenchon sur ses affiches (avec élimination du logo de la FI (1), des contacts sont pris, les discussions semblent avancer.
Nous donnons à lire ci-après les courriers échangés entre Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon les 3 et 4 mai 2017.
LGS

Lettre de Pierre Laurent à Jean-Luc Mélenchon concernant les législatives.

Paris, le 3 mai 2017

Cher Jean-Luc,
Cher(e)s camarades,

Ce courrier fait suite à notre rencontre nationale qui s’est tenue hier. Je l’écris avec la préoccupation de trouver une issue positive à nos discussions, c’est-à-dire le chemin du rassemblement de nos forces dans les élections législatives : c’est ce que souhaitent nos électrices et électeurs qui ne veulent pas courir le risque de voir un député macroniste, de droite ou d’extrême droite élu dans leur circonscription à cause d’une division de nos forces. C’est le seul chemin qui peut permettre de concrétiser l’objectif que tu as énoncé dimanche et que je porte aussi au nom du PCF, d’une majorité législative prolongeant le score du 23 avril.

Cet objectif prendra d’autant plus de force dimanche soir, après le résultat du second tour qui aura renforcé Emmanuel Macron et Marine Le Pen, rendant plus menaçant encore le poids du Front national. Nous aurons plus encore la responsabilité de prolonger la promesse du 23 avril.

En métropole, ton résultat a été en tête de tous les autres dans 58 circonscriptions, il devance Macron dans 56 autres et il a dépassé sa moyenne nationale de 19,6 % dans 155 autres circonscriptions. C’est un potentiel de mobilisation à conforter ensemble.

Pour parvenir à nous mettre d’accord, nous sommes dans l’urgence. Mais nous pensons que c’est possible d’ici dimanche.

Hier, nous vous avons fait une proposition qui permettrait de rassembler nos forces dans le maximum de circonscriptions, sous la bannière commune « la force du peuple à l’Assemblée nationale ». Cette proposition respecte la place centrale tenue par notre candidat et peut être acceptée par tous.

Vous avez contesté puis refusé cette proposition, objectant qu’elle risquait de « détricoter » ce que vous avez construit avec la France insoumise, confirmant que, pour vous, l’unique cadre national de rassemblement possible restait dès lors la France insoumise. Nous continuons de penser que seul un cadre acceptable par tous, donc respectueux de FI comme du PCF et des autres forces créera la dynamique la plus efficace.

Je vous renouvelle donc cette proposition, en apportant des précisions utiles à lever les objections que vous nous avez opposées.

En premier lieu, notre proposition permet bel et bien de résoudre la question du label commun, c’est-à-dire de l’unité nationale de campagne, qui vous préoccupe à juste titre.

Et nous sommes prêts, d’ici dimanche, à avancer avec vous sur la question de l’identification nationale de nos candidats, en nous mettant au travail dans les heures qui viennent.

Deuxièmement, sur la question du programme, il va de soi pour nous qu’en cas de majorité parlementaire, l’Avenir en commun constituerait le socle de cette majorité et de l’action gouvernementale. Bien entendu, dans la mise en œuvre de l’action gouvernementale, toutes les forces qui auront contribué à ce succès feraient valoir leur apport et leurs propositions. Aucun d’entre nous ne veut des députés soumis à l’Exécutif national. Nos propositions, rassemblées dans « La France en commun », comme l’action de nos députés, seraient dès lors une contribution constructive à ce socle gouvernemental. Il n’y a donc aucun brouillage dans l’addition de nos idées mais, au contraire, les bases d’une majorité gouvernementale solide, riche de sa diversité et inventive.

Je vous le redis : si vous étiez d’accord pour travailler dans ce sens, cela ouvrirait la possibilité de présenter ensemble un maximum de candidatures communes, en travaillant sur la base du principe « un pour un » que vous nous avez proposé, en recherchant la candidature maximale pour gagner dans chaque circonscription.

Si vous persistez dans votre refus, nous le regretterions vivement car cela nous conduirait les uns et les autres à présenter des candidatures concurrentes, ce qui ferait trop souvent le jeu de nos adversaires politiques.

Vous savez comme nous que cette situation serait contraire au souhait de nos électrices et électeurs et, surtout, mettrait en péril la possibilité de gagner de nombreux députés, et donc la possibilité de constituer une majorité de gauche nouvelle.

Ne voulant toutefois fermer aucune porte, nous avons noté qu’en cas de refus d’un accord national sur ces bases, vous proposez un retrait réciproque de candidats dans un nombre limité de circonscriptions. Vous avez cité le chiffre de 30 circonscriptions pour chaque force.

Bien que beaucoup trop limitée à nos yeux, nous vous proposons, si vous maintenez votre refus à la proposition qui a notre faveur, d’examiner dès demain dans le détail cette proposition de repli.

Nous avons travaillé avec nos fédérations réunies ce matin une liste de 30 circonscriptions en ce sens, dans lesquelles le PCF propose le retrait de vos candidats, et bien que les fédérations du PCF sont disposées à aller beaucoup plus loin comme elles vous le font savoir localement. A vous évidemment de faire la proposition des 30 circonscriptions où vous souhaitez notre retrait.

Notre liste a été arrêtée selon les principes suivants, que nous vous avons exposés en toute transparence :

 elle ne contient pas les circonscriptions où le PCF dispose d’un député sortant : vous connaissez le travail qu’ils ont réalisé, leur implication contre la politique Hollande-Valls, leur proximité avec les habitants . Elles sont légitimes à se représenter ; nous en prenons la responsabilité, en souhaitant évidemment qu’elles ne soient pas concurrencées par un candidat FI. Ce choix vous appartient.

 notre liste est bâtie à partir des territoires et des rapports de force locaux, notamment là où les candidatures proposées par le PCF apparaissent les mieux placées pour gagner.

Compte-tenu du nombre d’autres circonscriptions où les possibilités de victoires sont réelles, un accord équitable est tout à fait possible sur ces bases.

Vous l’aurez compris, nous souhaitons une réunion demain, pour entendre votre réponse à notre première proposition précisée dans cette lettre et examiner, sinon, dans le détail, la proposition plus limitée. Si vous acceptez le principe de cette réunion, nous vous communiquerons avant celle-ci la liste de nos propositions. Vous pourriez en faire de même. Cela rendrait sûrement notre réunion plus efficace encore.

Dans l’attente de votre réponse, recevez, Cher Jean-Luc, Cher(e)s camarades, mes salutations fraternelles.

Pierre Laurent

Lettre de la FI à Pierre Laurent

Paris, 4 mai 2017

Cher Pierre, chers camarades,

Nous avons pris bonne note du courrier que tu nous as transmis suite à notre échange du mardi 2 mai à propos des élections législatives. Cette discussion constituait la 5ème rencontre entre le PCF et des délégations de la France insoumise depuis le mois de janvier. Aucune de ces rencontres n’a pour l’instant permis d’avancer malgré les propositions que nous avons faites à plusieurs reprises.

  Au mois d’octobre dernier, nous invitons le PCF à prendre toute sa place au sein de la France insoumise pour permettre une articulation étroite entre les élections présidentielles et législatives. Dans l’Humanité du 11 janvier, tu réponds qu’il n’y aura pas d’accord entre le PCF et la France insoumise. Nous avions pris acte de ce refus.

  En janvier 2017, nous prenons cependant connaissance de votre souhait que nous n’investissions pas de candidat dans un nombre réduit de circonscriptions, principalement celles de vos députés sortants. Nous vous proposons donc de travailler dans un esprit de responsabilité à des accords de désistements réciproques. Cette méthode est refusée par votre délégation au cours du mois de février.

Bien que nous ayons toujours laissé ouverte la porte des discussions, vous n’êtes pas revenus sur ce refus avant le 1er tour de l’élection présidentielle. Nous avons d’ailleurs été étonnés dans le même temps de vous entendre dire que nous ne répondions pas à vos demandes de rencontre.

Après le 1er tour, toujours guidé par la volonté d’œuvrer à un accord, nous prenons malgré tout l’initiative de vous proposer une rencontre. Elle s’est tenue le 28 avril dernier dans nos locaux. La veille, nous avions appris par la presse une proposition que vous souhaitiez nous faire. Lors de cette rencontre, tu n’as ni voulu confirmer ni démentir cette information. La discussion n’a, de fait, pas pu avancer mais nous avons convenus d’un nouvel échange pour le 2 mai.

Quelques heures avant la réunion, nous découvrons par la presse que vous souhaitez maintenant un accord national, en contradiction avec votre refus de janvier. Il nous est difficile de suivre ces changements qui nous interrogent sur votre volonté d’aboutir à un accord. Il est donc temps que nous avancions car nous ne pouvons plus retarder notre entrée en campagne.

Nous ne pouvons bien évidemment pas être d’accord avec votre demande : il s’agirait de partager le territoire entre 50% de candidatures communistes portant le programme du PCF et 50% de candidatures de la France insoumise s’inscrivant dans la continuité de la campagne présidentielle. Ce serait rendre impossible le fait de retrouver à l’élection législative les 7 millions de voix qui se sont portés sur le programme de Jean-Luc Mélenchon. Ce serait diluer la force conséquente que nous avons rassemblée dans des campagnes différentes d’une circonscription à l’autre. Ce serait réduire à néant plusieurs mois d’effort pour proposer au peuple français un projet politique clair et cohérent. Ce serait trahir la confiance des 500 000 personnes qui ont contribué à cette démarche et qui ne veulent plus d’accords électoraux sans cohérence. Ce serait une faute politique et stratégique que nous ne pouvons pas commettre si nous voulons proposer à l’élection législative une perspective majoritaire.

Si vous souhaitez un accord sur l’ensemble du territoire, nous vous proposons donc, une nouvelle fois, de travailler à ce que des candidats du PCF puissent s’inscrire dans la campagne de la France insoumise pour les élections législatives. C’est d’ailleurs déjà le cas de plusieurs d’entre eux, comme d’ailleurs de militants d’Ensemble, d’EELV, de la NGS ou du PG qui se sont regroupés dans ce cadre qui rassemble déjà très largement.

Si vous refusez à nouveau cette main tendue, nous sommes toujours prêts à examiner un accord de désistement réciproque. Bien sûr, nous regretterions dans ce cas que vous preniez la responsabilité d’une division dans la grande majorité des circonscriptions. En effet, des candidats qui portent la démarche et le programme de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle y sont d’ores et déjà investis.

Nous demandons alors que cette situation de concurrence soit assumée comme telle et que cessent les procédés de certains de vos candidats visant à créer une confusion dans l’esprit des citoyens. Nous souhaitons donc la mise en place de règles de bonnes conduites permettant la clarté pour les électeurs :

  Non utilisation du nom et de l’image de Jean-Luc Mélenchon par les candidats du PCF pour leur matériel de campagne et leur matériel officiel afin de ne pas induire en erreur les électeurs et de respecter son droit à l’image.
  Non utilisation du logo Front de gauche par tous les candidats, étant donné que les composantes de ce rassemblement seront divisées dans l’élection.

Nous vous proposons donc un accord sur 52 circonscriptions afin de permettre une représentation importante du PCF et de la France insoumise à l’Assemblée Nationale.

Dans 11 circonscriptions à travers le pays, la France insoumise a d’ores et déjà investi des candidats issus du PCF ou rattachés à lui (03-02, 06-01, 06-05, 09-01, 12-02, 71-02, 78-06, 79-01, 80-01, 82-01, 87-03). Ces candidats n’auront donc pas de concurrence.

Nous proposons de retirer ou de ne pas investir de candidats dans 15 autres circonscriptions :
  celles des 7 députés sortants du PCF (13-13, 18-02, 59-16, 59-20, 60-06, 63-05, 93-04).
  -8 circonscriptions parmi celles que vous nous avez demandées en février et sur lesquelles le score de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle a été parmi les plus hauts du pays (02-04, 69-14, 76-03, 76-06, 76-08, 92-01, 92-11, 93-02).

En contrepartie, nous souhaitons que le Parti Communiste retire ou n’investisse pas de candidats sur 26 circonscriptions : 09-02, 13-03, 13-04 ou 13-07, 31-04, 31-09, 34-02, 38-03,57-08, 59-01, 60-03, 62-03, 75-06, 75-09, 75-10, 75-15, 75-16, 75-17, 84-01, 91-01, 91-10, 93-01, 93-06, 93-07, 94-02, 94-10, 95-08.

Après plusieurs mois d’échanges, à 5 semaines du premier tour, il est temps que ces discussions aboutissent. Nous considérons donc qu’il ne sera pas possible de poursuivre nos échanges après le mardi 9 mai sans handicaper notre entrée en campagne. Nous sommes donc disposés à vous rencontrer dans les meilleurs délais pour échanger sur la base de cette proposition.

Avec nos salutations fraternelles,
Pour la France insoumise,

Martine Billard, Raphaël Qnouch, Francis Parny, Manuel Bompard

Note du GS (1) voir l’article de Vincent Moret sur l’utilisation de la photo de JLM sur des affiches du PCF : https://www.legrandsoir.info/la-photo-supposee-de-melenchon-sur-des-affiches-du-suppose-pcf.html

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Que ce soit bien clair : nous avons commis des erreurs, évidemment. Et nous en commettrons d’autres. Mais je peux te dire une chose : jamais nous n’abandonnerons le combat pour un monde meilleur, jamais nous ne baisserons la garde devant l’Empire, jamais nous ne sacrifierons le peuple au profit d’une minorité. Tout ce que nous avons fait, nous l’avons fait non seulement pour nous, mais aussi pour l’Amérique latine, l’Afrique, l’Asie, les générations futures. Nous avons fait tout ce que nous avons pu, et parfois plus, sans rien demander en échange. Rien. Jamais. Alors tu peux dire à tes amis "de gauche" en Europe que leurs critiques ne nous concernent pas, ne nous touchent pas, ne nous impressionnent pas. Nous, nous avons fait une révolution. C’est quoi leur légitimité à ces gens-là, tu peux me le dire ? Qu’ils fassent une révolution chez eux pour commencer. Oh, pas forcément une grande, tout le monde n’a pas les mêmes capacités. Disons une petite, juste assez pour pouvoir prétendre qu’ils savent de quoi ils parlent. Et là, lorsque l’ennemi se déchaînera, lorsque le toit leur tombera sur la tête, ils viendront me voir. Je les attendrai avec une bouteille de rhum.

Ibrahim
Cuba, un soir lors d’une conversation inoubliable.

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