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Venezuela : Ceci n’est pas un soutien populaire

Vous vous en doutez, si j’ai assisté à la manifestation de ce 23 janvier, ce n’est que par considération purement journalistique visant à décrire le plus fidèlement le déroulement d’un de ces rassemblements dont la vocation n’est que d’appuyer la dictaturrrrrrrrrrrrrrre. On m’a prévenu d’ailleurs, un ami bien informé m’a dit qu’il avait entendu un de ses cousins dire qu’un ami a lui avait vu des militaires entrer dans les maisons pour forcer les gens à aller manifester. Une source sûre.

Ainsi donc, suivant l’appel du Gouvernement, je me rends deux heures après le départ de la manifestation sur le point d’arriver, à proximité du centre-ville. Evidemment, je n’ai pas été surpris de voir qu’il n’y avait personne, que c’était tout juste à moitié vide, et qu’il n’y même pas de personnalité politique sur l’estrade. Les "gens" aux alentours m’ont dit que c’était parce que la manifestation n’était pas encore partie.

Rassuré sur la véritable capacité de mobilisation de ces socialo-communistes rouges à casquettes, je me dirige vers le centre ville histoire de déguster un entremet au restaurant français le plus proche.

Le problème c’est qu’à cause de ces Jean-foutre, toutes les rues étaient bordélisées. Tous les deux cents mètres, un petit groupe écoutait un muezzin bolchevique faisant le sermon en criant des "Viva Chavez" et autres signes d’aliénation collective. A certain moment on croirait presque qu’il y a une manifestation, mais je ne me laisse pas avoir, je sais bien que cela ne peut être vrai.

Sur les coups des 14h, je me décide à retourner sur le point d’arrivée de l’action : la place O’Leary.

Et là , je ne sais pourquoi, mais les gens se sont unis pour m’empêcher de passer ! Impossible d’approcher plus près. Certains arguaient du fait qu’il y avait trop de monde.
Sottise ! Je vois bien qu’il restait encore de l’espace au beau milieu de la fontaine.

Bien décidé à ne pas me laisser abattre je me fraye un passage, en m’offrant au passage un casquette couleur locale, histoire de m’infiltrer au coeur de la populace sans être identifié.

Après moult coups de coudes et de fesses et un certain nombre de pieds écrasés, j’arrive enfin à 4 mètres des barrières marquant la fin du territoire autorisé. Devant moi une pancarte : "Je donnerais tout pour pouvoir t’embrasser". J’ai cru un instant qu’il s’agissait de moi. Dommage.

Il est 15h.

Venue du fond de l’avenue, à présent toute aussi bondée que là où je me trouve, descend une camionnette avec à son bord un type, qui fait des signes de la main. Il semble que cette personne relève d’une certaine importance étant donné le mouvement d’hystérie collective qui se déclenche à sa vision.

Enfin, hystérie serait un mot beaucoup trop faible, ça crie, ça hurle, ça court vers la camionnette, sans se préoccuper des risques importants qu’il y a à se faire écraser sous un pneu.

Le type perché sur le toit de la camionnette sourit, et quand il regarde dans la direction de quelqu’un, celui-ci hurle. Rarement on a vu pareil spectacle, sauf peut être à Rome avec Jean Paul IV.

La voiture passe devant moi, sans laisser le temps aux journalistes aux alentours de poser une seule question au type. Quel toupet !

Et puis des balcons aux alentours, des gens balancent des confettis. Enfin le type arrive sur l’estrade.

Les gens hurlent des cris animaliers tels "Uh Ah, Chavez s’en va pas"

Et voila que le type commence à prendre la parole en chantant l’hymne national. J’en suis désormais sûr, il y a un grand péril nationaliste ici. La preuve ? Tout le monde chante autour en coeur, plus ou moins juste (ne peuvent-ils pas prendre des cours de chant à la fin ? C’est agaçant pour les oreilles sensibles)

Il enchaîne avec deux trois autres chansons connues également du public. Je commence à comprendre qu’il s’agit d’un amuseur public. En attendant, je suis comprimé entre une "représentante de la Mission santé" et un membre du "Front national (raciste ?) paysan Ezequiel Zamora". Je révise ma Bible, Ezequiel était une figure maléfique de l’Ancien Testament. Difficulté à respirer, mais je dois rester, pour l’honneur de l’information juste et équilibrée.

Et puis il commence son discours, sous les cris toujours plus animaliers d’une foule qui ne l’écoute pas. Enfin ils se taisent (c’est agaçant vraiment), les quelques groupies à l’avant daignent baisser leur drapeau pour permettre aux autres groupies de voir le spectacle.
Bon le type parle, parle, parle ; en fait de parler, il se répète un peu beaucoup.
"Vive les femmes, vive la révolution, vive la socialisme !"
Apparemment, ce qu’il raconte a un peu d’impact sur la foule qui crie de plus belle.
Au-dessus de lui, un écran géant montre le type, puis montre la foule. Il semble qu’il y ait du monde.

Décidé à rendre compte de la réalité de la supercherie (puisque tout ceci est une mise en scène bien entendu).

Je remonte les avenues adjacentes. Non, elles sont vraiment bondées. L’autre avenue ... aussi, sur encore 200 mètres. Et plus bas ? Egalement. Mais il y a vraiment des centaines de milliers de personnes dans la rue ?

Avec toute la mauvaise volonté que l’on peut admettre vis-à -vis de ce genre de sauterie, il faut admettre que oui, il y a vraiment tout ce monde. Et les trois quarts d’entre eux portaient des t shirts, casquettes, drapeaux, rouges, signe qu’ils ne sont pas tout à fait inconscients de pourquoi ils sont là . Mais bon dieu, rentrez chez vous, ça ne sert à rien, vous ne passerez pas à CNN, qu’est-ce que vous croyez ? Vous ne vous rendez pas compte que vous êtes en train d’appuyer démocratiquement une dictature sanguinaire qui outrepasse la liberté de consommation et de spéculation ?

Alors bon, résigné, découragé par tant d’acharnement à détruire ma haute et juste pensée journalistique, je m’en vais, suivant une des avenues, toujours bondée, en fait, on peut croiser des manifestants pendant encore près d’un kilomètre. 1h plus tard, arrivé à mon logis, je regarde Globovision, la véritable télévision : il semble qu’il n’y a pas eu de manif place O’Leary aujourd’hui, seulement un rassemblement de l’opposition dans les quartiers de l’est, avec un très très très grand succès. Je regarde les images ... comparativement, c’est quand même un bel un échec pour les forces de la liberté.

Et puis finalement je me rassure, puisque je sais pertinemment que demain l’on ne verra que cette seconde manif là dans les médias occidentaux et nullement la première.

Re-motivé, et bien décidé de rendre compte de la réalité objective d’un pays dictatorial sans liberté d’expression j’entame mon article à paraître demain qui s’intitulera : "Malgré les pressions du régime, la population du Venezuela a boycotté massivement la parade militaire du dictateur".

Qui ira vérifier ?

En direct de Caracas, JPL, pour Le Monde.
PCC : Grégoire Souchay.

http://escapades-bolivariennes.blogspot.com/2010/01/ceci-nest-pas-un-soutien-populaire.html

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COMMENTAIRES  

29/01/2010 12:07 par Anonyme

Merci aux journalistes du monde de nous remettre dans le droit chemin de la pensée capitaliste, pendant un moment, j’ai cru que ma pauvreté été réelle ouf !

29/01/2010 13:47 par (k)G.B.

Enfin !

Enfin LGS publie la vérité sur le Venezuela, sur Chavez le Dictateur !

Enfin LGS revient à la raison, et se mue en vrai défenseur de la Liberté des Etats Unis d’Amériqueurope !

J’attendais ce jour depuis si longtemps !

Ouf ! Nous allons pouvoir dormir tranquilles, sans craindre qu’un odieux media alternatif bolchevik ne vienne subvertir nos enfants et leur faire croire que le capitalisme est l’Ennemi.

(k)G.B.

30/01/2010 03:43 par Don Quilla-Huasi

FOUTAISE.
Parodie Médiatique Ok.
Mais Dictature... Pas du Tout.
J’habite Quito. J’Ai des amis Vénézuéliens...
La Grande critique, à noter que le NPA l’a faite : c’est un pouvoir Bureaucratique beaucoup trop fort malgré les Conseils Communales (democratie participative aux resultats reconnus). La domination du marché ou du pouvoir Estatale RESTE UNE DOMINATION. mais de là à oser utiliser le mot Dictature... Careverga
Scandaleux de publier un torchon Pareil-

30/01/2010 18:28 par yann

M’enfin ???
Vous voyez bien que ce papier est à lire au second (voire troisième) degré, tout de même ?

Lisez la chute et vous comprendrez.

31/01/2010 12:51 par (k)G.B.

Don Quilla, sauf votre respect, il me semble que vous lisez un peu trop au premier degré.

Tout l’article est à prendre au second degré (voire plus !).

LGS ne verserait jamais dans l’immonde propagande impérialiste ; faites donc confiance à ce medium ! :)

(k)G.B.

31/01/2010 13:39 par legrandsoir

L’ironie est une arme délicate à manier.

Merci pour ta confiance (k)GB. Il est vrai aussi que nous attendons toujours une offre financière sérieuse pour changer de camp.

Je répète : L’ironie est une arme délicate à manier.

31/01/2010 22:05 par Marina

En effet, l’ironie est une arme … efficace, à manier et à interpréter délicatement … Son effet de sens est redoutable pour ne pas dire "percutant" … pourvu que l’on soit disposé à se laisser entraîner par son jeu sous-réaliste et que, contrairement à la lecture qu’en a fait "Quilla" , on n’interprète pas à la hâte …

04/02/2010 02:03 par Anonyme

Ahah bravo, la température était difficile à mesurer. Surtout avec les commentaires qui jouent le même jeu.
Ce personnage mérite plus d’attention. J’ai vu un documentaire sur le coup d’état manqué et s’il est objectif il en ressort que les vrais dictateurs sont les anciens libéraux qui ont été les seuls à profiter de la manne du pétrole. Un groupe de bourgeois issu de colons européens semble t il. La plupart sont partis se réfugier aux usa, çà en dit long et sur leur honnêté et sur le rôle qu’à du jouer les us dans ce complot. Un doute plutôt fondé so on sait que depuis des dizaines d’années les us ont très souvent été impliqué dans toute sorte d’entorses à la démocratie dans cette région.
Encore dernièrement au honduras ou guatemala, il me semble.
Je lis depuis peu des sites qui s’intéressent à la politique et aux droits de l’homme et le vrai visage des états unis se dévoile petit à petit. Si j’en avais qu’une vague impression, les faits lèvent mes présomptions.
Malgré tout, surtout du fait que j’ai pu être intoxiqué aussi facilement par les médias traditionnels, je reste un peu réservé sur la volonté désintéressée affichée par chavez et je pense que je serais convaincu que si la situation économique des vénézueliens s’améliore effectivement, si les droits de l’homme sont respectés et si sa position n’aura pas servi à son enrichissement personnel ou s’il n’essaie pas par tous les moyens de conserver le pouvoir. La crise mondiale ne lui rend pas la tache facile, l’opposition est forte de sa manipulation des médias et du pouvoir que leur confère leur argent.
Je crois savoir qu’au niveau de la santé et de l’éducation il y a eu de gros progrès.
viva chavez, la constitution etc :)

04/02/2010 09:19 par legrandsoir

je pense que je serais convaincu que si la situation économique des vénézueliens s’améliore effectivement,

C’est déjà fait, mais pas forcément pour la minorité qui contrôle les médias.

si les droits de l’homme sont respectés

Que vous ayez un doute montre qu’il vous reste encore à apprendre, mais le temps joue de notre côté alors on ne va pas insister... :-)

et si sa position n’aura pas servi à son enrichissement personnel

Aaaahhh... encore quelques bribes de propagande qui trainenet par-ci par-là ...

ou s’il n’essaie pas par tous les moyens de conserver le pouvoir.

... ah non, en voici encore. Pas mal même. Phrase qui en dit trop ou pas assez. "Par tous les moyens" ? Vraiment ? En se soumettant régulièrement aux élections et référendums ? Ah d’accord.

04/02/2010 13:46 par Anonyme

Au grand soir,

Je vous sais gré, certes, de diffuser les info que les médias vendus nous refusent. Je suis contente que vous puissiez accéder à des sources différentes et je vous remercie de nous en faire partager les lumières.

Par contre je n’approuve pas vos moqueries à l’encontre de ceux qui,faisant preuve d’esprit critique à l’égard des médias vendus, cherchent désespérément à s’informer, comme anonyme 04/02/2010 à 02:03 (ce n’est pas moi),lorsqu’apparaît une contradiction entre le discours des-dits média vendus, et le peu qu’ils ont pu apprendre au cours de leur existence.

Il fut long pour moi, le chemin qui mène au GrandSoir et quelques autres. Il a fallu d’abord que je découvre l’existence de Rue89, à l’occasion de l’agression contre Gaza. En effet, la palestine, j’en avais entendu parler depuis longtemps ; c’est pourquoi j’ai pu immédiatement être révoltée par ce que je lisais et entendais - ou plutôt ne trouvais ni à lire, ni à entendre : j’étais déjà assez informée de la situation de Gaza pour me douter des dégâts que pouvait engendrer le bombardement de cette prison à ciel ouvert. A force de chercher d’autres informations, je suis tombée, donc, sur Rue89. Les articles du-dit journal ne valaient pas beaucoup mieux que les autres ; mais j’y ai découvert le monde passionnant des commentaires ; là était l’information, et là aussi les adresses de sources différentes.

Jusque-là , je n’avais pas entendu parler de Chavez autrement que comme on en parle sur FranceInfo ou le Monde. Tant que je n’ai pas eu accès à d’autres sources d’information, rien ne me permettait de mettre en doute ce que je lisais ou entendais à ce sujet, de supposer que ce qui se passait au Vénézuela pouvait être tout autre chose qu’une de ces dictatures qui accablent périodiquement les pays d’Amérique latine. Plus exactement, je percevais vaguement qu’elle devait être un peu différente, puisqu’il ne semblait pas qu’elle soit soutenue par les USA. Il ne semblait pas non plus qu’elle s’accompagne de massacres comme ce fut le cas de tant d’autres. Comme par ailleurs l’actualité ne manquait pas de sujets brûlants, je ne m’intéressais pas plus que ça à cette dictature pas trop cruelle.

C’est parce qu’anonyme précédent a su conserver son esprit critique, qu’il a pu arriver un beau jour sur le site du GrandSoir et s’y intéresser. Il me semble tout à fait légitime qu’il entende conserver son esprit critique à l’égard du GrandSoir et prendre le temps de juger de la qualité et du bien fondé de ses articles, plutôt que d’avaler n’importe quoi sans réflexion et sans discernement. Ni Dieu, ni maitre, ni bible, ni évangile, ni coran (ce qui n’empêche pas de respecter les croyants).

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