Les enfants des écoles, c’est comme les poulets en batterie : il faut tout de même les nourrir, sinon le PIB chute. Raison pour laquelle, selon Le Guardian du 19 juin, la moitié des enseignants britanniques (la meilleure moitié aurait dit John Galsworthy) nourrissent leurs élèves pour ne pas qu’ils défaillent. Apparemment, l’autre moitié ne craint pas pour son gagne-pain.
De nombreux directeurs se sont alarmés et demandent que les enfants nécessiteux puissent bénéficier d’un petit-déjeuner gratuit à l’école. Selon les enseignants, le nombre des ventres creux a augmenté depuis le retour des conservateurs au pouvoir. Des instituteurs viennent à l’école avec des fruits quand ils ne donnent pas quelques pièces aux gosses pour qu’ils s’achètent à manger.
On n’insistera pas sur les conséquences à long terme sur l’état de santé de ces enfants qui risquent de connaître des problèmes plus sérieux que les entrepreneurs français qui iront se défiscaliser outre-Manche. Ventre affamé n’a pas d’oreille, n’écoute pas ce qu’on lui dit, ne retient rien.
Des millions de petits Anglais vivent sous le seuil de pauvreté. Donner gratuitement à manger aux enfants nécessiteux coûterait 500 millions de livres par an (PIB du pays : 1400 milliards). Boris Johnson, le conservateur blondinet récemment réélu maire de Londres, a annoncé qu’il fournirait des breakfasts gratuits dans une cinquantaine d’écoles de quartiers défavorisés pour une période de trois ans.
Il est difficile de perdre tous les enfants affamés dans des pubs.
Théophrase R.,
qui a bien connu Oliver Twist.