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Visite à Paris du Ministre des Relations Extérieures de la République Bolivarienne du Venezuela, M.Elias Jaua.

Venezuela : « La réalité est plus puissante que n’importe quelle campagne médiatique »

Conférence de presse de près de deux heures cet après midi du 23 avril 2014 à l’ambassade du Venezuela à Paris. Devant un auditoire d’une cinquantaine de personnes le Ministre des Relations Extérieures de la République Bolivarienne du Venezuela, M.Elias José Jaua Milano, a laissé claire son ambition : « Nous menons une campagne de conscientisation sur les évènements qui ont secoué le pays dernièrement. Nous sommes ici pour vous présenter notre version des faits » [1]. Accompagné de deux jeunes femmes et d’un jeune homme, le Ministre a introduit le débat en critiquant le rôle de grands médias de communication qui ont alimenté, selon lui, une campagne mensongère à l’égard du pouvoir vénézuélien. « Face a ces grands médias, j’ai voulu que vous écoutiez les témoignages de ceux qui m’accompagnent aujourd’hui. Il s’agit de deux étudiants et d’une employée de maternelle. Je leur laisse la parole ». L’un après l’autre les trois invités se sont exprimés sur leur expérience personnelle durant les troubles provoqués par l’opposition. Rappelons que depuis janvier 2014 la droite vénézuélienne a lancé une campagne de protestation à l’encontre du gouvernement de Nicolas Maduro l’accusant de divers problèmes présents dans le pays (pénuries, insécurité, etc.). Rapidement ces manifestations se sont ponctuées d’actions violentes qui ont obligé l’état à recourir à la force pour réprimer ces activistes dont beaucoup étaient des étudiants d’universités privées « organisés en troupes de choc » selon le chercheur Salim Lamrani [2].

Etudiants également, les jeunes Yoandri Guevara et Liliana Vargas (tous deux étudient à la UNEFA, Université national expérimentale de polytechnique des Forces Armées Bolivariennes) expriment devant les journalistes présents dans la salle la douleur qu’a été pour eux de voir leur centre universitaire incendié « par des terroristes » [3]. Des représailles devant leur refus de participer aux “grèves”. « Moi je suis un exemple de ces garçons venus de la campagne et qui ont pu faire des études grâce aux acquis de la Révolution. Nous sommes prêts à défendre l’éducation quoi qu’il nous en coûte » affirme le jeune Yoandri tout en brandissant un exemplaire de la constitution bolivarienne de son pays. Aracely Velazquez, qui travaille dans une banlieue de Caracas (dont le maire fait partie de l’opposition) explique quant à elle les attaques à coup de cocktail molotov, de jets de pierres et de barres de fer qu’a subi son bâtiment qui regroupait des nombreux enfants en bas âge et qu’il a fallut évacuer précipitamment.

Face aux questions des journalistes M.Jaua s’est fait précis. « L’opposition doit se compromettre à respecter les règles du jeu démocratique, elle doit se défaire de la violence comme moyen d’atteindre le pouvoir. Sur les 41 personnes décédées durant les manifestations 3 sont imputables aux actions des forces de sécurité de l’état. Et dans ces trois cas les agents impliqués ont été mis en examen. Nous avons agi avec l’usage de la force de façon proportionnelle et dans le respect de la constitution. Nous n’avons pas affronté des manifestations étudiantes, nous avons affronté des groupes armés et entrainés ; et c’est cela qui explique le nombre de morts ». Les similitudes avec le coup d’état en Ukraine de février 2014, téléguidé par des organismes extérieures, sont flagrantes et M.Jaua a rappelé « que la participation active de secteurs nord-américains ces 15 dernières années pour nous déstabiliser est avérée (...) Que le pays qui possède les plus grandes réserves de pétrole du monde tente une expérience socialiste est quelque chose qu’ils (les Etats Unis) ne peuvent pas accepter ». Une expérience socialiste qui, comme le Ministre l’a lui même souligné, « respecte » le secteur privé avec lequel il discute afin de trouver un consensus qui aboutirait à la fin des sabotages de l’économie et aux agissements des accapareurs. Ces sabotages sont une réalité comme le démontre la découverte par les autorités vénézuéliennes, le 5 février 2014, de milliers de tonnes de produits alimentaires cachés dans des entrepôts de l’état de Tachira [4]. Une façon pour la droite de provoquer la colère des citoyens et d’accuser le gouvernement de ces maux. Le Ministre a néanmoins reconnu des problèmes structurels de l’économie bolivarienne : « Le Venezuela est un pays dont l’économie a pour base l’importation, et ce depuis longtemps. En 1998 nous produisions 13 millions de tonnes d’aliments, aujourd’hui 30 millions. A côté de ça notre consommation est passée de 20 millions à 50 millions de tonnes d’aliments. Notre rythme de croissance n’équilibre pas celui de la consommation. Notre modèle reste un succès car il a éradiqué la faim. La rente pétrolière soutient notre politique mais elle n’est pas suffisante pour maintenir notre état social ».

« Afin de mettre un terme aux rumeurs, peut-on avoir un chiffre sur le nombre de cubains qui se trouve dans le gouvernement vénézuélien ? » questionne le journaliste du Monde Paolo Paranagua. Rappelant qu’en effet la présence de cubains au Venezuela avait été utilisée par l’opposition pour parler “d’impérialisme cubain” dans le pays, Elias Jaua a avancé les chiffres de 25.000 professionnels de la santé, 600 techniciens agricoles et 100 entraineurs sportifs envoyés par la nation soeur. « Le Brésil actuellement a mis en place un programme de coopération avec les autorités cubaines, programme qui s’appelle “Mas médicos” (Plus de médecins). Personne n’accuse le Brésil d’être contrôlé par les Cubains » [5]. Sautant sur l’occasion, l’ambassadeur en France de la République Bolivarienne, M.Héctor Michel Mujica, a pris le micro pour s’adresser au journaliste. « Je profite de votre présence pour informer que j’ai été fortement en désaccord avec un éditorial du journal Le Monde sur l’actualité de mon pays. A mon sens cet éditorial présentait un certain nombre de contre-vérités. J’ai écrit deux fois au dit quotidien, et je sais qu’ils ont reçu mes courriers, pour avoir un droit de réponse ; ce qui est chose normale dans une démocratie. Je n’ai eu aucune réponse du journal » [6]. Preuve si besoin que l’affrontement médiatique prend une place centrale dans la géopolitique du XXI°siècle. « Si l’opposition disait vrai nous aurions eu une guerre civile. Heureusement la réalité est plus puissante que n’importe quelle campagne médiatique » [7] a affirmé le Ministre.

Loïc Ramirez
p/Le Grand Soir

[1Intervention d’Elias Jaua.

[3Intervention des jeunes étudiants vénézuéliens, 23 avril 2014.

[4Ibid.

[5Intervention d’Elias Jaua.

[6Intervention d’Hector Michel Mujica, mercredi 23 avril 2014.

[7Intervention d’Elias Jaua.


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