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Venezuela : comment les médias internationaux incitent à tuer

Au sortir de la deuxième guerre mondiale, l’écrivain Primo Levi parlait de cette « zone grise » où la barbarie ne s’appuyait pas tant sur les plus visibles des chefs sanguinaires que sur le petit fonctionnaire qui se contentait d’ouvrir et fermer la porte d’un camp, de tourner la clef de contact d’un convoi (1).

Lorsqu’on fait le bilan de cent jours d’insurrection de la droite au Venezuela, on voit émerger comme pièce essentielle du dispositif la « zone grise » du pouvoir médiatique : combien de pigistes, de webmasters, de « spécialistes internationaux » qui ne voyagent plus depuis le rachat de leur journal par la Bourse et qui relaient l’AFP ou Reuters, combien de « fonctionnaires gris » de l’« actu » à demi inconscients de ce qui se passe ou simplement conformistes et désireux de faire carrière, auront-ils contribué à donner l’onction de manière permanente et automatique à des assassins ?

En cent jours de violences, huit personnes ont été lynchées et brûlées vives par les « manifestants pacifiques », certaines parce qu’elles tentaient de traverser de barricades montées pour empêcher la circulation, d’autres parce qu’elles ont été confondues avec des « infiltrés chavistes » (2). La plupart des assassins reste en liberté vu les défaillances ou la lenteur de la Justice vénézuélienne, voire à cause de la proximité de certains juges avec le https://www.legrandsoir.info/ecrire/?exec=article_edit&id_article=32073projet politique que les États-Unis baptisent « gouvernement de transition ». Les auteurs ou organisateurs d’exactions deviennent, grâce aux médias, des dissidents politiques (3). Par contraste, en ce qui concerne la minorité de victimes blessées ou assassinées par des membres des forces de l’ordre ayant désobéi aux ordres de ne pas tirer – on observe l’arrestation et le jugement immédiat des responsables.

« Que se passerait-il », interroge le journaliste uruguayen Aram Aharonian, codirecteur de l’Observatorio en Comunicación y Democracia, « si des fondamentalistes religieux qui posent des bombes et mènent des actes terroristes en Europe, étaient présentés par les médias hégémoniques comme des patriotes sensibles et héroïques ? »

Il y a un effet de « commande médiatique » de la violence et du massacre subis par les vénézuéliens. La droite locale s’appuie sur l’uniformisation du champ médiatique et a bien compris la plus-value de chaque mort à venir : il sera automatiquement attribué par les grands médias au gouvernement à abattre.

Thierry DERONNE. Venezuela, 6 juillet 2017.

Notes

1. http://www.universalis.fr/encyclopedie/primo-levi/4-la-zone-grise/

2. Voir notamment : « La rage raciste de l’extrême droite vénézuélienne » (https://venezuelainfos.wordpress.com/2017/05/24/la-rage-raciste-de-lextreme-droite-venezuelienne/). Et « Peut-on porter des habits rouges quand on est journaliste au Venezuela ? » (https://venezuelainfos.wordpress.com/2017/06/26/peut-on-porter-des-habits-rouges-quand-on-est-journaliste-au-venezuela/).

3. Une des plus respectables ONGs occidentales de droits de l’homme (Amnesty International) se trompe dans ce cas particulier. Contrairement aux gouvernements antérieurs avec leurs cortèges de disparus, de torturés, etc.., il n’y a pas aujourd’hui de « prisonniers politiques » au Venezuela. Le terrorisme, l’organisation de violences ou de massacres, les attentats à l’explosif, la corruption, etc… ne sont pas des délits d’opinion mais de faits de droit commun punissables dans n’importe quelle démocratie et par n’importe quel État de droit. La forte pression du stoyrytelling médiatique, l’image de marque à préserver pour les bailleurs de fond, la confiance accordée aux rapports d’ONGs des droits de l’homme proches de l’opposition – ou mises en place en Amérique Latine là où des gouvernements de gauche on été élus, mènent à ce genre d’erreur. Lire, de Rafael Correa : « L’opposition vénézuélienne est dix mille fois plus putschiste que la nôtre » et « La tactique de la droite nord-américaine en Equateur, au Venezuela et en Bolivie, est de financer des fondations pour déstabiliser les gouvernements progressistes ».

 http://wp.me/p2ahp2-2Me

COMMENTAIRES  

06/07/2017 18:48 par DD

Pour être un bon fonctionnaire, il faut beaucoup d’intégrité et de sens moral, intégrant celui du service public. A défaut de salaires et de retraites au niveau requis. Les fonctionnaires"gris" susmentionnés ne mériteraient nullement de l’être... A l’instar de tous ces politiciens qui sans vergogne vont "à la soupe", aux frais du contribuable.

07/07/2017 02:21 par cassiopea

Il n’y aura donc aucun espoir que la vérité soit dite un jour (par nos médias dominants). j’étais sans voix d’avoir entendu un de nos journaleux dire à propos de ce qui se passe au Vénézuèla que c’était la faute à Maduro ce dictateur lui même influencé par l’autre dictateur qu’était Chavez ! Et le journaleux en question semblait bien informé puisqu’il ne tend le micro qu’à la belle (nantie) jeunesse vénézuelien" éprise de liberté !

07/07/2017 13:53 par Dominique

Hier j’ai discuté avec un pote anarchiste qui habite au Venezuela. La situation y est bien plus compliquée que de simples heurts entre la gauche et la droite. Aujourd’hui, les manifestations ont largement débordés des beaux quartiers pour toucher l’ensemble des villes et des classes sociales. Il s’agit d’une véritable guerre civile qui fait bien plus de morts que les chiffres officiels, qu’ils soient de droite ou de gauche. Dans cette histoire, autant les médias de gauche que ceux de droite ont tellement d’intérêts partisans à défendre, que nous ne pouvons pas compter sur eux pour être objectifs.

Le fond de l’histoire est que le chavisme pouvait encore fonctionner dans un pays rongé par la corruption quand le prix du pétrole était élevé. En pratique il a fonctionné dans les villes, mais plus on s’enfonce dans les campagnes ou la forêt, moins les habitants de ces régions on vu les programmes culturels, de santé, sociaux ou de développement. Aujourd’hui le pays est endetté et son économie est plombée par une inflation galopante. Un pain d’un kilo coûtait 1500 bolivars il y a une année. Il en coûte 8000 aujourd’hui, et le salaire moyen est de 5000 bolivar par jour. De plus, quand il n’y avait pas de nourriture dans les magasins, le seul moyen d’en obtenir était de l’acheter aux militaires, lesquels s’enrichissaient au passage corruption oblige. Un régime militaire, qu’il soit de gauche comme de droite reste un régime militaire. Aujourd’hui, la nourriture est revenue dans les magasins, mais la classe moyenne laminée par l’inflation n’existe plus.

La majorité du peuple vénézuélien ne croit plus ni aux promesses de la gauche, ni à celles de la droite. Tu dis autogestion on te répond corruption. Tu dis coopérative on te répond argent facile. Les dégâts fait à l’image de la gauche par la "révolution" bolivarienne sont donc énormes.

Pour essayer de sortir de cette crise, le gouvernement Maduro a mis en place une politique extractiviste passant par le développement à grande échelle de nouvelles mines et par une dépendance accrue à l’exportation de matières premières non transformées, donc à bas prix, ceci sans consultation des populations concernées et donc au mépris total de la constitution du pays qui garantit les droits des peuples indigènes et de traités internationaux. Voir extractvisme au Venezuela.

07/07/2017 19:04 par GZ1789

@ Dominique
Où l’on voit que le gouvernement bolivarien ne fait rien de bien et où l’on se rappelle que les anarchistes, malgré l’excellence de leur idéal, n’ont jamais dépossédé un seul jour les oligarques dans quelque pays que ce soit.
« Celui qui sait agit, celui qui ne sait pas enseigne » dit un proverbe anglais.

07/07/2017 22:38 par Dominique

@GZ1789

Un fait reste un fait et les exactions du gouvernement bolivarien vis-à-vis des peuples indigènes en résistance contre un programme minier que ce gouvernement veut leur imposer par la force en violation de sa propre constitution sont bien réelles. La théorie bolivarienne est écosocialiste, la pratique est extractivisme militarisé. Comme en Equateur. Au Brésil c’est différent car la corruption y est encore plus élevée et les multinationales utilisent des milices privées et des brigands pour faire leur sale boulot.

Quand aux anarchistes, ils attendent leur heure et à l’exception de Cuba où les communistes et les anarchistes étaient alliés dés le début de la révolution, je ne vois aucun pays de gauche qui ait réussit à faire autre chose qu’à remplacer une oligarchie corrompue par une autre. Au début du processus bolivarien, de nombreux anarchistes se sont alliés à ce processus car il comportait plein de bonnes choses. Cela ne les empêchaient pas d’être critique. Aujourd’hui, la corruption atteint des sommets, le peuple laminé par la crise ne fait plus confiance ni à la gauche, ni à la droite. Les seuls à garder le cap de leurs idéaux sont les anarchistes et les peuples indigènes.

Un point de mon commentaire précédent est exagéré, le gouvernement bolivarien ne peut pas être comparé à une junte militaire de type Pinochet car si les militaires y sont bien représentés, ils n’ont pas la main mise sur toutes les affaires du Venezuela. Mais cela n’empêche pas une police comme la CICPC de se comporter comme une bande de tueurs à gage vis-à-vis des peuples indigènes lorsque ceux-ci essaient simplement de faire valoir leurs droits sur leurs territoires. Cela n’empêche pas non plus la corruption d’être endémique en Amérique latine, et ceci aussi dans des pays comme le Venezuela. Cela n’empêche pas les manifestations parties de quelques quartiers favorisés de quelques villes de s’étendre aux autres villes et aux autres couches sociales. Voir par exemple Depuis le Venezuela : sept clés pour comprendre la crise actuelle par Emiliano Terán Mantovani qui est un sociologue vénézuélien, militant écologico-politique et chercheur en sciences sociales.

Enfin je suis bien conscient qu’une partie des problèmes actuels du Venezuela et de son gouvernement sont dus à l’impérialisme de puissances comme les USA et la Chine. Mais cela n’excuse en rien la répression par la terreur dont les opposants pauvres au chavisme font l’objet.

08/07/2017 06:24 par legrandsoir

Mais cela n’empêche pas une police comme la CICPC de se comporter comme une bande de tueurs à gage vis-à-vis des peuples indigènes.

Tueurs à gages, hein ?
Pour le reste, vous manoeuvrez en recul par rapport à votre commentaire précédent contredit par un autre lecteur. Quant au lien que vous donnez à lire ( en sachant que la plupart des lecteurs ne font pas le "clic", persuadés que vous proposez là une preuve de vos affirmations), il affiche un article assez éloigné pour l’essentiel de ce que vous dites qu’on va y trouver, il est infiniment plus nuancé que vos commentaires, voire il les infirme sur le fond.
Particulièrement aimé votre :

Quand aux anarchistes, ils attendent leur heure...

Proudhon est mort il y a 150 ans. Vous pensez il faudra attendre encore autant ?
MV

08/07/2017 09:36 par Dominique

Mon pote vit au Venezuela avec ceux d’en bas dont il fait partie, ceux qui n’ont jamais reçu les bienfaits du chavisme. Au lieu de cela, il a été torturé et nombreux sont ses amis et connaissances qui ont été torturés et/ou liquidés par les forces de l’ordre de l’État vénézuélien. Par exemple un chef de village qui osait protesté : ils ont d’abord tué son père de 104 ans, 3 ou 4 ans plus tard son fils et 1 ans après ce fut son tour. Comment allez-vous appeler cela, des bavures, des victimes collatérales, ou simplement les comptabiliser, comme le fait le gouvernement, dans la violence ordinaire. Comme cela on efface toutes les traces et les responsables en uniforme de ces crimes imprescriptibles ne seront jamais jugés. Le terme exact utilisé par mon pote n’est pas tueurs à gage, lesquels sont des privés, mais assassins du gouvernement.

Proudhon est mort, Marx aussi. Ce dernier avait l’honnêteté de reconnaître que son oeuvre manquait de cohérence. Les anarchistes ont compris pourquoi depuis longtemps : se débarrasser de l’argent n’implique pas de se débarrasser du capitalisme, cela implique de se débarrasser du capitalisme et de ses inégalités, du progressisme et de sa destruction du vivant et de l’humanité de l’homme ainsi que du productivisme et de l’aliénation causée par le travail obligatoire. Cela implique aussi de se débarrasser de tous les politiciens qui passent leur temps à lutter pour le pouvoir au lieu de le passer à construire une société humaine.

Ce que m’a appris mon pote vénézuélien fut un choc pour moi. Mais pas une surprise car j’avais déjà lu des articles sur un processus semblable en Equateur ou au Brésil. Je ne m’étonne pas, dés lors, que la gauche d’Amérique latine soit en perdition dans les élections. Ceci d’autant plus qu’au Venezuela cela correspond à une disparition de la classe moyenne laminée par la crise et l’inflation. Ensuite les ingérences extérieures n’expliquent pas tout, Cuba en subit depuis bien plus longtemps et tient toujours le cap. Des vénézuéliens dénoncent tout cela, par exemple Un dossier – Venezuela : fin du « chavisme » ou sursaut populaire ?. Sur les peuples indigènes par eux-mêmes, voir indymedia venezuela, il y a de nombreux articles en espagnol et quelques uns en français.

De plus il est sur que si la droite revient au pouvoir, elle continuera cette politique extractiviste forcenée. Aujourd’hui les peuples indigènes sont plus menacés que jamais, et ceci sur l’ensemble de la planète. En Amérique, les peuples indigènes forment un axe de résistance qui va du Canada en Patagonie et à l’exception des anarchistes, bien peu nombreuses sont les voix à gauche qui s’intéressent encore à leur sort, ainsi qu’au sort de notre mère Nature. Toutes les autres tendances politiques sont tellement empêtrées non seulement dans leurs luttes pour le pouvoir mais aussi dans leurs mythes du progrès et du productivisme qu’elles ne se rendent même pas compte que ce sont précisément ces mythes pseudo-religieux qui rendent possible l’extractvisme et le consumérisme et donc, au nom de la science, de tuer le vivant sur cette planète.

J’aimerai bien me tromper et pouvoir faire comme s’il était possible de garder notre civilisation industrielle simplement en la repeignant en vert ou en rouge. Mais malheureusement pour nous, le vivant ne fonctionne pas comme ça, Autrefois ont discutait pour savoir si les peuples indigènes avaient une âme. Aujourd’hui on crie Vive le progrès ! Dans tous les cas on envoie l’armée, les forces spéciales ou d’élite. L’histoire se répète, aujourd’hui comme hier une autre rencontre est possible avec les peuples indigènes comme avec ceux d’en bas.

08/07/2017 10:52 par legrandsoir

Comment allez-vous appeler cela

Des rumeurs ? Des on-dit ? Un dérapage ? Une bavure ? Des "initiatives personnelles" dans un pays qui a toujours connu la violence ? Les auteurs sont-ils recherchés ? Arrêtés ? Punis ? etc..

Ensuite les ingérences extérieures n’expliquent pas tout, Cuba en subit depuis bien plus longtemps et tient toujours le cap.

Ben oui. N’est pas FIdel et companeros qui veut. N’est pas le M26 qui veut. Et le modus operandi du processus au Venezuela (élections "pluralistes" et persistance des médias oligarchiques agressives, respect du jeu "démocratique" bourgeois) constitue en lui-même un lourd handicap pour des forces encore largement inexpérimentées et même encore inorganisées, face à qui vous savez.

08/07/2017 10:24 par Assimbonanga

Juste pour relativiser : l’Égypte connaît actuellement un problème de surenchérissement alimentaire. Quant à la corruption... sans commentaires.

08/07/2017 13:54 par Dominique

Je suis entièrement d’accord que les chavistes ont un handicap en jouant le jeu démocratique et aussi qu’ils sont inexpérimentés. Je considère aussi que Chavez aurait du avoir une réponse beaucoup plus musclée après l’échec du coup d’état où il a failli perdre la vie et faire juger toutes les personnes impliquées. Mais peut-être que le rapport des forces au sein de sa propre majorité ne le lui permettait pas.

Je sais aussi que le large mouvement de gauche qui a porté Chavez puis Maduro au pouvoir est très hétéroclite, ce qui constitue un handicap pour mener des réformes approfondies. Je sais aussi que les USA ne rêvent que de prendre leur revanche et de regagner leur influence perdue et que ce sont eux qui ont favorisé la crise économique et les mouvements violents de contestation au Venezuela. Le problème aujourd’hui est que si cette lutte violente entre la gauche et la droite ne cesse pas, elle risque de dégénérer en guerre civile et qu’elle contribue déjà à absorber des ressources de l’État qui seraient mieux utilisées ailleurs et à ainsi favoriser le mécontentement des victimes de ces violences et de l’inflation.

C’est bien parce que je sais cela que je n’ai pas fait de commentaire sur les autres articles sur le Venezuela et que je vais m’arrêter là en ce qui concerne celui-ci. J’espère sincèrement que le Venezuela et son peuple sorte victorieux de cette crise, et pour cela je pense que la gauche a besoin de retrouver ses fondamentaux surtout par rapport aux victimes de la crise économique. Je persisterai aussi toujours à penser qu’appeler écosocialisme une intensification de l’extractivisme et de l’exportation de matières premières non transformées est du foutage de gueule car ceci contribue à renforcer un mode de vie qui tue le vivant et un système économique hautement inégalitaire pour les exportateurs de matières premières non transformées, ceci d’autant plus que cela se fait sans avoir consulté les populations directement concernées par la destruction de leur mode de vie qui lui est non seulement écologique mais aussi durable. Une autre rencontre avec les peuples indigènes doit se faire.

09/07/2017 13:44 par D. Vanhove

Avec le recul et ce que l’on a pu voir des autres pays secoués par une volonté de changement de régime, on sait maintenant que ces changements sont rarement spontanés et sont la plupart du temps alimentés et financés par l’extérieur dans un calcul de retour sur investissement...
dans de telles circonstances toute la vie et l’organisation sociale sont bouleversées et les choses sont rarement dans le registre du blanc ou noir... les nuances sont multiples, infinies et inhérentes d’ailleurs au "vivant" pour reprendre les termes de Dominique, et heureusemt !

maintenant s’il faut aborder la question de la corruption... qui donc est en droit de donner des leçons de probité aux autres...?
elle est omniprésente... tant dans ces pays lointains dont nous gardons svt (pcq nous ne les connaissons pas et n’en avons donc aucune expérience) une approche "exotique" qu’à nos portes où elle est organisée de manière plus subtile (p-ê ?) mais aussi à grande échelle... et avec quelles sanctions à la clé...? pour ne prendre qu’un exemple, les Balkany, vous connaissez...?
cette question-là ne devrait pas nous diviser, mais devrait nous permettre de renvoyer ceux qui la soulève à leur proche environnement, au lieu de fustiger "les autres" des pays colorés...

en temps de paix, la corruption fleurit (voyez en nos pays occidentaux)... alors, comment en serait-il autrement en temps de tensions, de révoltes, de guerres...?! découvrir une telle évidence s’appelle un truisme

personnellmt, je n’ai pas assez de connaissances de la situation au Venezuela pour intervenir dans les articles qui abordent le sujet, et la plupart du tp, je ne les commente donc pas... je les lis et m’instruis grâce à eux sur la qstion... mais mon expérience de la Palestine m’a fait comprendre qu’une constante traverse ces pays en crise, c’est l’incroyable complexité qui s’y joue...
la qstion me paraît dès lors devoir être placée à un autre endroit : que faut-il que la gauche fasse pour préserver les acquis de ses révolutions ?... faut-il qu’elle laisse indéfiniment le camp adverse torpiller les résultats (même incomplets ou/et imparfaits) d’un mouvement qui aura toujours besoin de temps pour améliorer, corriger les choses... ou doit-elle sévir au risque de voir s’évanouir et se déliter les succès qu’elle a pu engranger...?
même si cela heurte nos consciences de bobos européens épris de droits de l’homme et autres conneries du mm genre, les révolutions ne se font pas en chantant, la fleur aux dents (sauf exception, et encore, il faudrait consulter les vrais chiffres)...
si j’étais au gouvernement vénézuélien, je ne laisserais pas les acquis du chavisme risquer de disparaître à cause d’une droite cornaquée de l’extérieur... j’emploierais les gds moyens afin de bien faire comprendre ma détermination à continuer dans le sens tracé par Chavez et ses proches !

faut-il sans cesse rappeler que la politique n’est qu’une affaire de rapport de forces et rien d’autre...!?
alors, il est un moment où il faut pouvoir l’utiliser... pour sauvegarder l’essentiel

11/07/2017 16:44 par Eric

A Dominique

"les anarchistes attendent leur heure" dis tu
Au Vénézuela à part critiquer et diaboliser le chavisme de Chavez à Maduro, qu’ont-ils fait ? Alors qu’il aurait fallu se retrousser les manches mais non, alors oui ils peuvent attendre longtemps et ça les arrange bien finalement.
Donc que ton pote soit anarchiste vénézuelien et qu’il soit dans le ni-ni n’est guère étonnant. Perso, ils ne valent pas mieux que les sbires de la droite. Trouve d’autres arguments que les ceux des anarchistes.

Eric

13/07/2017 11:50 par Dominique

La plupart des anars vénézuéliens, dont mon pote, était avec le chavisme au début. Ceci par pragmatisme car le chavisme comporte beaucoup de bonnes choses et qu’ils étaient pour ces bonnes choses. Cependant quand l’écosocialisme rime avec extractivisme autoritaire, les anars sont du coté des opprimés, c’est-à-dire du coté des peuples indigènes qui voient aujourd’hui comme hier, leurs droits méprisés, leurs vies menacées et les conditions écologiques nécessaires à leur mode de vie durable détruites.

De manière plus générale, chaque fois qu’ils ont été au pouvoir, les marxistes n’ont jamais réussis à faire mieux que du capitalisme d’état, ce qui suffit à démontrer qu’ils n’ont jamais été rien de plus (ou de moins selon de quel coté de la lorgnette on se place) que la gauche du capital. Et cela n’a rien d’étonnant car ils ont toujours été progressistes et productivistes, ce qui les condamnent à ne jamais réussir à se débarrasser de l’argent et de ses inégalités, du travail obligatoire et son aliénation, et du progrès et son scientisme.

Les marxistes ne sont donc que le revers de la médaille qu’est notre mode de vie, la civilisation industrielle de consommation de masse. Pour preuve, leur ennemi est le capitalisme alors que le capitalisme n’est que l’outil économique actuel de la civilisation industrielle de consommation. Pour la majorité des anars, comme pour les peuples indigènes, l’ennemi est ce mode de vie mortifère.

Marx avait au moins le mérite de reconnaître que son oeuvre manquait de cohérence. Malheureusement, cette modestie n’est pas partagée par beaucoup de marxistes aujourd’hui, lesquels, au nom du progressisme et du productivisme, préfèrent se battre contre un outil, le capitalisme, que se battre contre l’ennemi, la civilisation industrielle de consommation. Leurs propositions se résument donc à poursuivre la route de la civilisation vers plus d’efficacité en remplaçant une économie capitaliste par une économie marxiste. En cela, ils ne proposent que de repeindre en rouge notre mode de vie mortifère. Ils sont semblables aux écolos à la Hulot qui proposent de le repeindre en vert. Les premiers comme les seconds, comme dans la chanson de HK et les saltimbanks, sont incapables de faire autre chose que de continuer à niquer la planète. « Parce que c’est ma raison d’être. » - HK. Et de niquer ses habitants par la même occasion.

En conclusion, si les chavistes ne sont capables, en guise d’écosocialisme, que de continuer le génocide des peuples indigènes et de l’environnement nécessaire à leur mode de vie durable avec un extractivisme autoritaire, c’est à dire de reproduire les vieux schémas coloniaux, il ne faut pas qu’ils jouent les vierges effarouchées quand certains ne sont pas dupes et leur montre cette erreur fondamentale.

14/07/2017 03:04 par Thierry Deronne

@ Dominique
Alors que se multiplient les violences d’extrême droite au Venezuela, on note dans les réseaux sociaux un hyperactivisme de gens qui se disent "anarchistes", véritables "idiots utiles" du néo-libéralisme dans sa volonté de détruire des États progressistes. L’argumentaire dont use cette personne pour justifier l’insurrection de la droite est basé sur trois mensonges : d’abord il y a de très nombreux anarchistes engagés dans la révolution bolivarienne. On ne peut donc pas parler au nom des anarchistes en général ! Ensuite attention à ne pas idéaliser les peuples indigènes en général : en Equateur, la coordination indigène CONAIE a un secteur marqué à droite, de tendance néo-libérale, intéressé par signer des contrats avec des transnationales sur ses territoires pour gagner de l’argent, tout en dénonçant la barrière étatique du "dictateur" Correa. Enfin et surtout il est complètement faux de dire qu’il y a un génocide de peuples indigènes au Venezuela. Contrairement a ce qui se passe en Colombie et au Brésil, pays voisins, le Venezuela bolivarien est un des gouvernements qui en Amérique Latine a fait le plus pour les peuples indigènes. Prenons un exemple : l’ONG survival avait a un moment donné sorti des informations sur un massacre par l’armée vénézuélienne de Yanomami. Or c’était un mensonge pour lequel l’ONG s’est discrètement excusée par la suite. L’armée au contraire a protégé ces indigènes contre les assassins, des pilleurs, les fameux "guarimperos". Plus : alors que le Brésil de Temer a abandonné l’accord bilatéral avec le Venezuela, le Venezuela continue, seul, a leur apporter l’assistance médicale, voir "Venezuela : des médecins latino-américains pour la santé indigène dans l’état d’Amazonas" http://bit.ly/2l8F8tR. Actuellement les peuples indigènes participent avec 2170 porte-paroles communautaires au scrutin de l’assemblée constituante : http://www.avn.info.ve/node/403136 . Pour une vision d’ensemble de la politique bolivarienne qui donne enfin des droits aux peuples indigènes dans l’histoire du pays, on peut lire l’interview la Ministre des Peuples Indigènes Aloha Nunez, avec un chiffrage des territoires remis aux différentes communautés : https://venezuelainfos.wordpress.com/2012/10/14/aloha-nunez-continuer-la-lutte-des-peuples-indigenes-au-venezuela/ "

20/07/2017 01:26 par Jean-Marc

@dominique

Les indigènes sont associés à l’assemblée constituante qui sera mise en place cette fin de mois, c’est tout de même un bon signe, même s’il sont peu nombreux (8 sur 540 participants). La multiethnicité du pays est aussi prise en compte dans cette nouvelle Constitution.

02/08/2017 14:01 par Alain

“C’est vraiment difficile de faire la part des choses, je suis très intéressé de lire les avis de Thierry Deronne, et de venezuelanalysis.com, mais que penser de l’article paru dans Libé au sujet de la torture comme pratique délibérée au Vénézuela, rapportée par Tamara Sujú, n’est ce que pure mensonges ? Sinon cela fais froid dans le dos... ”
_http://www.liberation.fr/planete/2017/07/30/venezuela-la-pratique-de-la-torture-est-une-politique-deliberee-et-concertee_1587213
_

02/08/2017 23:57 par T 34

Alain croyez vous que libé dit la vérité sur la France ? Ils mentent déja sur la France alors je ne crois pas un mot de ce qu’ils écrivent sur le Venezuela. Cet article est typique de la campagne de propagande antivenezuelienne. Récemment ils nous ont fait passé des nazis ukrainiens pour des démocrates, des djihadistes pour des révolutionnaires en Libye et en Syrie.

Exemple de manipulation, des policiers ont été blessé par un attentat à la bombe et voici comment les médias traitent la chose :

https://pbs.twimg.com/media/DGG0_l9XcAAstez.jpg:large
https://venezuelainfos.files.wordpress.com/2017/08/dghkxaexoaa-fup.jpg?w=917&h=488

La photo d’un attentat terroriste à Caracas qui convertit en répresseur la victime.

Comme si en France après tout ces attentats terroristes la presse titrait : "Hollande couvre avec la violence l’échec de sa politique économique" ou "Bain de sang chez Macron" ou "Macron perpétue son coup d’état" le tout sur une photographie de la promenade des anglais le 14 juillet 2016 ou du Bataclan ensanglanté.

Pour citer Malcolm X : "Si vous n’y prenez garde les médias vous ferons détester l’opprimer et aimer l’oppresseur".

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